C’est une victoire des banques si chères au Président de la République et une nouvelle baisse de pouvoir d’achat… En décidant de baisser au niveau minimal légal le taux de rémunération du Livret A, le gouvernement a décidé, une fois de plus, de choisir les Banques contre les épargnants.
En effet, la baisse du taux d’intérêt servi à 55 millions de Français.es va se traduire par un gain supplémentaire de 660 millions d’euros pour les banques.
Pourtant les banques ne sont pas dans une situation délicate : elles ont engrangé plus de 60 milliards de profits au cours des trois dernières années, elles refusent toujours d’appliquer le plafonnement des frais liés aux incidents de paiement pourtant décidé par les autorités et elles augmentent sans cesse les frais de tenue de compte.
En décidant cette baisse alors que l’inflation a atteint 1,1% en 2019, le gouvernement affirme une fois de plus ses priorités et ses choix. Tout pour les plus riches, tout pour le secteur financier dont est originaire le Président de la République, et tant pis pour les classes populaires.
Au moment où la réforme des retraites envisagée a notamment pour objectif d’orienter le système vers la capitalisation, on voit bien que M. Macron n’est que le serviteur zélé de ceux qui ont financé sa campagne électorale et qu’il n’a que faire de la situation économique des Français.
Cette décision passe mal, alors que la mobilisation demeure importante contre une réforme des retraites qui promet un virage vers davantage de capitalisation, s’appuyant sur la loi Pacte dont l’une des innovations est d’avoir créé un nouveau plan d’épargne retraite (PER).
Avec 55 millions de souscripteurs, soit un taux de détention de plus de 80 %, enfants et bébés compris, le livret A est éminemment un placement très populaire. Les sommes accumulées sur ce produit d’épargne réglementée (dont le fonctionnement est régi par l’Etat, donc identique d’une banque à l’autre) ont encore progressé en 2019, dépassant les 298 milliards d’euros d’encours. Malgré sa faible rémunération – le taux du livret A fixé depuis le 1er août 2015 à 0,75 % est inférieur à l’inflation, qui était de 1,1 % en 2019.
Si 80 % des sommes placées sur les livrets A dans l’Hexagone sont concentrées sur les 20 % de comptes les plus remplis, plus de la moitié des livrets ouverts ont un encours inférieur à 1 500 euros. Preuve que ce produit est surtout privilégié par les épargnants modestes. Normalement révisé deux fois par an, le taux de rémunération du livret A était gelé par arrêté gouvernemental depuis novembre 2017.
Sur 10 euros placés sur un livret A, 6 euros sont centralisés par la Caisse des Dépôts et Consignations via son « fonds d’épargne » et utilisés pour financer des programmes d’intérêt général définis par l’Etat. Il s’agit essentiellement du logement social, qui représente à lui seul plus de 80 % (soit 150 milliards d’euros d’encours) des prêts accordés grâce à ces fonds du livret A (et dans une moindre mesure du Livret développement durable, qui fonctionne selon le même mécanisme), et le financement du secteur public local (30 milliards d’euros) grâce à des enveloppes dédiées à la transition énergétique, la rénovation des écoles ou encore la mobilité durable.
Si 20 % des détenteurs concentrent 80 % de l’encours total du livret A, plus de la moitié de ces placements sont inférieurs à 1 500 euros. Preuve que ce produit est surtout privilégié par les épargnants modestes.
Présentée par l’exécutif comme une bonne nouvelle pour les bailleurs sociaux – par ailleurs largement fragilisés par la loi Elan votée en 2018 –, la décision de diminuer le taux de rémunération du livret A illustre surtout sa volonté de rediriger les ménages français, supposés peureux, vers des produits d’épargne plus risqués.
A en croire la vision répandue au sein des milieux financiers, l’aversion au risque des épargnants français laissant dormir des sommes astronomiques sur leurs comptes en banque (576 milliards d’euros), livrets réglementés (1 014 milliards) ou contrats d’assurance-vie (1 621 milliards), serait responsable d’une mauvaise allocation de l’épargne au sein de l’économie tricolore… Une fable !
L’encours moyen sur le livret A étant de 4 100 euros, les Français perdront en moyenne 25 euros de pouvoir d’achat par an avec cette décision. Cette perte s’ajoute à celle qu’ils subissent déjà par la non-revalorisation des aides sociales votées en 2018 et 2019.
Le Gouvernement nous dit que cette baisse permettra de mobiliser 300 millions d’euros pour le logement social. Pourquoi alors avoir fait voter, il y a un mois à peine, une loi de finances qui réduit de 1,3 milliard d’euros les aides personnalisées au logement (APL) versées aux bailleurs sociaux ? Où est la cohérence ?
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