En pleine crise sanitaire, la porte-parole du gouvernement, Sibeth N’Diaye a osé déclarer : “Nous n’entendons pas demander à un enseignant qui aujourd’hui ne travaille pas compte tenu de la fermeture des écoles de traverser toute la France pour aller récolter des fraises”
Même si elle s’est excusée par la suite, une telle déclaration d’un membre du gouvernement est inadmissible. C’est ce qui s’appelle une ministre… aux fraises ! Quel mépris, quelle morgue vis-à-vis des enseignants qui assurent l’accueil des enfants de personnels soignants et des services sociaux, week-ends compris, et qui assurent la continuité pédagogique en lien avec les élèves et leurs parents.
A l’issue de cette première quinzaine d’études à la maison pour tout le monde, les mérites, la patience, la pédagogie du corps enseignant sont salués par de nombreux parents qui reconnaissent qu’il s’agit d’un “vrai métier”.
Je tiens à rendre hommage au corps enseignant et aux personnels de l’Education Nationale à leur engagement vis à vis des élèves et étudiants, à leur envie de faire fonctionner le système éducatif malgré les difficultés du moment.
Je leur souhaite à tous que ces mérites soient reconnus ultérieurement et que les moyens mis à leur disposition soient conformes à l’idée qu’on se fait d’une école du XXIe siècle. Merci à eux d’assurer cette continuité pédagogique dont les jeunes ont besoin pour préparer dans les meilleurs conditions possibles leur future vie professionnelle, mais aussi leur capacité à raisonner.
Avec les soignants, aidants, commerçants, logisticiens qui se dévouent pour nous soigner et nous alimenter, tous ceux qui arrivent à faire fonctionner l’Education Nationale à distance, comme tous les télétravailleurs, méritent notre respect.
Les outils numériques comme Pronote ou les ENT (espaces numériques de travail) sont mobilisés, mais ils saturent à cause de l’afflux massif de connexions. Les enseignants passent beaucoup de temps à s’approprier les outils numériques, parfois défaillants, numériser, imprimer, contacter leurs élèves et assurer un suivi avec les familles.
Comment bien étudier lorsque l’enseignant n’est pas à proximité et que les parents ne peuvent pas aider en cas de difficultés ? Comment bien étudier lorqu’on vit dans un logement trop petit, trop bruyant sans espace pour soi ?
En ce qui concerne la continuité éducative ou pédagogique dans cette période de confinement, nous avons alerté le Ministre de l’Education Nationale sur trois points :
I- Sur la continuité pédagogique :
« L’école à la maison » renvoie aux inégalités sociales et territoriales entre élèves tout en les aggravant : toutes les familles ne sont pas dotées d’outils numériques ou de connexion suffisants, tous les élèves n’ont pas les mêmes conditions de travail, tous les parents n’ont pas la même disponibilité ou capacité à accompagner leurs enfants.
Comment le Ministère compte-t-il prendre en compte ces inégalités ? Nous souhaiterions que vous précisiez clairement que cette période de confinement est exclusivement consacrée à la consolidation des acquis ; qu’aucun nouvel apprentissage ne peut demandé pas aux élèves ; qu’aucune évaluation n’est prise en compte durant cette période.
Si le Ministre affirme que seulement 5 à 8% d’élèves ne suivent pas les enseignements à distance, ce chiffre est contradictoire avec toutes les remontées de que nous avons eu de professeurs dont certains disent avoir complètement perdu le contact avec leurs élèves (certains n’ont plus que 20% de connexion à leurs cours, d’autres, notamment en CAP, n’en ont plus aucune).
Nous souhaiterions avoir des statistiques : si nous ne prenons que le canal du CNED par exemple (nous savons que beaucoup d’autres outils sont utilisés), pouvez-vous nous dire combien d’élèves suivent les cours ? Quel suivi est mis en place pour les élèves qui ont décroché ? Combien d’outils numériques ont été distribués aux élèves qui n’en ont pas ?
II- Le Baccalauréat :
Afin de limiter la désorganisation des établissements, la pression sur les professeurs et le stress des élèves, et que tout le monde puisse anticiper, au mieux, les nouvelles modalités du baccalauréat, quand le Gouvernement compte-t-il préciser son déroulement ?
Comment compte-t-il prendre en compte le décrochage de nombreux élèves et les inégalités sociales et numériques entre eux ?
Nous soulignons notre préférence pour le contrôle continu en précisant qu’aucune note ne devra être prise en compte après le 15 mars, qu’un examen approfondi du dossier de chaque élève devra être réalisé et qu’une période de rattrapage pourra être organisée sur la période des dates initiales du Bac.
III- La plate-forme ParcourSup :
Vous avez décidé de maintenir la date du 2 avril pour la confirmation des vœux. Comment s’assurer qu’aucun élève n’ait eu de difficultés à s’inscrire du fait du confinement, à défaut d’outil numérique ou de possibilité de connexion ? Nous demandons à connaitre les chiffres des inscriptions.
Pouvez-vous nous assurer qu’un suivi à distance est réalisé de manière effective auprès des élèves pour les accompagner à finaliser les dossiers et cibler ceux qui n’auraient pas pu s’inscrire à temps ? Une certaine souplesse serait appliquée à ces derniers, pouvez-vous nous préciser les modalités de cette souplesse afin de limiter les risques d’arbitraire ?
D’autre part, comment les commissions d’examen des vœux, censées se tenir mi-avril, vont pouvoir procéder à un examen approfondi de chaque dossier dans ce contexte ?
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