Alors que le poumon de la Terre brûle, l’Europe se doit d’agir. Nous sommes 45 députés aux côtés de 17 ONG à signer cette tribune dans le Journal du Dimanche pour garantir qu’aucun produit issu de la déforestation n’entre sur le marché commun.
TRIBUNE – 46 députés et 17 ONG réagissent aux feux en Amazonie causés par l’accélération de la déforestation. Lire la suite
La Tribune :
Alors que le taux de déforestation au Brésil a fortement baissé entre 2005 et 2015, il est depuis reparti à la hausse et atteint aujourd’hui un niveau record.
Ce drame est la conséquence directe d’un affaiblissement des moyens de contrôle et d’un relâchement des sanctions contre les propriétaires terriens qui défrichent illégalement la forêt.
Pire, depuis l’élection de Jair Bolsonaro, le gouvernement fédéral multiplie les messages et les actions pour encourager la déforestation.
L’impunité est devenue la règle. Les violations des droits humains à l’encontre des peuples autochtones se multiplient, allant même jusqu’à l’assassinat de celles et ceux qui s’opposent à ce carnage. L’Amazonie est en flammes.
La France est l’un des principaux importateurs européens de soja, et peut-être demain de bœuf avec l’accord de libre-échange Mercosur, alors que ces deux commodités agricoles sont les principaux moteurs de la destruction de l’Amazonie et d’autres écosystèmes précieux comme le Cerrado.
Manger moins de viande et de produits laitiers mais des produits de meilleure qualité, issus de filières relocalisées, est indispensable mais prendra du temps. Or, il y a urgence.
En mars 2017, notre pays a adopté une loi sur le devoir de vigilance qui oblige les très grandes entreprises à élaborer un plan comportant des mesures permettant d’identifier et de prévenir les atteintes graves aux droits humains et à l’environnement causées par leurs activités, celles de leurs filiales, sous-traitants et fournisseurs.
Plus de deux ans après l’adoption de cette loi, la liste des entreprises soumises à cette loi n’est toujours pas disponible et les plans d’action connus sont aux mieux insuffisants, sinon inexistants.
La conséquence est que les consommateurs français sont, malgré eux, complices de la déforestation. Pourtant, des solutions techniques existent permettant de tracer de façon précise les flux de soja et de bœuf. Ce qu’il manque, c’est la volonté politique pour mobiliser l’ensemble des acteurs.
La France a fait un premier pas en adoptant une stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée, mais nous ne pouvons plus nous contenter de déclarations d’intentions ou d’engagements volontaires.
La suspension de la ratification du Mercosur est une première étape qui doit être confirmée rapidement par un vote au Conseil de l’Union Européenne.
Cette annonce doit être complétée dans les prochaines semaines par une rencontre avec les autorités brésiliennes pouvant se solder, en cas d’échec, par la mise en place de sanctions commerciales sur les importations de soja et de bœuf du Brésil.
Ces sanctions ne pourraient être levées qu’à deux conditions cumulatives : d’abord et avant tout l’arrêt effectif de toute déforestation au Brésil et ensuite la mise en place d’un plan d’action au niveau des filières, avec l’appui des pouvoirs publics, pour rendre accessible aux PME l’accès à un système de traçabilité simple et efficace permettant aux entreprises de s’assurer qu’elles n’importent pas de produits issus de la destruction des forêts ou des écosystèmes brésiliens.
La transparence sur l’origine des produits doit être totale vis-à-vis des consommateurs, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Enfin, ce dialogue avec le Brésil doit être européen et conduire à l’élaboration d’une loi garantissant qu’aucun produit issu de la déforestation, de la conversion d’écosystèmes naturels n’entre sur le marché commun.
L’Europe a le pouvoir de demander aux entreprises d’assainir leurs chaines d’approvisionnements, elle l’a déjà fait en interdisant l’importation de pêche illicite et de bois illégal.
Il est impératif qu’elle en fasse de même avec les commodités agricoles. Il s’agit là d’une question de cohérence face à l’urgence climatique et de solidarité avec les communautés autochtones, en première ligne pour la défense de l’Amazonie.
Listes des députés signataires :
Matthieu Orphelin, Maine-et-Loire (NI), Dominique Potier, Meurthe-et-Moselle (PS), Sandrine Le Feur, Finistère (LREM), Erwan Balanant, Finistère (MoDem), Sophie Auconie, Indre-et-Loire (UDI), Sylvie Charrière, Seine-Saint-Denis (LREM), Guillaume Gouffier-Cha, Val-de-Marne (LREM), Laurence Maillart-Méhaignerie, Ille-et-Vilaine (LREM), Christophe Arend, Moselle (LREM), Jean-Charles Larsonneur, Finistère (LREM), Guillaume Garot, Mayenne (PS), Frédérique Tuffnell, Charente-Maritime (LREM), Sebastien Nadot, Haute-Garonne (NI), Jacques Marilossian, Hauts-de-Seine (LREM), Damien Adam, Seine-Maritime (LREM), Laurent Garcia, Meurthe-et-Moselle (MoDem), Marguerite Deprez-Audebert, Pas-de-Calais (MoDem), Cécile Untermaier, Saône-et-Loire (PS), Sandrine Josso, Loire-Atlantique (LT), Philippe Chalumeau, Indre-et-Loire (LREM), Marjolaine Meynier-Millefert, Isère (LREM), Yves Daniel, Loire-Atlantique (LREM), Elisabeth Toutut-Picard, Haute-Garonne (LREM), Stéphane Viry, Vosges (LR), Régis Juanico, Loire (Génération.s), Annie Chapelier, Gard (LREM), François-Michel Lambert, Bouches-du-Rhône (LT), Anne Blanc, Aveyron (LREM), Frederique Lardet, Haute-Savoie (LREM), Pierre-Yves Bournazel, Paris (UDI), Martine Wonner, Bas-Rhin (LREM), Anne-France Brunet, Loire-Atlantique (LREM), Bertrand Sorre, Manche (LREM), Olivier Falorni, Charente-Maritime (LT), Fabienne Colboc, Indre-et-Loire (LREM), Delphine Bagarry, Alpes-de-Haute-Provence (LREM), Laurence Vanceunebrock-Mialon, Allier (LREM), Eric Alauzet, Doubs (LREM), Patrice Perrot, Nièvre (LREM), Maina Sage, Polynésie française (UDI), Cédric Villani, Essonne (LREM), Cathy Racon-Bouzon, Bouches-du-Rhône (LREM), Frédérique Dumas, Hauts-de-Seine (LT), Jennifer De Temmerman, Nord (LREM), Delphine Batho, Deux-Sèvres (NI)
Liste des ONG signataires :
Xavier Morin, président de Canopée, Jacques Caplat, secrétaire général d’Agir pour l’Environnement, Gilliane Le Gallic, Présidente de Alofa Tuvalu, Jonathan Guyot, président de all4trees, Margaux Sabourin, présidente de Coeur de Forêt, Hannah Mowat, coordinatrice des campagnes de Fern, Alain Grandjean, président de la Fondation Nicolas Hulot, Michel Dubromel, Président de France Nature Environnement, Charly Hopp, Président de I-buycott, Galitt Kenan, Directrice du Jane Goodall Institute France, Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO, Barbara Réthoré, co-fondatrice de Natexplorers, Clotilde Bato, Présidente de Notre Affaire à Tous, Magali Payen, Fondatrice On est prêt!, Philippe Quirion, Président du Réseau Action Climat, Sandra Cossart, directrice de Sherpa, Sébastien Mabile, président de la commission droit et politiques environnementales de l’UICN-France
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Avant même de prendre des mesures pour limiter ou interdire les importations de soja en France? il est impératif de trouver des alternatives pour l’élevage français, sinon la filière sera la plus opposé aux mesures de restrictions, hors les alternatives au soja existent elle sont française depuis toujours mais pour un côut de production 2 à 3 fois supérieur au soja importé.
ci-dessous des éléments sur le soja :
L’aviculture (volailles et œufs) consomme 1,25 million de tonnes de ce tourteau (selon les chiffres d’incorporation donnés par Agreste), soit 40% de la consommation totale de tourteaux du secteur de l’alimentation animale. La filière utilise peu d’alternatives au soja, dans la mesure où d’une part, le temps de production d’un poulet industriel est de moins de 30 jours, et d’autres part les farines animales étant interdites, le soja est la plante idéale qui concentre la plus grande teneur en protéines (environ 40%).
La production de porc est ensuite la deuxième plus grande consommatrice de tourteaux de soja. En 2009, 874 300 tonnes de tourteaux sont consommées, soit 28% de la consommation totale de tourteaux dans l’alimentation animale. Vient enfin la production bovine, avec 20,5%.
Les tourteaux de soja
3,7 millions de tonnes de tourteaux ont été importés en 2009, à 72,5% du Brésil, 9,9% d’Argentine, 8,2% de Belgique et 4,2% d’Espagne. D’après l’ensemble des sources, nous estimons à 20% le taux de soja non-OGM, dont la filière principale est le Brésil.
La France a importé 637 000 tonnes de fèves de soja en 2009, importations repartie à la hausse depuis quelques années. 67% viennent du Brésil (mais seulement 27% en 2010), 19% des États-Unis (mais 39% en 2010), 5% du Paraguay (mais 15,7% en 2010) de la Belgique et du Canada.
Environ 100 000 tonnes ont été utilisées directement en alimentation composée. 550 000 tonnes ont été triturées, dans la seule usine du territoire, détenue par l’entreprise Cargill en Bretagne, produisant ainsi environ 99 000 tonnes d’huile (18%) et 412 500 tonnes de tourteaux (75%). En 2009, la France a importé 270 000 tonnes (347 000 tonnes en 2010) d’huile de soja, brute et raffinée. La quasi totalité de l’huile est importée par une seule entité et plus de 90% de cette huile est destinée à la production d’agrocarburant.