Alors que nos commerces connaissent pour la plupart d’entre eux de grandes difficultés à la suite des mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, la perspective de l’organisation du Black Friday, le vendredi 27 novembre, a suscité une émotion jusqu’alors inédite, face au risque d’une nouvelle distorsion de concurrence accrue au profit des géants du e-commerce.
La pression est montée d’un cran cette semaine, obligeant le Gouvernement à se positionner quant à un éventuel report du Black Friday au 4 décembre, en contrepartie de la possibilité de réouvrir les commerces le 27 ou le 28 novembre. Un tel report vise à garantir une réouverture des commerces en France dans des conditions de sécurité sanitaire maximale. Si rien n’est définitivement acté à cette heure, les acteurs de la grande distribution se sont déclarés favorables à cette mesure et l’accord du géant Amazon annoncé hier soir devrait maintenant accélérer les choses.
Si ce report constitue une avancée réelle, elle n’en demeure pas moins largement insuffisante au regard de la crise historique que traversent nos commerces physiques de proximité. Il est urgent d’aller plus loin et d’encadrer comme la loi le permet le Black Friday, plutôt que de simplement gesticuler sur la date.
Ainsi, avec de nombreux Députés de toutes sensibilités politiques, nous avions saisi, dès le 9 novembre dernier, le Premier Ministre Jean Castex, afin de lui demander l’application de l’article 12 de la loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, interdisant complètement le Black Friday, désormais considéré comme une pratique commerciale trompeuse, majoritairement faite de « promotions bidon ».
Par ailleurs, avec mes collègues Députés du groupe « Socialistes et Apparentés », nous avons déposé une résolution en vue d’instaurer, dans le cadre du projet de loi de finances rectificative n°4 pour 2020 (PLFR4), une contribution exceptionnelle des entreprises du e-commerce. Celle-ci pourrait utilement abonder le fonds de solidarité en direction des commerçants des centres-villes et permettre d’accompagner financièrement les collectivités pour soutenir les petits commerces qui déploient des solutions numériques pour répondre à la crise.
Les chiffres sont édifiants ! Déjà, lors du premier confinement, les grands groupes de vente en ligne ont vu exploser leurs ventes. Ce sont ainsi 41 millions de Français qui ont acheté au moins un article sur internet au 2ème trimestre 2020. Amazon a vu son chiffre d’affaires mondial progresser de 30%, à près de 89 milliards de dollars, et son bénéfice net doubler, à 5,2 milliards, sur cette même période.
Une fois encore : il est urgent d’agir ! Au Parlement, la bataille va continuer, mais pour défendre nos commerces de proximité face aux plateformes de vente en ligne, chacun a un rôle à jouer !
C’est pourquoi, réunis ensemble dans un collectif inédit, des personnalités politiques, de la culture, des associations environnementales et organisations de solidarité ou de défense de consommateurs, des fédérations de commerçants, des citoyens s’engagent à un « Noël sans Amazon », à l’appui d’une pétition que j’ai signée : https://noelsansamazon.wesign.it/fr Dans la période de crise socio-économique que nous vivons, nous avons besoin d’actes concrets pour soutenir l’emploi local, les commerces de proximité et les acteurs d’un commerce raisonnable.
Avec de nombreux Députés de toutes sensibilités politiques, nous venons de saisir le Premier Ministre Jean Castex, afin de lui demander l’application de l’article 12 de la loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, interdisant le Black Friday considéré désormais comme une pratique commerciale trompeuse.
Malgré la loi, tout semble continuer comme avant pour les grands opérateurs du commerce en ligne qui annoncent déjà la tenue de l’édition 2020 du Black Friday, le vendredi 27 novembre prochain.
AMAZON, pour sa part, est même allé jusqu’à lancer dès le lundi 26 octobre, à grand renfort de publicité, une opération commerciale baptisée “Black Friday avant l’heure”. Le samedi 31 octobre, la ministre déléguée auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargée de l’Industrie a certes demandé à AMAZON la suspension de la campagne de communication relayant l’opération commerciale. La plateforme de commerce en ligne a depuis annoncé qu’elle suspendait sa campagne de communication, comme s’il s’agissait d’une faveur, sans mettre un terme à l’opération commerciale illégale qui à ce jour se poursuit, comme si de rien était.
Dans ce contexte de pandémie du COVID-19, la tenue du Black Friday, opération commerciale trompeuse et illégale, constituerait une nouvelle distorsion de concurrence venant fragiliser un peu plus les commerces de proximité qui sont parmi les premiers à souffrir des mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.
Le texte de la pétition :
Cher Père Noël,
Cette année, nous prenons l’engagement d’un Noël sans Amazon.
En 2020, chaque jour, l’urgence sociale et écologique s’est rappelée à nous. La crise sanitaire que nous traversons a déjà eu des conséquences dramatiques en France : des milliers d’emplois ont disparu, le chômage atteint 9% et un million de personnes ont basculé dans la pauvreté.
Cette situation inédite est la conséquence directe de nos modes de production, mondialisés, et de notre consommation de ressources naturelles, déraisonnée.
Pour sortir de cette crise, il nous faut retrouver deux choses : notre souveraineté nationale et européenne, et notre esprit de solidarité. C’est promis, Père Noël : à partir de maintenant, nous allons tous faire plus d’efforts.
Et nous commencerons par cette bonne résolution : cette année, nous fêterons #NoelSansAmazon. Pour les fêtes, nous nous engageons à n’acheter aucun cadeau sur cette plateforme.
Nous ferons sans. Sans cette entreprise prédatrice des emplois (1 emploi créé chez Amazon, c’est entre 2,2 et 4,6 emplois détruits sur nos territoires), prédatrice du commerce, prédatrice des terres (en comptant les entrepôts Amazon actuellement en projet, l’entreprise occupera à elle seule 2 000 000 m2 de terres en France, soit l’équivalent de 185 terrains de football !), prédatrice des aides publiques, utilisatrice des infrastructures publiques sans participer à leur financement.
Sans cette entreprise qui s’exonère de ses impôts en France et dans tant d’autres de nos voisins européens, ne paie même pas la TVA tout en réalisant un chiffre d’affaires de 7,7 milliards d’euros rien qu’en France.
Sans cette entreprise qui dit aider les petites entreprises françaises à vendre plus, quand elle applique une commission de 15% sur chaque vente et que les entreprises françaises ne représentent que 4,7% des 210 000 vendeurs enregistrés sur Amazon.fr.
Alors, privilégions nos commerces de proximité, ceux des centres-villes et des centres-bourgs.
Le confinement nous obligera peut-être aussi à recourir, plus que d’habitude, à des commandes en ligne. Heureusement, il existe des solutions alternatives à Amazon, pour un e-commerce responsable, tels des dispositifs de “click & collect” connectés aux commerçants locaux, des plateformes locales d’achat en ligne.
Il y a aussi des entreprises qui misent sur l’économie circulaire pour proposer en ligne des produits recyclés ou reconditionnés, à la fois moins chers et plus responsables.
Sans compter les produits d’occasion, le “Do it yourself” (“Faites-le vous-même”), la réutilisation de matériaux usagés à des fins d’artisanat ou de création. De quoi trouver son bonheur parmi la profusion d’alternatives.
Mais en signant cette pétition, que voulons-nous, surtout, au pied de notre sapin ? Des lois. Des lois qui interdisent la construction de nouveaux entrepôts géants.
Des lois qui mettent fin à la concurrence déloyale et à l’injustice fiscale entre les mastodontes du numérique et les commerces physiques et de proximité.
Des lois qui mettent à égalité les géants des plateformes et les librairies et commerces du coin.
Des lois qui punissent les brigands du numérique qui abusent de nos données personnelles, et qui leur imposent l’interopérabilité pour ne pas enfermer l’utilisateur dans leur monopole.
Des lois qui protègent mieux ses employés. Des lois qui permettent enfin de taxer les profits immenses d’Amazon et dont le produit pourrait abonder un fonds exceptionnel pour le maintien des commerces de proximité.
Des lois utiles à notre économie plutôt qu’à accroître encore davantage la fortune déjà délirante de Jeff Bezos (plus de 200 milliards de dollars soit le PIB de la Grèce), qui bondissait de 30 % durant les trois mois de la première vague.
Et surtout, surtout, des dirigeants politiques qui osent lui faire face, qui osent mener la bataille contre ces immenses entreprises qui s’arrogent une puissance supérieure à celle des États et des organisations internationales. Par leur laissez-faire, ces dirigeants en sont aujourd’hui les complices.
Pour que Noël reste la plus belle des fêtes de fin d’année, continuons d’en faire un moment de convivialité, de partage et de solidarité. Nous en avons bien besoin.
Bon courage pour ta distribution annuelle (et merci d’avance pour les cadeaux) !
Le collectif #NoëlSansAmazon
Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.
Laisser un commentaire