Je suis intervenu sur France Info ce dimanche 7 juillet 2019 en réaction à l’interview du président de la République par Jacques Vendroux et Jérôme Cadet avant la finale de la Coupe du Monde de football féminin à Lyon.
Bien qu’en accord avec le Président de la République quant aux bienfaits de la pratique d’un sport chez les jeunes, je reste circonspect face à ces discours qui ne sont que rarement suivis d’actions.
Aujourd’hui, le budget alloué par l’Etat pour le sport est très largement insuffisant puisqu’il s’élève à seulement 500 millions d’euros, quand le budget alloué à la culture est lui de 10 milliards d’euros.
La volonté du gouvernement serait de compter trois millions de pratiquants sportifs supplémentaires d’ici 2024. Pourtant, aucun moyen n’est mis en place pour atteindre cet objectif.
En effet, à l’annonce de la validation de la candidature de la ville de Paris pour les Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024, le gouvernement aurait pu décider de sanctuariser ces moyens. Il aurait par exemple été envisageable d’augmenter, chaque année, les taxes affectées au financement du sport (notamment les paris sportifs qui rapportent beaucoup d’argent), jusqu’à atteindre un budget d’un milliard d’euros.
A l’inverse, les moyens ont été drastiquement réduis depuis 2017: le Centre Nationale pour le Développement du Sport (CNDS) a disparu, tout ce qui concerne les mises sur les loteries et les paris sportifs a été diminué de moitié et les contrats aidés ont diminués de 80%.
Voici le détail de mon interview :
Noé Da Silva, journaliste : Vous êtes député Génération.s de la première circonscription de la Loire, co-président du groupe de travail de l’Assemblée Nationale sur les Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024. Vous souscrivez aux propos du Président de la République : plus de sport égal plus de discipline chez les jeunes ?
Régis Juanico : Oui, plus de sport à l’école mais avec Emmanuel Macron il y a toujours les petits discours et puis il y a les actes. C’est un peu ça le soucis. Autant je suis d’accord pour que nous ayons une action forte des pouvoirs publics pour mieux valoriser les parcours sportifs dans les parcours académiques au niveau de l’école, autant, ce que nous voyons depuis maintenant deux ans, ce n’est pas plus de sport et plus de culture à l’école.
Il y a moins de sport avec la fin des temps d’activités périscolaires qui permettaient de faire découvrir chaque jour des disciplines à des jeunes élèves. Surtout, il y a eu des annonces qui ont été faites en 2017 par Jean-Michel Blanquer, qui a souhaité augmenter le nombre de section sportives scolaires (vous savez ce sont les anciennes classes sport-étude, classes à horaire aménagés), pour les faire passer de 3000 à 4000, mais aujourd’hui personne n’en voit la couleur sur le terrain. Voilà, il y a un décalage entre le discours d’un côté et les actes de l’autre.
Par exemple aujourd’hui, une bonne mesure consisterait à aménager les cours de récréation pour favoriser les jeux mixtes, entre les filles et les garçons, pour leur permettre de faire plus d’activité physiques et sportives et lutter contre la sédentarité. Donc on n’a pas plus de sport à l’école aujourd’hui et ce qui nous manque c’est une loi sport et société. Une loi d’héritage pour les jeux olympiques et paralympique de Paris 2024. On pourrait introduire un certain nombre de mesures fortes. Je pense notamment effectivement à plus de sport à l’école mais aussi dans l’Enseignement Supérieur où l’on est très en retard.
Noé Da Silva, journaliste : Régis Juanico, justement, vous co-présidez le Groupe de travail de l’Assemblée Nationale sur les Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024, en quoi ces jeux olympiques, ou en tout cas d’ici là, vont pouvoir aider la pratique et le développement du sport ?
Régis Juanico : Eh bien il y a un objectif que je partage complètement, qui a été fixé, qui est : trois millions de pratiquants sportifs supplémentaires d’ici 2024. Je crois que c’est tout à fait ambitieux, c’est ce qu’il faut se fixer.
Par rapport à cela, le but du comité d’organisation des Jeux Olympiques, sous la présidence de Tony Estanguet, toutes ses équipes et tous ceux qui sont mobilisés derrière, c’est que, les jeux ce ne soit pas que Paris, que ce ne soit pas que l’été 2024 : les deux séquences, olympiques et paralympiques, mais que ce soit dès 2019 dans l’ensemble du territoire.
C’est pourquoi nous avons lancé un certain nombre de mesures et d’actions, notamment la labellisation « Terre de Jeux » pour les collectivités territoriales, les communes en particulier, les départements, les régions, mais aussi, pour les clubs sportifs particulièrement innovants et exemplaires dans le fait de développer des activités physiques et sportives sur leur territoires.
Noé Da Silva, journaliste : Mais là ce sont des idées. Est-ce que l’argent arrive ?
Régis Juanico : Alors, effectivement il y a un problème de moyens. Ce qui aurait été logique c’est qu’en 2017, après qu’ADIMA, Comité Internationale Olympique, nous ait accordé cette formidable opportunité d’organiser les jeux, Emmanuel Macron dise : voilà moi je suis Président de la République, je sanctuarise les moyens du sport.
Aujourd’hui c’est un budget rikiki : les crédits de l’Etat pour le sport c’est 500 millions d’euros. 850 si l’on rajoute les personnels et en particuliers les conseillers techniques et sportifs. Vous voyez c’est un budget très faible. La culture c’est 10 milliards d’euros. Donc, il aurait fallu dire : je sanctuarise ces moyens.
Or, depuis deux ans ils ont baissé. Le CNDS (Centre Nationale pour le Développement du Sport) a disparu et notamment les taxes affectées pour le sport aujourd’hui, tout ce qui concerne les mises sur les loteries et les paris sportifs ont été diminuées de moitié, et pire encore, les signaux (puisqu’il a été évoqué les bénévoles associatifs sportifs dans nos territoires, par le Président de la République tout à l’heure), ceux-là ont vu les contrats aidés diminuer de 80% en trois ans donc en 2017, 2018, 2019. C’est-à-dire par exemple qu’un club de football qui aujourd’hui a besoin d’avoir un éducateur ou d’une éducatrice sportive à la rentrée, pour accueillir des nouvelles licenciées, des jeunes filles qui vont se présenter à la rentrée, après la coupe du monde qui a été une réussite en France, et bien aujourd’hui ils sont en difficulté.
Il y a aujourd’hui de nombreuses difficultés au sein du monde associatif sportif. Il y a beaucoup de bénévoles qui baissent les bras, qui sont découragés parce qu’ils ne se sentent pas assez soutenus par les pouvoirs publics. Voilà le problème : il y a un problème de moyens financiers. On aurait très bien pu se dire : d’ici 2024, chaque année, on augmente les taxes affectées au financement du sport, par exemple les paris sportifs qui rapportent beaucoup d’argent chaque année en plus, la taxe buffet sur la solidarité entre le sport amateur et le sport professionnel va augmenter avec les droits TV. Cet argent va financer le sport. Chaque année on met 100 millions supplémentaires et on essaye d’aller jusqu’à un milliard d’euros.
Noé Da Silva, journaliste : Et pour l’instant ça n’est pas le cas. Merci beaucoup en tout cas Régis Juanico. Vous êtes député Génération.s de la première circonscription de la Loire, et co-président du Groupe de travail sur l’Assemblée Nationale sur Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024. Bonne soirée.
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