J’étais l’invité, mercredi 10 juin, des matinales de l’Union sport & cycle sur le “financement des politiques sportives” sur BeSport. Ces matinales rassemblant des participants issus du monde de l’entreprise, des élus, des associations, des experts se veulent être un moment de dialogue, de partage et de débat sur des thèmes d’actualité de la filière du sport, des loisirs, du cycle et de la mobilité active.
Comment financer une politique sportive ? Comment le sport s’intègre-t-il dans une politique publique globale de santé ou de transport ? Comment les collectivités territoriales, en particulier les communes, gèrent-elles leurs investissements ? Quel rôle pour l’Etat ? Quels rôles tiennent les associations, le mouvement sportif et les entreprises ?
Retrouvez les échanges de ce matin sur le thème : « Sport : quel budget pour quelle action ? » en présence de Régis Juanico, Député de la Loire et Marie-Hélène Thoraval, Maire de Romans-sur-Isère, ici :
Le détail de mes interventions :
« Je vais essayer de faire de la pédagogie Benjamin. Puisque bien évidemment quand on évoque les chiffres sur les Sports, c’est toujours une question de périmètre et Virgile Caillet évoquait tout à l’heure le soutien des pouvoirs publics de 460 milliards d’euros, en tant de crise exceptionnelle, la crise sanitaire. Vous savez que le Budget de la Nation c’est 250 milliards d’euros en temps normal, hors crise exceptionnelle et mon ancienne collègue Députée Marie-Hélène Thoraval, aujourd’hui Maire de Romans, connait aussi ces sujets-là très bien, nous avons, on va dire un Budget des Sports, si on prend les crédits budgétaires et extrabudgétaires qui est un budget rikiki dans notre pays ! Puisqu’il représente grosso modo pour les crédits de l’Etat bien évidemment, parce que si on compte la dépense sportive c’est 37 milliards d’euros, si on prend la filière sport, si on prend les chiffres de la BPCE d’il y a quelques mois, c’est 77 milliards d’euros mais dans la dépense sportive, il y a les Collectivités territoriales, je pense que Marie-Hélène y reviendra, il y a bien évidemment les usagers : la participation des familles et puis il y a effectivement le Budget des Sports : les crédits de l’Etat et cela représente environ 750 millions d’euros. Donc vous voyez, c’est un chiffre très bas, de 0,3% du Budget de la Nation. C’est pour cela qu’on parle souvent de 0,2 ou 0,3% sur la dépense que l’on prend en compte. A titre de comparaison, le Budget de la Culture, souvent mieux défendu peut-être que celui des Sports, mea culpa, c’est 11 milliards d’euros, vous voyez à comparer ! Après bien évidemment j’évoque ces 750 millions d’euros, je vais y venir rapidement parce que je ne vais pas rentrer dans les détails, j’évoque les crédits que nous votons chaque année au Parlement, les crédits budgétaires et extrabudgétaires et puis une masse salariale qui correspond en fait aux agents du Ministère des Sports. Mais si on voulait ajouter la dépense sportive du Budget de l’Education Nationale, on sait que c’est 3 milliards d’euros aujourd’hui de rémunérations des enseignants d’EPS : ils sont 30.000, il y a un certain nombre, on y reviendra peut-être tout à l’heure, d’autres Ministères qui ont une dépense sportive : le Ministère de la Santé, le Ministère de la Ville sur un certain nombre de dispositifs comme l’ANRU même si on a très peu de chiffres aujourd’hui sur la dépense de ces politiques sportives-là, il y a un certain nombre de Fonds de l’Etat comme la DETR ou la DSIL pour les Collectivités qui peuvent aider aussi les équipements sportifs. Et puis il y a un certain nombre d’autres Ministères comme la Recherche à travers des programmes comme le PIA où effectivement, mais là c’est une question d’écritures mais beaucoup de millions d’euros sont annoncés, parfois il faut vérifier véritablement que ces programmes de recherche ou d’innovation pour le Sport, contribuent bien à la dépense sportive. Mais moi je veux simplement parler des crédits budgétaires et extrabudgétaires, donc aujourd’hui nous avons un Programme 219 : un Programme Sport en fait qui correspond à 434 millions d’euros, alors c’était 300 millions d’euros jusqu’à l’an dernier et puis ont été intégrés la masse salariale des Conseillers Techniques et Sportifs, c’est-à-dire 1600 Conseillers Techniques et Sportifs qui sont au service de nos sportifs de haut niveau, des Equipes de France, mais aussi des territoires, des Fédérations, donc cette masse salariale de 120 millions d’euros, a été intégrée au Budget de l’Etat, au Budget des Sports , qui dépend du Ministère des Sports. Mais il faut savoir qu’il y a aussi la masse salariale des autres agents du Ministère des Sports, là c’est plus compliqué, puisque ça dépend du Ministère de la Santé depuis maintenant une dizaine d’années et cela représente environ 120 ou 130 millions d’euros supplémentaires qu’il faut rajouter. A ces crédits budgétaires-là, ça c’est essentiellement le financement des missions régaliennes : de contrôle, d’expertise, du Ministère des Sports, il reste environ 120 agents aujourd’hui au niveau central du Ministère des Sports et c’est le financement de l’Agence Nationale pour le Sport, le Programme 219, à peu près 130 millions d’euros. Et puis il y a ce qu’on appelle les crédits extrabudgétaires qui viennent s’ajouter aux crédits budgétaires, ces 434 millions d’euros. Ces crédits extrabudgétaires, c’est ce qu’on appelle les taxes affectées au financement du Sport et ça représente en 2020, 146 : « 140 » on va dire, millions d’euros de taxes affectées, je vais y revenir dans le détail pour savoir à quoi ça correspond. Et puis il faut ajouter à ces 434-crédits budgétaires, 140/146-crédits extrabudgétaires, depuis quelques années aussi ce qu’on appelle le Programme 350 qui est le Programme de la SOLIDEO, c’est-à-dire des ouvrages Paris 2024 et sur ce budget-là qui a augmenté de 60 à 130 millions d’euros cette année, on peut estimer/évaluer la dépense purement sportive c’est-à-dire celle qui est fléchée sur des équipements sportifs à 28 millions d’euros sur les 130 millions d’euros. Donc quand vous additionnez ce que je viens de vous évoquer : les crédits budgétaires, les crédits extrabudgétaires, la masse salariale de tous les agents du Ministère des Sports, les 3000 agents du Ministère des Sports et une petite partie, on va dire, de la dépense liée aux ouvrages olympiques, vous arrivez grosso mode à ce chiffre de 750 millions d’euros mais qui reste quand même un chiffre très faible et dérisoire en comparaison, effectivement du Budget de la Nation. Et puis je termine peut-être Benjamin, pour pas être trop long et tout en essayant d’être le plus pédagogique possible sur la question des taxes affectées qui parait être la question budgétaire et de financement des politiques sportives qui aujourd’hui est plus que jamais d’actualité. Alors, les taxes affectées, c’était notamment, ça permettait de financer ce qu’on appelle les dépenses de lex-CNDS, maintenant qui sont des politiques d’intervention qui sont maintenant gérées par l’Agence Nationale du Sport. Le Budget de l’Agence Nationale du Sport c’est 280 millions d’euros aujourd’hui en 2020, c’est un Budget qui a été voté en déséquilibre pour 2020, de 15 millions d’euros. Je vais y revenir dans ma conclusion et dans le financement de l’Agence Nationale du Sport, il y a ces 146 millions de taxes affectées, qui correspondent à 3 taxes en fait. Une première taxe sur les mises des jeux de la Française des Jeux : les jeux de grattage et de tirage, de 1,8%. Une deuxième taxe qui correspond à une taxe de 1,8%, mais là sur les mises des paris sportifs, d’accord donc là Française des Jeux mais aussi des opérateurs notamment sur les paris sportifs en ligne. Et puis 3e taxe, qu’on a l’habitude d’appeler la Taxe Buffet, une taxe en fait sur les droits de retransmissions des manifestations sportives et qui est de 5%, le symbole aujourd’hui de la solidarité entre le Sport professionnel et le Sport amateur. Il faut savoir que ces deux derniers éléments que je viens d’évoquer : les mises sur les paris sportifs et le rendement de la Taxe Buffet ont considérablement augmenté. Alors, pour les mises des paris sportifs, en 5 ans, on a eu +200% et pour la Taxe Buffet, là aussi, c’est une taxe qui est extrêmement dynamique dans son rendement puisqu’elle a augmenté de 80% en 5 ans. Et vous savez qu’avec les droits-télé qui vont augmenter jusqu’en 2021, il va y avoir notamment un rendement qui va être augmenté de 25 millions d’euros. Mais, bah voilà c’est toute la contradiction quelque part et le paradoxe, ces taxes affectées au financement du Sport, elles ont diminué de moitié depuis maintenant 3 ans ! Gross modo, les crédits du Sport, ça c’était les chiffres que j’ai donné dans mon Rapport de cette année en 2020 à la Commission des Affaires culturelles, grosso modo les crédits du Sport budgétaires et extrabudgétaires ont baissé de 80 millions d’euros, c’est-à-dire de 15% en 2017 et 2019, mais il y a eu une forte baisse des taxes affectées et en fait j’ai fait un tableau qui était extrêmement intéressant, je vous pourrais peut-être vous le communiquer d’ailleurs, qui montre qu’en 2017, à l’époque, en 2017 quand j’étais Rapporteur Spécial des crédits du Sport et notamment avec Patrick Kanner, nous avions monté à un maximum de 77% du rendement des taxes affectées, qui était affecté au financement du Sport et le reste allait dans le Budget général. Et depuis, la tendance s’est plus qu’inversée, c’est-à-dire que sur les 420 millions d’euros de rendement de ces taxes qui devraient être affectés au financement du Sport, eh bien en 2020, il n’y aura plus que 35% de ces taxes affectées qui iront au financement du Sport ! Les 65% restants vont aller dans le Budget général de l’Etat donc on assiste finalement à un détournement de financement qui devrait être affecté intégralement, en tout cas ça c’est mon sentiment au financement du Sport. On a essayé au Projet de Loi de Finances fin 2019, avec là des Députés de toute tendance dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, de faire voter des amendements pour augmenter et déplafonner comme on dit, puisqu’il y a un plafond qui limite le financement du Sport, de plafonner ces taxes de 100 millions/de 60 millions d’euros, ça a été refusé à quelques voix près puis de 15 millions d’euros, cet amendement a été adopté puis 3 heures plus tard, il a été « repris » par le Gouvernement de façon, bon assez peu démocratique, voilà. Mais des 15 millions d’euros, c’est ceux qui manquent justement pour faire l’équilibre du Budget de l’Agence Nationale du Sport cette année. Et en particulier, quand on voit qu’aujourd’hui, le Budget consacré aux équipements sportifs, au soutien aux équipements sportifs, notamment pour les Collectivités territoriales, de l’Agence Nationale du Sport : c’est 45 millions d’euros seulement, au niveau national au lieu de 55 millions d’euros, vous voyez que ça a des conséquences, notamment sur nos équipements dans les territoires, mais aussi sur les associations sportives, puisqu’on a eu 50 millions d’euros aussi de part territoriale qui ont disparu entre 2018 et 2020. Et ça, c’est une subvention de fonctionnement de nos associations. Donc voilà, je ne veux pas être beaucoup plus long, mais enfin ce qu’il faut retenir, c’est que normalement on devrait avoir 420 millions d’euros, normalement si on mettait 100% de ces financements dans le Sport. »
« [Ce que finance d’autre ce Budget], alors des missions régaliennes du Ministère des Sports, un exemple : la lutte contre le dopage. Donc c’est par exemple, le financement de la subvention à l’Agence Française de Lutte contre le Dopage, par exemple, mais ça peut être aussi la subvention à l’INSEP, notre fabrique à champions pour la Haute performance. Du côté de l’Agence Nationale du Sport, parce que l’essentiel des financements sont à l’Agence Nationale du Sport, je siège au Conseil d’Administration, il y a 90 millions d’euros pour la Haute performance à côté notamment des financements qui vont aux Fédérations sportives. Et puis il y a 190 millions d’euros qui sont dépenses pour le développement de la pratique du Sport pour tous. Je prends deux exemples : les emplois sportifs qualifiés, ça c’est une dépense extrêmement utile bien évidemment pour le Sport français, puisque cela permet de mettre des éducateurs sportifs qualifiés au service des clubs, des territoires et des échelons décentralisés du Mouvement sportif ; Et il y a 5000 emplois qui sont financés par l’Agence Nationale du Sport, ça représente 50 millions d’euros par exemple, mais je pourrais reprendre l’exemple du Plan d’aisance aquatique, c’est 80 millions d’euros qui sont fléchés sur ce plan là . Je pourrais prendre d’autres exemples comme les projets sportifs fédéraux qui ont pris en fait la suite du CNDS, pour financer notamment les subventions aux associations sportives, les subventions de fonctionnement et désormais c’est 65 millions d’euros pour là, en 2020, qui seront directement sous la responsabilité des Fédérations. On peut s’attendre, sans être là, très devin, qu’il aura beaucoup d’augmentations de ces demandes de dossiers de subventions puisque beaucoup d’associations sportives vont être en difficulté dans les prochains mois. »
« Oui c’est un petit peu le jeu du chat et de la souris, finalement entre les parlementaires qui sont chargés de contrôler le Gouvernement et puis le Gouvernement et c’est vrai que quand on est Ministre des Sports, ce n’est pas évident, on n’est pas un Budget qui est un Budget très important. Et souvent, bah c’est des petits coups de rabot successifs chaque année, qui sont portés à un Budget qui est déjà faible. Donc ce n’est pas évident, pour les Ministres des Sports successifs et puis bien évidemment, il y a la tentation pour les conseillers budgétaires qui sont dans le Gouvernement de faire évoluer les périmètres, d’année en année pour on va dire faire parler les chiffres comme ça les arrange. Donc souvent, vous aurez, on va dire, des Rapports ou des Rapports spéciaux, des Rapports pour avis des Députés ou des Sénateurs qui sont légèrement différents dans l’analyse de l’évolution des crédits qui sont dévolus au Sport, parce que bien évidemment, on peut faire parler les chiffres comme on veut, en matière budgétaire. Voilà, j’essaye d’avoir depuis 10 ans un regard le plus objectif possible, ce que je retiens en tant que parlementaire, en tout cas, c’est que les mouvements se sont faits essentiellement sur les taxes affectées, c’est bien dommage ! Parce que si on avait maintenu cette répartition qui me parait relativement logique, c’est-à-dire pour une taxe affectée : les 2/3 ou un peu plus des 2/3 qui vont au financement de l’objet politique de la taxe affectée, en l’occurrence le Sport, comme on l’avait en 2017. On est même monté beaucoup plus haut grâce à la création, notamment d’un prélèvement exceptionnel de 0,3% qui a été maintenu et qui est fléché sur un Fonds Héritage de Paris 2024. Bon 2/3 pour le Sport, 1/3 pour le Budget de l’Etat, ça me parait être une clé de répartition assez logique. Et là on a fait l’inverse ! Donc ça veut dire que c’est Bercy qui récupère finalement, les financements qui devraient être affectés au Sport. Donc la variable d’ajustement, elle était là ces dernières années. »
« Alors, c’est une très bonne question parce que j’ai souvent tendance à dire à la Ministre des Sports actuelle, à Roxana [Maracineanu], qu’un bon Ministre des Sports doit déjà commencer par défendre son Budget et ses crédits ! Alors, bien évidemment avec le bémol que j’ai évoqué tout à l’heure, c’est que ce Budget de 0,3%, de la Nation est extrêmement faible en proportion. Il faudrait qu’il augmente, moi je pense qu’un objectif de 100 millions d’euros supplémentaires chaque année jusqu’en 2024, ce serait une bonne façon d’accompagner l’héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Parce que je pense que plutôt que le rôle de l’Etat aujourd’hui, je ne vais pas parler d’un Etat résiduel, parce que c’est une expression que je n’aime pas : je défends le Service public du Sport, je défends les agents de ce Ministère qui ont été pendant la crise sanitaire d’une capacité d’adaptation formidable et qui ont accompagné nos clubs, nos bénévoles, qui ont accompagné aussi eh bien nos Collectivités. Et il faut qu’ils travaillent ensemble les Collectivités et l’Etat en matière sportive. Mais plutôt que systématiquement dire ce que font les autres Ministères, c’est vrai qu’on préférait, nous les parlementaires qui suivons les questions de Sport, qu’on se batte pour avoir un petit peu plus de ressources et un petit plus de crédits du Sport. Bon j’ai évoqué l’Education Nationale, tout à l’heure : 3 milliards d’euros, là effectivement je rejoins Marie-Hélène Thoraval, je pense qu’on peut faire beaucoup mieux je dirais, en lien avec les Collectivités qui ont une expérience et une histoire de projets éducatifs de territoire, bon même si maintenant les temps d’activités périscolaires sont supprimés dans la plupart des communes. Pas toutes ! Bien évidemment, on voit pour le moment, l’échec provisoire du dispositif 2S2C, parce que c’est vrai que les Collectivités, leur préoccupation c’est les locaux, la restauration, le transport, comment on élargit le nombre d’élèves qui était accueilli et pas forcément d’organiser des activités sportives et culturelles avec des intervenants extérieurs. C’est très compliqué dans cette période-là à organiser ! Mais on pourrait faire beaucoup mieux pour le Sport à l’école, ça c’est clair, sur les mi-temps sportifs dans les établissements, sur les sections sportives scolaires, sur la place du sport scolaire, sur le lien avec les clubs sportifs qui pourraient intervenir à l’école bien évidemment. Avec les enseignants d’EPS, il y a des choses, il y a beaucoup de choses encore à faire, j’avais fait un Rapport à ce sujet avec Pascal Deguilhem en 2015 et en 2016. La santé, là je trouve que c’est sans doute là où on peut faire le mieux. Aujourd’hui, il y a très très peu de crédits qui sont fléchés sur les dispositifs de soutien financier au Sport sur ordonnance et ça donne la possibilité d’intervenir à des intervenants spécialisés et les clubs à accompagner les publics les plus éloignés de la pratique sportive, notamment les malades chroniques. Voilà, on a vu avec le Covid que là on a des gens qui se sont mis ou qui se sont remis au sport. 40% des Français ont fait du sport, 11 sur 5 ont découvert une nouvelle activité. Et aussi 1 sur 3 ont pris 3 kilos en moyenne durant le confinement ! Donc la sédentarité, la lutte contre la sédentarité, c’est un fil rouge. Aujourd’hui, on n’a que 10 millions d’euros, si on prend les crédits à la fois du Ministère des Sports et les crédits du Ministère de la Santé dans les ARS, ce qu’on appelle les Fonds d’intervention régionaux, qui sont fléchés sur ces dispositifs spécifiques de soutiens aux acteurs qui font le Sport Santé/Bien-Etre dans nos territoires. Donc là, c’est très largement insuffisant, il va falloir qu’avec l’Assurance Maladie il y ait un début, je dirais de remboursement et des mutuelles de ces dispositifs de Sport-Santé. J’ai évoqué tout à l’heure, le Ministère de la Ville, on a mis énormément de temps à convaincre la CGET et le Ministère de la Ville qu’il fallait un volet Sport […] le Commissariat Général à l’Egalité des Territoires, voilà Claire elle connait ça par cœur ! La CGET, enfin en tout cas, c’est les technocrates du Ministère de la Ville, chargés en fait des dispositifs qui sont les politiques de rénovation urbaine. Donc voilà, là aussi, moi j’aimerais avoir une évaluation de ce qu’a fait l’ANRU, ce que fait la BPI par ailleurs, de la DETR et des Fonds de Soutien aussi à l’Investissement Local et qui accompagne et on a beaucoup poussé à ce que ce soit fléché et que ça aille sur les équipements sportifs et pas simplement des salles des fêtes et des espaces culturels. Bon, là on peut progresser du côté de la Santé, on peut progresser du côté de l’Education Nationale et puis il y a une question qui vous intéresse aussi directement à l’Union Sport et Cycle, c’est la question des mobilités actives, le Plan vélo, la Loi d’Orientation des Mobilités qui a été votée. Moi je me bats pour que le Ministère ait des objectifs assez simples et clairs par exemple pour les élèves qui rentrent en 6e. C’est-à-dire savoir nager d’un côté à 100% et savoir rouler de l’autre, c’est dans la Loi. Il va y avoir un certain nombre aussi de financements pour la construction de pistes cyclables sécurisées, ce qui nous manque aujourd’hui. Il y a beaucoup de Fonds pour acheter des vélos, on fait ou on refait du vélo pendant le confinement, aujourd’hui ils ne vont avoir les pistes pour pouvoir circuler, donc voilà nos problèmes. Les problèmes des Collectivités, c’est si elles ne sont pas assez suffisamment volontaristes, enfin s’il n’y a qu’elles qui financent, il faut un Etat qui soit en effet levier. Ce que j’appelle l’effet levier, voilà les équipements sportifs de l’Agence Nationale du Sport, 45 millions d’euros c’est 300 équipements sportifs seulement sur le Territoire donc bon, moi je suis pour l’effet levier, on va voir ça pour la Conférence des Financeurs de l’ANS déclinée dans nos territoires d’ici la fin de l’année ou dans l’année 2021. Parce que ça va prendre un petit peu de temps. Mais les Collectivités territoriales ne peuvent pas tout financer, il faut que l’effet levier au départ soit assez fort et donc ça nécessite, on en revient à la question de départ, que les ressources du Ministère, alors donc du coup de l’ANS parce qu’il faut être clair maintenant, c’est quand même l’ANS qui pilote ces politiques interministérielles. Mais à partir du moment où elles sont fléchées sur des objectifs de Santé, sur les objectifs de mobilité par exemple, sur des objectifs de savoir nager ce qui est déjà le cas, sur un certain nombre de politiques éducatives et Marie-Hélène Thoraval l’a expliqué dans sa commune, ce qu’elle faisait à Romans sur Isère, eh bien là on peut faire une politique interministérielle. Mais ça peut être piloté dans l’Agence Nationale du Sport qui permet une gouvernance partagée avec l’ensemble des acteurs du Sport. »
« Oui alors je comprends. On a eu un Groupe de travail pendant la crise sanitaire à l’Assemblée Nationale chargé un petit peu de mesure l’impact à la fois sur l’écosystème sportif, donc bien évidemment le Sport professionnel d’un côté et le Sport amateur. Je pense que la filière s’est bien battue d’ailleurs pour obtenir des mesures de soutien de droit commun qui vont s’appliquer a priori jusqu’à fin septembre bon au moins pour le chômage partiel, les PGE bien évidemment et puis un certain nombre de mesures d’accompagnement. Je comprends qu’il y ait un petit peu, bon des revendications qui reviennent, même si on parle beaucoup de changement de modèle économique aussi pour le foot professionnel et tout ne passera pas par une compétitivité qui passe par des mesures fiscales favorables au seul secteur du foot professionnel. Mais franchement, moi ce que je plaide depuis longtemps, c’est qu’on ait des taxes affectées au financement du Sport et pour le coup, les paris sportifs c’est le Sport, la Taxe Buffet c’est le Sport qui puissent aller intégralement au Sport ! C’est l’objectif des amendements que j’ai déjà présentés au Projet de Loi de Finances Rectificatif, qu’on va représenter là dans le 3e texte qui arrive d’ici le début du mois de juillet et qui consiste à augmenter de 100 millions d’euros, mais de façon pérenne, les ressources financières de l’Agence Nationale du Sport et notamment pour qu’elle puisse venir en aide aux associations sportives et notamment aux clubs amateurs qui vont être en grande difficulté. Pas simplement dans les prochains mois, il y a la question de la rentrée qui va être cruciale, mais aussi dans les prochaines années pour un certain nombre d’entre-elles. Et on l’a vu, on a une enquête de la Centrale du Sport qui est très intéressante, qui montre qu’il y a à peu près 10.000€ en moyenne de pertes financières sur les événements du mois de mars au mois de juin , qui ont dû être annulés ou sur les recettes de buvette pour les clubs amateurs et là surtout des partenaires, des sponsors au niveau local : artisans, commerçants, les bars, les restaurants, qui eux sont très durement touchés par la crise et eux qui disent « bon on n’est pas sûr de pouvoir reconduire ni même tout simplement de pouvoir de mettre de l’argent de partenariat ou de sponsoring comme on l’a fait dans le passé, à la rentrée ». Donc il faut vraiment des mesures, là pour le coup, qui collent à la sortie de la crise sanitaire pour que cela ne soit pas non plus une crise sportive. Donc il y a le Fonds national de solidarité, c’est 100 millions d’euros pérennes pour l’Agence Nationale du Sport. Parce qu’on ne va pas simplement se contenter d’un appel aux dons avec la Fondation du Sport français ? Moi, je salue par ce qui a été fait par Thierry Braillard et la Fondation, mais là on parle de quelques centaines de milliers d’euros et qui ne seront pas pérennes. Donc, il faut que ces ressources augmentent, il faut que les mesures spécifiques sur le mécénat sportif et le sponsoring sportif pour consolider et encourager les partenaires locaux des clubs amateurs et il faut sans doute qu’on ait aussi une mesure de relance à la rentrée, comme on a une allocation de rentrée scolaire. Alors c’est proposé notamment par l’Union Sport et Cycle, on l’a repris à notre compte, beaucoup de Députés d’ailleurs et de Sénateurs : un Chèque-Sport qui permettrait à la rentrée d’aider les familles dans la difficulté, pour des raisons sanitaires ou financières d’ailleurs, hésitent à reprendre des licences dans des clubs pour une pratique encadrée. Il va falloir les soutenir. Et ça ces dépenses-là, ça sera plusieurs centaines de millions d’euros sans doute, mais pourquoi on n’aurait pas un Plan de relance du Sport quand on a des Plans de relance de l’automobile, de la Culture, de l’aéronautique, de tous les secteurs d’activité… Pourquoi nous, on n’aurait pas une mesure de l’ordre d’un milliard d’euros ? Ou de soutien à la dépense sportive ? Je pense quand même que c’est important et c’est demandé aujourd’hui. Donc pour répondre à la question, je ne suis pas pour qu’il y ait un plafonnement du plafonnement de la Taxe Buffet. Je pense qu’aujourd’hui, moi j’ai fait le calcul, en 5 ans, le Sport a perdu 750 millions du fait du plafonnement des taxes affectées au financement du Sport, qui sont tous allés dans les caisses de Bercy ! Donc voilà, pour se désendetter, pour des choix de maîtrise comptable des finances publiques, c’est un choix bon maintenant je pense qu’il faut inverser cette tendance-là et pour cela effectivement, on a besoin d’avoir à la fois des taxes affectées, des rendements de taxes affectées qui soient plus importants en direction du Sport. Il y aura sans doute un petit tassement sur les paris sportifs, bien évidemment et moins de paris sportifs dans la période, mais ils étaient quand même en forte augmentation au début de l’année donc on va voir, le résultat en fin d’année. Pour la Taxe Buffet, il y a moins de retransmissions de manifestations sportives, il y a un petit tassement mais la marge est très grande, je vous le dis : 35% pour le Sport, 65% aujourd’hui pour Bercy. »
« Oui, on a vu que pendant le confinement, à peu près 40% des Français ont continué à pratiquer le sport, donc ça, c’est plutôt une bonne nouvelle et même de ceux qui ont repris le sport, 80% nous disent qu’ils ont envie de continuer, donc là il y a un vrai enjeu, un vrai défi, j’ai envie de dire pour les pratiques. Les 80 à 90% des associations sportives, elles ont été à l’arrêt pendant le confinement, mais les associations et c’est leur but d’ailleurs, leur objectif, ont maintenu un contact, un lien social. D’ailleurs, c’est l’une de leurs raisons d’être aujourd’hui, notamment avec leurs bénévoles, elles ont maintenu leurs contacts notamment via les réseaux sociaux donc effectivement la question du Fonds d’aide à la digitalisation des clubs, ça doit être une préoccupation. Je crois que l’ANS a commencé à bien évidemment s’y pencher dessus et il va falloir aider les clubs à pouvoir poursuivre cet effort pour pouvoir maintenir un contact avec leurs adhérents ou leurs licenciés. Mais il y a eu aussi du sport à la maison. Il y a deux choses, les Français ont du sport à la maison, ils ont commandé beaucoup d’articles de sport en ligne, enfin ça Virgile pourrait nous le dire plus précisément et puis ils ont fait des applications qui étaient à la maison. Alors est-ce que ça va se poursuivre ou pas, on verra les tendances mais je pense quand même qu’il y a des réflexes et des pratiques qui sont solidement ancrées. Moi j’ai beaucoup défendu, pendant le confinement, aussi la dérogation qui consistait à permettre une activité de plein air, individuelle avec les distances dans un rayon de 1km et dans la limite d’une heure pour faire de la course à pied et de la marche nordique. Beaucoup s’y sont mis et effectivement à part quelques maires en France qui ont pris des arrêtés qui restreignaient la liberté d’activité physique en plein air comme à Saint-Etienne, malheureusement, je crois que cette possibilité, elle a vraiment été perçue comme une bouffée d’air et d’oxygène qui a permis quand même aussi de lutter contre le stress, l’anxiété …etc. Et puis, on le sait, le sport fabrique de l’immunité collective contre le Covid et c’est un bon moyen aujourd’hui de se construire une immunité. Le problème est lequel et je termine par-là, c’est s’il n’y a pas de débouchés alors en club, je préfère bien évidemment une pratique encadrée mais aussi en pratique libre. Aujourd’hui, il faut quand même que ces gens qui se sont mis ou remis au sport, notamment parce qu’ils étaient en chômage partiel ou ils étaient en télétravail, certains étaient devant leurs écrans, alors là, ils ont pris des kilos, mais d’autres ont eu ces bons réflexes d’activité physique et sportive, il faut avoir un débouché tout de suite. Or je veux quand même rappeler qu’aujourd’hui la plupart des équipements sportifs, je pense que ce n’a peut-être pas vrai à Romans sur Isère, je ne connais pas la situation mais ils ne sont pas rouverts. La plupart des associations sportives, les 2/3 nous disent « on n’est pas prêt à reprendre les activités parce que soit elles ne peuvent pas le faire actuellement : les sports collectifs, les sports de contact, les sports de ballon… etc ou alors parce que les équipements ne sont pas rouverts, on a vraiment une urgence ! Alors, certaines activités de plein air ont repris, je vois les clubs d’athlétisme par exemple, mais il faut qu’on ait cette capacité d’accueil, notamment sur une offre loisir et une offre sport-santé/bien-être qui permettent d’accueillir ces nouveaux pratiquants, j’ai envie de dire, pour qu’ils poursuivent une activité physique et sportive régulière et qu’ils le fassent dans une offre qui n’existe pas dans tous les clubs aujourd’hui et pour ça, il faut aussi des emplois sportifs qualifiés et il les faut maintenant ! C’est là où je pense que voilà, on a eu un petit souci de timing et j’ai bien peur que beaucoup de clubs, d’associations sportives entre aujourd’hui c’est-à-dire le mois de juin et le mois de septembre, il y ait un petit peu, un trou noir et qui peut être extrêmement préjudiciable à la pérennité de l’activité, y compris pour la rentrée où il y a beaucoup de craintes sur les formules de rentrée. »
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