À l’occasion d’une communication en conseil des Ministres ce matin, le Gouvernement a proposé d’instaurer en 2019 un service national obligatoire d’un mois pour tous les jeunes à partir de 16 ans, dont la moitié s’effectuerait en internat.
Le rétablissement d’un service national obligatoire n’est ni souhaité par les jeunes, ni par les armées -professionnalisées depuis 2001-, ni souhaitable. Son coût d’environ deux milliards d’euros par an à minima, est hors d’atteinte pour les finances publiques, alors que des moyens financiers importants doivent être impérativement débloqués dans le même temps pour l’accueil des 30 000 nouveaux étudiants par an dans l’enseignement supérieur.
Sur le plan matériel, aucune institution de notre pays n’a aujourd’hui la capacité matérielle et humaine d’encadrement pour accueillir une génération de 800 000 à 900 000 jeunes en internat, même 15 jours pendant les vacances scolaires (le nombre de places vacantes en internat de l’Education Nationale est de 48 000 sur un total de 230 000 places…). La durée d’un mois constitue par ailleurs un facteur de désorganisation majeure dans la vie scolaire ou professionnelle des jeunes.
Les activités évoquées (sportives, l’enseignement des premiers gestes de secours, l’acquisition de réflexes en cas de situation de crise, la transmission des valeurs civiques et républicaines…) sont du ressort de l’Education Nationale et sont déjà enseignées aux élèves français, même si leur place mérite d’être renforcée. La cohésion et la mixité sociale sont des missions essentielles de notre système scolaire.
Aussi, plutôt qu’un « moment limité d’un mois », à partir de 16 ans, soit très tard, mieux vaut renforcer, comme nous l’avons fait ces dernières années à l’occasion du vote de la Loi Egalité et Citoyenneté en 2015, un « parcours citoyen » de la maternelle à l’université, en favorisant et reconnaissant l’engagement dès le plus jeune âge, avec une montée en puissance du Service Civique, mission d’intérêt général au service d’une collectivité ou association, d’une durée moyenne de huit mois, comme étape-clé pour le plus grand nombre de jeunes.
C’est en substance ce que dit le rapport de nos collègues Députées Emilie Guérel et Marianne Dubois, présenté en février devant la commission de la Défense Nationale, et dont le Gouvernement aurait été bien inspiré de suivre les recommandations.
Le Gouvernement s’est engagé à organiser à l’automne une consultation « numérique et de terrain » sur le service national universel, ce qui est une très bonne nouvelle. Il pourra constater à quel point son projet qui vise à mettre en œuvre, coûte que coûte, un engagement de campagne présidentielle irréaliste et impraticable est rejeté par les principaux concernés : les jeunes.
Régis JUANICO
Député de la Loire
Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.
Laisser un commentaire