Je suis intervenu, en séance publique, à l’Assemblée Nationale le 7 janvier 2022, dans le cadre de l’examen de notre rapport d’évaluation des politiques de prévention en santé publique avec Marie Tamarelle-Verhaeghe.
Le détail de mon intervention :
« Monsieur le président,
Monsieur le Ministre,
Madame la rapporteure,
Mes chers collègues,
La lutte contre la pandémie de sédentarité est un enjeu sanitaire majeur du 21ème siècle.
Le titre de notre rapport d’évaluation des politiques de prévention en santé publique avec Marie Tamarelle-Verhaeghe est explicite : il y a urgence à désamorcer ce que nous qualifions de « bombe à retardement sanitaire ».
Ce rapport est clairement une alerte de plus. La sédentarité, le temps passé couché ou assis, notamment devant les écrans de loisirs ne cesse de gagner du terrain dans nos vies.
Associée à la diminution de l’activité physique, accentuée par la crise sanitaire, la sédentarité produit des effets désastreux en particulier sur la santé physique des plus jeunes générations.
En comptant l’école, le temps passé assis atteint 55 % de la journée au primaire et 75 % à 14-15 ans.
Les chiffres de l’ANSES publié en novembre 2020 pour l’année 2016 -avant même la crise sanitaire- montrent que 66% des 11-17 ans ont un risque sanitaire préoccupant avec plus de 2h d’écrans par jour et moins de 60 minutes d’activité par jour.
Le cardiologue François Carré observe que beaucoup d’enfants qui se rendent le matin à l’école en véhicule avec leurs parents vont parcourir à peine une cinquantaine de pas avant la première récréation de 10 heures.
L’activité physique régulière est vitale aujourd’hui pour ces jeunes générations qui risque de perdre des années d’espérance de vie en bonne santé et c’est la raison pour laquelle nous avons voté mardi un amendement dispensant les 12-15 ans du Pass Vaccinal.
Après l’âge, le surpoids et l’obésité sont les principaux risques de formes sévères de Covid 19. Entre 75 et 85% des patients Covid en réanimation ont un indice de masse corporelle supérieur à 25.
C’est pourquoi la promotion de l’activité physique aurait dû être depuis près de deux ans au cœur des messages de prévention de la Covid, à l’instar des gestes barrières ou de la vaccination.
Je pense en particulier aux étudiants, fragilisés sur le plan physique et psychologique par les confinements successifs et les cours en distanciel, en souffrance du fait de leur isolement, à qui les autorités auraient du proposer des activités physiques collectives en plein air.
L’activité physique adaptée est aussi un moyen de guérir plus vite des séquelles du Covid-long.
Au-delà de la pandémie, l’activité physique est un formidable levier de prévention des maladies chroniques : cancers, diabète de type 2, hypertension artérielle…
La sédentarité est aujourd’hui la cause de 10% des décès prématurés au niveau mondial. La capacité physique est le premier facteur prédictif de mortalité évitable.
Or, comme le montre une étude américaine de 2019, il suffit de remplacer 30 minutes de sédentarité quotidienne par 30 minutes d’activité physique même d’intensité modérée, y compris le jardinage, pour faire baisser de 17% la mortalité prématurée et de 30% le risque d’accidents cardio-vasculaires. Si cette activité est plus intense, la diminution de la mortalité prématurée est de 35%.
La lutte contre la sédentarité doit constituer la priorité, un fil rouge pour les politiques publiques de prévention en santé publique à tous les âges de la vie.
Notre rapport est un manifeste à disposition des pouvoirs publics pour remettre les Français en mouvement par des modes de vies plus actifs avec 18 préconisations cohérentes.
Au-delà de faire de l’activité physique une grande cause nationale pour 2022 en prévision des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, nous faisons des recommandations simples de la vie quotidienne : on se lève, on s’étire toutes les demi-heures, on privilégie les modes de transports actifs en particulier la marche et les déplacements en vélo.
L’école et l’université doivent permettre d’ancrer de bonnes habitudes, dès le plus jeune âge, par le renforcement de la pratique physique et sportive et de la prévention en santé.
Sur l’EPS en particulier, nous proposons à un moment de décrochage sportif important à l’adolescence de passer de 2h à 3h d’EPS obligatoire au lycée et de proposer dans l’enseignement supérieur une unité d’enseignement libre d’activité physique et sportive.
Il faut rendre systématique les tests de condition physique en les rendant accessibles en EPS à l’école, à l’université, en milieu professionnel, au moment du départ en retraite ou en établissements sociaux et médico-sociaux.
Au-delà du financement des équipements sportifs de proximité, les collectivités territoriales doivent être accompagnées dans une politique de design actif -sur lequel la Cité du design de Saint-Etienne travaille en lien avec Paris 2024- de développement des mobilités actives, d’aménagement des espaces publics, des sentiers, des pistes, des parcs et aires de jeux pour mettre en mouvement les Français à proximité de chez eux.
Enfin, la prescription de l’activité physique adaptée doit être facilitée avec une prise en charge financière par l’assurance-maladie des consultations spécifiques, des premiers bilans médicaux sportifs et motivationnels préalables avec un rôle pivot des maisons sport-santé, en matière d’accueil, d’information et d’orientation des publics concernés au niveau des territoires.
L’expérimentation « As du Cœur » de l’association Azur Sport Santé à Nice auprès de malades atteints de pathologies cardiovasculaires que nous citons dans le rapport montre que les dispositifs d’activité physique adaptée financés en partie par l’Assurance-Maladie sont à l’origine d’économies directes des dépenses de soins de l’ordre de 30%.
Quand on sait que ces traitements cardio-vasculaires représentent 10% des dépenses de santé soit 18 milliards d’euros…
Monsieur le Ministre, votre gouvernement est-il prêt à généraliser ce type de prise en charge financière de l’Assurance-Maladie pour l’activité physique adaptée ? »
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Bravo Monsieur pour votre engagement, votre travail et vos propositions.
Conseiller Municipal et communautaire à Saint-Brieuc, j’ai suivi une conférence du Dr CHA de la DREJSCS de Bretagne qui vous a cité.
J’ai bien l’intention de marteler vos messages en CM, en CC et où je peux intervenir pour diffuser les messages d’alerte et faire réagir les élus, les associations et toucher le grand public.
Une grande cause, apolitique, qui devrait être mieux défendue par toutes et tous
Bonne continuation
Merci beaucoup, Sophie Cha est une référence !