Retrouvez ma contribution au numéro Hors-série 79 de la revue Politis « Terrains de sport. terrains de luttes ».
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« Si l’on rapporte les moyens budgétaires dédiés au Ministère des Sports, des Jeux Olympiques et Paralympiques -un peu moins d’un milliard € en 2024- à l’ensemble des dépenses de l’Etat, le budget des sports représente 0,18% du budget de la Nation…
L’année 2024 pourtant décrétée « Grande cause nationale » pour la promotion des activités physiques et sportives s’est ouverte avec l’annonce de coupes budgétaires brutales et 50 millions € de moins pour les politiques publiques sportives et ce n’est visiblement qu’un début…
Tous les acteurs sportifs sur le terrain craignent que la promesse initiale du « souffle » olympique ne se transforme en « soufflé » après les Jeux avec à la clé, une immense gueule de bois financière !
Depuis dix ans, le Ministère des Sports consacre via ses opérateurs d’Etat successifs (CNDS, Agence Nationale du Sport) 100 millions € par an pour les équipements sportifs au niveau national dont 10 millions € en 2023 pour les 34 dossiers de construction-rénovation de piscines, ce qui est dramatiquement insuffisant.
Cette logique conduit à soutenir peu d’équipements au niveau national, 700-800 chaque année avec un montant moyen de 40 000 euros alors que les collectivités demandent un effort financier sur des équipements structurants et innovants.
Ce qui frappe également, c’est la modestie des moyens humains et financiers en direction du sport amateur dans les territoires…
Les Jeux sont un événement sportif planétaire grandiose, mais par définition… éphémère. Une fois la compétition sportive achevée à l’automne, l’État est attendu sur ce qu’il laissera en héritage sportif, éducatif et sociétal durable dans l’ensemble des territoires.
Des Jeux à domicile se traduisent par un afflux de nouveaux licenciés à la rentrée dans les disciplines sportives où nos couleurs auront particulièrement brillé. Les bénévoles ne peuvent pas tout.
Le premier défi immédiat après les Jeux devrait être de renforcer les moyens humains d’encadrement des clubs sportifs avec des éducateurs et éducatrices supplémentaires pour qu’aucun d’entre eux ne se retrouvent dans la situation de refuser des jeunes frappant à leurs portes, alors que les emplois aidés ont été massivement supprimés depuis 2018.
Avec ses 3000 agents, le Ministère des Sports est certes volontariste et moteur sur le sport à l’école ou le sport-santé-bien-être mais il n’est pas décideur en interministériel face aux mastodontes de l’Education Nationale et de la Santé.
On ne sent pas le Ministère de l’Education Nationale moteur sur le développement des activités physiques et sportives à l’école alors qu’il consacre 5 milliards d’euros à financer l’enseignement de l’EPS dans le 1er et second degré. L’EPS n’est pas sa priorité et sert de variable d’ajustement aux autres matières dites « fondamentales » comme le français et les mathématiques.
Même constat du côté du Ministère de la santé. Derrière les proclamations sur le virage préventif, l’Assurance-Maladie freine des quatre fers sur la prise en charge financière même partielle de l’Activité Physique Adaptée dont la prescription est pourtant vitale pour les patients en Affection de Longue Durée, les malades chroniques et les personnes en situation de perte d’autonomie.
Alors que des avancées étaient attendus et des engagements pris, la Loi de Financement de la Sécurité Sociale pour 2024 a été de ce point de vue décevante.
Nous sommes face à une bombe à retardement sanitaire face à ce que le professeur François Carré appelle « la nouvelle addiction à la chaise et aux écrans ».
Le principal héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 devrait être la mise en place d’une stratégie nationale de lutte contre la sédentarité et de promotion de modes de vies plus actifs.
Les injonctions et exhortations sanitaires à l’instar du fameux slogan « Manger-bouger » sont bien souvent inefficientes et peuvent même être contre-productives.
Un élément clé est de trouver une activité pour laquelle on a du plaisir. Pour cela, nous devons passer d’une logique de « sport santé » parfois dissuasive au « sport plaisir » qui passe par la littératie physique.
La littératie physique, concept très répandu au Canada, c’est la « motivation, la confiance, la compétence physique, le savoir et la compréhension qu’une personne possède et qui lui permettent de valoriser et de prendre en charge son engagement envers l’activité physique comme facteur de santé et d’épanouissement tout au long de sa vie ».
Les clubs sportifs amateurs, les éducateurs et les bénévoles qui les servent au quotidien ont un rôle majeur dans cette éducation à une pratique régulière d’activité physique tout au long de la vie.
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