J’ai signé, avec un collectif d’élus, de responsables associatifs et de citoyens, une Tribune parue le 23 mai dans Libération pour que a crise sanitaire ne soit pas une double peine pour les enfants, menacés de perdre l’accès aux associations d’éducation populaire et du droit aux vacances.
Le texte de la Tribune :
Avec la crise sanitaire, les associations jeunesse et d’éducation populaire sont menacées. L’arrêt ou la réduction d’activité même temporaire de ces structures met en danger l’accompagnement quotidien de millions de jeunes, avec des conséquences qui peuvent devenir dramatiques sur les parcours individuels et sur la cohésion sociale. On parle ici des centres de loisirs, des centres socioculturels, de l’action culturelle populaire, des centres et séjours de vacances, des classes transplantées, des habitats jeunes (FJT), des actions de mobilité internationale, d’animation scientifique, de formation à l’animation, de sport pour tous et toutes, d’accompagnement à la scolarité, d’accompagnement des projets, de prévention, des associations de quartier… L’éducation populaire est dans le quotidien de beaucoup d’entre nous ou de nos enfants ; c’est avant tout un vecteur de lien social et de construction du collectif, au cœur des territoires urbains comme des territoires ruraux.
En France, le secteur représente aussi près de 6 millions de bénévoles et 680 000 salarié.e.s, qui risquent leur emploi et la dégradation de leurs conditions de vie déjà souvent précaires en temps normal. Une partie importante des activités étant stoppées depuis le début du confinement, la crise aura quoi qu’il arrive un impact énorme sur le secteur.
Pour autant, passé le confinement, nous aurons besoin de nos associations pour répondre aux besoins essentiels de la population et de la société, en premier lieu la garde des enfants et leur indispensable ouverture sociale et culturelle.
Nous sommes également les garants du maintien d’un droit aux vacances pour tous les jeunes de France. En ce sens, nous refusons l’éventualité de leur infliger la «double-peine» du confinement au printemps et du rattrapage scolaire pendant l’été.
Les pertes totales sont difficiles à prévoir, et dépendront grandement du plan de déconfinement et d’éventuels rebonds. L’estimation à ce jour se situe autour de 500 Millions d’euros mais pourrait se multiplier en fonction du déroulement de l’été et de la rentrée de septembre.
Les mesures économiques de l’Etat et les aides des collectivités déjà engagées ne suffiront pas à maintenir les structures la tête hors de l’eau et à assurer les missions d’intérêt général qui leur sont confiées. C’est pourquoi nous demandons au Gouvernement trois choses.
D’abord, garantir le droit aux vacances pour tous les jeunes en maintenant les activités pendant l’été : les activités et départs en vacances avec les associations jeunesse et d’éducation populaire doivent être maintenus pour l’été 2020, avec la mise en place de mesures spécifiques permettant d’évoluer dans des conditions sanitaires exemplaires.
Ensuite, reporter le Service National Universel d’une année et réaffecter les fonds de 2020 aux activités jeunesse : au vu du contexte, il semble difficile voire irresponsable de maintenir le SNU en 2020, peut-être même plus d’actualité. Nous demandons donc un report à 2021. Le budget national de 30 millions d’euros dédié doit pouvoir être réaffecté pour un plan de sauvetage du secteur associatif jeunesse et de l’éducation populaire.
Enfin, prendre toutes les mesures économiques nécessaires à la sauvegarde du secteur jeunesse et éducation populaire en France, et plus largement du secteur associatif. Ces mesures pourront passer par l’abondement des fonds de solidarité déjà créés dans de nombreux territoires par les collectivités locales, et des subventions exceptionnelles aux fédérations d’éducation populaire, afin d’assurer le maintien et/ou la reprise des activités dans les meilleures conditions.
À deux jours du « déconfinement » scolaire, j’ai interpellé Jean-Michel Blanquer sur le financement des activités périscolaires qui seront proposées par les associations d’Education Populaire.
Mon courrier à Jean-Michel Blanquer :
Monsieur le Ministre de l’Education Nationale
Je souhaite par la présente attirer votre attention sur les relations à construire entre l’Education nationale et les structures de l’Education populaire dans la période de sortie du confinement.
?Le protocole sanitaire de reprise des cours, à compter du 11 mai prochain, prévoit la mobilisation en présentiel de la plupart des enseignants pour permettre à la fois le « dédoublement des classes » (règle des 4 m²/enfant), le respect des normes sanitaires et des conditions d’accueil optimales pour les enfants. La souplesse et l’adaptabilité du dispositif de reprise deviendront la règle dans la période particulière allant de la sortie du confinement à la fin de cette année scolaire particulière, voire au-delà.
?Dans certaines communes, des partenariats avec les structures de l’Education populaire sont en train d’être construits ou consolidés, que ce soit pour les activités périscolaires à proprement parler ou pour l’accueil d’enfants de personnels prioritaires (soignants, policiers…) ou de fratries.
?Plus globalement, il est évident que cette reprise particulière floute fortement la « frontière » entre le temps scolaire, le temps extra-scolaire et le temps périscolaire. La structuration juridique de ces différents temps, jusqu’alors consensuelle, devra sans doute être questionnée. Votre dispositif « Sport, Santé, Civisme et Culture » (2S2C) propose même de globaliser l’offre scolaire et périscolaire.
Pour l’heure et en fonction des contextes, dans nos circonscriptions respectives, les acteurs de l’Education populaire se disent prêts à se mobiliser en soutien de l’Education nationale, que ce soit pour l’organisation d’Accueils Collectifs de Mineurs (ACM) ou l’ouverture de Centres de Loisirs Sans Hébergement (CLSH).
Nombreuses sont les structures de ce type qui fonctionnent en ayant recours à des contractuels sur la base d’inscriptions précises. Les financements de la Caisse d’Allocations Familiales (CAF), eux-mêmes indexés sur les effectifs, avec parfois l’ajout de subventions au titre des crédits « politiques de la ville », concourent au fonctionnement général de ces partenaires éducatifs intervenant en temps normal sur le temps périscolaire.
Or, la mobilisation d’acteurs de l’Education populaire pendant le temps scolaire va devenir une réalité massive partagée dans de nombreux territoires dans les prochaines semaines.
Aussi, la question du versement des prestations de la CAF pour la conduite d’activités périscolaires en temps scolaire se pose déjà. Vous voudrez bien nous préciser la position du Gouvernement sur ce point.
Plus largement, je souhaite vous interroger aujourd’hui, Monsieur le Ministre, afin de vous demander quelles mesures de soutien financier pourraient être rapidement déployées, en lien avec les CAFs locales et le Ministère des Solidarités et de la Santé, pour permettre une collaboration optimale, rapide et efficace, entre l’Education nationale, l’Education populaire et les collectivités territoriales dans les prochaines semaines.
La crise sanitaire ne doit pas être une double peine pour les enfants, alerte un collectif de personnalités réuni autour du spécialiste des sciences de l’éducation Philippe Meirieu. Lire la suite
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