Si les Français consentent aujourd’hui à un nouveau confinement, c’est d’abord pour protéger notre santé et épargner autant que possible nos soignants épuisés, éviter la saturation des hôpitaux en malades et éviter d’avoir à trier les malades selon leurs pathologies, d’avoir à choisir qui doit vivre ou mourir.
Ce reconfinement nécessaire face à une 2e vague de la pandémie plus forte que la 1ère est décidé sous la pression après un vent de panique qui s’est emparé de l’exécutif ce week-end est un échec patent du Gouvernement et du Président dans leurs obligations à l’égard des Français.
Une question se pose tout de même ce soir : expliquer de longues minutes -et à raison- que la 2e vague sera plus forte en intensité sur tout le territoire et finalement choisir des modalités de confinement plus « light » qu’au printemps dernier : est-ce bien cohérent ?
En pleine deuxième vague de la crise sanitaire qui frappe durement notre territoire, alors que des patients de nos hôpitaux sont transférés en avion vers d’autres régions et que les maires de la vallée du Gier en appellent aux moyens du Service de Santé des Armées, vendredi soir sur le plateau du journal de 19 heures de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, le maire de Saint-Etienne a jugé utile de gaspiller les précieuses secondes de temps de parole qu’il aurait pu consacrer à des messages de prévention et de protection face à la pandémie pour tenter de me salir.
« Je suis indigné je suis même outré, scandalisé par les propos inqualifiables que tient depuis quelques jours le député de la Loire Régis Juanico, qui ajoute à l’angoisse, à la peur de la maladie, la stigmatisation des pauvres des vieux, des immigrés, cela me dégoute, c’est indigne d’un élu de la république de montrer du doigts des populations », a-t-il déclaré, ajoutant en conclusion : « Je rappelle qu’en juillet, en aout en septembre, Saint-Etienne était en vert sur la carte et que c’est sans doute des imprudences localisées qui ont généré cette situation. »
Ses propos polémiques insinuant que j’expliquerai « ces derniers jours » le taux exceptionnel de Covid-19 à Saint-Etienne en stigmatisant « les pauvres, les vieux et les immigrés » sont proprement mensongers et diffamatoires.
Mes déclarations qui sont toutes publiques en font foi (cf ci-dessous).
Constater que la population est plus âgée, avec des facteurs de fragilités sur le plan de la santé, en particulier des affections chroniques, que la population est en situation de précarité et de pauvreté de façon plus importante qu’ailleurs, comme explications les « plus probables » à ce rebond, ce n’est pas stigmatiser des catégories particulières, ce sont des données factuelles, sociologiques.
C’est l’Agence Régionale de Santé AURA qui relève cette semaine que « pour les métropoles, comme Saint-Etienne, le nombre important d’habitants et de familles nombreuses dans de petits logements complique les stratégies d’isolement contre la Covid-19 ».
« Le profil des habitants de la Loire explique aussi ces contaminations. La population de la Loire est en moyenne plus âgée que dans le reste de la région. Le nombre d’Ehpad y est aussi plus élevé. Or, de nombreux clusters ont été relevés dans ces établissements courant septembre »
« Autre élément important, la population de la Loire souffre davantage, en moyenne, d’affections de longue durée. Ces affections polypathologiques augmentent les risques de contamination et de développement de formes graves de la maladie. »
L’ARS Auvergne-Rhône-Alpes, citée par France Info, pointe par ailleurs l’impact possible d’un relâchement des gestes barrière cet été et à la rentrée ainsi que des manquements au port du masque à Saint-Etienne, l’une des dernières grandes villes à l’avoir imposé dans l’espace public.
Nous sommes malheureusement habitués aux outrances et saillies médiatiques de M. Perdriau à Saint-Etienne.
Déjà, en avril sur TL7, M. Perdriau m’avait traité « d’irresponsable et de populiste » pour avoir osé critiquer le fait qu’il était le seul maire en France à avoir pris un arrêté restreignant l’activité physique de plein air pendant le confinement de 9h à 21h.
Quelques jours plus tard, dans le but de se distinguer un peu plus encore, il demandait officiellement au Premier Ministre le report de la rentrée scolaire à septembre en raison des effets de la maladie de Kawasaki… (un seul décès d’enfant atteint de ce syndrome recensé en France depuis le début de la crise sanitaire).
Outre le déni de réalité, le maire de Saint-Etienne est passé maître dans l’art de la diversion par l’outrance, espérant que ses déclarations à l’emporte-pièce feront oublier qu’il a maintenu l’inauguration du méga centre commercial Steel le 16 septembre dernier, ses dénégations répétées sur l’absence de malades Covid dans les EPHAD à Saint-Etienne, façon de minimiser et relativiser l’aggravation de la situation pandémique.
Faut-il rappeler qu’il déclarait le 9 octobre sur France-Info « ne pas souhaiter la fermeture des bars » au nom « du maintien de la vie sociale » au moment où la préfète de la loire décidait de l’instauration du couvre-feu à Saint-Etienne Métropole ?
M. Perdriau doit se ressaisir et retrouver sa lucidité.
Pour ma part, comme je l’ai fait depuis plusieurs semaines, j’appelle l’ensemble des élus à s’unir et à se mobiliser pour appeler au respect des règles sanitaires auprès de nos concitoyens dans l’unique but de juguler le plus rapidement possible la progression de l’épidémie dans notre département.
Dans ce combat collectif vital pour la cohésion de notre pays, les insultes et les attaques ad-hominem n’ont pas de place et nous ne les laisserons plus passer.
Interview à France Bleu Saint-Etienne Loire 14 octobre 2020 :
Tifany Antkowiak : « Vous avez relayé hier, sur les réseaux sociaux, les derniers chiffres de la situation épidémique à Saint-Etienne et dans la Loire, en parlant de « tsunami sanitaire », vous essayez de créer un électrochoc ?
RJ : « Je décris la réalité, c’est-à-dire que nous faisons face au début d’une 2e vague épidémique de forte ampleur pour notre territoire et en fait la situation est très préoccupante, puisque nous avons eu des indicateurs qui se sont brutalement dégradés depuis quelques jours, depuis la fin de la semaine dernière et qui classe aujourd’hui l’agglomération de Saint-Etienne au premier rang national.
C’est-à-dire pour le taux d’incidence. 520 pour le taux d’incidence, c’est 480 à Paris et pour le Département de la Loire, nous sommes au second rang national derrière Paris, avec un taux d’incidence qui est près de 400. Vous le disiez tout à l’heure, dans le journal de France Bleu Saint-Etienne Loire, ce taux d’incidence était de 256 jeudi dernier !
TA : Vous avez une explication justement, à cette hausse très rapide finalement de ces indicateurs, Régis Juanico ? On a raté quelque chose avec les mesures prises ces dernières semaines ?
RJ : Alors, on a un taux d’incidence chez les plus de 65 ans, qui est aussi très inquiétant, puisqu’on est à 400. C’est vrai que ça peut être une partie de l’explication de ce qui se passe dans notre territoire. Pourquoi le virus circule plus, de façon plus active dans le territoire stéphanois ou dans notre département de la Loire, ça s’explique aussi par les caractéristiques de notre population : nous avons plus de précarité, plus de pauvreté et aussi une population un peu plus âgée que la moyenne nationale avec des maladies chroniques, des pathologies à risque et quand ces populations se croisent, eh bien nous avons effectivement plus de cas de Covid 19.
TA : Ces indicateurs, vous avez pu en parler, je crois, avec la Préfète de la Loire. Il y a eu des échanges entre elle et les Parlementaires. Vous avez une idée des mesures qu’elle pourrait imposer dans le Département pour tenter d’endiguer cette 2e vague de Covid 19 ?
RJ : Alors, pas encore. Vous savez que nous sommes en V° République, donc nous attendons la parole présidentielle ce soir… Nous n’avons pas été associés en amont à ces décisions. Tout simplement, quand je vois certains commentaires, pour dire que les chiffres, le taux d’incidence, les indicateurs aujourd’hui ne veulent rien dire : il faudrait répéter que ça a des conséquences concrètes !
L’épidémie, elle tue ! C’est-à-dire qu’il y a eu 3 décès supplémentaires, rien que pour la journée d’hier, mardi. Oui, nous en sommes à 43 morts depuis un mois, depuis la reprise de l’épidémie !
Concrètement, ça veut dire quoi ce qui est en train de se passer ? Il y a 250 hospitalisations, aujourd’hui dans les établissements de la Loire, c’est 27 de plus en 24 heures ! 42 lits en réanimation sur un taux d’occupation de 40%, ça veut dire qu’aujourd’hui, tous les lits sont occupés par les malades de la Covid 19, mais les autres malades ne peuvent plus être pris en charge de façon satisfaisante. Il y a des déprogrammations et aujourd’hui, ce nombre de malades en réanimation, il augmente de 5 en 24 heures.
TA : Vous avez peur que nos hôpitaux soient vite débordés, Régis Juanico ?
RJ : Bien évidemment ! La conséquence concrète, c’est l’engorgement aujourd’hui des hôpitaux et on le sait, on a des personnels hospitaliers qui sont fatigués, usés. Certains aujourd’hui envisagent de démissionner. On a voilà, des équipes qui sont à bout et donc je voudrais simplement alerter sur le fait qu’aujourd’hui, 250 hospitalisations, c’est la même situation comparable qu’à la mi-mars ! Mais aussi la mi-mai et qu’entre ces deux dates, il y a eu un doublement avec 500 hospitalisations …
TA : Ça veut dire que les messages ne passent pas Régis Juanico ? Ça veut dire que le message du Gouvernement, peut-être le message des politiques dont vous faites partie, finalement Régis Juanico, les Ligériens, les Stéphanois ne les entendent pas ?
RJ : Il faut aujourd’hui insister, avoir un discours de responsabilité, de discipline : respect des gestes barrière, du port du masque on va être près des vacances scolaires, il faut être très prudent dans les familles, dans les rassemblements notamment dans la vie privée. Il va falloir sans doute limiter ces grands rassemblements-là, limiter au maximum aussi les grands déplacements et le brassage de population…
TA : Vous pensez qu’il faut limiter les déplacements pour les vacances de la Toussaint, Régis Juanico ? C’est une mesure qu’Emmanuel Macron pourrait annoncer ce soir ?
RJ : Ça va être très compliqué, puisque vous voyez bien que d’un territoire à l’autre, les choses sont très différentes. Même si je le souligne, aujourd’hui en Haute-Loire, en Ardèche, dans les départements plus ou moins limitrophes, la situation se dégrade très nettement sur le plan sanitaire.
Mais si nous devons passer aujourd’hui dans la Loire de 250 hospitalisations à 500 comme ça a été le cas dans le pic du début avril, il y a quelques mois, vous voyez bien la situation qui nous attend et donc il faut prendre les mesures nécessaires.
Alors, est-ce que ce sera, comme on dit un couvre-feu, je pense que le terme est un peu excessif ou impropre. Là, il y aura des mesures de restrictions, en terme de vie sociale, visiblement, qui vont être prises et notamment pour limiter les brassages de population en soirée. Et donc, voilà, je ne suis pas pour qu’on aille vers des mesures plus coercitives, de re-confinement.
Parce que sur le plan économique, voilà vous voyez bien que si on met aujourd’hui une mesure de limitation de déplacements à 20 heures par exemple. Les restaurants devront fermer, donc on va impacter de nouveau, un secteur économique qui a déjà beaucoup souffert et pourtant qui a fait beaucoup d’efforts pour s’adapter. Donc, voilà, il faut un contrôle plus important aussi : le port du masque, les gestes barrière, des règles de jauge…
TA : Mais hier, la Police nous disait qu’elle n’était pas en mesure de le faire. On avait un représentant d’un syndicat de Police, hier, de la Loire, qui nous disait « On ne peut pas faire plus pour les contrôles finalement, on n’a pas les moyens ».
RJ : Oui, mais ce n’est pas qu’une question de contrôle de la Police Nationale, il y aussi le contrôle de la foule dans les centres commerciaux, comme Steel, aujourd’hui. On a imposé une jauge de 4m2 par client, donc il faut que des contrôles aient lieu et que cette règle soit appliquée. Ce n’est pas tolérable qu’il y ait une foule trop importante dans les centres commerciaux.
Il y a eu 130.000 visiteurs la première semaine de l’inauguration de Steel par exemple, vous voyez ce que je veux dire ! Donc, il y a un certain nombre de mesures à appliquer et bien entendu, on va attendre de voir ce que dit le Président de la République ce soir, mais il faut s’attendre effectivement à des mesures de restrictions de la vie sociale. »
TA : Et on a bien entendu , en tout cas, votre inquiétude, Régis Juanico, Député Générations de la Loire.
Article du quotidien La Montagne 21 octobre 2020
« Le député de la Loire Génération.s Régis Juanico a demandé que dans les centres commerciaux comme Steel, une jauge de 4 mètres carrés par client soit appliquée, et que des contrôles aient lieu. »(…)
Pour le député de la Loire Génération.s Régis Juanico, la composition sociologique de Saint Etienne Métropole peut aussi expliquer ces mauvaises chiffres. « La population est un peu plus âgée, fragile et précaire. Cela me paraît le facteur explicatif le plus probable. »
Au vu de l’évolution des indicateurs, le député est pessimiste pour l’avenir.
La préfète s’apprête à étendre le périmètre de couvre-feu à d’autres communes limitrophes. Et puis, si on ne sent pas d’ici une semaine d’amélioration, on ira sans doute vers un couvre-feu à 19 h au lieu de 21 h, avant d’aller vers un reconfinement localisé. On sait qu’au vu des indicateurs, il y a peu de chances qu’on y échappe. Et on sera les premiers concernés en France. »
Article Le Progrès 22 octobre 2020
Covid-19 : dans la Loire, « on ne peut pas échapper à des mesures plus strictes »
Régis Juanico, député Génération. s, pense que la situation sanitaire critique du département devrait amener la préfète à prendre des mesures encore plus restrictives. Peut-on aller jusqu’au confinement ?
« Cela fait plusieurs semaines que j’alerte sur la trajectoire exponentielle des chiffres sur la circulation du virus sur nos territoires. Aujourd’hui, le taux d’incidence est énorme, 664 pour 100 000 habitants dans la Loire et 798 pour Saint-Étienne Métropole [sur la semaine du 11 au 17 octobre, ndlr]. »
Le député s’inquiète : « Et surtout si l’on fait un comparatif avec la première vague, c’est assez effrayant. Au plus fort de la crise, en avril, on avait 500 personnes hospitalisées, avant que la courbe ne s’inverse. Pour la deuxième vague, la semaine dernière on était à 250 hospitalisations, sept jours après on est à 418, une explosion inquiétante. »
Il affirme : « La préfète ne s’est pas cachée sur le fait qu’elle puisse prendre des mesures plus restrictives en fonction de l’évolution sanitaire. Et comme on est en tête des classements, département comme métropole, je ne vois pas comment on pourrait y échapper. C’est sûr qu’on sera les premiers concernés. »
Il poursuit : « Je ne lis pas dans le marc de café, mais il me semble qu’un arrêté d’extension de la zone d’alerte maximale, donc du couvre-feu, est dans les clous. Après, la préfète peut aller plus loin. Si les premières mesures ne produisent visiblement pas les effets escomptés, elle peut très bien augmenter l’amplitude horaire du couvre-feu. À 19 h ou 20 heures, je ne sais pas, mais c’est une suite logique. Ira-t-on jusqu’à un reconfinement localisé à la rentrée des classes ? Tout est possible. »
Article du Monde 22 octobre 2020
(…) “Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer la situation. « La population de Saint-Etienne est plus précaire que celle des autres métropoles, puisque 25 % des Stéphanois vivent sous le seuil de pauvreté, rappelle Régis Juanico, député (Génération.s) de la Loire, dont la circonscription recouvre une bonne partie de la ville. Or on sait que le virus atteint plus spécialement ces personnes. C’est une piste d’analyse, mais on n’a en réalité aucune explication satisfaisante. Rien ne permet pour l’instant de justifier l’ampleur de la progression” (…)
Article de Libération 22 octobre 2020
(…) «Saint-Etienne n’est pas une ville touristique, beaucoup de ses habitants la quittent dès qu’ils peuvent partir en vacances», explique Régis Juanico, député Génération·s de la Loire, qui alerte depuis une semaine sur le risque d’un «début de tsunami sanitaire». (…)
(…) Le risque lié à la densité élevée se nourrit de la précarité comme de l’éloignement des soins : «L’histoire industrielle de la ville veut qu’on a une population âgée avec des facteurs de comorbidité plus importants qu’ailleurs», pointe le député Régis Juanico.(…)
Notre réponse au Premier ministre
Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mes chers collègues,
Monsieur le Président, comme je vous l’ai demandé, je pense que nous aurions dû interrompre ce débat.
[…]Mes chers collègues, la République continue, la République est vivante, la démocratie aussi, mais le respect que nous devons à nos concitoyens, aux Niçois, aux 3 morts qu’il y aurait à Nice, ce respect aurait dû nous imposer de reporter notre débat.
La République continue, et puisque la majorité fait le choix de poursuivre ce débat, nous allons le poursuivre.
Permettez-moi de renouveler une pensée pour les victimes et d’adresser aux Niçois et aux forces de l’ordre un sincère message de soutien.
Pour en revenir au débat qui nous occupe ce jour, permettez-moi avant tout d’avoir une pensée pour toutes celles et tous ceux qui, dès demain, vont se trouver de nouveau confrontés à l’isolement, à la solitude ou, au contraire, à faire face à un confinement dans des logements surpeuplés ou insalubres. Je pense aussi, bien sûr, à notre personnel soignant qui s’engage de nouveau dans une bataille contre le temps, à corps perdu et malgré l’épuisement et le manque de moyens. Je pense à toutes celles et ceux qui vont continuer d’aller travailler – enseignants, agriculteurs, postiers, caissiers, soignants, aide à domicile, … je ne peux tous les citer – et prendre des risques pour que notre pays tienne, continue à vivre tout simplement, mais aussi à toutes celles et ceux que la crise sanitaire plonge ou replonge dans des situations de fragilité économique et donc sociale. Je pense enfin à toutes celles et tous ceux qui sont affectés, à des degrés de gravité divers, par cette terrible maladie face à laquelle nous devons mobiliser collectivement toutes nos forces.
Le débat que nous avons aujourd’hui est celui que Patrick Kanner et moi-même vous avons demandé, au nom de nos deux groupes de parlementaires socialistes et apparentés à l’Assemblée nationale et au Sénat, dès le 10 septembre puis le 15 octobre derniers. Nous vous l’avions demandé car nous faisions le constat que l’épidémie n’était plus sous contrôle, que le nombre de malades en réanimation augmentait vertigineusement, que les établissements hospitaliers étaient déjà sous tension et que les réponses que vous y apportiez étaient insuffisantes pour endiguer la 2ème vague de contamination et ses conséquences.
A notre demande, vous avez alors répondu, le 19 octobre, il y a un peu plus d’une semaine donc, qu’un tel débat ne vous « semblait pas indispensable ». Or, Monsieur le Premier ministre, tout ce qui touche à la protection de nos concitoyens, à leur sécurité sanitaire, à leur liberté, à leur situation économique et sociale face aux contraintes que vous leur imposez, relève, ne vous en déplaise, du débat indispensable, et impose que le Gouvernement prenne ses responsabilités devant la représentation nationale, Assemblée nationale et Sénat.
Vous prenez aujourd’hui vos responsabilités, nous prenons les nôtres. Nous voterons votre déclaration, celle par laquelle vous confirmez la mise en œuvre d’un reconfinement annoncé hier soir par le Président de la République (sans toutefois en donner le détail que vous préférez réserver ce soir à la presse, ce qui, si c’est confirmé, traduit un dysfonctionnement démocratique de votre Gouvernement et confirme le peu de considération que vous avez pour la représentation nationale).
Ce sera un « oui de responsabilité », parce que pour nous, la protection de la santé de nos concitoyens doit être la priorité absolue, et que nous ne pouvons que constater, comme vous le faites, que le reconfinement est devenu inévitable. Cet esprit de responsabilité est ce qui anime chacune et chacun des députés socialistes et apparentés.
Depuis mars 2020, cet esprit de responsabilité s’est traduit par des alertes sur des dysfonctionnements, des pistes d’amélioration que nous vous avons suggérées, des propositions que nous avons adressées au gouvernement à travers une centaine de courriers, 7 propositions de loi déposées pendant le premier confinement, de nombreux amendements, une proposition de résolution « visant à fixer les conditions pour réussir le déconfinement » et un plan de rebond pour répondre à l’urgence économique, sociale et écologique. Toutes ces propositions ont été balayées d’un revers de la main, bien loin de l’esprit d’unité nationale que le président appelait pourtant de ses vœux le 12 mars dernier lorsqu’il estimait à juste titre qu’« on ne vient pas à bout d’une crise d’une telle ampleur sans une grande discipline individuelle et collective, sans une unité ». Responsabilité donc.
II. Un oui de colère
Mais notre oui sera également un « oui de colère » face à votre impréparation. Le 26 août, il y a donc 2 mois, vous déclariez sur France Inter qu’il n’y a pas « de quoi s’affoler ». Sans doute ne vous êtes-vous pas assez affolé. Pourtant trois mois plus tôt, le 12 mai, devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale, alors que vous étiez Monsieur déconfinement, vous indiquiez : « Le réalisme et la sagesse imposent de se préparer à des rechutes ». Pourtant, il y avait déjà des signaux d’une possible seconde vague, avec une reprise des contaminations à Marseille dès le 14 juillet. Or ces contaminations suivent une courbe exponentielle dont la formule est connue depuis le XVIIème siècle et dont la chancelière Merkel a expliqué la dynamique il y a un mois à la télévision allemande. Alors entendre le Président de la République déclarer hier soir que nous avons été surpris par « l’accélération soudaine du virus » relève soit de l’incompétence, soit de la négligence. Dans les deux cas, c’est irresponsable.
Cette impréparation se traduit par un nombre de places en réanimation qui n’a quasiment pas bougé depuis mars, un hôpital public encore plus fragilisé et des médecins libéraux qui n’ont pas été suffisamment associés. Le 27 août dernier, lors d’une conférence de pré-rentrée, le Ministre de la Santé Olivier Véran avait ainsi assuré que « si la situation le nécessite, 12 000 lits de réanimation pourront être disponibles ». Hier soir, le Président de la République a indiqué que nous avions aujourd’hui 6000 lits de réanimation et promis de porter nos capacités « au-delà de 10 000 lits », c’est à dire de revenir au nombre maximum de lits mobilisés au plus fort de la première vague à la mi-avril. Que s’est-il passé Monsieur le Premier ministre pour que, alors que la situation s’aggrave, vous revoyez vos ambitions à la baisse ? Il est vrai, que le Ministère de la Santé a lui-même reconnu, dans une note diffusée aux agences régionales de santé le 17 juillet, que l’hypothèse de 12 000 lits de réanimation « nécessiterait de nombreux effectifs supplémentaires en personnel qui ne seront pas présents directement et ne peuvent pas être disponibles sur tout le territoire national en même temps ». En d’autres termes, le Ministère de la Santé admettait dès le 17 juillet que la mobilisation de 12 000 lits de réanimation relevait d’une chimère faute de disponibilités de personnels. Avez-vous pour autant engagé un plan de formation accélérée, avez-vous pour autant débloqué des moyens conséquents pour l’hôpital ? Avez-vous pour autant effectué les recrutements qui s’imposaient ? La réponse qui s’impose à toutes ces questions est bien entendu négative. Pourtant, le 21 octobre dernier, il y a donc une semaine, le Ministre de la Santé déclarait en Une du journal les Echos : « l’hôpital est prêt à faire face ». Méthode Coué ou inconscience ?
La réalité est que rien ou si peu a bougé pour l’hôpital, ou plutôt si : la situation s’est dégradée. Aujourd’hui, le personnel soignant est à bout. Certes, il y a eu le Ségur de la santé, mais les premières revalorisations salariales, qui ne sauraient être un solde de tout compte, n’ont été versées qu’en septembre. Ce oui de colère que nous portons est aussi le relai de leur lassitude et de leurs inquiétudes. L’hôpital est aujourd’hui au bord de l’implosion et ne tient que par la volonté de celles et ceux qui y travaillent.
Un oui de colère donc, face à la situation de millions de Français, étudiants, entrepreneurs, indépendants, salariés, qui va une nouvelle fois se dégrader sur le plan économique et social. Bien sûr, je reconnais que le Gouvernement a proposé des mesures d’urgence lors du premier confinement. Et il ne vous aura pas échappé que mon groupe a voté les 2 premiers projets de loi de finances rectificatives parce que nous avons été responsables face à l’urgence.
Mais, Monsieur le Premier ministre, que dire de votre responsabilité lorsque pour le projet de loi de finances pour 2021 vous proposez une baisse de 11% du budget de l’aide alimentaire ? Oui, Monsieur le Premier ministre, je parle bien de l’aide alimentaire, celle qui permet de venir au secours de personnes qui ont faim. Dans 4 jours, lundi 2 novembre prochain, vous demanderez à votre majorité de voter une baisse de 7 millions € pour l’aide alimentaire ! C’est une honte, et j’espère sincèrement qu’elle saura vous tenir tête en refusant cette baisse.
Que dire aussi de l’absence de prise au sérieux de la situation de la jeunesse ? Que proposez-vous à celles et ceux qui viennent de finir leurs études, qui étaient boursiers, qui se retrouvent sans perspective sur le marché du travail, qui ont perdu leur petit job du fait de la fermeture des bars et des restaurants, et qui n’ont aucune ressource ? Vous ne leur proposez rien. Vous allez à nouveau me dire que vous aidez les entreprises qui embauchent des jeunes. C’est vrai. Mais, moi je vous parle des jeunes qui n’ont pas de propositions d’embauches. Nous estimons qu’au moins 300 000 jeunes diplômés se retrouvent dans une situation de précarité pour laquelle vous ne proposez rien, vous ne mettez en place aucun filet de sécurité pour cette jeunesse qui n’a droit ni au chômage, faute d’avoir suffisamment travaillé, ni au RSA quand elle n’a pas 25 ans, ni même à l’aide à la recherche du premier emploi que nous avions créée sous le précédent quinquennat, et que vous avez supprimée en 2019, et qui permettait aux jeunes diplômés boursiers de bénéficier d’une aide pouvait atteindre jusqu’à 550 euros par mois.
Colère, face au retard qui a été pris pour notre économie, avec un plan de relance que vous avez présenté le 3 septembre, c’est à dire 3 mois après celui de l’Allemagne, 3 mois après celui que nous vous avions présenté et surtout qui n’affronte pas la totalité des priorités et des besoins criants. Comment voulez-vous qu’un entrepreneur puisse payer son URSAAF quand il n’a quasiment plus de chiffres d’affaires et plus de rentrée de recettes depuis des mois ? Là aussi, dès avril, nous vous avons alerté. Vous avez fini par comprendre que les restaurateurs qui se sont vu imposer des fermetures administratives ne pourraient jamais payer leurs cotisations, et accepté de transformer le report de cotisations en annulations de cotisations, ce que nous vous demandions. Mais pour les très petites entreprises, cette question se pose aussi, et aujourd’hui elle risque d’asphyxier un nombre important d’entre elles.
Colère face à votre manque de courage sur l’obligation du télétravail. Comment avez-vous pu mettre en place des couvre-feu sans imposer en parallèle le télétravail pour tous les métiers qui le permettent ? Résultat, de nombreux franciliens et habitants de métropoles se sont retrouvés entassés dans les transports en commun, au moment où justement l’épidémie devenait incontrôlable.
Colère face à l’hypocrisie de votre gouvernement qui a certes suspendu la réforme de l’assurance chômage tout en laissant la première tranche mettre en œuvre sa mécanique impitoyable. A cause d’une réforme portée par votre majorité et sur laquelle vous refusez de revenir, il faut aujourd’hui avoir travaillé 6 mois sur les 24 derniers au lieu de 4 mois sur 28 pour pouvoir ouvrir ses droits à l’assurance chômage. Alors que notre pays va être replongé dans un confinement moins de 6 mois après être sorti du précédent, votre gouvernement porte une lourde responsabilité dans ce qui ne fait qu’aggraver la crise sociale.
Colère donc face à la cécité qui est la vôtre sur cette question sociale. Le « quoi qu’il en coûte » ne semble pas fonctionner pour les travailleurs les plus précaires. Et votre responsabilité, ici, est grande. Monsieur le Premier ministre, s’il y a urgence, revenez vraiment sur votre réforme de l’assurance chômage qui jette dans la plus grande précarité des centaines de milliers de nos concitoyens.
Colère aussi, sur les contrats aidés. Par démagogie, vous les avez supprimés. Permettez-moi de rappeler que sous le quinquennat de François Hollande, comme sous celui de Nicolas Sarkozy, il y avait chaque année entre 400 et 450 000 créations de contrats aidés, de manière à accompagner des personnes qui rencontraient des difficultés dans l’emploi. Aujourd’hui, vous pouvez compter au mieux sur 100 000 emplois aidés, c’est à dire que vous n’avez aucune marge de manœuvre pour proposer à un filet de sécurité à des personnes qui en ont besoin. C’est la société qui paie aujourd’hui cash vos irresponsabilités passées.
Colère quand vous imposez le port du masque dès le primaire, et en refusez la gratuité. Nous vous redisons ce que nous vous disons depuis le 28 avril dernier : les masques doivent être gratuits. C’est certes une dépense pour le budget de l’Etat, estimée à 300 millions € par mois, quand un mois de confinement coûte 15 milliards € au budget de l’Etat.
Colère pour la culture. Pas un mot hier soir pour ce qui est, comme le disait Milan Kundera « la mémoire du peuple, la conscience collective de la continuité historique, le mode de penser et de vivre ». Ne rien dire sur la culture, c’est se taire sur ce que nous sommes, notre présent et notre futur. C’est donc nous condamner. Nous vous demandons donc de tracer quelques perspectives indispensables, de prolonger les fonds de soutien aux acteurs culturels ainsi que l’année blanche pour les intermittents. Nous vous demandons de travailler sur un plan de réouverture des salles de spectacle, dès la fin de ce nouveau confinement. Il faut le faire maintenant pour être prêt. Et je pourrai aussi évoquer la fermeture des petites librairies indépendantes, qui pour beaucoup d’entre nous ne relève pas du bons sens.
Colère, pour le monde sportif et associatif qui peine à s’y retrouver.
Colère pour nos compatriotes des Outre-Mer. Certes le Président de la République a évoqué des mesures différenciées pour les territoires ultra-marins, en raison d’une situation sanitaire différenciée, mais où en est votre projet de décret pour adapter les règles de contrôle des voyageurs, sur lequel vous avez dit travailler au début de l’été ? La situation économique et sociale dans les Outre-Mer est dramatique, et vous ne semblez pas en avoir pris l’ampleur.
Colère aussi face à votre attitude à l’égard des collectivités locales qui ont dû en urgence pallier vos manquements, que ce soit sur le plan budgétaire ou organisationnel. Les collectivités locales ont été d’une réactivité exemplaire – je dis bien exemplaire -, avec des réponses pragmatiques partout sur le territoire que ce soit pour acheter des masques en urgence, pour distribuer des tickets repas aux plus démunis, pour fournir des ordinateurs portables aux étudiants, allant bien au-delà des missions qui sont les leurs. Elles l’ont fait sans attendre. En responsabilité.
Colère face à l’absence de réponse de votre Gouvernement sur la déshumanisation qui découle du confinement. Je pense bien sûr à la solitude dans les EHPAD, je pense au traitement des corps des personnes décédées pour lequel nous vous avions alerté pendant le premier confinement. Cette déshumanisation a été une blessure supplémentaire pour nombre de nos concitoyens.
III. Une démarche de vérité
Monsieur le Premier ministre, ce confinement doit fonctionner. Il est impensable de demander autant d’efforts aux Français, s’il n’y a pas un résultat tangible et durable face à l’épidémie. Vous ne pourrez revenir vers nous dans 3 mois, pour un 3ème reconfinement. Il faut donc dès maintenant prévoir les modalités du déconfinement, prévoir et organiser, c’est à dire ce que vous n’avez pas fait lorsque vous étiez le Monsieur déconfinement du précédent gouvernement. Que vous le vouliez ou non, il y a dans notre pays le sentiment que vous naviguez à vue. Personne ne sous-estime la difficulté de la situation, mais personne ne peut non plus accepter que les choses ne soient pas cadrées, qu’elles ne soient pas claires et précises. La communication récente a été anxiogène.
Parce que la situation est difficile, vous auriez intérêt, pour vous-même et pour le bien du pays, à partager la décision, pas en mode discussion de comptoir comme cela s’est produit mardi soir lorsque vous avez reçu les représentants des groupes parlementaires et des partis politiques, mais sur la base d’éléments précis. Au lieu de cela, vous faites tout le contraire, par exemple avec votre projet de loi sur la prorogation de l’état d’urgence, qui outre une prolongation, comporte une liste de 4 pages d’ordonnances pour lesquelles vous voulez une habilitation. Aucune démocratie en Europe ne fonctionne de la sorte, et c’est bien pour cela que nous avons voté contre ce projet de loi.
Monsieur le Premier ministre, nous voterons votre déclaration. Nous la voterons par responsabilité face à ce que subissent un grand nombre de nos concitoyens. Mais dans ce « oui », sachez entendre la colère, la nôtre, celle que nous relayons, et surtout transformez-là en action lisible et juste, de manière à redonner confiance dans l’Etat, sinon ce sera le chaos.
Les députés de la Loire, Régis Juanico (Génération. s) et Jean-Michel Mis (LaREM) sont très inquiets. Le premier estime que nous allons « vers un durcissement inéluctable des mesures ». Le second en appelle à la cohésion rappelant que « seule compte la protection des Stéphanois ». Lire la suite
Les députés de la Loire, Régis Juanico (Génération. s) et Jean-Michel Mis (LaREM) sont très inquiets. Sur sa page Facebook, le premier estime que nous allons … Lire la suite
Le chef-lieu de la Loire, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, connaît le taux d’incidence le plus élevé parmi les grandes métropoles de France. Lire la suite
Après avoir été mis en cause vendredi 23 octobre 2020 par Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne, le député Régis Juanico se dit outré et se livre à Actu.fr. Lire la suite
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je suis entièrement d’accord avec Régis juanico, plusieurs choses me choquent: comment a t’on pu ouvrir le centre commercial Steel au mois de septembre alors que se profilait une deuxième vague , mais difficile pour Gabriel Perdriau d’admettre sa responsabilité ,il préfère accuser les autres.
Etant à saint ETIENNE JE CONSTATE QUE DANS LA RUE la moitié des gens ne portent pas de masques pour la bonne raison qu’ ils fument ,vapotent ,boivent ou mangent, serait il possible que les scientifiques se penchent sur ce problème ,car il n’ait jamais abordé. quant au fait de signaler qu’a saint Etienne il y ‘a une grande misère sociale, c’est une évidence!
Mine de rien, ça fait bientôt 9 mois qu’au nom de la COVID le gouvernement à réussi à museler le pays. Alors qu’on ferme bars et restaurants, les gens vont continuer de s’entasser dans les trains , le métro, les bus et les tramways pour aller au boulot. L’échec de Macron dans cette crise est accablant et le confinement est l’expression de son désarroi et de son impuissance, pour ne pas dire de son incompétence.
Après un couvre feu inutile car inefficace, il en vient à un confinement qui va enfoncer un peu plus les plus démunis et les plus fragiles. Alors que les effets collatéraux tuent en France plus que la COVID elle-même, le confinement est présenté comme l’arme la plus efficace. Mais il oublie de dire que si on confine c’est parce ce qui aurait dû être fait en amont ne l’a pas été. Quant à se vanter que la démocratie a été respectée dans la décision prise, là il pousse le bouchon encore plus loin et se fout carrément de notre gueule.
Espérons que les Français, qui malheureusement ont la mémoire courte, sauront s’en rappeler le moment venu.