Retrouvez mon interview à Patrick Françon pour 42tv dans le cadre de l’émission « Les coulisses de la Loire ».
« Le mandat de député est pour moi le plus beau » : retrouvez mon interview à Patrick Françon pour 42tv dans le cadre de l’émission « Les coulisses de la Loire ».
Pat Françon : Premier constat, ce n’est pas toujours que les politiques tiennent leur parole notamment les parlementaires, en disant que c’est leur dernier mandat.
Régis Juanico : oui, d’ailleurs c’était une règle qui aurait dû être votée durant ce quinquennat, le Président Macron s’y était engagé : pas plus de 3 mandats consécutifs pour les députés. Enfin bon…, vous savez qu’il y a d’autres engagements qui n’ont pas été tenus, notamment la suppression du nombre de parlementaires.
Moi, je crois que c’est une bonne règle puisque 15 ans au Parlement ça suffit amplement quand on a bien travaillé et c’est une règle de renouvellement, de respiration démocratique, ça permet aussi quand on a été élu relativement jeune comme moi à 35 ans, de pouvoir passer le témoin et d’avoir du renouvellement du personnel politique.
Pat Françon : Alors vous avez su être quelqu’un qui a travaillé qui a eu des engagements parlementaires et en même temps qui n’a pas déserté le terrain. Donc un bon compromis finalement.
Régis Juanico : Oui moi j’ai toujours conçu ce beau mandat de député -j’ai écris un livre d’ailleurs là-dessus- comme étant à la fois un mandat national puisqu’on est dans l’hémicycle à l’Assemblée nationale pour voter la loi, pour contrôler l’action du gouvernement pour évaluer les politiques publiques
C’est passionnant de légiférer mais ce qui compte beaucoup c’est l’ancrage territorial. C’est être élu dans une circonscription par des électeurs, par des habitants, être à leur contact et moi j’ai toujours dit que la meilleure façon de vérifier que la loi vit bien dans le quotidien, c’était d’être très présent sur le terrain pour faire remonter notamment les préoccupations de nos concitoyens.
Pat Françon : Dans quel contexte vous êtes-vous senti le plus à l’aise, est ce que c’était comme député de l’opposition ou au contraire comme membre de la majorité gouvernementale ?
Régis Juanico : Alors moi c’est un peu particulier parce que j’ai toujours eu le sentiment d’être un peu dans l’opposition en tout cas j’ai toujours été un défenseur des droits du Parlement face à l’exécutif durant ces 3 mandats, même quand j’étais dans la majorité.
Mais ça ne c’est quand même pas très bien terminé, François Hollande n’a pas pu se représenter à la Présidence de la République, donc pour moi le problème n’est pas majorité ou opposition parce qu’en fait à l’Assemblée nationale 80% du travail parlementaire, contrairement à ce que l’on voit aux questions au gouvernement, c’est pas de l’invective, c’est pas des conflits, c’est pas des confrontations, c’est un travail transpartisan.
80% des rapports parlementaires sont faits entre députés de la majorité et de l’opposition, sur les 35 rapports parlementaires que j’ai eu l’honneur de de publier pendant 15 ans, la moitié ont été fait dans un cadre transpartisan au comité d’évaluation et de contrôle avec des députés de droite ou En Marche : Jean-Frédéric Poisson, François Cornut-gentille, Jacques Myard ou Michel Heinrich, plus récemment avec Nathalie Sarles et Marie Tamarelle et enfin, Cédric Roussel.
Donc ce travail, il marche et ce que je veux aussi dire c’est que ces rapports connaissent une suite positive en matière de préconisations, ça ne sert pas à caler les armoires et j’ai calculé que sur les deux tiers des préconisations de ces rapports pendant 15 ans, avaient été suivi d’effets par le gouvernement, ou par le gouvernement ou les Assemblées. C’est un travail utile au quotidien à l’Assemblée Nationale.
Pat Françon : Souvent on dit que ce sont presque uniquement des applications des directives du Parlement européen est-ce que c’est vrai ça ?
Régis Juanico : Non, on exagère beaucoup, d’ailleurs beaucoup de textes du droit européen passent en discussion à l’Assemblée nationale, il y a une commission des affaires européennes qui est chargée d’examiner l’ensemble de ces textes-là, les directives sont adaptées bien évidemment mais ça ne constitue pas le cœur aujourd’hui du travail parlementaire.
Le problème aujourd’hui c’est l’inflation législative, 100 textes de loi votés chaque année, 500 par mandature et on passe 80% de notre temps finalement à l’Assemblée nationale à discuter les textes de loi.
On devrait faire le contraire, 80% sur le contrôle du gouvernement à faire des commissions d’enquête, ça a été très utile vous savez pour l’affaire Benalla ou pour les cabinets de conseils privés très récemment, c’est ce travail-là qui est qui pour moi le plus important et plus le travail d’audition.
Certes, en 15 ans j’ai pu intervenir 3000 reprises en séance et en commission mais j’ai surtout réalisé près de 2000 auditions dans le cadre de mes rapports et c’est vraiment ce travail-là qui me paraît être la richesse du Parlement.
Pat Françon : Alors sur ces 15 ans de vie parlementaire quel est l’événement qui vous a le plus marqué ou la mission dans laquelle vous vous êtes le plus senti investi à la fois pour des raisons personnelles parce qu’on sait que vous êtes branché sur le sport et notamment le sport santé ?
Régis Juanico : Il y a des choses qu’on a fait voter dans la loi pour moi au cours de ces trois mandats, dans une circonscription ouvrière au passé minier bien sûr. J’ai été très fier de pouvoir voter des avancées sociales sur la pénibilité au travail, c’est là un des principaux facteurs d’inégalité dans notre pays même s’ils ont été rabotés ensuite par le gouvernement d’Edouard Philippe
J’ai été très fier aussi de pouvoir défendre le régime de sécurité sociale des mineurs de fonds qui étaient menacés, le remboursement à 100% pour les anciens mineurs de fonds qui existe toujours et puis sur le plan législatif, en 2016 de pouvoir faire passer dans la loi le sport sur ordonnance la possibilité de prescrire une activité physique et adaptée par les médecins traitants ou aux malades chroniques, aux infections de longue durée, ça c’est une grande avancée en termes de santé publique.
Pat Françon: Sur le plan de l’appartenance politique, ancien membre du parti socialiste vous étiez peut être pas frondeurs déjà à cette époque, vous aviez adhéré à Génération.S et je reçois votre newsletter il y a toujours le logo en haut comment vous situez-vous aujourd’hui en 2022 ?
Régis Juanico : Moi ma fidélité bien évidemment a été longtemps au Parti socialiste pendant 30 ans et puis j’ai estimé que ce n’était plus dans cette famille politique que le débat avait lieu que les courants de pensées telles qu’on les avait connu il y a 30 ans pouvaient s’exprimer et déboucher sur des compromis politique.
Je ne crois plus trop aux partis politiques traditionnels qui ont vécu. Je suis dans un mouvement politique Génération.s qui fait partie du Pôle écologiste, aujourd’hui je crois beaucoup plus aux forces vives notamment de la gauche et des écologistes qui sont dans la société civile, dans les ONG, dans l’économie sociale et solidaire, dans le mouvement sportif, dans le mouvement associatif et c’est plutôt de ce côté-là qu’une nouvelle dynamique peut être enclenchée.
On parlait de Benoît Hamon, il est directeur de Singa qui est une association qui a une antenne stéphanoise pour les migrants et les réfugiés pour leur accueil mais aussi pour le développement de leurs compétences, l’apprentissage de la langue, la création d’entreprise et voilà je trouve qu’aujourd’hui beaucoup de l’innovation et de la création à gauche se situe dans cette mouvance-là et peu dans les formations politiques traditionnelles.
Pat Françon : Pour autant vous avez préparé la succession avec votre collaborateur parlementaire Pierrick, aussi Conseiller départemental, Conseiller municipal et Conseiller métropolitain qui sera sans doute candidat dans un contexte très compliqué où on peut dire que la gauche de gouvernement a quand même payé cher les premiers tours des élections présidentielles avec un pôle de gauche, je l’entendais en venant vous rejoindre sur une radio avec la France insoumise, un de ses représentants qui estimait qu’ils avaient la main pour décider l’union de la gauche ou pas et en tout cas pas avec les socialistes comment vous voyez ce paysage ?
Régis Juanico : Il y a eu un vote utile bien évidemment, en direction de Jean-Luc Mélenchon, il faut le respecter et en même temps faut pas reproduire aux élections législatives les mêmes erreurs que nous avons commises pour les présidentielles, c’est à dire, la désunion entre la gauche et les écologistes donc il faut un accord de rassemblement ça se fera autour du programme de la France Insoumise mais ça nécessite aussi qu’il puisse y avoir une pluralité de candidatures de l’ensemble de la gauche écologiste communiste, des candidats du PS de gauche aujourd’hui plutôt dans la gauche et tout cela doit pouvoir faire un accord aux législatives.
Moi c’est ce que je préconise, il faut savoir aussi qu’aux législatives il y a beaucoup moins de participation, les élections départementales sont un petit peu des mini-législatives, donc c’est vrai que les élus départementaux qui sont en place c’est le cas de de Pierrick Courbon, c’est mon cas aussi dans la première circonscription on a cette capacité aussi à aller chercher un bien meilleur score que ce qu’on réaliser nos candidats respectifs à l’élection présidentielle.
Donc voilà il faut discuter dans les prochains jours mais moi en tout cas j’appelle à cette union, ce rassemblement le plus large de la gauche aux législatives.
Pat Françon : Pour finir et on va être bref sur votre passion pour le sport, vous avez pratiqué le handball, vous avez été capitaine de l’équipe de France de l’Assemblée nationale de football et vous avez aussi pratiqué l’athlétisme. Qu’est-ce que vous allez faire demain ? je vous je vous vois pas rester inactif.
Régis Juanico : Je continue en tant qu’élu au département de la Loire, alors bien évidemment sur le plan professionnel je vais continuer dans le sport, j’ai déjà une commande pour écrire un livre sur la question de la sédentarité. À paraître début 2023 dans la suite de mon rapport parlementaire de juillet 2021.
Je souhaite à partir de mon expérience parlementaire accumulée avoir une activité professionnelle orientée sur le conseil en politiques publiques sportives aux collectivités, aux fédérations, aux grands événements sportifs internationaux il va y avoir de de magnifiques opportunités avec la Coupe du monde de rugby 2023 et les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Je vais continuer les activités physiques et sportives je continue à lancer dans mon club coquelicot 42, le poids le disque ainsi que le marteau, voilà dès que je le peux et puis j’ai commencé une nouvelle activité spotive : je suis licencié à la fédération française de Golf.
Pat Françon : …et bonne course parce que vous allez aller courir dans quelques instants
Régis Juanico : Oui à Roche-la-Molière un jogging en ramassant les déchets, c’est ce qu’on appelle « le plogging » !
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Bonjour REGIS,
MERCI pour le travail humain que vous faites. Nous sommes tous avec vous dans la continuité. Respectueuses salutations.
Alexandre AÏT MANSOUR