Je suis intervenu Mardi 27 novembre 2018, en séance publique lors d’une Question Orale Sans Débat, pour interroger la Secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Solidarités et de la santé, sur les moyens de la psychiatrie au Centre Hospitalier Universitaire de Saint-Etienne.
Le détail de mon intervention :
Mme la Ministre,
Ma question porte sur la situation de la psychiatrie à Saint-Etienne. J’y associe mon collègue sénateur, Jean-Claude Tissot, dans le prolongement du courrier que nous vous avons adressé le 15 octobre dernier.
En mars 2018, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, a tiré la sonnette d’alarme sur la prise en charge des patients en psychiatrie au CHU de Saint-Etienne.
Elle pointait ainsi dans son rapport un « traitement inhumain ou dégradant » subi par certains patients, en raison de pratiques de contention ou d’isolement trop systématiquement utilisées.
Parmi les « recommandations en urgence » qu’elle vous a adressées, figure notamment la nécessité de mettre en œuvre des moyens garantissant des hospitalisations adaptées.
Le recours trop fréquent à la contention n’est malheureusement qu’une conséquence de la surcharge de travail pour des personnels débordés. Ils sont les premiers à dénoncer cette situation.
Ainsi, à Saint-Etienne, les personnels réunis au sein du collectif « La Psy Cause », ont exprimé à de nombreuses reprises leur désarroi de ne pouvoir prendre en charge convenablement les patients, faute de moyens et faute de temps à leur consacrer. Ils sont en grève illimitée depuis le 13 septembre.
Les patients sont confrontés au manque de places en psychiatrie mais aussi dans les centres médico-psychologiques, avec des délais d’attente particulièrement insupportables pour les familles qui souhaitent prendre rendez-vous pour leurs enfants : jusqu’à un an et demi !
Il y a 15 jours, notre collègue François Ruffin a déposé une proposition de loi visant à sortir la psychiatrie de la maltraitance budgétaire. Proposition de loi que j’ai co-signée, avec des députés issus de tous les bancs de notre hémicycle.
Comme l’illustre malheureusement la situation de Saint-Etienne, cette maltraitance budgétaire prend la forme, sur le terrain, d’une maltraitance très réelle pour les patients et pour les professionnels.
Alors, certes, notre pôle de psychiatrie va pouvoir se réorganiser grâce à la construction d’un nouveau bâtiment financé à hauteur de 22 millions d’euros par l’Agence régionale de santé – concrétisation d’un projet vieux de dix ans… Mais les besoins sont d’abord humains avant d’être immobiliers.
La direction du CHU a récemment annoncé vouloir recruter 10 nouveaux psychiatres l’an prochain, pour s’ajouter aux 7 recrutés ces derniers mois.
Ce qui ressemble à une bonne nouvelle n’est pourtant pas forcément rassurant quand on connait bien la situation. Certes les conditions proposées par la direction sont attractives. Le CHU de Saint-Etienne est en outre reconnu pour son niveau d’expertise dans plusieurs domaines, notamment en matière de troubles autistiques, et pour la qualité de sa recherche.
Mais la surcharge de travail est telle que les psychiatres s’épuisent rapidement et partent. L’une de ces médecins est même en burn out !
C’est la conséquence directe d’une sous-dotation chronique. Avec 11 psychiatres pour 140 000 adultes, soit 7,8 pour 100 000 adultes, Saint-Etienne se situe bien en dessous de la moyenne nationale qui est de 13,5 psychiatres.
Nos territoires, Saint-Etienne et la vallée de l’Ondaine, ont des besoins en santé mentale supérieurs à la moyenne nationale, car ils concentrent les facteurs de risque comme des indices de précarité élevés. Et pourtant, nous manquons cruellement de place dans les secteurs de psychiatrie.
La densité nationale moyenne d’équipement en lits et en places d’hospitalisation à temps complet ou partiel est de 150 pour 100 000 habitants. Avec 424 000 habitants concernés, nous devrions donc avoir quelques 630 lits… nous en avons 228.
C’est pourquoi, le rapport Hazan préconisait de ne « pas laisser l’établissement seul face à ses difficultés ».
Pour le moment, les réponses que nous espérions, pour la psychiatrie en France et à Saint-Etienne, ne sont pas à la hauteur.
Aussi, je voulais vous demander aujourd’hui, Madame la Ministre, quels moyens vous comptez apporter au CHU pour répondre aux difficultés structurelles du pôle de psychiatrie et aux recommandations du rapport Hazan ?
Ma seconde intervention :
Effectivement Monsieur le Président je considère que la réponse est insuffisante sur le plan des moyens, sur le nombre des psychiatres. Saint-Etienne reste structurellement sous-doté et il faudra accélérer le nombre de médecins psychiatres qui devront être recrutés dans les prochains mois. Madame la Ministre, nous reviendrons à la charge.
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