À lire dans L’Obs, la tribune dont je suis le premier signataire, marquant l’entrée dans le Congrès du #PS des proches de Benoit Hamon :
Si Benoît Hamon a quitté le PS, ce n’est pas le cas de tous ses amis. Régis Juanico, membre de la direction provisoire du PS, Mathieu Hanotin, coordinateur de la campagne présidentielle, et une dizaine de parlementaires ou anciens parlementaires socialistes veulent peser sur le congrès socialiste. Dans le texte que nous publions ci-dessous, ils réclament “un inventaire de la pratique du pouvoir par la gauche, tout particulièrement du dernier quinquennat”, tout en marquant une opposition résolue à la politique d’Emmanuel Macron.
A quelques jours de la clôture des candidatures, ils ne disent pas à ce stade quel sera leur choix. Soutenir Emmanuel Maurel, candidat de l’aile gauche ? Ou bien Luc Carvounas, ancien lieutenant de Manuel Valls devenu l’avocat de la réconciliation de la gauche ? Ils feront savoir leur décision samedi. Leur tribune :
“Le Parti socialiste tel que nous l’avons connu n’existe plus. Cette force centrifuge de la gauche a disparu au fur et à mesure de l’avancement du dernier quinquennat. Mais le socialisme, lui est bien vivant. Il fait face à un considérable devoir de sursaut et de dépassement. Nous voulons le relever ! La primaire a marqué une éclaircie dans une fin de quinquennat si difficile. L’enthousiasme qui s’y est alors levé autour de propositions neuves en est le témoin. Le peuple de gauche est toujours là. C’est notre parti qui l’a abandonné en cédant à la dérive libérale.
Nous estimons que les voies d’avenir que nous avons commencées à tracer méritent d’être poursuivies : repenser les grandes protections du XXIe siècle, innover face aux mutations du monde du travail, placer les questions de transitions écologiques, démocratiques, européennes et numériques comme centrales dans le projet du Parti socialiste.
Toutes ces perspectives doivent être partagées et discutées avec toute la gauche. Nous voulons créer les conditions du rassemblement d’une gauche en capacité de proposer, d’innover et de gouverner. Le choix est simple pour les socialistes : s’impliquer résolument dans cette démarche ou se résigner à s’enfoncer comme tant d’autres de nos homologues européens dans la marginalisation.
L’incapacité de la gauche à créer un projet européen ambitieux l’a en effet empêchée d’apporter des réponses crédibles aux aspirations populaires. Partout l’indispensable mise en résonance d’une majorité sociale avec une majorité politique s’est effondrée et avec elle les espoirs de transformation. Certains ont tenté de faire d’une fuite en avant identitaire une échappatoire. Ce fut et reste une impasse. La tenaille dans laquelle nous sommes pris entre les souverainistes et les libéraux ne pourra se desserrer que par un élan démocratique européen, cœur d’une alliance renouvelée des progressistes de notre continent.
C’est à la lumière de cette lecture que nous devons entamer un devoir d’inventaire de la pratique du pouvoir par la gauche, tout particulièrement du dernier quinquennat. Il ne s’agit pas de refaire le match des divisions sempiternelles mais de se donner les moyens de tourner cette page. Tant que nous n’aurons pas fait ce travail de réinterrogation de la pertinence de nos actions durant ces cinq années du quinquennat Hollande, nous ne redeviendrons ni crédibles ni audibles aux yeux de nos concitoyens. Le sentiment de rupture et de trahison entre les attentes de 2012 et la réalité de notre pratique du pouvoir est trop important pour qu’il puisse s’effacer de lui-même.
Ce qui est vrai pour nos concitoyens, l’est au moins autant pour nos partenaires. Chacun peut le constater. Sans ce travail d’introspection politique, nous ne retrouverons pas des partenaires qui accepteront de travailler à nos côtés. La déchéance de nationalité, la loi travail, pour ne citer que ces deux événements, ont constitué des ruptures majeures avec notre socle de valeurs. Aujourd’hui, le constat est rude : plus personne à gauche n’a confiance dans notre parti.
Retrouver cette confiance prendra du temps. Mais assurément la première étape nécessaire doit être dans la clarté de notre volonté de tirer les enseignements et de tourner la page du dernier quinquennat.
Militants lucides et mobilisés, nous voulons nous engager pour un Parti socialiste qui crée humblement et patiemment les conditions d’un large rassemblement. Soyons les artisans d’une gauche qui invente pour répondre par le progrès aux grandes transitions. Il n’y aura pas d’union dans la capitulation aux idées de nos adversaires. La gauche doit au contraire dès maintenant se montrer claire sur sa façon d’exercer le pouvoir, pour qui, avec qui et surtout pour quoi faire.
La dernière campagne présidentielle a en effet permis de soulever de nouvelles représentations, de nouveaux enjeuxauxquels il faudra répondre dans les années à venir. Ils sont toujours d’actualité. Envisager la prospérité sans la croissance, penser l’activité autour de de la recomposition de l’emploi avec le revenu universel. Revitaliser la démocratie par le référendum d’initiative populaire, maîtriser les risques que nous fait courir la transformation numérique pour en faire des chances de progrès, ne plus transiger sur la santé environnementale. Eradiquer les discriminations et les abus de pouvoir, empêcher la confiscation des décisions par la finance et les rentes, faire de l’entreprise un lieu de répartition plus juste de la richesse. Construire avec la jeunesse un nouveau pacte social, promouvoir une laïcité d’émancipation… Trouver les solutions à ces défis nous permettra de rendre vivants nos idéaux d’égalité et de fraternité auprès de tous.
Nous pensons que le Parti socialiste doit prendre l’initiative d’aborder de front ces grandes questions qui se posent et se poseront à toute la gauche. Nous proposons donc qu’il organise de la manière la plus ouverte possible et en recherchant la participation du plus grand nombre de partenaires de gauche (politique, associative, syndicale, intellectuelle) quatre grandes conventions. Ecologie, Europe, Travail, Démocratie : voici les thèmes que nous soumettrons à ces grandes conférences de consensus. C’est par le malentendu sur nos aspirations et nos principes que nous avons failli, c’est par les idées et la clarté que nous pourrons construire une confiance retrouvée. Ces conférences aboutiront à des votes qui trancheront les grandes orientations de notre parti. Ils seront organisés sur le modèle de la primaire, ouverts à tous ceux qui signeront une charte d’adhésions aux valeurs de la gauche. Voilà une vraie manière de réintégrer les citoyens au cœur du processus de décision politique.
Dans cette perspective, il ne peut y avoir d’hésitation dans l’attitude ou l’interprétation de ce que fait le président de la République. Synthèse illusoire de toutes les droites, sa position politique appelle de notre part une opposition sans ambiguïté. Il incarne l’ultime tentative de réalisation des fausses solutions du passé, un raidissement des possédants sur leurs privilèges, une prétendue modernité bien datée. Son revanchisme technocratique cache mal les non-dits de son action : les inégalités sociales, la méconnaissance et le mépris des plus humbles, le suivisme du libéralisme européen, un consumérisme effréné qui prend le pas sur l’écologie. Pour autant, se lancer tête baissée dans une opposition caricaturale est une impasse que son habileté saura facilement exploiter. A nous de saisir chaque sujet abordé comme une occasion de nous démarquer clairement, de reprendre l’initiative politique, de rallier les classes populaires et moyennes en montrant qu’un autre chemin est possible et crédible.
Dans une telle période, il n’y a plus d’évidence. Le PS n’est plus naturellement la force autour de laquelle s’organise le rassemblement de la gauche permettant les victoires électorales. Personne ne peut croire qu’un hypothétique et automatique “retour de balancier” viendra sanctionner le président de la République aux prochaines échéances territoriales. Rien ne pourrait justifier une crispation et un repli du PS sur les quelques dizaines de milliers d’adhérents qui lui restent, sur un folklore confortable et désuet. Tout invite à l’inventivité, à l’audace, à l’ouverture et à l’intelligence collective. Quel risque courons-nous à renouveler, ouvrir, essayer ? Alors que nos institutions n’ont jamais autant été décriées et aussi peu légitimées par les Françaises et les Français, ayons l’humilité de reconnaître que les seules victoires électorales ne permettent plus de transformer la société. La politique ne sera jamais affaire de simple pédagogie. Elle s’annonce plus que jamais comme la recherche d’adhésion, la mobilisation d’alliances populaires, l’implication forcément critique des citoyens plus que jamais en quête de réciprocité et d’expression ascendante.
Bon nombre de militants de gauche partagent ces perspectives, souvent en suivant des chemins parallèles. Ce congrès doit être un moment utile, une étape pour envisager de nouvelles perspectives. Notre parti seul ne peut pas prétendre détenir la solution mais il peut devenir un élément déterminant d’une future reconquête du pouvoir par notre camp. Voilà la dynamique que nous voulons partager.”
Premiers signataires : Régis Juanico, député-BN (42), Mathieu Hanotin, ancien député-BN (93), Sophie Taillé-Polian, sénatrice-BN (94), Jean-Pierre Corbissez, sénateur (62), Jean-Claude Tissot, sénateur (42), Alexis Bachelay, ancien député-BN (92), Serge Bardy, ancien député (49), Gwenegan Bui, ancien député (29), Isabelle Bruneau, ancienne députée (36), Nathalie Chabanne, ancienne députée (64), Linda Gourjade, ancienne députée (81), Serge Janquin, ancien député (62), Laurent Kalinowski, ancien député (57), Chaynesse Khirouni, ancienne députée-BN (54), Antoine Détourné BN (62), Philippe Andrieu (11), Tania Assouline CN (93), Julien Baraillé (66), Eric Bayet (26), Stéphane Cahen BN (40), Johan Cesa (42), Pierre Chéret (64), Samir Chikhi (82), Eric Correia (23), Pierrick Courbon (42), Martine Courjaud (79), Gérald Courtadon (63), Michaël Delafosse BN (34), Hugo Demissy (67), Laurianne Deniaud BN (44), David Dobbels (75), Laurence Duffaud (35), Isabelle Dumestre CN (42), Melek Ekim CN (92), Vincent Faille (77), David Fontaine (76), Marcel Ferréol (25), Sophie Foucher-Maillard (49), Pierre Freyburger (68), René Garcin (05), Emilie Gesnot (10), Jessica Gérondal (22), Mathieu Hazouard (33), Jean-Marie Houdusse (47), Alexandre Houpert (84), David Jacquet (45), Jules Joassard BN (69), Tristan Lahais CN (35), Jean-Jacques Ladet (42), Florian Lecoultre CN (08), Christophe Le Foll BN (14), Hugo Lefelle (18), Janick Léger (27), Soizic Loquet-Naël CN (38), Claire Louis (41), Nicolas Marandon CN (51), Bertrand Masson CN (54), Imène Miraoui (48), Pierre Pantanella (12), Franck Parra (04), Eliott Pavia (54), Elsa Pelloie (28), Thomas Petit CN (67), Marion Pigamo CN (13), Gérard Rosenknop (31), Sébastien Rostan (31), Matthieu Rouveyre CN (33), Jérôme Saddier (75), Lorenzo Salvador (34), Nadia Semache (42), Olivier Stern (93), Gabriel Vaugelade (65), Eloïse Venancio (52), Pauline Véron BN (75)
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Bonjour, je ne suis pas et je n’ai jamais été membre du PS. Mais, étant destinataire de votre message, je ferai l’observation suivante : quoiqu’il en dise et proclame, le PS n’est pas et n’a jamais incarné toute “la GAUCHE”. La meilleure preuve en est que pour parvenir à l’exercice du pouvoir, en 1981 et 2012 , il lui aura fallu bénéficier des voix des autres organisations de gauche (notamment celle du PCF) et/ou d’une union programmatique avec ces dernières. Il est d’autant plus abusif d’affirmer un tel leadership alors que si la gauche est aujourd’hui en miettes c’est en grande partie en raison de sa “pratique du pouvoir”qui l’a éloigné des valeurs que portait la gauche depuis au moins Jean Jaurès.
JE PENSE QUE C’EST UNE BONNE DEMARCHE IL FAUT RASSEMBLER TOUT CE QUI RESTE DE LA GAUCHE AUTOUR D’UN SOCLE SOLIDE ;LES 4 CONFERENCES ME PARAISSENT BIEN J’Y AJOUTERAIT UN 5e THEME LA LAICITE .