Semaine du 23 au 29 mai

Lundi 18 janvier, je signais une Tribune dans le journale Libération, pour que la réponse publique soit nettement plus ambitieuse et permette à tous les jeunes de réaliser leurs projets personnels et professionnels. Elargir le RSA aux moins de 25 ans, mettre en place un revenu de base ou une dotation universelle dès 18 ans… sont des pistes à explorer.
Tribune. Le plan gouvernemental «un jeune une solution» est-il à la hauteur des conséquences de la crise sanitaire sur les plus jeunes générations ? A l’évidence non. Si ce plan de plusieurs milliards d’euros a le mérite d’exister, il est clairement insuffisant. Les aides ou primes ponctuelles mobilisées ne suffisent plus, alors que le marché du travail fait peser sur les jeunes, devenus une variable d’ajustement structurelle, la précarité et la flexibilité depuis quarante ans.
Notre société inflige depuis trop longtemps un parcours du combattant indigne avant l’entrée dans la vie adulte en imposant aux jeunes générations entre cinq à dix ans de «galère» où se succèdent stages, petits boulots, contrats courts et précaires avant d’accéder à un emploi durable. Les jeunes dans leur grande diversité aspirent à un droit à l’avenir, un accès à l’autonomie, à un emploi stable mais aussi au logement et à la santé qui nécessitent une réponse qui va bien au-delà des mesures exceptionnelles proposées à l’occasion de cette crise sanitaire.
Les travaux de la commission d’enquête menés depuis six mois par ma collègue députée Marie-George Buffet pour mesurer et prévenir les effets de la crise sanitaire du Covid-19 sur la jeunesse attestent de nombreuses conséquences sur les enfants, les adolescents et les étudiants. Les témoignages recueillis lors de nos auditions font état d’une dégradation de l’état physique de la jeunesse, à raison de deux grands facteurs de risques : en premier lieu, la sédentarité avec une prise de poids de plusieurs kilos en moyenne, une perte de coordination et de capacité physique, en second lieu la surexposition aux écrans qui se traduit par des troubles de sommeil et de l’alimentation.
Un Pass sport sous-dimensionné
Alors que le ministre de l’Education nationale est aussi celui des Sports, aucun plan d’envergure de lutte contre la sédentarité n’a été prévu à l’occasion du deuxième confinement, par exemple, à travers un programme de trente minutes d’activité physique par jour à l’école, alors que les élèves étaient en classe…
Le Pass sport pour les jeunes est une bonne idée pour encourager la reprise de l’activité physique en club prévu en 2021 mais il est sous-dimensionné avec seulement 2 millions de jeunes de moins de 16 ans ciblés sous conditions de ressources pour un montant de 50 euros. Les lycéens et étudiants qui souffrent également de l’inactivité physique en seront donc exclus.
Les troubles psychologiques et de santé mentale se sont fortement développés pendant les confinements alors que notre pays souffre d’un déficit très important en pédopsychiatrie. En 2006, près de 1 200 pédopsychiatres formés exerçaient leur activité en France, contre 600 actuellement. De même, le soutien psychologique aux étudiants et à leur santé mentale est extrêmement lacunaire, le ratio du nombre d’étudiants par professionnels de santé est préoccupant avec un psychologue pour près de 30 000 étudiants, alors que les standards internationaux recommandent un ratio de 1 pour 1 500.
Selon une étude de l’Observatoire de la vie étudiante réalisée en novembre dernier, 50% des étudiants ont déclaré avoir souffert de solitude et d’isolement et 71% ont présenté des signes de détresse psychologique.
Un an après l’acte désespéré d’un jeune étudiant stéphanois, Anas, qui a tenté de s’immoler devant le Crous de Lyon pour dénoncer la précarité des conditions de vie et la paupérisation étudiante, les tentatives de suicide se multiplient, hélas, chez les étudiants.
40% des étudiants ont dû arrêter de travailler pendant les confinements et en raison de la perte de leurs contrats de travail, beaucoup d’entre eux, faute de ressources financières, basculent dans la grande précarité. Etudes, concours, stages, entretiens d’embauche, mobilité, séjours à l’étranger des centaines de milliers de jeunes voient leurs projets voler en éclats à cause de la pandémie Covid-19.
Ouvrir le RSA aux moins de 25 ans
Le constat est là : les conditions d’entrée des jeunes dans la vie adulte se sont encore dégradées à l’occasion de la crise sanitaire. Le taux de chômage qui était déjà le double de la moyenne nationale a bondi de 16% en un an pour les 15-24 ans. Les moins de 30 ans représentent plus de 50% des pauvres, avec un taux de pauvreté trois fois plus important que les plus de 60 ans. C’est pourquoi le refus obstiné du gouvernement d’ouvrir le Revenu de solidarité active aux moins de 25 ans est incompréhensible.
L’aide financière du RSA, un filet social minimum, n’exclut pas l’accompagnement vers l’emploi des bénéficiaires comme le montrent les dispositifs déployés par les Conseils départementaux. L’extension de la garantie jeunes, un bon dispositif qui cible les moyens d’accompagnement sur les jeunes les plus en difficultés, ni scolarisés, ni en études, ni en formation, ni en emploi de 16 à 25 ans de 100 000 à 200 000 bénéficiaires en 2021 n’a pas vocation à couvrir toutes les situations de pauvreté et de précarité des jeunes.
La réponse publique à apporter se doit d’être beaucoup plus ambitieuse pour donner à tous les jeunes les moyens de leur autonomie. Elle passe, au vu de l’urgence, par l’élargissement du RSA au moins de 25 ans ou encore la mise en place d’un revenu de base ou d’une dotation universelle à 18 ans, voire d’un revenu universel qui pourrait être expérimenté afin de permettre à tous les jeunes de s’épanouir dans leurs projets personnels et professionnels.
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