Avec mes collègues Valérie FOURNEYRON, Brigitte BOURGUIGNON et Pascal DEGUILHEM, nous avons signé l’amendement « Sport sur Ordonnance » qui sera examiné cette semaine dans le cadre des débats, en nouvelle lecture, sur le projet de loi de modernisation de notre système de santé. Dans une tribune, parue ce dimanche 22 novembre dans le Journal du Dimanche, nous revenons sur l’importance de cette mesure.
En France, on estime à plus de 9 millions le nombre de patients souffrant d’une Affection de Longue Durée (ALD) reconnue. Diabète, maladies coronariennes ou neurologiques, cancers… Ces pathologies n’épargnent personne, quel que soit l’âge, le sexe, la condition sociale. Face à cette réalité, notre système de santé se doit d’innover en intégrant, dans le parcours de soins, des pratiques thérapeutiques qui ne soient pas uniquement médicamenteuses.
La culture du « médicament qui peut tout » est forte dans notre pays. Au moindre signe de défaillance de notre organisme, hop ! Une petite pilule à la rescousse ! A chaque maladie sa pastille. Résultat : nous sommes les champions d’Europe de la consommation de médicaments.
Pourtant, les alternatives existent. Le « Sport sur Ordonnance » est l’une d’entre elles : l’activité physique et sportive prescrite par un médecin peut apporter avec bonheur un complément aux traitements traditionnels, voire éviter la prise de certains médicaments. Sur ce chapitre, on ne compte plus le nombre d’études scientifiques, de rapports, d’analyses publiés ces dernières décennies démontrant de manière éclatante les bienfaits de l’activité physique et sportive comme outil de prévention, mais également comme moyen de traitement, à condition qu’elle soit adaptée à la pathologie, aux capacités physiques et au risque médical du patient.
Dès 2011, la Haute Autorité de Santé appelait de ses vœux une politique nationale ambitieuse en vue de promouvoir un nouveau modèle de soins associant les thérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses, qui ne sont pas alternatives mais bien complémentaires. Une pratique physique régulière et encadrée permet de réduire la mortalité de 30 à 40% pour les femmes atteintes d’un cancer du sein et améliore la tolérance aux radio et chimiothérapies. Un bénéfice analogue de -40% à -60% de mortalité est observé pour les patients masculins atteints par un cancer du côlon ou de la prostate. L’impact d’une pratique sportive personnalisée a également été démontré par de nombreux travaux pour les patients souffrant d’un diabète, de maladies chroniques ou victimes d’un accident cardiovasculaire.
Les exemples sont infinis. La politique de santé publique française ne peut pas faire l’impasse plus longtemps sur cette réalité.
Sur le terrain, de nombreuses initiatives ont déjà émergé, aussi bien dans le domaine de la prévention que de l’usage thérapeutique du sport, qu’elles soient menées par des collectivités, des fédérations sportives, des associations ou les réseaux régionaux Sport-santé qui se sont structurés à partir de 2012 sous l’impulsion du Gouvernement.
La mesure « Sport sur Ordonnance », contenue dans le projet de loi sur la santé qui va être discuté cette semaine en dernière lecture à l’Assemblée nationale, doit permettre d’encourager cette dynamique naissante, en incitant les médecins à prescrire des activités physiques adaptées. C’est une source d’espoir pour un Français sur 7 souffrant d’une ALD. Donner ce cadre législatif à la prescription non médicamenteuse d’activités physiques et sportives est un passage obligé pour reconnaître les bonnes pratiques, les pérenniser, leur donner l’assise nécessaire à leur essor et à leur généralisation, à la bonne coordination des acteurs, à l’institutionnalisation auprès du corps médical comme auprès de l’opinion publique.
Alors que cette mesure aura un impact important pour la qualité et l’espérance de vie des personnes malades, elle consolidera également une démarche de réduction des coûts de traitement pour l’assurance maladie, en minorant les prises médicamenteuses et les jours d’arrêt de travail. Les Français l’ont compris : 96% se prononcent en faveur du « Sport sur ordonnance ». Quant aux médecins, 82% d’entre eux considèrent que la prescription du sport par le médecin traitant, telle que proposée dans la loi, est une bonne idée. Mieux : 72% de ceux qui ne prescrivent pas d’activités physiques adaptées actuellement disent qu’ils le feront demain si le cadre légal change.
C’est donc bien en inscrivant les mots « activités physiques adaptées » dans une loi relative à la santé que nous pourrons aller au-delà de la pétition de principes et des vœux pieux et que nous doterons la France d’une véritable politique publique face au fléau sanitaire de la sédentarité, première cause de mortalité évitable selon l’Organisation Mondiale de la Santé. Soyons au rendez-vous d’une étape charnière dans la naissance d’un système de santé moderne. Le sport sur ordonnance, ça marche ! En lui donnant un cadre officiel, la loi fera œuvre fondatrice, dans l’intérêt de la santé des Français.
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