Retrouvez l’intégralité de mes interventions lors des deux premiers débats « sport » dans le cadre de la campagne des élections présidentielles en présence des représentants des différents candidats :
Le débat du Think tank Sport et Citoyenneté mercredi 2 février 2022 : « Quelle place pour le sport dans le prochain quinquennat ? »
Le replay est ici.
Le grand oral de l’Association Nationale des Étudiants en STAPS Anestaps avec la présentation des propositions de Yannick Jadot, candidat écologiste à l’élection présidentielle sur le sport devant plus de 400 jeunes engagés à l’occasion du 46ème congrès de l’ANESTAPS x BDE STAPS Grenoble !
Le replay est ici.
Mon intervention au débat présidentielle sport de l’ANESTAPS à Grenoble le 4 mars 2022 :
« J’aurais aimé être à Grenoble avec vous physiquement cet après-midi, je veux saluer mon ami Eric PIOLLE, le Maire de Grenoble et toute son équipe municipale qui font un travail extraordinaire pour que Grenoble soit une ville sportive et active, vous le verrez, il y a beaucoup de vélos à Grenoble, beaucoup de mobilités actives, beaucoup de possibilités de sport nature et de sport en plein air et c’est ce modèle que l’on veut promouvoir.
Je veux avoir en ce jour de 4 mars aussi, et l’ouverture de la cérémonie des jeux paralympiques à Pékin, qui a lieu en ce moment, une pensée pour nos amis ukrainiens. Cette cérémonie se fait sans les athlètes russes, sans les athlètes biélorusses, et c’est une très bonne décision je crois, sous la pression notamment de notre amie Marie-Amélie Le Fur et des instances internationales paralympiques.
Je veux aussi vous dire que je suis très heureux de vous retrouver, j’étais présent au 45ème congrès de l’ANESTAPS à Clermont-Ferrand fin octobre, pour l’inauguration de la friperie solidaire, la première de l’ANESTAPS, je sais que depuis, il y a eu plusieurs dans d’autres villes et puis bien évidemment pour m’adresser à vous lors de l’ouverture de ce congrès à la Halle Jean Pellez d’Aubière.
C’est vrai que j’avais eu l’occasion à cette époque de dire que nous avions tous été très choqués par ces files d’attentes, par ces images d’étudiants qui faisaient la queue devant les banques alimentaires au cours de la crise sanitaire. Nous le savons, pendant deux ans, et je l’ai redit plusieurs fois en tant que Vice-président des affaires culturelles et de l’Éducation, notamment pendant une commission d’enquête avec Marie-Georges Buffet, nous avons assisté à une très grande fragilisation sur le plan physique, sur le plan psychologique, des étudiants qui sont déjà affectés par un taux de précarité et de pauvreté très importants.
Je n’ai cessé d’interpeller à plusieurs reprises, comme vous l’avez vu, Frédérique Vidal, la Ministre en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche sur cette situation insupportable et sur les effets de la covid. J’ai aussi dit que les étudiants STAPS dans notre pays sont une force de frappe considérable en matière de solidarité et d’entraide dans nos universités. J’aurais souhaité, pendant ces deux ans de crise sanitaire ou les étudiants se sont trouvés très isolés, que le ministère, les pouvoirs publics aient pris l’initiative de lancer des activités physiques collectives de plein air parce que c’était tout à fait possible sur nos campus, ce qui aurait pu constituer une bouffée d’oxygène pour nos étudiants.
À part quelques initiatives isolées et je vous remercie, l’ANESTAPS, pour les avoir initiées dans quelques campus, rien n’a été fait par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et je crois que les activités physiques et sportives ont été les grandes oubliées de ce quinquennat en particulier dans l’enseignement supérieur. C’est dommage puisqu’entre les SUAPS, entre la FFSU, nous avons un écosystème remarquable et donc je voulais le dire en introduction.
Sur vos propositions phares, vous évoquez un plan d’urgence pour la filière STAPS, je dirais même un plan de rattrapage aujourd’hui puisqu’un certain nombre de décisions viennent d’arriver en fin de la mandature. Finalement, votre mobilisation avec les enseignants de STAPS a payé.
Vous étiez en grève vous étiez en manifestation à la rentrée universitaire 2021, nous avons pu relayer là encore, auprès de F. Vidal, vos revendications en disant que les STAPS sont passés en dix ans de 30 000 étudiants à 65 000 quasiment, c’est un doublement, avec seulement 30% de moyens supplémentaires.
Aujourd’hui, le taux d’encadrement en STAPS est de 1 enseignant pour 35 voire 45 étudiants,, les infrastructures sont vieillissantes, elles sont mêmes parfois insalubres. J’étais, il y a quelques mois, au STAPS de Rennes à l’invitation de Mickael ATTALI, qui se situe entre un incinérateur et une déchetterie, c’est vous dire la place qu’occupe STAPS dans le monde universitaire. Je veux dire qu’en 2020, nous avions 5 000 lycéens qui n’avaient pas pu rejoindre la filière STAPS et nous l’avions souligné d’ailleurs dans notre rapport d’évaluation de la loi « orientation et réussite des étudiants » avec Nathalie SARLES, ma collègue députée, il y a quelques mois.
C’est aujourd’hui une situation qui n’est pas tolérable, il faut des places pour l’ensemble de ces lycéens qui souhaitent poursuivre leurs études en STAPS et quand l’on voit que pendant 5 ans, sur les 13 millions d’euros qui ont été affectés en plus à la fillière STAPS, seulement 50% de ces financements sont arrivés aux composantes de STAPS, là aussi, il y avait des motifs de manifester, de faire grève, et d’obtenir un début de moyens avec ces 80 postes supplémentaires. C’est insuffisant, il faudra bien évidemment aller plus loin.
Sur votre deuxième revendication sur les formations, on a un gros problème de visibilité des formations aujourd’hui dans le domaine du sport.
Comment un jeune peut se repérer quand il a face à lui des TFP, des CQP, des BPJEPS, BEJEPS, des STAPS etc.. ?
Il faut qu’il y ait une cohérence entre chaque formation, une visibilité claire.
Les STAPS ce n’est pas forcément un métier, c’est beaucoup d’autres métiers. On évoquait tout à l’heure les Bac Pro, la mention complémentaire, je veux simplement souligner qu’aujourd’hui c’est seulement 84 lycées professionnels, 1000 élèves qui sont concernés en France.
Pour le Bac général et tout ce qui concerne l’enseignement de spécialités, c’est 94 lycées et 2000 élèves seulement qui sont concernés, donc on est très loin du compte.
Je dirai que le plus important est que vous puissiez passer votre diplôme en Licence 3 plutôt qu’à la fin du Master 2. Et notamment aujourd’hui le on voit, beaucoup de jeunes sont en difficultés pour passer le professorat d’EPS, alors qu’il y avait 870 postes au CAPEPS en 2017, il y a eu une diminution durant le quinquennat Macron de 190 postes, 680 postes ouverts en externes et 80 en internes.
En Licence 3, si nous vous faisions passer le diplôme à ce moment-là, nous pourrions avoir deux années de professionnalisation derrière en M1 et en M2.
Sur la proposition de loi sur la démocratisation du sport, puisqu’on parlait tout à l’heure de la reconnaissance des enseignants en APA, je veux regretter la faible place qui a été donné à l’Enseignement Supérieur.
Vous souhaitez légitiment être représenté au CA de l’Agence Nationale du Sport, je souhaitais que les étudiants en STAPS soient représentés dans les conférences régionales du sport et dans les projets locaux du sport, cela nous a été refusé et dans le texte de loi voté, nous avons l’ouverture des équipements sportifs des campus vers l’extérieur et les associations sportives.
Je souhaitais, à travers des amendements, mieux reconnaitre le diplôme et la formation des enseignants en activité physique adaptée. Ces amendements ont été refusés, ils ont été déclarés irrecevables, je pense pour ma part qu’ils avaient un lien très fort avec le texte. Les masseurs-kinésithérapeutes ont eu, eux, gain de cause, sur leurs revendications et donc il faudra revenir là-dessus, pour que nous puissions reconnaitre enfin cette formation vieille de 40 ans, et qui aujourd’hui est une filière d’avenir pour les STAPS, en activité physique adaptée.
La principale mesure de Yannick Jadot, sera de permettre le remboursement par la Sécurité sociale, des premières consultations médico-sportives dans le cadre de la prescription des activités physiques adaptées. J’ai été avec Valérie FOURNEYRON parmi les députés qui ont mis dans la loi, la possibilité d’une prescription d’APA, pour les pathologies chroniques à l’époque et aujourd’hui on a la possibilité d’aller plus loin, et il faut enlever le frein du coût financier.
Question : Quelle place comptez-vous donner aux enjeux environnementaux au sein des formations du sport ?
Il y a deux grandes priorités pour Yannick Jadot.
La première est la lutte contre la sédentarité. J’aimerais remercier l’ANESTAPS d’avoir lancé une enquête avec l’Observatoire Nationale des Activités Physiques et Sportives, sur la pratique des étudiants en activité physique et sportive. On sait qu’il y a 46% des étudiants qui considèrent ne pas avoir le temps de pratiquer une activité physique et sportive. On a donc un moment de décrochage sportif important et j’espère que les résultats de votre enquête permettront de déboucher sur un ensemble de solutions.
Oui sur l’écologie, c’est une des grandes priorités de Yannick JADOT, la question de l’adaptation de notre modèle sportif au réchauffement climatique mais aussi à un certain nombre de grands enjeux liés à l’organisation des grands évènements sportifs internationaux, je l’ai évoqué tout à l’heure, il faudra un cahier des charges très stricte dans les instances sportives internationales en matière de respect des droits sociaux, des droits humains et des droits écologiques et donc de l’environnement.
Ces instances comme la FIFA ou l’UEFA sont en train d’évoluer sur le plan politique vous l’aurez remarqué, les Jeux olympiques d’hiver de Pékin, la coupe du Monde de football au Qatar, la mise au ban sportive de la Russie après son agression de l’Ukraine…
Pour ce qui concerne l’écologie, il y a un moyen d’agir au niveau national bien évidemment. Il y a 2,5 millions d’évènements sportifs organisés par les clubs, il faut labelliser l’ensemble de ces clubs avec des chartes d’écoresponsabilité et il faut conditionner les subventions notamment de l’agence nationale du sport à des critères d’écoresponsabilité.
Il faut aussi, développer tout ce qui concerne l’économie sociale et solidaire, on peut avoir un écosystème et pas seulement pour les stations de ski parce qu’on on aura beaucoup moins de stations ou on aura de la neige. Mais tout ce qui concerne les déchets, le plastique, les transports notamment des équipes, tout ce qui concerne la consommation de l’eau et l’alimentation en circuit court, je pense que l’ANESTAPS, a beaucoup d’idées à nous soumettre qui peuvent être des bonnes pratiques, qui peuvent être reprises.
Puis le développement du sport nature, et du sport plein air que j’ai évoqué précédemment, mais aujourd’hui nous voulons avec Yannick JADOT, tous les trimestres, proposer aux élèves, une découverte de sport nature, nous avons notamment dans notre région Auvergne-Rhône-Alpes, beaucoup d’opportunités.
Question : Bonjour Monsieur JUANICO, actuellement il existe plus de 1000 formations dans les champs du sport et de l’animation, vous avez évoqué souhaiter mettre en place une certaine cohérence entre ces formations, comptez-vous réellement agir sur cette thématique ?
Aujourd’hui ce qui manque, c’est un paysage clair, lisible et beaucoup plus simple des formations aux métiers du sport, vous êtes les futurs professionnels des différents secteurs sportifs et ce n’est pas seulement le professorat de l’EPS.
Je suis un fils de professeur d’EPS, mais évidemment aujourd’hui je crois beaucoup à la filière activité physique adaptée, je suis en train de me battre très concrètement pour que nous puissions élargir les publics, les médecins prescripteurs, pour que nous puissions vraiment donner une dynamique à ce secteur-là.
Oui il faut qu’au Ministère des Sports et au Ministère de l’Enseignement Supérieur, on se mettent enfin autour de la table et qu’on puisse reconnaitre à leur juste valeur des filières notamment des enseignants des activités physiques adaptées.
J’aimerais parler de ce qu’on peut faire avec Yannick JADOT dans les campus, Il faut généraliser les tests de capacité physique aujourd’hui, à l’image de ce que fait Thierry Barrière au niveau de l’Université de Paris avec l’application « Tous en forme » que vous connaissez très bien à l’ANESTAPS.
Il faut élargir le Pass sport, nous nous engageons à l’élargir jusqu’à 20 ans mais surtout l’élargir dans ses modalités, aujourd’hui c’est 50 euros et la reprise de licence, nous voulons 300 euros comme le Pass culture et la possibilité d’acheter des petits équipements sportifs, d’aller dans les lieux de pratique pour tous les jeunes sans conditions de ressources jusqu’à 20 ans.
Nous voulons aussi promouvoir « les campus actifs », promoteurs de la santé comme ce qu’il se fait au Canada avec la possibilité de développer dans les universités, du design actif, comme on fait ici à Saint-Etienne, on est en train d’être démonstrateurs avec la cité du design et Thierry Mandon, aménager le mobilier urbain pour promouvoir l’activité physique.
Et je termine sur la formation des professeurs, elle a diminué en volume dans le master MEEF aujourd’hui qui forme les professeurs des écoles et c’est insupportable. Il va falloir former les professeurs des écoles, vous savez que l’USEP est attaqué dans la proposition de loi qui vient d’être adoptée avec la définition des alliances éducatives territoriales qui vont venir concurrencer l’USEP, nous voulons que les professeurs des écoles soient mieux formés, plus formés aux activités physiques et adaptées lors de leur formation.
Mon intervention au débat Sport et Citoyenneté : « Présidentielle 2022, quelle place pour le Sport dans le prochain quinquennat », le mercredi 2 mars 2022
Julian Jappert : Pouvez-vous vous présenter ?
RJ : « Merci à Sport et Citoyenneté pour ce premier grand débat sur les enjeux sportifs de la campagne présidentielle. Je suis Régis Juanico, député de la Loire, Vice-Président de la Commission des Affaires culturelles et de l’Education à l’Assemblée Nationale, spécialiste des questions sportives depuis 15 ans, membre du Conseil d’Administration de l’Agence Nationale du Sport et Co-Président du Groupe de travail sur les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 à l’Assemblée Nationale. »
JJ : « Merci Régis, vous représentez le candidat Yannick Jadot, comment et c’était la vous arrivez, à convaincre Yannick Jadot de parler de Sport ? »
RJ : « Alors, c’est déjà fait ! Puisque bon, on a un programme qui a été édité par le candidat Yannick Jadot et nous avons pu avec Anne-Marie Heugas qui est avec moi déléguée en charge du Sport un certain nombre de propositions qui se retrouvent de manière transversale dans le programme que ce soit dans la partie santé, éducation ou environnement.
JJ : « Eh bien, Régis Juanico, on vous laissera un peu plus de temps pour développer ça, mais on a compris comment vous avez intéressé le candidat Yannick Jadot, en particulier je comprends avec ces questions de Santé et d’Ecologie. Quelles sont les idées fortes que vous allez défendre avec Yannick Jadot ?»
RJ : «Je veux d’abord, exprimer un regret : pendant cinq ans, le sport n’a pas été considéré comme une grande cause nationale et comme une priorité.
Le Parlement vient de voter une Proposition de Loi visant à démocratiser le Sport et non pas un Projet de Loi Héritage et Société, dans les arrêts de jeu du quinquennat, parce, à un petit peu plus de 2 ans des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, donc on est dans le « money time » de l’héritage des Jeux, c’est-à-dire la possibilité de mettre en place des politiques publiques sportives avec des effets visibles et mesurables.
Pendant les deux ans de la pandémie, on a bien vu que l’activité physique qui est pourtant une activité vitale, n’a pas été considérée comme un bien essentiel. Notamment, en terme de messages de prévention en Santé publique pour la Covid, au même titre que la vaccination et les gestes barrière.
Il a fallu aussi que les acteurs du sport se battent à chaque moment, pour arracher des décisions favorables et on a je crois, raté de formidables opportunités à la fois pour développer les activités physiques adaptées à tous les âges de la vie, pour généraliser des campus actifs pour nos étudiants, fragilisés psychologiquement, physiquement et aussi isolés.
Et puis aussi, pour généraliser de dispositifs complémentaires d’activité physique quotidienne à l’école : 30 minutes par jour, ce n’est pas suffisant et aujourd’hui, ça ne concerne que 8000 écoles sur 30.000 alors qu’il aurait fallu généraliser sur l’ensemble des écoles pendant la crise sanitaire.
Pour Yannick Jadot, il y a deux grands enjeux pour ce qu’on appelle le sport d’après et notamment pour le Sport du XXI° siècle : le premier enjeu, c’est un enjeu de Santé publique, c’est la lutte contre les modes de vie sédentaires, que j’ai qualifiée moi-même de « bombe à retardement sanitaire » dans ce rapport en juillet dernier à l’Assemblée Nationale.
François Carré, le cardiologue, nous alerte depuis de nombreuses années, alors on cite souvent le chiffre des 25% de capacité en moins pour les collégiens, mais ça, cela date de 2011 ! Les chiffres déjà désastreux de l’ANSES, sont encore bien pires après la crise sanitaire que ce soit pour la population générale, quand on dit que 95% de la population ne fait pas assez d’activité physique ou que ce soit pour les jeunes générations, les 11-17 ans : les 2/3 qui sont dans une situation de santé très préoccupante.
Après la crise sanitaire, François Carré constate qu’avec l’augmentation de l’hypertension artérielle l’infarctus du myocarde des moins de 30 ans est le premier motif d’arrêt cardiaque à Paris et en Ile de France. Jusqu’à présent, c’était rarement avant 40 ans !
Vous savez que les 14-15 ans passent 75% de temps sédentaire assis, avec l’école, François Carré dit souvent qu’un enfant qui va se coucher à 20h et qui sera emmené par ses parents en voiture à l’école va parcourir 50 pas à la récréation de 10h, donc en 14 heures, 50 pas.
Donc, il faut réagir et ce que nous proposons avec Yannick Jadot à l’école, c’est au moins 1 heure d’activité physique et sportive en complément de l’EPS. Cela passe par le trajet domicile-école à pied ou en vélo, par l’aménagement des cours de récréation, par un changement d’organisation des classes et aussi par le renforcement de l’EPS et notamment de la formation des enseignants ainsi que des associations du 1er degré du sport scolaire, comme l’USEP généralisée partout dans les écoles.
Il y a une deuxième mesure très forte dans le programme de Yannick Jadot qui est le remboursement des premières consultations médico-sportives pour la prescription de l’activité physique adaptée. On a fait quelques améliorations dans la proposition de Loi visant à démocratiser le sport : on passe en terme de public éligible des affections de longue durée aux malades chroniques et facteurs de risques et aussi aux personnes qui ont des pertes d’autonomie, mais aujourd’hui il y a encore un frein financier et donc nous proposons le remboursement par l’Assurance Maladie de ces premières consultations.
Et aussi, quelque chose de très important qui est la généralisation des tests de condition physique à tous les âges de la vie : c’est-à-dire dès l’école, mais aussi en milieu professionnel, dans l’Enseignement supérieur et dans les établissements médico-sociaux.
Le deuxième grand enjeux, c’est un modèle sportif plus tempérant ! Qui soit moins soumis aux intérêts financiers privés ou aux fonds souverains des Etats qui instrumentalisent le sport sur le plan politique et puis surtout, l’objectif de réduire l’empreinte carbone sur la planète, des activités sportives.
Donc cela veut dire des cahiers des charges, notamment pour les Grands Evénements Sportifs Internationaux pour respecter les droits humains, les droits sociaux et de l’environnement. Paris 2024 s’engage sur des Jeux sobres et écologiques, il faut rendre le sport plus tempérant, en particulier, en conditionnant les subventions de l’Agence Nationale du Sport aux critères de la charte ministérielle de l’éco-responsabilité.
Le boycott diplomatique de Pékin 2022 se justifiait, il faudra le faire aussi pour le Qatar et la Coupe du Monde de football en fin d’année et le soutien au mouvement sportif pour toutes les actions mises en œuvre pour mettre au ban la Russie.
JJ : « J’ai envie de vous demander, si demain vous être Ministre des Sports, quelle serait votre première action ou votre première réforme que vous allez engager et je reprends l’ordre sans Ayodele, malheureusement avec vous Régis, pour répondre à cette question et en essayant Régis, de ne pas faire de commentaire sur le tour de table qui a été fait ! »
RJ : « Alors ça serait deux mesures d’urgence. Cela fait 15 ans que je suis le Budget des Sports au Parlement : on est passé de 0,22% du Budget de la Nation à 0,33% : ça n’est pas satisfaisant.
La première mesure, c’est un correctif budgétaire au mois de juillet qui permettrait sur 3 ans, donc c’est un programme pluriannuel, de tripler le montant aujourd’hui du Budget des Sports : un petit peu moins d’un milliard d’euros donc de passer à 1% du Budget de la Nation, 3 milliards d’euros (600 millions d’euros chaque année).
Avec plusieurs affectations : l’élargissement du « coupon sport », aujourd’hui sous-consommé, avec moins de 100 millions d’euros pour en faire comme le Pass Culture, un véritable Pass sport sans condition de ressources jusqu’à 20 ans pour inclure les étudiants et puis bien évidemment, avoir un montant plus important, 300 euros avec pas simplement la reprise de licence dans les clubs ;
Deuxièmement un plan équipements sportifs pérenne, parce que là les 5000 équipements sportifs dont on nous parle sur 3 ans, c’est seulement 18% de la population des Quartiers Politique de la Ville et Zones de Revitalisation Rurale, mais pas toutes les Collectivités territoriales.
Yannick Jadot souhaite qu’on ait un vaste plan des équipements très fort sur le design actif, sur les mobilités actives (marche, vélo) et puis sur la rénovation aussi des équipements sportifs les plus anciens.
Et puis le financement des Maisons Sport-Santé qui sont dans la Loi maintenant, mais c’est 4 à 5 millions d’euros seulement de fonds d’amorçage et il faut aujourd’hui des financements pour le fonctionnement dans la durée !
Et je termine sur le fonds Héritage Paris 2024, il faut qu’on ait quelque chose de beaucoup plus ambitieux -le COJO ne peut pas tout-, il n’a pas l’argent pour cela, donc que ce soit effectivement le Budget des Sports qui puisse aller sur le soutien aux associations sportives.
On n’est plus dans l’objectif des 3 millions de pratiquants supplémentaires, comme cela avait été promis au début du quinquennat, mais on est sur l’objectif de récupérer 3 millions de licenciés qu’on a perdus dans les clubs amateurs depuis deux ans !
Et ça, cela veut dire aussi des empois sportifs qualifiés, effectivement revaloriser le bénévolat et l’engagement associatif.
La deuxième mesure, ce serait de recréer un Ministère des Sports de plein exercice, qui ne dépende pas de l’Education Nationale. On l’a bien vu depuis 3 ans, Jean-Michel Blanquer n’a quasiment jamais parlé de Sport, ça n’a pas été une priorité !
Donc, on a besoin d’avoir un Ministère fort avec des orientations stratégiques interministérielles, surtout sur la prévention en Santé publique et qui retrouve des moyens humains.
Vous savez que depuis 20 ans, Jeunesse et Sports a perdu la moitié de ses effectifs, on a beaucoup fragilisé pendant 5 ans, les Conseillers Techniques et Sportifs en les remettant en cause à plusieurs reprises.
On a besoin d’avoir un Ministère des Sports fort, qui donne les grandes orientations et je dirais une Agence Nationale du Sport avec sa gouvernance partagée qui soit simplement sur une fonction d’opérateur, de « tuyau financier » d’un certain nombre de subventions à la performance et puis au développement du Sport sur l’ensemble du territoire.
Mais aujourd’hui, le grand problème de la gouvernance en France, c’est que chacun est dans son couloir et que l’on fait ce que l’on veut de son côté. On n’a pas le sentiment d’avoir un collectif de la gouvernance du Sport entre CNOSF, entre COJO, ANS, Ministère des Sports, Ministère de l’Education Nationale ou d’autres Ministères et on a besoin de retrouver une parole forte et ça, c’est au Ministère des Sports à part entière de pouvoir le faire, en lien avec les autres Ministères. »
JJ : « Comment le Sport peut finalement jouer un rôle dans cette crise climatique, écologique ? Est-ce que le Sport est prêt à faire sa révolution, sa transition environnementale ? J’ai envie de faire le dernier tour de table, malheureusement avec vous, sur cette question qui, on le sait, intéresse particulièrement les jeunes et où le Sport pourrait peut-être devenir aussi exemplaire ? »
RJ : « Oui, le Réchauffement climatique, inéluctable, va avoir des conséquences sur la pratique sportive et pas simplement, pour les stations de sports d’hiver, qui ne peuvent plus être orientées uniquement sur les activités de ski- il en restera très peu à l’horizon 2050, qui auront de la neige-, mais qui doivent être quatre-saisons. Il faut préparer effectivement cette transition-là.
Au-delà, par rapport aux Grands Evénements Sportifs Internationaux, il faut qu’aujourd’hui l’Union Européenne qui est une puissance politique, puisse peser sur les instances sportives internationales. On ne bougera pas les Traités européens comme ça, rapidement mais par contre, on a un moyen d’influence politique.
Aujourd’hui, on le voit d’ailleurs, sur la crise ukrainienne sur la FIFA, sur l’UEFA, sur les instances internationales qui attribuent les grandes compétitions sportives. L’organisation des GESI ne doit pas être accaparée par des pétromonarchies qui bafouent les droits humains, parce qu’elles ont seulement les moyens financiers de se payer ces Grands Evénements Sportifs Internationaux.
Et puis, la dernière chose, il y a 2,5 millions événements sportifs organisés sur le sol français, hormis la crise sanitaire où il y a eu bien moins d’événements sportifs. Nous avons un bel outil en France qui a été mis en place en 2015, par le Ministère, c’est la Charte des Sports d’éco-responsabilité, qui traite à la fois des déchets plastiques, des questions d’énergie verte, de consommation d’eau, de l’alimentation : je crois qu’on aurait intérêt à ce que tous ces événements-là soient labellisés et conditionnés dans leur organisation, dans leurs financements à des critères d’éco-responsabilité.
Je termine sur l’Economie Sociale et Solidaire, nous faisons la proposition dans le programme de Yannick Jadot, que non seulement les sociétés sportives- on vient de le voter- mais aussi les associations sportives et les fédérations puissent avoir le statut de société coopérative d’intérêt collectif et donc un statut d’Economie Sociale et Solidaire.
Je pense que l’Economie Sociale et Solidaire, dans le Sport aujourd’hui, fait partie intégrante du modèle, en tout cas de tempérance, de relocalisation et de circuits courts, que nous défendons de manière plus globale dans le programme de Yannick Jadot. »
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