Premières impressions de retour de Rio après quatre jours passés à suivre les dernières épreuves inscrites au programme des Jeux Olympiques 2016.
Je lis dans des articles parus depuis dimanche que ces Jeux au Brésil, les premiers organisés en Amérique du Sud, seraient ratés, que le bilan serait mitigé… Au-delà de quelques couacs, ce n’est pas vraiment ce que j’ai pu constater sur place et je trouve même certains commentaires injurieux sur la qualité d’organisation des Brésiliens.
Le virus Zika ? Je n’ai pas croisé un seul moustique de mon séjour !
Des enceintes sportives vides ? Il est est vrai que les images de travées sans spectateurs dans certaines disciplines -les moins familières au public Ariverde qui a l’habitude d’arriver au dernier moment, voire même en cours de match- au début de la compétition, alors que le CIO assurait avoir vendu 87% des billets ont pu surprendre.
Mais j’ai pu constater que les Brésiliens étaient présents en masse dans les derniers jours de compétition, se manifestant parfois de façon surprenante et pas très fair-play soit en prenant fait et cause pour les adversaires de la France ou comme lors de la finale de Handball où les Brésiliens ont fêté bruyamment et en direct dans l’enceinte où se déroulait le match… leur victoire au volley-ball.
En revanche, on peut clairement reprocher au comité d’organisation le prix des places hors de portée pour une grande partie de la population brésilienne, une tarification peu adaptée et des programmes sociaux permettant aux personnes les plus défavorisés, en particulier celles des Favelas, d’assister aux épreuves insuffisants.
La défection de 20% des volontaires ? Elle est sans doute réelle… mais elle ne s’est pas ressentie dans la qualité de l’accueil sur les sites, les contrôles de sécurité et des billets qui sont toujours restés très fluides (un peu moins pour la restauration ou les boissons, certes, mais en raison d’un système de précommande un peu fastidieux). Peu de volontaires parlant anglais ou une autre langue que le Portugais, c’est vrai aussi. De ce point de vue là, Londres en 2012, restera un modèle difficile à égaler.
Certes tout n’a pas été parfait et certains problèmes ont été soulignés à juste titre comme la pollution de l’eau sur le site nautique de la baie de Guanabara, par exemple. Mais on évoquait souvent les problèmes de sécurité et de criminalité à Rio et je peux témoigner dans mes différents déplacement à Rio que je ne me suis jamais senti en insécurité, le déploiement des forces de police et de militaires étant par ailleurs impressionnant dans toute la ville.
Les transports, point noir à Rio ? Là aussi, impossible d’ignorer sur place en circulant que le trafic automobile est dense dans la deuxième plus grande mégalopole du Brésil (6 millions d’habitants) ! Les embouteillages existent mais je m’attendais à bien pire. Une nouvelle ligne de Métro a été inaugurée quelques jours avant l’ouverture des Jeux et sera le principal héritage olympique pour la ville de Rio puisque 63% des Cariocas pourront en profiter.
Le point noir, de mon point de vue, est l’éloignement des principaux sites olympiques les uns par rapport aux autres. Il fallait au minimum 1h30 de transports en commun (bus à haut niveau de fréquence, Métro, marche…) pour relier ces sites entre eux. Cette question de la fluidité des transports et de la compacité des sites devrait être au cœur du dossier de Paris 2024 pour en faire un atout de notre candidature face aux autres villes candidates.
Quand on voit l’étendue et le gigantisme des infrastructures (arènes, stades…) sur certains sites comme le Centre Olympique à Barra, on peut s’interroger sur leur avenir quand elles ne sont pas démontables ou réutilisables… mais seul l’avenir dira si la ville de Rio en trouvent un usage durable et surtout si elle arrive à convaincre les Cariocas de pratiquer d’autres sports que le football, le beach-volley ou la course à pied, ce qui ne sera pas une mince affaire…!
Bien sûr, les Jeux ne sont pas terminés, les Jeux Paralympiques, avec leur lot de difficultés vont prendre le relais du 7 au 18 septembre, le bilan définitif devra être fait en son temps, mais tous les observateurs ne peuvent s’empêcher de prédire un réveil post-JO brutal pour le pays qui traverse une crise politique et sociale aiguë avec des pans entiers de la population plongés dans la misère…
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Parfaitement d’accord avec Régis sur cette analyse. Pour ma part j’étais également à Rio durant la durée des jeux et je peux témoigner sur les faits et conclusions énoncées… en effet les lendemains de ces J.O risquent d’être très douloureux pour le Brésil.