Dès le mois d’octobre 2017, j’avais alerté solennellement Madame Sophie Cluzel, Secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, à l’occasion de son audition devant la Commission des Affaires Culturelles et de l’Education, sur la perte de pouvoir d’achat des personnes en situation de handicap.
En effet, la revalorisation de l’AAH à l’exclusion les personnes handicapées vivant en couple, combinée à la suppression annoncée de la prime d’activité pour les bénéficiaires de pensions d’invalidité, laissait présager le pire. J’avais hélas raison.
Depuis le 1er juillet, la suppression de la prime d’activité pour les travailleurs handicapés est effective. Cette mesure inacceptable occasionne ainsi une perte moyenne de 157€ par mois pour ceux qui en bénéficiaient jusqu’alors. Cette suppression pénalise de nombreuses personnes en situation de handicap aux revenus modestes et en fait même passer certaines sous le seuil de pauvreté. Il s’agit là d’une perte de pouvoir d’achat importante pour des personnes aux faibles revenus qui vont devoir sacrifier certaines dépenses élémentaires liées au logement, à l’alimentation ou encore à la santé.
Pour mémoire, retour sur la politique mise en place vis-à-vis de la prime d’activité pour les travailleurs handicapés :
– En 2016, les députés socialistes ont réformé le mode de calcul de la prime d’activité pour permettre aux travailleurs handicapés ou invalides de bénéficier de la prime d’activité. Pour cela, les allocations perçues par ces personnes (allocation aux adultes handicapés, pensions d’invalidité et rentes AT-MP) sont devenues assimilées à des revenus d’activité et non à des prestations sociales. L’objectif de cette réforme était de favoriser l’activité professionnelle de ces personnes généralement plus éloignées de l’emploi.
– À l’automne 2017, le Gouvernement et la majorité En Marche ont fait le choix de supprimer la prime d’activité pour les travailleurs handicapés, lors du vote du budget 2018. Concrètement, ils ont supprimé la quasi-totalité de ce que nous avions mis en place en 2016, en réassimilant les pensions d’invalidité et les rentes AT-MP à des prestations sociales, venant en déduction du montant de la prime d’activité.
Le groupe “Nouvelle Gauche” a fortement combattu cette mesure, en déposant notamment un amendement de suppression qui n’a pas été adopté.
Selon l’évaluation du Gouvernement, cette décision allait faire 10 000 « perdants », pour une économie totale de 20 millions d’euros par an. En réalité, les « perdants » seraient bien plus nombreux, selon les associations : on parlerait ainsi de 250 000 travailleurs handicapés ou invalides qui ne bénéficieront plus en 2018 de la prime d’activité.
Le Gouvernement n’a de cesse de dire qu’il faut valoriser le travail. Mais, en même temps, quand les personnes handicapées souhaitent travailler, il les défavorise en leur supprimant la prime d’activité que perçoivent les autres salariés. Le « en même temps » jupitérien est décidément très défavorable à la justice sociale.
Suppression de la prime d’activité pour les travailleurs handicapés : la question au Gouvernement d’Ericka Bareigts, Députée “Nouvelle Gauche” :
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