Retrouvez mon intervention en tant qu’expert en politique publique sportive et membre du collectif « Pour une France en forme » sur les politiques publiques sportives au féminin lors du colloque organisé par les sénatrices et les sénateurs Laurence Harribey, Emilienne Poumirol, Patrick Kanner et Lozach Jean-Jacques le lundi 20 mars 2023.
« Nous avons cité un certain nombre de chiffres sur la place des femmes dans le sport, je voudrais en ajouter un autre. Dans les associations sportives, le sport est l’un des domaines d’activité les plus éloignés de la parité dans les fonctions dirigeantes : les femmes ne représentent que 24% des présidentes, contre 40% des trésorières et 48% des secrétaires (INJEP, mars 2023)
En ce qui concerne le niveau d’activité physique, l’étude ESTEBAN (sur la santé, l’environnement, la biosurveillance, l’activité et la nutrition) à partir des données collectées en 2015 établit que 60% des adultes de 18 à 74 ans ont un niveau d’activité physique atteignant les recommandations de l’OMS (30 minutes par jour).
Mais il existe une différence de taille, 70 % des hommes atteignent les recommandations pour seulement 53 % des femmes, avec une forte diminution constatée entre 25 et 35 ans et une remontée entre 35 et 45 ans
Toujours selon l’étude ESTEBAN, 22 % des femmes cumulent sédentarité (plus de 7 heures par jour en position assise ou allongée avec une dépense énergétique faible) et inactivité physique contre 17 % des hommes.
En janvier 2023, l’ONAPS (observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité) a réalisé une enquête sur les comportements sédentaires et la pratique d’activité physique lors des transitions de vie de la femme.
Les résultats permettent d’identifier des périodes de forte diminution du temps activité physique et d’augmentation du temps de sédentarité : l’entrée dans la vie étudiante (66% baisse d’activité physique et hausse de 74% hausse du temps d’écran), l’entrée dans la vie active et surtout la grossesse (baisse du temps d’activité physique pour 84% et hausse de la sédentarité pour 62%), le post-partum (hausse de la sédentarité de 88%) puis la parentalité (78%)
Les risques sont donc majorés pour les femmes en terme de santé à des moments clés tout au long de leur vie.
L’activité physique et sportive commence à diminuer dès l’entrée dans le primaire et continue à décroitre tout au long du cursus scolaire et encore pendant la vie étudiante, tandis que le temps passé assis s’accumule de plus en plus avec 8h par jour en moyenne pour les étudiants selon l’étude ONAPS ANESTAPS d’octobre 2022.
La moitié des garçons et un tiers des filles âgés de 6 à 17 ans atteignent les recommandations de 60 minutes d’activité physique d’intensité modérée à vigoureuse par jour.
La puberté est un des marqueurs du déclin de l’activité physique quel que soit le sexe, même si les chiffres sont particulièrement alarmants pour les filles. 70% des garçons et 56% des filles âgés de 6 à 10 ans atteignent les recommandations contre seulement 34% des garçons et 20% des filles de 11- 14 ans et 40% des garçons et 16% des filles de 15-17 ans (Verdot et al., 2020).
Le sexe est donc un déterminant important dans la diminution de l’activité physique. Le lien entre sédentarité et maladies cardio-vasculaires, 1ère cause de décès chez les femmes est démontré de longue date.
Comment encourager l’activite physique des filles et des femmes ?
1. Aménager le bâti scolaire et les cours de récréation pour favoriser les jeux mixtes, encourager les mobilités actives avec l’aménagement des abords des écoles
Tous âges confondus, les hommes se déplacent presque trois fois plus à vélo que les femmes mais à l’enfance et l’adolescence les garçons pratiquent six fois plus…
2. Prévenir le décrochage sportif des adolescentes au collège et au lycée avec plus d’EPS sur le modèle de l’étude « inverser les courbes » : test de forme dans les cours d’EPS accompagné d’un programme personnalisé d’entrainement pour recouvrer une bonne condition physique.
3. Des campus actif promoteur de santé pour nos étudiant(e)s et du design actif dans tous les territoires
4. Des équipements sportifs qui encouragent la pratique féminine (vestiaires, réflexion préalable sur l’utilisation genrée de certains équipements…)
5. Depuis 2019, les recommandations de la Haute Autorité de Santé incluent la prescription de l’activite physique adaptée pendant la grossesse.
Pendant la grossesse, le corps des femmes se transforme : prise de poids, modification du centre de gravité, augmentation de la fréquence cardiaque….
Pratiquer une activité physique modérée et régulière pendant la grossesse permet de mieux vivre ces changements physiques.
Reprendre l’activité physique après l’accouchement permet de se réapproprier son corps, contribue un peu à la perte de poids, diminue l’anxiété et les risques de dépression post-partum.
Le Ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques et l’ONAPS ont élaboré un guide présentant les bénéfices de la pratique d’une activité physique et sportive pendant et après la grossesse, qu’il s’agit de diffuser largement.
L’activité physique est bénéfique également pour lutter contre l’endométriose, une maladie qui touche une femme sur dix en âge de procréer.
Vous pouvez retrouvez l’ensemble des interventions lors du colloque dans cette vidéo : https://juvaprod.transfernow.net/dl/20230323L0YbcEcR.
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