Avec le Sénateur de la Loire Jean-Claude Tissot, nous venons de solliciter le Ministre de la Culture Franck Riester, à la suite de l’intervention du Premier Ministre Edouard Philippe à l’Assemblée nationale sur la stratégie nationale de déconfinement, pour attirer son attention sur l’impact des grandes orientations présentées sur le monde de la culture.
Au regard des déclarations du Chef du Gouvernement sur le calendrier de reprise des « activités culturelles », il nous a semblé important de lui faire part de nouvelles propositions pour accompagner au mieux celles qui devront encore garder portes closes dans les prochains mois.
Théâtres privés, festivals, librairies, télévisions et radios locales, autant de thématiques que nous abordons à la suite d’échanges avec les acteurs culturels de la 1ère circonscription de la Loire et du territoire ligérien plus largement (Télé Loire 7, Activ Radio, Théâtre Libre…)
Notre courrier au Ministre de la Culture :
200430 RIESTER-Acteurs Cult… by Pierrick Courbon on Scribd
La terrible crise que notre nation traverse affecte tous ses secteurs d’activité, mais le monde de la culture sera l’un des plus dramatiquement et les plus durablement touchés. Lors d’une séance de Questions au Gouvernement, George Pau-Langevin, députée de Paris, a interrogé le gouvernement sur deux points : – La fermeture des cafés, théâtres et autres lieux culturels, l’annulation de festivals, aura un impact durable sur les revenus des artistes, lesquels vivent souvent sous le seuil de pauvreté. Les intermittents du spectacle risquent de ne pas obtenir le renouvellement de leur statut. Le secteur du spectacle vivant, à l’arrêt, devrait perdre, du 1er mars au 31 mai, 590 millions d’euros. Nous demandons au gouvernement la prolongation des droits des intermittents et le paiement des contrats annulés. – L’inquiétude grandit également du côté des institutions et des salles culturelles. L’ordonnance du 22 avril 2020 a, certes, apporté des modifications nécessaires au dispositif de chômage partiel, mais dans des conditions encore drastiques pour les établissements publics et les scènes qui, pour en bénéficier, doivent tirer la majorité de leurs ressources d’une activité industrielle et commerciale, comme la location d’espaces, ce qui est rarement le cas. Nous demandons au gouvernement d’assouplir ce critère. Sur le premier point, le Ministre de la Culture s’est engagé à donner rapidement de la visibilité aux intermittents quant à leur statut et à l’accès à leurs droits sociaux. Nous resterons extrêmement vigilants à ces réponses. Sur le second point, malheureusement, le Ministre de la Culture a refusé d’assouplir les conditions d’accès au chômage partiel pour les EPIC – établissement public à caractère industriel et commercial – et les structures subventionnées. |
Notre lettre ouverte au Premier Ministre :
Monsieur le Premier Ministre,
Lors de son audition à la commission des affaires culturelles de l’Assemblée Nationale, votre Ministre de la Culture l’a répété: “la culture est essentielle à notre démocratie”. Pourtant lors de votre dernière allocution devant la représentation nationale, vous l’avez largement reléguée aux simples interactions sociales.
Alors une question nous brûle les lèvres, Monsieur le Premier Ministre: est-elle vraiment si essentielle aux yeux de votre Gouvernement?
Considérez-vous qu’elle est constitutive du récit que les humains ont tissé siècle après siècle, domptant les éléments imposés par une nature profane et interrogeant toujours un peu plus fortement le bien-fondé et les frontières des stéréotypes et des systèmes dominants de notre organisation?
Qu’elle est fondamentale dans l’expression individuelle, qu’elle permet d’ouvrir des chemins infinis de liberté et d’invention, qu’elle dessine des rêves collectifs et propose des lectures originales et nouvelles du monde?
Qu’elle est indispensable pour supporter notre condition humaine tellement insatisfaisante dans son absurdité et la frustration d’un quotidien parfois brutal, sourd à nos colères?
Essentielle la culture donc, bien sûr. Et avant tout, par et pour celles et ceux qui la font, qui la portent, qui la tissent et qui en vivent. Pour celles et ceux dont le quotidien n’est pas inscrit dans un schéma régulier, mais dans un travail au long cours de construction. Pour toute cette multitude de métiers et de savoir-faire; ceux mis en lumière et les autres que nous n’imaginons même pas mais sans lesquels rien de ce qui nous est donné à voir ou à entendre n’existerait.
Et pourtant, au troisième mois d’une crise totalement nouvelle et dévastatrice, la culture est touchée de plein fouet par la pandémie du Covid-19. Qu’ils soient salariés, indépendants, associatifs, intermittents, tous ces faiseurs de culture se retrouvent anéantis par les annulations et fermetures en cascade des spectacles et des lieux culturels. Déjà dans des situations fragiles et souvent précaires -50% des artistes vivent en dessous du seuil de pauvreté– ils voient, depuis trois mois, leurs droits liés à l’exploitation et la diffusion des œuvres s’effondrer, leurs contrats non honorés et se retrouvent ainsi sans aucune rémunération.
Pour plus de 270.000 artistes-auteurs, pour presque 260.000 intermittents du spectacle et pour 1,3 millions d’acteurs culturels, c’est une crise sociale qui s’annonce. Oui “ils sont inquiets”, et c’est là un bien triste euphémisme dans la bouche de votre ministre.
L’urgence est donc celle d’un soutien financier massif au monde culturel. L’ensemble du secteur vous le demande, sous forme d’un dispositif d’année blanche qui reprenne à l’identique les indemnisations pour une période d’un an au minimum.
D’autre part, les mesures dont ces professions sont censées pouvoir bénéficier, comme le chômage partiel ou l’accès au fonds de solidarité, ne collent pas à leur réalité. Elles nécessitent des aménagements administratifs.
À cela s’ajoute une absence de lisibilité quant à la reprise des manifestations culturelles, ce flou empêche les artistes de s’investir de nouveau dans la mise en route de nouveaux projets et de se projeter dans un avenir plus ou moins proche. Ils ont besoin d’un cadre fixe, concerté et rassurant.
Enfin, cette crise ne pourra être surmontée que par une confiance et un dialogue avec les organisations professionnelles qui vous font nombre de propositions concrètes sur les corrections à apporter à ces systèmes devenus inadéquats aux réalités de leurs professions.
Alors, il y aura toujours l’idée tenace que cette vie de “saltimbanques”, après tout, ils l’ont choisie! Choisie parce qu’ils sont passionnés et engagés. Pour autant, cela ne peut pas les condamner à demeurer une variable d’ajustement dans le discours politique: 25 millions d’euros en aide à la Culture quand des milliards sont consentis, à juste titre, à l’économie… Permettez-nous de vous rappeler, Monsieur le Ministre, que la culture contribue sept fois plus au PIB que l’industrie automobile! Il ne s’agit, bien évidemment, pas de mettre en concurrence les énergies et l’investissement de nos concitoyens dans la diversité de leurs professions ou de leurs missions. Pour autant, il est aussi important de se souvenir que la culture n’est pas un ornement “par-dessus le marché” et qu’elle prend aussi en charge une part de subversion dont nous n’avons aucun intérêt à ce qu’elle s’échoue sans filtre dans le quotidien.
Alors, Monsieur le Ministre, on ne peut entendre qu’à côté du mot “essentiel” que répète votre Ministre de la Culture, ne soit pas maintenant adossé un vaste plan de sauvetage et de redémarrage du monde culturel, en soutien à toutes celles et ceux qui nous ont accompagnés dans nos journées confinées et qui continuent à nous faire voyager au-delà de la solitude, de la maladie et des peurs.
Les co-signataires:
Mme Michèle Victory, députée de l’Ardèche
Mme Valérie Rabault, députée de Tarn-et-Garonne, présidente du groupe Socialistes et apparentés à l’Assemblée nationale
M. Patrick Kanner, sénateur du Nord, président du groupe Socialiste et républicain au Sénat
M. Olivier Faure, député de Seine-et-Marne, premier secrétaire du PS
M. Olivier Bianchi, secrétaire national PS chargé de la culture, maire de Clermont-ferrand
Mme Sylvie Robert, sénatrice d’Ille-et-Vilaine
M. Maurice Antiste, sénateur de la Martinique
Mme Viviane Artigalas, sénatrice des Hautes-Pyrénées
M. David Assouline, sénateur de Paris
M. Joël Aviragnet, député de Haute-Garonne
Mme Ericka Bareigts, députée de la Réunion
Mme Marie-Noëlle Battistel, députée de l’Isère
M. Claude Berit-Debat, sénateur de Dordogne
Mme Gisèle Biémouret, députée du Gers
Mme Maryvonne Blondin, sénatrice du Finistère
Mme Nicole Bonnefoy, sénatrice de Charente
M. Christophe Bouillon, député de Seine-Maritime
M. Martial Bourquin, sénateur du Doubs
M. Jean-Louis Bricout, député de l’Aisne
M. Luc Carvounas, député du Val-de-Marne
Mme Catherine Conconne, sénatrice de Martinique
M. Roland Courteau, sénateur de l’Aude
M. Yves Daudigny, sénateur de l’Aisne
M. Alain David, députée de Gironde
M. Gilbert-Luc Devinaz, sénateur du Rhône
Mme Laurence Dumont, députée du Calvados
M. Jérôme Durain, sénateur de Saône-et-Loire
M. Alain Duran, sénateur de l’Ariège
M. Vincent Eble, sénateur de Seine-et-Marne
M. Rémi Feraud, sénateur de Paris
Mme Corinne Feret, sénatrice du Calvados
M. Jean-Luc Fichet, sénateur du Finistère
Mme Martine Filleul, sénatrice du Nord
M. Guillaume Garot, député de la Mayenne
M. Hervé Gillé, sénateur de Gironde
Mme. Karine Gloanec Maurin, ancienne députée européenne et secrétaire nationale PS culture
Mme Nadine Grelet-Certenais, sénatrice de la Sarthe
Mme Annie Guillemot, sénatrice du Rhône
M. David Habib, député des Pyrénées-Atlantiques
Mme Laurence Harribey, sénatrice de Gironde
M. Jean-Michel Houllegatte, sénateur de la Manche
M. Christian Hutin, député du Nord – apparenté
M. Oliver Jacquin, sénateur de Morthe-et-Meuselle
Mme Victoire Jasmin, sénatrice de Guadeloupe
M. Patrice Joly, sénateur de la Nièvre
Mme Gisèle Jourda, sénatrice de l’Aude
M. Régis Juanico, députée de la Loire – Génération.s
Mme Marietta Karamanli, députée de la Sarthe
M. Eric Kerrouche, sénateur des Landes
M. Jérôme Lambert, député de Charente
M. Jean-Yves Leconte, sénateur des français à l’étranger
Mme Claudine Lepage, sénatrice des français à l’étranger
M. Serge Letchimy, député de la Martinique – apparenté
M. Jean-Jacques Lozach, sénateur de la Creuse
Mme Monique Lubin, sénatrice des Landes
M. Victorin Lurel, sénateur de la Guadeloupe
M. Jacques-Bernard Magner, sénateur du Puy-de-Dôme
Mme Josette Manin, députée de la Martinique – apparentée
Mme Juliette Mant, déléguée nationale PS chargée de la Culture
M. Didier Marie, sénateur de Seine-Maritime
Mme Michelle Meunier, sénatrice de Loire-Atlantique
Mme Marie-Pierre Monier, sénatrice de la Drôme
M. Franck Montaugé, sénateur du Gers
Mme George Pau-Langevin, députée de Paris
Mme Christine Pires Beaune, députée du Puy-de-Dôme
M. Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle
Mme Angèle Préville, sénatrice du Lot
M. Joaquim Pueyo, député de l’Orne
M. Gilbert Roger, sénateur de Seine-Saint-Denis
Mme Claudia Rouaux, députée de l’Ille-et-Vilaine
M. Clément Sapin, délégué national PS chargé de la Culture
M. Hervé Saulignac, député de l’Ardèche
Mme Sophie Taille-Polian, sénatrice du Val-de-Marne – Génération.s
M. Rachid Temal, sénateur du Val-d’Oise
Mme Nelly Tocqueville, sénatrice de Seine-Maritime
M. Jean-Marc Todeschini, sénateur de Moselle
Mme Sylvie Tolmont, députée de la Sarthe
M. Jean-Louis Tourenne, sénateur d’Ille-et-Vilaine
Mme Cécile Untermaier, députée de Saône-et-Loire
Mme Hélène Vainqueur-Christophe, députée de la Guadeloupe
M. Boris Vallaud, député des Landes
Mme Sabine Van Heghe, sénatrice du Pas-de-Calais
Permettez-nous de vous rappeler, Monsieur le Ministre, que la culture contribue sept fois plus au PIB que l’industrie automobile ! Lire la suite
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