J’étais présent la semaine dernière à Reims au 6ème Forum Educasport organisé par l’Agence pour l’Education par le Sport, forum intitulé cette année “Changez la vie par le sport !”.
Le Forum Educasport est le plus important rendez-vous en France de ceux qui changent la vie des autres grâce au sport : associations, clubs, collectivités, fédérations, institutions, entreprises… Cette année, le forum s’est déroulé en présence de grands champions comme Aya Cissoko, Robert Pirès, Vikash Dhorasoo, ou encore Yohann Diniz.
A cette occasion, en tant qu’administrateur de l’APELS et membre de l’Assemblée du Sport, j’ai pris part, mercredi 16 novembre après-midi, à une table-ronde plénière sur le thème “Ressourcer et moraliser le Sport”. Yohann DINIZ, membre de l’équipe de France d’athlétisme et champion d’Europe du 50 km est également intervenu lors de ce débat.
En clôture de ce Forum Educasport, l’APELS a prévu treize propositions pour “Changer le Sport”, qui ont été publiées vendredi 18 novembre dans le quotidien Le Monde, partenaire de l’événement.
Tribune parue dans Le Monde :
La crise économique majeure que nous traversons est génératrice de dégâts humains considérables tant du point de vue social que psychologique. Elle amplifie la dégradation du vivre ensemble et porte atteinte jusqu’à la santé des individus, notamment des jeunes, avec une hausse du suicide ou de l’obésité. Sa violence impose un changement de paradigme dans la plupart des champs de notre société.Les pratiques sportives et corporelles n’échappent pas à cette remise en cause.Aussi, il est urgent de les réorienter autour de trois grands axes:l’éthique, la solidarité et la convivialité. A l’heure du sport spectacle triomphant où des sommes d’argent indécentes sont englouties dans les seuls transferts de joueurs professionnels, des pratiques socialement utiles existent mais manquent cruellement de moyens.
Organisé par l’Agence pour l’éducation par le sport (Apels) en partenariat avec Le Monde, le forum Educasport a réuni à Reims, du 16 au 18 novembre, l’ensemble des acteurs (associations, institutions,collectivités, entreprises, universités, médias) qui développent ou soutiennent des usages socialement utiles du sport. A l’issue de ces trois jours d’échanges, une série de propositions concrètes a émergé dans le but d’engager cette profonde mutation pour que le sport soit davantage synonyme de vivre ensemble, d’insertion sociale et professionnelle et d’épanouissement personnel.
-Mettre en place un impôt sur les transferts des joueurs professionnels de tous les sports par l’intermédiaire d’un fonds de dotation. La particularité de ce fonds, adossé à l’assiette des transferts, serait d’être strictement réservée aux projets qui s’inscrivent dans des démarches éducatives et sociales par le sport. Pour agir efficacement dans ce domaine, un budget d’au moins 30 millions d’euros par an serait nécessaire. Dans un secteur où les financements se font de plus en plus rares, il permettrait d’accroitre rapidement les ressources des associations.
-Constituer un corps de 5000 éducateurs-médiateurs par les pratiques sportives. Un nouveau métier d’éducateur sportif agissant dans et hors du champ scolaire est en discussion depuis plusieurs années. Il est temps de passer à la phase de concrétisation. Le rôle de l’éducateur est primordial. Il accompagne et redynamise les personnes, il sensibilise les familles aux bienfaits de la pratique. Or leur mission n’est pas toujours bien reconnue par la collectivité et leur emploi reste fragile. Leur utilité sociale nécessite donc un vrai statut comme naguère les éducateurs de prévention, soutenus par les départements.
– Créer un label «éducation par le sport» pour les villes et les départements. Il permettrait de mieux identifier, valoriser et soutenir les politiques d’éducation par le sport. Ce label favoriserait l’émergence d’une offre à la fois plus large en termes de public visé et plus claire, notamment pour les bailleurs de fonds.
-Instaurer un observatoire national des pratiques d’éducation par le sport. A l’instar de ce que se fait déjà dans d’autres champs comme l’économie sociale et solidaire, il serait chargé d’évaluer l’impact social des pratiques sportives. Peu d’études, d’évaluations ou d’observations sont aujourd’hui disponibles pour évaluer ou mieux identifier les projets d’éducation par le sport. Ces outils indispensables pour soutenir les acteurs et orienter l’action publique font aujourd’hui défaut.
-Installer un comité d’éthique indépendant dans chaque région. Il aurait la charge de prendre position sur des problèmes qui détériorent l’image du sport et sa dimension sociale. Violence, corruption, dopage… les affaires se multiplient sur les terrains professionnels et amateurs.
Sur la base de ces premières pistes de réflexion et d’action, l’Apels et Le Monde lanceront une consultation nationale (apels.org) en direction des différents réseaux associatifs, institutionnels ou universitaires afin d’aboutir à une série de dix propositions.
A l’approche de l’élection présidentielle, ces « dix propositions pour changer la place du sport dans la société » seront adressées aux candidats. Ils seront ensuite conviés à prendre position par rapport à ces propositions lors d’un débat organisé en février 2012.
Thierry Philip, président de l’Apels
Stéphane Mandard, chef du service Sport du Monde
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