210 services d’urgence sont en grève en France, certains depuis la mi-mars ou comme au CHU de Saint-Etienne, depuis le 5 juin.
Le mal, aux urgences, est en effet plus profond. Manque d’effectifs, surcharge de travail, cadences infernales, insécurité à l’accueil : les problèmes, anciens, n’ont pas été résolus dans l’été. En vingt ans, la fréquentation des urgences a plus que doublé, avec 21,4 millions de passages enregistrés en 2017. Or, durant la même période, quelque 100 000 lits ont été supprimés dans les hôpitaux, qui en comptent désormais moins de 400 000.
Les personnels de santé, épuisés, alertent sur leurs conditions de travail et les conditions d’accueil des patients qui se détériorent.
Que fait Agnès Buzyn ? Rien ou presque. 70 millions d’euros débloqués sur le plan financier, une goutte d’eau, une prime de risque de 100€ mensuels et un numéro unique des urgences…
Les personnels en grève demandent toujours une revalorisation de 300 euros par mois pour les personnels paramédicaux aux urgences, 10 000 emplois en plus, et réaffirmons l’objectif « zéro hospitalisation brancard ». Aucun patient ne doit rester sur un brancard parce qu’il n’y a pas assez de lits d’aval pour l’accueillir, comme on l’a vu pendant 18 heures voire pendant 6 jours dans un établissement cet été !
Au Conseil départemental de la Loire, le 28 juin 2019, notre groupe Loire Solidaire à déposé un vœu, adopté à l’unanimité, à l’attention d’Agnès Buzyn, Ministre de la Santé, pour soutenir les infirmières et infirmiers, aides-soignantes et soignants et médecins mobilisés pour une santé de qualité accessible à tous.
Vœu déposé par l’Assemblée départementale à l’attention de Madame Agnès BUZYN, Ministre des Solidarités et de la Santé
“Des moyens pour nos hôpitaux – soutien aux personnels mobilisés”
Depuis plusieurs mois, un collectif inter-urgences s’est constitué pour tirer la sonnette d’alarme sur la situation de plus en plus dégradée des services d’urgences dans les hôpitaux publics.
La mobilisation des personnels du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Saint-Etienne s’inscrit dans la droite ligne de ce mouvement national.
Ils font le constat que, dans la Loire comme ailleurs, l’engorgement des urgences est notamment dû à un déficit de l’offre de soins de ville. La difficulté grandissante d’accéder à un médecin généraliste, dans de nombreux territoires ou quartiers, cause un report sur les urgences.
Depuis 1971, le numerus clausus, censé réguler le nombre de médecins diplômés, ne fait malheureusement qu’entraîner une diminution progressive de l’offre de soins.
Aux urgences du CHU, le flux de patients a ainsi doublé en 25 ans, avec une augmentation du flux de 3 à 5% chaque année.
En parallèle, les effectifs n’ont pas augmenté. En conséquence, le temps que les personnels peuvent consacrer aux patients est nécessairement en chute libre. Il en résulte une perte de sens pour des professionnels qui ont l’impression d’être désormais des « ouvriers à la chaîne » plutôt que des acteurs d’une santé de qualité.
Les patients, confrontés à des temps d’attente croissants, manifestent de plus en plus souvent leur angoisse et leur ras-le-bol par des mouvements agressifs envers les personnels. Ceux-ci subissent ainsi au quotidien des violences verbales – insultes, menaces – de plus en plus souvent suivies de passage à l’acte (deux agressions physiques ayant entraîné des journées d’ITT la semaine qui a précédé la grève).
Aussi, le CH de Roanne a rejoint le mouvement national, 100% de grévistes, là encore, le problème du manque de médecins criant sur le bassin roannais encombre encore plus les urgences. Un exemple qui illustre encore ces difficultés, un service de rééducation de personnes âgées de l’hôpital de Roanne, unité de Bonvert, sera fermé cet été, par manque de personnel, cela ne concerne pas moins qu’une grosse vingtaine de lits.
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Les revendications des personnels grévistes des CH sont de trois ordres :
– Une meilleure reconnaissance du travail soignant : celle-ci passe d’abord par une demande de titularisation du personnel qui a plus de deux ans d’ancienneté. Aujourd’hui 65% des infirmières et infirmiers sont des contractuels. Cette précarité n’est bonne pour personne car elle est source de perte de temps pour les personnels qui doivent former sans cesse des nouveaux venus, d’épuisement pour ceux qui restent, mais aussi de fuite des compétences vers des emplois plus stables.
– Une vraie reconnaissance de la pénibilité et des risques du métier qui pourrait se concrétiser, par exemple par une revalorisation conséquente de la « prime de risque » des personnels urgentistes. A l’heure actuelle, les signalements des violences subies (fiche d’alertes en interne ou plaintes auprès des forces de l’ordre) sont trop peu suivis d’effet.
– Une réorganisation de fond de toute la chaîne de soins : avec, en amont, une réorganisation de la médecine de ville et, en aval, l’arrêt de la fermeture de lits d’aval, autre cause de l’engorgement des urgences.
Le Département de la Loire :
– apporte tout son soutien aux infirmières et infirmiers, aides-soignantes et soignants et médecins mobilisés pour une santé de qualité accessible à tous ;
– estime largement insuffisantes, les annonces de la Ministre de la Santé qui, pour essayer d’apaiser la colère des services d’urgence, a débloqué 70 millions d’euros de mesures immédiates ;
– demande une augmentation immédiate du nombre de personnels urgentistes, ainsi que le préconise la Cour des comptes dans son rapport annuel, sans négliger la situation des effectifs des autres unités de soins ;
– demande une réorganisation des études médicales, avec la suppression du numerus clausus, remplacé par une adaptation des résultats en fin de première année, définie par chaque doyen en fonction du nombre de formateurs et des besoins de chaque territoire ;
– demande une reconnaissance des métiers de la santé et par là même, un développement des possibilités de formations ;
– appuie les revendications des personnels des centres hospitaliers ligériens, énoncées ci-dessus, et demande à ce que les moyens nécessaires soient affectés aux établissements pour qu’ils puissent y répondre.
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Il faut comparer les effectifs en corrélation à l’activité à différentes époques,seule façon de démontrer une éventuelle dégradation de la qualité des soins