Un virage à 180 degrés. Confrontés aux preuves de brutalités policières, président de la République et gouvernement infléchissent leur discours.
Lundi 13 janvier, Christophe Castaner a rappelé les règles : « L’usage juste et proportionné de la force est ce qui sépare la démocratie de l’arbitraire, ce qui distingue l’ordre et la brutalité (…) Représenter les forces de l’ordre, c’est être respectueux, même face à ceux qui ne le sont pas ». Une position qui n’avait jamais été aussi clairement énoncée jusque-là.
Ce dimanche, le ministre de l’Intérieur a annoncé le retrait de la grenade lacrymongène GLI-F4, qui comprend 30 grammes d’explosif, dont 26 de TNT, régulièrement accusée de causer des mutilations.
Les grenades GLI-F4 ont cessé d’être produites dès 2014 et devaient être utilisée jusqu’à épuisement des stocks. Elles ont d’ores et déjà trouvé leurs remplaçantes : les grenades lacrymogènes GM2L.
Ces inflexions font écho aux dérapages récents : décès d’un livreur de 42 ans lors d’un contrôle houleux à Paris, tabassage d’une syndicaliste de l’Unsa-RATP, tir à bout portant de lanceur de balles de défense, avec lancement d’enquêtes judiciaires dans la foulée et le fameux croche-pied d’un policier à une jeune manifestante à Toulouse. Les signalements à l’IGPN se multiplient (plus de 200 en marge des Gilets jaunes).
En ce qui concerne la stratégie pour le maintien de l’ordre, un document doit être publié prochainement. Du côté de la préfecture de police (PP) de Paris, on considère que la consigne d’aller au contact des manifestants hostiles plutôt que de les maintenir à distance a fait ses preuves. Cette nouvelle méthode, lancée à l’origine pour répondre aux débordements du mouvement des Gilets jaunes, est incarnée par le préfet Didier Lallement depuis sa nomination en mars
Le plaquage ventral, technique d’immobilisation utilisée par les forces de l’ordre dans les opérations de maintien de l’ordre, doit cesser.
Elle consiste à plaquer fermement une personne au sol et la maintenir dans cette position, à l’aide d’une pression importante sur le thorax. Dans certains cas, la personne visée par le plaquage est menottée, les mains derrière le dos, ce qui la soumet complètement à la volonté du ou des plaqueur(s).
Interdit à Los Angeles et à New-York, mais également dans certains pays d’Europe, comme la Suisse et la Belgique, le plaquage ventral a prouvé sa charge létale en causant une asphyxie chez la victime. Il se révèle inadapté en matière d’opérations de maintien de l’ordre, situations dans lesquelles règne le chaos.
Adama Traoré, Mohamed Boukrourou, Mohamed Saoud, Lamine Dieng, Abdelhakim Ajimi en ont été les victimes. Cédric Chouviat vient s’ajouter à cette triste liste.
Pourtant, la France avait déjà été condamnée en 2017 par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) considérant qu’il s’agissait d’un traitement inhumain et dégradant.
Il ne reste plus au gouvernement qu’à prendre ses responsabilités. Il semble depuis cette semaine prendre conscience de l’accumulation des dégâts des violences policières. Combien faudra-t-il encore de victimes pour l’y décider ?
Mon courrier à l’attention des signataires des pétitions contre les flashballs et grenades explosives :
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