Les 200 pays de la Conférence des parties réunis à Glasgow en Écosse sont parvenus hier à 21 heures à un compromis dans la douleur pour accélérer la lutte contre le réchauffement climatique. Sans assurer toutefois de le contenir à 1,5 °C ni répondre aux demandes d’aide des pays pauvres.
C’était pourtant l’objectif affiché des Britanniques lors de cette COP : « garder en vie » le projet le plus ambitieux de l’accord de Paris, à savoir limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle.
Témoignant de la difficulté à aboutir à cet accord, Alok Sharma, le président de la COP26, s’est dit d’une voix émue, les larmes aux yeux, « profondément désolé » pour des changements de dernière minute introduits sur la question des énergies fossiles à la demande de la Chine et de l’Inde.
Sur le point critique de la limitation des températures, alors que la planète se trouve, selon l’Organisation des Nations unies (ONU), sur une trajectoire « catastrophique » de réchauffement de 2,7 °C par rapport à l’ère préindustrielle, le texte appelle les États membres à relever leurs engagements de réductions plus régulièrement que prévu dans l’accord de Paris, et ce dès 2022.
Mais avec la possibilité d’aménagements pour « circonstances nationales particulières », point qui a suscité les critiques des organisations non gouvernementales (ONG) sur les ambitions réelles du texte.
Le texte contient une mention, inédite à ce niveau, des énergies fossiles, principales responsables du réchauffement de la planète et qui ne sont même pas citées dans l’accord de Paris. La formulation a été atténuée au fil des versions et jusqu’à l’ultime minute avant l’adoption en plénière, avec la Chine et l’Inde à la manœuvre.
La version finale appelle ainsi à « intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans systèmes de capture de CO2 et à la sortie des subventions inefficaces aux énergies fossiles ».
Les pays pauvres sont les grands lésés, les discussions ayant achoppé sur l’enveloppe financière concédée aux pays pauvres, les moins pollueurs mais les plus exposés. Ce dossier explosif, qui a un temps semblé pouvoir faire dérailler les négociations, n’a pas trouvé de résolution.
Échaudés par la promesse toujours non tenue des plus riches de porter à partir de 2020 leur aide climat au Sud à 100 milliards de dollars par an, les pays pauvres demandaient un financement spécifique des « pertes et préjudices » qu’ils subissent déjà.
Mais les pays développés, au premier rang desquels les États-Unis, s’y sont fermement opposés. Et à contrecœur, les pays pauvres ont cédé. Ils ont accepté de poursuivre le dialogue pour éviter de tout perdre, tout en se disant « extrêmement déçus ».
Les Etats ne se montrent à la hauteur de la gravité de la situation planétaire et la France semble absente. Emmanuel Macron se voulait le grand leader mondial progressiste qui entraînait tout le monde avec lui, il ne restera de son mandat qu’un slogan bien trouvé face à Trump mais un peu court dans les actes : “Make our planet great again”.
En 2015, à Paris, grâce au volontarisme de la France sous le précédent quinquennat, la COP21 s’était achevée sur la signature d’un accord historique , qui liait explicitement l’urgence climatique à la lutte pour l’élimination de la pauvreté, et qui comprenait deux grands engagements :
? L’engagement de 190 pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, de sorte à limiter le réchauffement moyen de la planète en dessous des 2°C, idéalement à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle.
? L’engagement des pays riches de verser annuellement 100 milliards de dollars (86 milliards d’euros) aux pays pauvres à partir de 2020 afin de les aider les pays en développement à faire face au dérèglement climatique (cet engagement datait déjà de la COP15 de Copenhague en…2009 !)
Six ans plus tard, force est de constater que l’esprit de cet accord n’a pas été respecté. Selon un récent rapport de l’ONU…la planète se dirige vers un réchauffement catastrophique de +2,7 °C d’ici la fin du siècle et selon l’OCDE, les pays riches ont seulement versé 79,6 milliards de dollars aux pays les plus pauvres en 2019.
? La France est, elle aussi, loin d’être exemplaire en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Dans la loi climat promulguée en août, le gouvernement s’est fixé l’objectif de réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à 1990.
Comme nous le dénoncions pendant les débats parlementaires, cet objectif est obsolète. Nous demandons au gouvernement de s’aligner sur le nouvel objectif européen de baisse des émissions de 55% en 2030 !
? Les promesses qui sont éloignées des actes, nous connaissons ça très bien en France avec le Président de la République. Emmanuel Macron candidat promettait d’être le président de la transition écologique, il est le président du renoncement écologique.
Même le Conseil d’Etat, en juillet dernier, a ordonné au Premier ministre de prendre, dans un délai de neuf mois, « toutes mesures utiles permettant d’infléchir la courbe des émissions » afin que nos objectifs climatiques soient effectivement atteints !
Concernant l’aides pays les plus riches vers les pays les plus pauvres, l’objectif de 100 milliards d’euros devrait être tenu en 2023 et dépassé en 2024 et en 2025. Enfin. Mais ces pays font déjà face aux conséquences du changement climatique et cette COP26 doit donc nous permettre d’aller plus loin :
? Premièrement en compensant les 20 milliards de dollars qui n’ont pas été versées aux pays pauvres en 2020 (seuls 80 milliards d’euros ont été versés, loin des 100 milliards d’euros promis) ;
? Deuxièmement en augmentant les financements sous forme de dons (aujourd’hui ils ne représentent que 27% de l’aide) et pas seulement sous forme de prêts qui augmentent la dette des pays en développement.
Il y a 50 ans, les pays développés s’étaient engagés à consacrer 0,7% de leur produit national brut à l’aide publique au développement. En 2022, malgré des augmentations ces dernières années, nous ne serons toujours qu’à 0,55% de notre richesse nationale allouée à l’APD.
Cette logique de justice doit aussi s’imposer au niveau national. En France, la fiscalité écologique pèse toujours de manière disproportionnée sur les ménages les moins aisés, nous le voyons avec le prix des carubrants, et les rares mesures permettant d’accélérer l’action climatique sont mises en œuvre sans que soit prévue de véritable accompagnement social.
? C’est pourquoi nous avons défendu tout au long de la législature et plus particulièrement pendant les débats parlementaires sur la loi climat des propositions pour accompagner les ménages et les territoires vers la transition, pour « + de justice et – de carbone ».
? Zéro reste à charge pour les ménages dans le cadre de la rénovation énergétique (la prime climat), aides renforcées pour l’achat d’un véhicule propre (prêt à taux zéro mobilité durable), réduction du taux de TVA pour les modes de transport les moins polluants, soutien et valorisation des démarches agro-écologiques, création d’un fonds dédié à la transition dans les industries les plus polluantes (fonds 3E)…
Voici quelques propositions concrètes qui permettent d’assurer la transition écologique de notre pays sans exclure les Françaises et les Français les plus modestes.
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