Dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances publiques (PLF) pour 2018, je suis intervenu lors de la commission élargie, ce vendredi 3 novembre, consacrée à la mission « Enseignement scolaire » . J’ai ainsi souhaité interroger le ministre de l’éducation nationale, M. Jean-Michel Blanquer,présent durant nos travaux, sur sur la place de l’activité physique et sportive à l’école.
Monsieur le Ministre,
j’aimerais aborder ici la place de l’activité physique et sportive à l’école, et des moyens qui y sont consacrés. La Fédération française de cardiologie sonne l’alarme : en quarante ans, nos collégiens ont perdu un quart de leurs capacités physiques. Alors qu’ils couraient un 600 mètres en trois minutes en moyenne, ils le courent maintenant en quatre minutes. Ils courent moins et moins vite, ce qui a des conséquences connues sur la santé, notamment en termes de surpoids et de maladies chroniques.
Nous partageons, monsieur le ministre, la même conviction, que j’avais exposée dans un rapport remis avec Pascal Deguilhem en 2015 : la pratique d’une activité physique et sportive dès le plus jeune âge est la meilleure garantie que cette bonne habitude sera poursuivie tout au long de la vie. Seriez-vous favorable à un grand plan d’aménagement des cours de récréations et des salles d’évolution dans les écoles, destiné à favoriser les jeux mixtes et la motricité ? Comment mieux faire respecter les horaires obligatoires d’éducation physique et sportive (EPS) dans le premier degré – en théorie trois heures, souvent plus proches en réalité d’une heure cinquante ou deux heures ? Vous avez évoqué tout à l’heure le « plan du mercredi » ; comment poursuivre la dynamique enclenchée par les nouvelles activités périscolaires, qui sont à 30 % des activités physiques et sportives ?
Enfin, il existe une attestation scolaire du « savoir nager », délivrée à l’entrée en cycle 3. La moitié des élèves ne savent pas nager, et 250 enfants de moins de treize ans se noient chaque année. Savoir nager, comme savoir rouler, ne devrait-il pas être considéré comme un apprentissage fondamental, à l’instar de la lecture ou de l’écriture ? Ne faudrait-il pas fixer vraiment un objectif de 100 % d’attribution de l’attestation du savoir nager, comme les textes de l’éducation nationale le mentionnent d’ailleurs ?
Enfin, le sport est un facteur de réussite scolaire. Comment entendez-vous mieux valoriser les parcours sportifs à l’école et mieux valoriser dans les cursus académiques les engagements associatifs, notamment dans le sport scolaire ? Je voudrais citer ici l’Union nationale du sport scolaire (UNSS) et l’Union sportive de l’enseignement primaire (USEP), mais aussi le « livret citoyen » ou encore les « parcours d’excellence » mis en place dans les classes de troisième des collèges REP+. Pouvez-vous d’ailleurs dresser un bilan de ces derniers ?
Quels moyens, notamment en postes d’enseignants, entendez-vous accorder à l’EPS ?
La réponse du Ministre
Monsieur Juanico, nous devons avoir une politique volontariste en matière de sports et d’éducation physique et sportive, je vous rejoins totalement sur ce point. On ne peut qu’être très inquiet du constat que vous avez établi, et qui est une réalité. Ce phénomène étant non pas uniquement français, mais mondial, il faut une approche très volontariste. Cette question nous renvoie aux aspects négatifs de la société des écrans, du temps passé aujourd’hui par les enfants devant des écrans. Prenons l’exemple de la lecture. La lecture est prioritaire, car elle touche au langage. Nos élèves lisent. Ils devraient le faire plus encore, et nous allons les y encourager, mais ils lisent. Mais nous constatons un recul de la pratique de la lecture à partir de la sixième. C’est contre-intuitif, car on pourrait s’attendre à ce qu’une certaine maturité amène au livre, mais c’est pourtant ce qui se passe. Cette baisse des pratiques de lecture est exactement parallèle à la baisse de la pratique du sport, et corrélée à la fréquentation d’internet et de la télévision.
Nous devons prendre ces phénomènes à bras-le-corps, ce qui passe par un encouragement des activités sportives à l’école et en dehors. Nous allons continuer à encourager l’action de l’USEP et de l’UNSS, qui ont connu des progrès remarquables au cours des décennies passées : ces deux institutions ont dépassé le million d’adhérents chacune, c’est très positif. Nous allons aussi améliorer la coopération avec le monde sportif. La France a une légère tendance à opposer éducation physique et sportive (EPS) et sport, ce qui n’a pas de sens : il faut évidemment mieux articuler les deux. Nous y travaillons avec la ministre des sports, car il s’agit d’un sujet interministériel.
Pour terminer, je vous ferai part de ma sensibilité à l’aménagement du bâti scolaire. Il y a de grands enjeux de ce côté, pour tous les équipements à l’intérieur des établissements, nous avons prévu d’y travailler avec les associations d’élus dans les prochains temps. Il en va de même pour le savoir nager, qui renvoie à l’accès aux piscines – pour utiliser un mot simple.
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