A l’occasion du Forum Educasport Monde, premier forum des acteurs du sport social et solidaire, qui s’est tenu la semaine dernière à Paris, j’ai donné une interview au journal La Croix.
Régis Juanico, secrétaire général de l’Agence pour l’éducation par le sport : « Les politiques de la ville n’ont pas assez mis l’accent sur le sport »
L’Agence pour l’éducation par le sport, qui s’adresse notamment aux jeunes des quartiers difficiles, tient à partir d’aujourd’hui un forum international à Roland-Garros (1). Son secrétaire général, Régis Juanico, député (PS) de la Loire, rapporteur du budget du ministère des sports à l’Assemblée nationale, souligne les avantages d’une démarche socialement bénéfique qui ne coûte pas très cher.
Le terme d’éducation par le sport est assez ambigu, car on le confond souvent avec l’éducation physique à l’école. Que recouvre-t-il précisément ?
Régis Juanico: C’est l’ensemble des activités sportives organisées à destination des publics traditionnellement éloignés du sport. Il s’agit moins d’obtenir des résultats sportifs que de créer du lien social et de faire en sorte que ces personnes, en majorité des jeunes mais pas seulement, trouvent ou retrouvent une place dans la société. La politique d’éducation par le sport est née des grandes révoltes dans les banlieues des années 1980, elle s’intéresse donc aux jeunes des quartiers difficiles, mais ils ne sont pas les seuls concernés. Le Centre national de développement du sport (un établissement dépendant du ministère tourné vers les politiques sociales) a récemment déterminé trois axes prioritaires : les femmes des quartiers populaires, dont la pratique sportive est largement inférieure à celle des garçons, les personnes en mauvaise santé ou sujette à une maladie chronique et les handicapés.
Depuis 30 ans, l’État a mis beaucoup d’argent dans les politiques d’intégration. Pour quels résultats, en ce qui concerne le sport ?
Régis Juanico : La grande erreur des différentes politiques de la ville menées depuis 30 ans est de n’avoir pas assez mis l’accent sur le sport. On a beaucoup investi dans l’éducation, la culture ou la rénovation des bâtiments et on a oublié l’outil sportif, qui ne coûte pas très cher au contribuable. En gros, l’État dépense 250 à 300 millions d’euros par an pour le sport social, ce qui est très peu au regard des économies énormes qu’il permet de faire dans ce qu’on appelle les frais de réparation sociale : rattrapage scolaire, allocations chômage, RSA, éventuellement frais policiers ou judiciaires, etc.
Le sport ne peut pas rattraper seul tous les maux de la société…
Régis Juanico : Bien sûr que non, mais il peut rapporter gros. Je pense à un club de football à Firminy, près de Saint-Étienne, dans mon département, qui a développé tout un système de stages et de formations pour des joueurs voulant devenir entraîneurs, arbitres ou dirigeants. Ce sont autant de jeunes qu’on ne retrouvera plus dans la rue ou à Pôle emploi. Autre exemple, les dépenses de santé. Une étude récente a montré que les personnes ayant une activité sportive régulière coûtaient en moyenne 250 € de moins par an à l’assurance-maladie. Si on multiplie par 65 millions (de Français), on obtient une économie de 16 milliards d’euros par an.
Recueilli par Jean-François Fournel
La Croix – Interview Education Par Le Sport by RegisJuanico
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