Le 19 mars est d’abord une Loi instaurant une journée nationale votée par le parlement en 2012, rendant hommage, selon son titre « à toutes les victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats au Maroc et en Tunisie ». Elle rassemble donc toutes les mémoires, y compris les plus douloureuses nées des événements tragiques qui ont fait suite au 19 mars. Ce devrait être une Journée de Concorde nationale.
En peine dans les sondages pour la primaire à droite, l’ancien Président de la République Nicolas Sarkozy cherche une nouvelle fois à provoquer la polémique. A la poursuite des suffrages de la frange dure de son camp, il vient de publier une tribune sur la Journée Nationale du 19 mars où il se montre fidèle à sa démarche de division des Français et de réécriture de l’Histoire. Comme le souligne la FNACA dans son communiqué de réponse à cette tribune (voir ci-dessous), il rallume la guerre des Mémoires.
Contrairement à ce que Nicolas Sarkozy peut affirmer, la date du 19 mars n’est ni la célébration d’une défaite, ni celle d’une victoire. C’est la reconnaissance des souffrances de l’ensemble des victimes civiles et militaires de la guerre
d’Algérie, y compris celles d’après le 19 mars. C’est le témoignage solennel d’une nation qui s’unit à partir et au-delà de ses mémoires collectives.
La Journée Nationale du 19 mars a été un moment d’espoir, celui de voir ceux qui se réjouissaient de la fin du conflit et ceux qui pleuraient leur terre de naissance se rassembler pour se recueillir ensemble dans le respect et la dignité.
Affirmer que le 19 mars est une mauvaise date, c’est continuer de voir l’arrêt des combats comme une défaite et oublier que le cessez-le-feu a été accueilli comme un soulagement par tous les appelés du contingents et leurs familles. C’est remettre en cause la légitimité démocratique du processus de paix mise en œuvre par le général de Gaulle. C’est s’asseoir sur la volonté des Français car c’est par référendum que 90.8% de nos concitoyens ont approuvé la fin du conflit en Algérie.
C’est oublier que tous les gouvernements, de gauche et de droite ont depuis unis leurs efforts pour dépasser les douleurs de cette période, notamment au sein des familles de rapatriés et de Harkis. C’est oublier que la République ne supprime ni la journée du 25 septembre, où elle rend hommage aux Harkis, ni celle du 5 décembre, où le souvenir des « Morts pour la France » de la Guerre d’Algérie et des combats au Maroc et en Tunisie est honoré. Chaque date a sa légitimité. Toutes sont importantes pour la construction d’une mémoire apaisée.
Qu’on puisse oublier cette nécessité, et ignorer le besoin de nouer un dialogue entre tous les Français est assez inquiétant.
On ne peut pas tout sacrifier au motif que l’on est engagé dans une campagne électorale. On ne peut pas mépriser à ce point notre histoire par rancœur vis-à-vis de François Hollande. Le 19 mars est une journée du souvenir, du recueillement, de la mémoire. Au nom de toutes les victimes de cette guerre atroce, elle devrait échapper à toute tentative d’instrumentalisation politique.
Le souvenir et l’hommage dû à ceux qui ont sacrifié leur jeunesse et leur vie pour la France, c’est le silence. L’ancien président, Nicolas Sarkozy, n’a pas moins le droit que les autres de
se soumettre à ce silence.
A Nicolas Sarkozy, et à ses alliés de circonstances d’extrême-droite, qui attaquent les commémorations du 19 mars 1962, nous répondons : ni polémique, ni repentance ! Les morts et les souffrances de la guerre d’Algérie comme de toutes les guerres appellent le respect des vivants.
Communiqué de la FNACA en réponse à la tribune de Nicolas Sarkozy sur le 19 mars 1962
Tribune de Jean-Marie Todeschini sur les commémorations du 19 mars 1962
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