J’ai été très heureux de pouvoir participer hier soir au siège de Paris 2024 à la cérémonie de remise d’insigne de la Légion d’Honneur par Tony Estanguet à l’ancienne -et selon moi, la « meilleure »- Ministre des Sports, Marie-George Buffet.
Comme Marie-George Buffet l’a très bien rappelé dans son discours :
« Mes plus beaux combats politiques en 20 ans de mandat au Parlement, je les dois à des visages et des paroles de citoyennes et citoyens engagés, de militants et militantes, aux bénévoles associatifs et sportifs rencontrés sur le terrain.
Ils et elles ont été mon inspiration permanente pour mener les avancées en matière de justice sociale, d’égalité entre les femmes et les hommes, de solidarité entre sport professionnel et amateur et de lutte contre le dopage ».
À l’Assemblée Nationale, avec Marie-George, nous avons pendant nos trois mandats parlementaires communs toujours pris soin de coordonner étroitement nos prises de paroles et nos amendements sur les textes de loi et l’examen des crédits budgétaires sur le sport.
Au-delà de notre défense commune de la spécificité du Ministère des sports -plein et entier-, de ses cadres d’Etat et des Conseillers Techniques Sportifs, nous avions déposé ensemble en 2020 une proposition de résolution pour un service public en faveur d’une culture sportive pour toutes et pour tous :
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b3059_proposition-resolution.pdf
?? Voici l’intégralité du discours prononcé par Marie-George lors de la cérémonie :
“Mesdames et Messieurs, je vous remercie très chaleureusement de votre présence à mes côtés lors de cette cérémonie qui, loin de me rajeunir, me cite à l’ordre de la Légion d’Honneur pour 52 ans de service à la Nation ! Le temps passe…
Je veux avant tout, et vous le comprendrez, saluer avec émotion mon mari, mes enfants, ma famille, présents ce soir. Mon engagement, mes mandats d’élue et de ministre n’auraient pas été possibles, voire soutenables, sans leur amour, leur soutien, les valeurs et les combats partagés et… leur patience, leur tolérance à mes absences. Je veux leur dire tout simplement merci, et surtout, surtout, que je les aime…
Monsieur le Président Tony Estanguet, vous m’avez fait l’honneur de me remettre les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur, je veux ici vous en remercier et surtout vous dire mon admiration pour votre parcours d’athlète de haut niveau… j’ai eu la joie de vous soutenir lors des Jeux Olympiques. Vos exploits ont contribué au rayonnement de notre pays et ont suscité, j’en suis certaine, de nombreuses vocations sportives.
Aujourd’hui, Président du COJO, vous avez la lourde et passionnante tâche d’organiser, en partenariat avec l’État, le déroulement des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 à Paris et, disons-le ici, des Jeux qui sont un peu, beaucoup même, en Seine-Saint-Denis… Un beau défi !
Une responsabilité aussi, celle de faire vivre dans la préparation, le déroulement et l’héritage de ces jeux les valeurs de l’olympisme consignées dans la Charte Olympique.
Au moment où, de par le monde, des régimes instrumentalisent le sport, bafouent ses valeurs , je sais, monsieur le Président, votre engagement pour défendre et promouvoir partout, un égal et libre accès aux femmes et aux hommes à toutes les pratiques sportives.
Engagement, un beau mot sur lequel je veux m’arrêter en partageant cette décoration qui m’honore, avec les femmes et les hommes engagé.e.s.
Lorsque je débats avec des jeunes, à l’invitation des équipes pédagogiques de collèges ou de lycées, je leur dis souvent que l’engagement d’un individu, qu’il soit associatif, syndical ou politique, organisé ou spontané, ponctuel ou sur la durée, que l’engagement est pour lui, pour elle, source de liberté.
Ces deux mots : « engagement, liberté » peuvent paraître éloignés voire opposés. Je ne le pense pas.
Agir, ne plus subir, ce positionnement permet à chaque individu, par sa prise de parole, son action propre et sa participation à l’action collective, de créer des espaces de liberté et d’ouvrir les portes de l’espoir en un monde meilleur…
L’espoir en un monde meilleur… Ces mots sont-ils obsolètes ?
Un espoir en l’avenir, en un autre vécu pour soi, pour les autres, qui motive, mobilise, rassemble et construit de la solidarité, peut être d’une belle et féconde actualité face aux récessions et défis auxquels l’humanité est confrontée.
Oui, l’engagement de chacune et chacun est un formidable moteur de progrès et d’émancipation. L’histoire de notre pays, marquée par de grands et utiles mouvements populaires de résistances et de conquêtes, de la grande Révolution de 1789 à aujourd’hui, en témoigne.
Vous comprendrez qu’en ce lieu consacré au sport, je veux tout d’abord rendre hommage aux bénévoles sans qui le droit de tous et toutes à un accès à la pratique sportive ne serait pas assuré.
Le sport est un beau spectacle, une source d’épanouissement, de bien-être pour chaque pratiquant et pratiquante, mais il réussit à être plus que cela : un facteur de lien social, de partage, de rencontre, et parfois de rapprochement entre les peuples, et c’est bien grâce à ceux et celles qui font vivre les associations sportives, du club à la fédération, en y consacrant, sans contrepartie, du temps et en donnant beaucoup d’eux-mêmes.
Je suis persuadée qu’un vrai statut du bénévole, permettant d’élargir les vocations, d’enrichir le débat démocratique au sein du mouvement sportif serait un bel outil pour agir face à la marchandisation croissante du sport.
Durant les cinq années passées au Ministère des Sports et -à l’époque- de la Jeunesse et de la Vie associative, j’ai énormément appris des acteurs et actrices du mouvement sportif et associatif, même si parfois nos débats ont été, on peut le dire ainsi, animés. Je les remercie de leur soutien dans le combat que nous avons mené ensemble au plan national et international contre le dopage, pour l’éthique et pour l’intégrité physique et psychique des athlètes.
Tous ces bénévoles associatifs côtoient dans leur engagement les élu.e.s de la République.
Mesdames, messieurs vous êtes nombreux ici à être des élu.e.s du suffrage universel, vos mandats sont divers mais toutes et tous, vous êtes au service de notre Nation. Au plus près des populations, vous menez débats d’idées et actions concrètes afin de rendre effectifs les droits acquis par notre peuple et en conquérir de nouveaux.
Être élu.e se conjugue avec disponibilité, écoute, mais aussi audace et confiance dans des propositions et un projet de société novateur.
Il est de bon ton dans certains milieux, ces temps-ci, de dénigrer ceux et celles qui occupent des fonctions publiques. Si la critique est nécessaire et parfois justifiée, l’intégrité étant une exigence pour une ou un élu.e de la République, systématiser ce dénigrement, en faire des manchettes, nourrir le « tous pourris », peut, nous en avons conscience ici, conduire à la remise en cause de notre démocratie.
Soyons, au contraire, aux côtés de nos élu.e.s pour la vivifier. Être élu.e, c’est une source incroyable d’humanité, chaque rencontre, discussion avec les citoyens et les citoyennes vous apprend, vous questionne, vous met parfois en colère mais, je l’ai vécu ainsi, vous apporte, vous enrichit.
Et les batailles que j’ai menées, avec le plus de détermination pendant vingt ans, à l’Assemblée Nationale, ce sont celles qui m’évoquaient de façon concrète, des visages, des paroles, des luttes, tous et toutes porteurs d’exigences d’égalité, de justice et de dignité.
Et puis être élu.e, c’est se confronter au jugement des électrices et des électeurs et le respecter car, que cela plaise ou non, la République appartient avant tout aux citoyennes et aux citoyens. Ils en furent les bâtisseurs hier, ils en sont les garants aujourd’hui.
Bénévoles, élu.e.s, j’ai envie de parler aussi des militants et militantes en nombre ici, des femmes et des hommes modestes, engagé.e.s dans un syndicat, un parti, au service de leurs idées, d’un projet de société et mobilisés au quotidien pour relayer les revendications, les colères, les révoltes mais aussi, les besoins et aspirations.
La politique n’est pas un gros mot, militer n’est pas dépassé, ce sont des éléments vitaux d’une démocratie.
Débattre des solutions à mettre en œuvre, agir pour conquérir de nouveaux droits, se mobiliser pour porter les valeurs de la République face à tous les égoïsmes, à tous les replis, agir pour les libertés contre toute oppression, agir aux côtés des peuples pour la reconnaissance de leur indépendance, sont des actes qui contribuent à faire de la France, le pays des droits des êtres humains.
Et je suis heureuse de voir que les jeunes générations sous des formes parfois nouvelles, prennent le chemin du militantisme, moi qui ai mis en grève ma classe de terminale en mai 1968 !
J’ai beaucoup appris dans mon parcours au sein du PCF, un espace d’éducation populaire et de fraternité.
Oui, je suis une militante et chacun sait ici que mon combat vise une société de partage des savoirs, des pouvoirs et des richesses, une société humaniste et féministe.
Le combat contre la domination patriarcale, les pressions culturelles ou cultuelles, pour une pleine égalité entre les femmes et les hommes, ici en France et de par le monde, est plus que jamais d’actualité face à la montée des idéologies réactionnaires.
Ce combat féministe est au cœur de la marche vers une pleine émancipation du genre humain. Il est au cœur de l’association que je préside :” Femmes ici et là-bas” qui agit pour le libre accès des filles et des femmes à la pratique sportive.
Et permettez-moi, de saluer chaleureusement la présence parmi nous de combattantes, des femmes qui ont dû fuir leur pays pour vivre en pleine liberté leur vie de femmes, mesdames les handballeuses de l’équipe nationale d’Afghanistan !
A travers elles, ce sont toutes les femmes qui agissent pour leur liberté et l’égalité des droits que nous soutenons.
Mesdames, messieurs, je veux une nouvelle fois vous dire le bonheur que me procure votre présence à cette cérémonie, elle constitue pour moi un fort encouragement à poursuivre mes engagements avec vous.
Toutes et tous ensemble est un beau mot d’ordre pour demain… Merci. »
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