Les récentes révélations sur le traitement indigne réservé à nos aînés dans certains EHPAD privés à but lucratif sont choquantes. Cette maltraitance n’est pas une surprise pour celles et ceux qui s’intéressent aux conditions de vie dans ce type de structure.
Le 9 octobre 2018, ma collègue Christine Pirès Beaune interrogeait en séance publique la ministre de la Santé de l’époque, Mme. Agnès Buzyn, sur les dérives constatées dans des établissements privés d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), révélées par plusieurs émissions d’investigation télévisées.
Elle avait alors demandé au Gouvernement, en notre nom, de réagir face aux pratiques scandaleuses de ces grands groupes qui ne respectent ni leurs résidents, ni leurs familles, ni les personnels, en diligentant des enquêtes et en sanctionnant les responsables. Fin de non-recevoir.
Et pourtant c’était possible ! La preuve c’est que suite au scandale Orpea le gouvernement a annoncé la semaine derière une enquête Igas (Inspection générale des affaires sociales) et une enquête financière de l’Inspection générale des Finances (IGF) sur le groupe mis en cause.
L’ouvrage « Les Fossoyeurs » du journaliste Victor Castanet vient cruellement mettre en évidence le fait que rien n’a changé depuis octobre 2018. Cette enquête fait état de multiples dysfonctionnements au sein des EHPAD du groupe Orpea : soins d’hygiène non réalisés, prise en charge médicale défaillante et repas rationnés, dans l’unique but d’améliorer la rentabilité.
Rien n’a été mis en œuvre pour prendre à bras le corps ce problème, pour protéger nos aînés contre l’appétit sans limite de ces groupes.
À noter que les maisons de retraite, même privées, bénéficient d’importants financements publics, de la part de l’Etat et des conseils départementaux.
C’est pourquoi :
– Les services de l’Etat doivent vérifier ces accusations graves et en fonction des conclusions de l’inspection générale, prendre des sanctions exemplaires si des fautes sont établies ;
– Il semble utile que les parlementaires aient le droit de visiter les Ehpad, les hôpitaux, toute structure dont les résidents ou patients bénéficient d’une aide publique, sans prévenir, comme ils ont le droit de le faire pour les prisons !
Au-delà des cas particuliers, le manque de moyens chronique pour le financement de l’autonomie provoque ce genre de maltraitance institutionnelle.
– Plusieurs rapports parlementaires préconisent pourtant une hausse de 25 % du taux d’encadrement en EHPAD d’ici 2024 par rapport à 2015, soit 80 000 postes supplémentaires auprès des personnes âgées, un plan de rénovation de 3 milliards d’euros sur 10 ans pour les EHPAD et les résidences autonomie et une revalorisation des rémunérations des personnels médicaux et para-médicaux.
– Ces ordres de grandeur représentent un minimum pour pouvoir décemment aborder les défis du grand âge dans notre pays !
Je regrette également que ce quinquennat n’ait pas permis de voir se concrétiser la grande loi sur l’autonomie et la dépendance promise tant de fois par Emmanuel Macron et son gouvernement.
– L’année dernière, le gouvernement a créé la cinquième branche de la sécurité sociale (presque par hasard), sans jamais la doter de moyens financiers pérennes.
– Ces révélations nous prouvent (une nouvelle fois) que cette loi est une loi d’urgence, qui était bien plus urgente à présenter que, par exemple, la réforme des retraites !
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Ne lâchez pas le morceau Monsieur Juanico ! Il y a du travail à faire et pas seulement dans les résidences privées… Je pense qu’il est inutile de faire vieillir la population pour la traiter comme on la traite après 80 ans. Nos aînés méritent mieux que ça.
bravo pour votre courageuse intervention ;qu’attendre néanmoins de buzin !quant aux coûts d’hébergement dans les éphads,cela dépasse l’entendement ;quand vous aviez un smic et que avec votre conjointe vous devez rentrer dans une de ces maisons,malgré l’apa, c’est ubuesque ;2000 euros ,voire plus de 3000 à bergson;;pourtant vous avez des directrices qui assurent la direction de deux voire trois maison ;donc des economies sont réalisées ;et ce n’est pas la soupe du soir qui cou^te cher ;sans compter le coucher tot (19h souvent)des pensionnaires pour éviter de payer des heures de nuit au personnel en poste du soir ;;;bref ,comme vous le dites il y a a remettre à plat le système et a remettre de l’humain dans les projets ;