J’étais l’invité de LCP – La chaine parlementaire – pour débriefer des questions d’actualité. Il était question notamment de la démission de Madame Buzyn, de la crise des hôpitaux publics et de la réforme des retraites.
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Le détail de mes interventions
Journaliste (Brigitte Boucher) : Agnès Buzyn, Édouard Philippe, 2 poids 2 mesures ?
« Oui, ce n’est pas très compréhensible finalement cette règle, puisque moi la question que je pose, c’est : est – ce qu’on peut être ministre avec autant de responsabilités que madame Buzyn, par exemple, sur les questions de santé, et en même temps, se consacrer à une campagne électorale. La réponse a été « non » pour Madame Buzyn, par contre pour le Premier ministre, qui chapeaute quand même l’ensemble de l’action gouvernementale, c’est possible. Donc visiblement il fait campagne, lui, le week – end au Havre.
En tout cas, il y a des règles à géométrie variable. Michel Herbillon parle d’un abandon de poste politique, moi je parlerai plutôt de désertion sanitaire, parce que le problème c’est quoi ? C’est Madame Buzyn qui explique vendredi qu’elle ne partira en aucun cas de son ministère parce qu’elle a beaucoup trop de responsabilités et de dossiers sur le feu, ce qui est vrai : la réforme des retraites, Coronavirus, crise de l’hôpital public – cela fait maintenant un an que l’on est sur cette crise de l’hôpital public – … »
Avec son commentaire sur le fait qu’Agnès Buzyn serait à ses yeux une excellente Maire de Paris, Édouard Philippe est allé à l’encontre de son devoir de réserve ?
« L’hémicycle n’est pas le lieu pour évoquer les campagnes municipales, mais cela vaut pour les membres du gouvernement comme pour les députés. J’ai trouvé que ce n’était pas très habile, qu’il y avait de la condescendance dans la façon dont il s’exprimait face aux membres de l’opposition.
Je voudrais rappeler que madame Buzyn est candidate par accident, et par défaut. Il y avait un candidat jusqu’à maintenant, Benjamin Griveaux, sur la capitale de Paris pour LREM, donc elle est candidate sur le dernier mois. Tout ça n’a pas été préparé, donc en faire aujourd’hui, un porte – étendard pour dire, c’est notre chance pour gagner Paris, c’est réécrire un petit peu l’histoire.
Sur la question de l’hôpital public, j’aimerai y revenir. Pourquoi Madame Buzyn était attendue ? C’est parce que la crise de l’hôpital public, elle est sans précédent. Ce qu’il se passe depuis un an : 1200 chefs de service, 40 sur 80 au CHU de Saint – Etienne, démissionnent de leurs fonctions administratives ; ils continuent bien évidemment à soigner leurs patients. Les services d’urgence, que ce soit les urgences, les urgences psychiatriques, on a un personnel aujourd’hui en difficulté, le manque d’effectif, le manque de places… »
On voit bien que c’est sur ces deux dernières années que la situation devient complètement ingérable. Il n’y a ni investissement suffisant, ni revalorisation… ».
Journaliste : vous faites confiance à Olivier Véran ?
« Non. Il faut savoir que Olivier Véran était socialiste lors de la précédente mandature. C’est un transfuge à En Marche, qui rêvait d’être ministre, qui s’y est beaucoup préparé visiblement, donc son rêve est maintenant réalisé, mais je n’attends aucun changement, parce que le problème c’est que l’hôpital est au bord de la rupture aujourd’hui, asphyxie financière. Je ne lui fais pas confiance, à l’ancien socialiste qu’il est, parce qu’aujourd’hui il épouse les contours d’une politique qui ne répond pas aux attentes de ceux qui font grève depuis presque un an.
Il faudrait 5 milliards d’euros par an en investissement, en revalorisation de salaires et en effectifs aujourd’hui pour qu’on donne des conditions à peu près normales à nos personnels dans les hôpitaux publics. Nous avons proposé une solution de financement, qui est de retarder de deux ans le remboursement de la caisse d’amortissement de la dette sociale, et comme ça de dégager 5 milliards d’euros. Le gouvernement ne met aujourd’hui pas le financement nécessaire en place. »
« Les grévistes ne sont aujourd’hui pas satisfaits des réponses apportées. Quand on propose une proposition de loi pour lutter contre les déserts médicaux, et notamment pour qu’il y ait une contrainte un peu plus importante sur l’installation des médecins, LREM ne vote pas notre texte…
Sur les retraites, on vous demande de co – construire cette réforme ? »
« On parle des retraites. On parle des conditions de départ en retraite des générations futures, de l’ensemble des français aujourd’hui, et il y a un tel degré d’impréparation et d’improvisation par rapport à cette réforme, que c’est extrêmement inquiétant, anxiogène.
C’est-à-dire que les français se posent des questions basiques : à quel âge je pourrais partir à la retraite, avec quel montant de pension ? Aujourd’hui, il y a une telle confusion autour de ces questions-là, et nous avons passé dix jours en commission spéciale à poser des questions extrêmement précises aux ministres, et on voit qu’en face, les réponses qui ont été apportées ne sont pas de nature à rassurer, au contraire.
Le revenu moyen d’activité par tête a été inventé en commission spéciale. Le système sera beaucoup plus complexe que l’actuel. Les gens ne sauront pas même un an avant de partir, avec le système de l’âge d’équilibre, 65 ans, puis 66, 67, 68, ils ne sauront pas dans quelles conditions ils partiront jusqu’au dernier moment.
Donc c’est bien pire que le système actuel, que l’on pouvait tout à fait améliorer, donc nous dénoncer cela, et un texte à trous, où il y a 29 ordonnances, il y a une conférence de financement qui se réunit en même temps que nous, hors de ces murs, pour déterminer les équilibres financiers, alors que ce serait à la représentation nationale de dire dans quelles conditions financières va se faire cette réforme. On ne sait aujourd’hui pas comment le point des retraites sera déterminé. »
Journaliste : il y a des failles au système actuel ?
« On l’a bien démontré en commission spéciale, on a eu le temps quand même d’évoquer 5.500 amendements, ce qui veut dire quand même qu’on a bien travaillé en dix jours, et donc on a pu poser l’ensemble des questions pour l’ensemble des catégories de population. Que ce soit sur les femmes, les agriculteurs, les artistes-auteurs, les avocats, etc.. effectivement nous n’avons pas de réponses satisfaisantes à nos questions.
Ce n’est pas une réforme de justice sociale, Avec l’âge d’équilibre pivot, parce que c’est l’axe majeur du nouveau système, vous ne faites plus en fonction de la durée de cotisation (43 ans) mais vous faites en fonction de l’âge pivot qui est de 65 ans. Tous ceux qui partiront avant, à 60 ou 62 ans, auront une forte décote. Cette pénalité financière, c’est la double peine, soit ils seront obligés de travailler plus longtemps, soit ils partiront plus tard à la retraite dans un état de santé dégradé. »
La journaliste évoque la méthode de travail choisie en conférence des chefs de groupe, de ne pas répéter tous les amendements identiques à une virgule près.
« La question c’est vraiment de prendre le temps, article par article et amendement par amendement, de la discussion parlementaire. Donc on prendra le temps nécessaire, que ce soit 20.000 ou 40.000 amendements, peu importe, ce qu’il faut c’est qu’on puisse aborder l’ensemble des sujets, et que nous puissions poser des questions, des questions très simples que se posent aujourd’hui les français.
On a eu pour la première sur un texte de loi retraites une procédure accélérée, nous la contestons, nous avons eu l’interruption de la commission spéciale, nous pensions qu’avec 5000 amendements discutés en une semaine on aurait pu aller au bout, trois quatre semaines sur un texte comme celui des retraites ne me paraît pas complètement exagéré.
La journaliste : L’utilisation du 49.3 vous semble inévitable ?
« Je pense qu’il faut du temps pour débattre de la question des retraites. On change un système, on le bouleverse alors qu’il est en place depuis 1945, donc c’est un système qui va se mettre en place pour des décennies, il ne faut pas le faire à la légère, et aujourd’hui on a une grande impréparation.
Je pense que la tentation du 49.3 sera trop forte à un moment donné, d’autant plus qu’il y a plein d’éléments que nous ne connaissons pas à ce stade de débat, donc c’est compliqué pour les législateurs de voter une loi à l’aveugle comme ça, avec tellement de trous et d’inconnues. C’est un texte qui est une équation avec que des inconnues.
Tous les mardis, de 17h à 17h30, LCP prolonge la séance des Questions au gouvernement en invitant deux députés pour analyser les échanges intervenus dans l’hémicycle. Voir le replay
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Il faut dénoncer le projet qui prévoit de supprimer la pension de réversion du 1er conjoint. Ce qui pénalisera l’ ex-conjoint et encore plus celui bénéficiant d’une pension de réversion.
En l’occurrence celui- ci perdra tout.
Malheureusement les ex-conjoints n’ont aucune possibilité de se faire entendre.
Erreur sur mon commentaire L’ex-conjoint pénaliser grandement sera celui qui bénéficie d’une prestation compensatoire à vie.Merci