Depuis le début de la crise liée à la pandémie de Covid-19, notre pays a cruellement souffert de graves lacunes en matière de souveraineté sanitaire.
Qu’il s’agisse des respirateurs si nécessaires à la réanimation, des équipements de protection (dont certains sont pourtant basiques à l’image des masques, du gel hydro?alcoolique, des gants en latex, des sur?blouses ou des lunettes de protection) ou de certains médicaments, nos stocks se sont avérés insuffisants et notre pays n’a pas été en capacité de répondre, seul, aux besoins propres à assurer la santé de ses habitants face à une crise d’une telle ampleur.
Cette situation est le résultat de décennies d’absence de vision stratégique sur l’indépendance sanitaire de la France, entraînant délocalisations et sous?traitances dans des pays tiers.
À cet égard, la décision de réduire progressivement les stocks d’État de masques en comptant sur la capacité de production des pays asiatiques et en particulier de la Chine est symptomatique.
Ainsi, avec mes collègues du groupe Socialistes et apparentés, nous avons déposé une proposition de loi pour nationaliser les sociétés Luxfer et Famar, fleurons industriels qui produisent, ou produisaient jusqu’à récemment, du matériel médical de pointe essentiel pour faire face aux besoins induits par une telle crise.
La société Luxfer, située à Gerzat dans le Puy?de?Dôme, était jusqu’en 2019 la seule entreprise de l’Union européenne à fabriquer des bouteilles d’oxygène à usage médical.
Alors que l’épidémie de covid?19 fait d’abord appel aux capacités de réanimation et d’assistance respiratoire de notre système de santé, il s’agit là d’un actif stratégique majeur, d’autant plus utile en temps de crise alors que les patients doivent être transférés en grand nombre par la route, le rail ou les airs, nécessitant une assistance respiratoire permanente avec un équipement aussi léger et maniable que possible.
Malgré l’intérêt de repreneurs potentiels, la société Luxfer, en Californie, refuse de vendre…
La société Famar, située à Saint-Genis-Laval dans le Rhône, est une entreprise spécialisée dans la production pharmaceutique et notamment de la Nivaquine, un antipaludique à base de Chloroquine, une des molécules dont l’utilisation est envisagée sérieusement pour le traitement du covid?19, notamment en phase initiale de la maladie.
Outre la sécurisation à court terme de ces actifs pour éviter une fermeture ou une reprise par des acteurs étrangers, la maitrise de ces entreprises permettrait à l’État de pouvoir faire face aux possibles résurgences du covid?19, qui pourrait devenir saisonnier, ainsi qu’aux crises futures alors que le risque pandémique est devenu d’autant plus grand que la mondialisation est devenue intégrée.
Le Président de la République, Emmanuel Macron, a lui?même fait le constat lors de son allocution du 12 mars dernier que « ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché ».
A travers cette proposition de loi, j’appelle le Président à passer des paroles aux actes, seule manière pour l’État de disposer d’un contrôle effectif de ces actifs stratégiques et de leurs productions afin d’assurer l’indépendance sanitaire de la Nation.
Notre courrier au Ministre de l’Economie
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