Chaque jour davantage, les effets du dérèglement climatique d’origine humaine se font ressentir, et créent des dégâts ravageurs, généralisés et trop souvent irréversibles.
Ces effets tendent à s’accélérer en frappant de manière inexorable la santé humaine, l’approvisionnement en eau, les économies nationales, et la survie d’une grande partie du monde animal. Il faudra également compter à l’avenir, plus de pauvreté, de famines, et des millions de réfugiés climatiques.
Ce sombre bilan est révélé par le deuxième volet du rapport du GIEC.
Le document est officiellement rendu public, après avoir été élaboré par 270 scientifiques qui dressent encore une fois, un tableau dramatique sur les effets du réchauffement climatique.
En effet, le deuxième volet publié lundi, avant un troisième début avril, souligne que même un dépassement temporaire de +1,5°C provoquerait de nouveaux dommages “irréversibles” sur les écosystèmes fragiles comme les pôles, les montagnes et le littoral.
Le nouvel opus des experts climat de l’ONU (GIEC) est sans appel : les conséquences du réchauffement provoqué par les activités humaines ne se conjuguent plus seulement au futur.
« Sécheresses, inondations, canicules, incendies, insécurité alimentaire, pénuries d’eau, maladies, montée des eaux… Près de la moitié des habitants de la planète sont déjà “très vulnérables” face à ces risques. »
Si le monde ne se décide pas très vite à réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, il devra faire face à un déluge d’impacts inévitables et “parfois irréversible” dans les prochaines décennies.
La question de l’adaptation est donc désormais centrale. D’après les experts de l’ONU, « au rythme actuel de planification et de mise en place de l’adaptation, l’écart entre les besoins et ce qui est fait va continuer à grandir ». Concrètement, le monde n’est pas prêt et les dirigeants n’agissent pas assez vite.
Depuis l’ère préindustrielle, le climat s’est réchauffé d’environ +1,1°C en moyenne et a déjà contribué au déclin et à des extinctions de masse, mais également à l’augmentation des maladies transmises par les moustiques et aux pertes de récoltes agricoles et de pêches.
D’après les experts climat de l’ONU, 3,3 à 3,6 milliards de personnes sont déjà “très vulnérables” aux conséquences du changement climatique, soit près de la moitié de la population de la planète et ce n’est que le début.
D’après ce rapport, à +1,5°C, l’objectif à ne pas dépasser d’après les accords de Paris, des “milliards” de personnes supplémentaires seront exposées à des maladies infectieuses virales et 3 à 14% des espèces terrestres seront amenées à disparaître.
Même s’il est possible, d’après les experts, de dépasser ce seuil de +1,5°C avant de repasser en dessous, certains impacts seront irréversibles sur plusieurs écosystèmes, comme les récifs coralliens, les glaciers de montagne et les calottes glaciaires.
En ce qui concerne ces dernières, les calottes glaciaires du Groenland et de l’ouest de l’Antarctique contiennent suffisamment d’eau glacée pour faire monter les océans de 13 mètres, Alors que 75 centimètres de plus, suffisent pour doubler la quantité de population exposée au risque d’inondations marines.
“Environ un milliard de personnes pourraient vivre d’ici 2050 dans des zones côtières menacées par la montée des eaux.”
Le niveau de la mer renforce l’impact des tempêtes et des submersions. À plus court terme, certaines régions comme la Méditerranée, le nord-est du Brésil, l’Asie du Sud-Est, et les côtes pourraient donc être frappées par plusieurs catastrophes à la fois : sécheresse, canicule, cyclone, incendies, inondations.
Lors de la cop 26, en novembre 2021 à Glasgow les pays développés se sont engagés à doubler l’aide consacrée à l’adaptation, mais ils sont encore loin de respecter leurs engagements et ont même, pour la totalité, refusé de de consacrer un financement spécifique aux pertes et aux dommages.
En ce qui concerne la situation nationale, l’impact climatique sur la France a fait l’objet d’une analyse publiée par des chercheurs de l’ENS et de l’IDDRI vendredi dernier. Sans surprise, ces derniers ont révélé que la France n’était pas encore assez préparée aux défis climatiques et que la politique nationale reste « cantonnée à des mesures sectorielles et des actions dispersées, essentiellement réactives et curatives, sans vision globale et sans prise en compte des co-bénédices ou des risques de mal-adaptation. »
Rappelons que le gouvernement français a été épinglé à de nombreuses reprises ces dernières années :
– pour avoir promu activement l’intégration du gaz fossile en contrepartie de l’intégration du nucléaire dans la nouvelle taxonomie verte européenne, supposée flécher les investissements vers la transition écologique.
– par le Conseil d’État, en 2020, pour être revenu sur la trajectoire de diminution des émissions de GES pour la période 2019-2023 signée à l’occasion de l’Accord de Paris (2015).
– par le Conseil d’État encore, en 2021, pour sa piètre performance en terme de lutte en faveur de la qualité de l’air.
– par le tribunal administratif de Paris en 2021 grâce à la démarche de “l’Affaire du siècle” pour le dépassement de 62 millions de tonnes équivalent C02 du premier budget carbone, qui concerne la période 2015-2018.
– par les citoyens et citoyennes qui ont travaillé aux 150 propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, dont seules à peine 10% ont été reprises “sans filtre” par le gouvernement malgré son engagement.
La catastrophe climatique n’est pas une fatalité mais elle ne peut plus faire l’objet d’un “en même temps”, car ses conséquences sont trop graves et imminentes. Les errements d’Emmanuel Macron pendant ce quinquennat ont achevé de disqualifier sa faible crédibilité en tant que “président du climat”.
L’actualité internationale, avec la crise ukrainienne, ne doit pas chasser la question climatique. Au contraire, sortir de la dépendance française du gaz russe et de l’uranium kazakhe au profit d’énergies renouvelables locales, ainsi que la conquête d’une souveraineté alimentaire n’ont jamais autant été autant d’actualité.
Trois scénarios d’adaptation sont passés en revue : limitée, incomplète et pro-active. Cette dernière permet de réduire significativement les risques.
L’ampleur et le rythme du changement climatique et des risques associés dépendent fortement des mesures d’atténuation et d’adaptation à court terme.
La décennie à venir s’annonce donc cruciale, et les actions prises à court terme permettront de limiter les pertes et les dommages.
À noter la spécificité de ce volet du rapport du GIEC qui réside dans son intégration des rapports économiques et des sciences sociales puisqu’il souligne clairement le rôle primordial de la justice sociale dans l’adaptation au changement climatique. Les auteurs du rapport estiment en effet, qu’un développement résilient au changement climatique est possible uniquement sur la base de l’équité et la justice.
Ce volet du rapport est un terrible avertissement et un appel au sursaut. L’inaction et la procrastination des Etats à agir n’est plus admissible.
Un constat qui constitue la priorité du candidat à l’élection présidentielle Yannick JADOT qui a notamment saisi l’importance de l’enjeu climatique pour une sécurité internationale durable.
Ce volet du rapport est un terrible avertissement et un appel au sursaut. L’inaction et la procrastination des Etats à agir n’est plus admissible.
? retrouvez le dossier de presse ici : https://assets.nationbuilder.com/2022lecologie/pages/1288/attachments/original/1646072326/Dossier_de_presse_-_GIEC.pdf?1646072326
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