Le 15, désigné par le Gouvernement comme numéro de recours face au coronavirus, a malheureusement été débordé par le flux d’appels, jusqu’à devenir injoignable au moment où il était investi de sa nouvelle fonction.
La persistance à maintenir un point d’entrée unique pour toutes les situations médicales, sans distinction de l’urgence, ne permet pas d’atteindre l’objectif d’un décroché dans les 30 secondes. Cet objectif ne serait réalisable qu’au prix d’une augmentation considérable de la ressource humaine des centres 15.
C’est pourquoi Régis Juanico, Député de la Loire, et Jean-Claude Tissot, Sénateur de la Loire, ont signé l’appel à la mise en place d’un numéro unique, le 112, complété d’un numéro d’accès aux soins non urgents, le 116 117, pour améliorer le service rendu aux populations.
A ce jour, cet appel a reçu le soutien de trois présidents d’associations nationales d’élus (ADF, RdF, AMRF), 125 députés, 154 sénateurs, 75 présidents et conseillers départementaux et 316 maires et présidents d’intercommunalité, qui ont décidé de se joindre à deux syndicats de médecins généralistes (CSMF Les Généralistes et SML) et aux sapeurs-pompiers de France.
Régis Juanico a co-signé dans ce sens la proposition de loi du député Fabien Matras visant à consolider le modèle de sécurité civile et à valoriser le volontariat des sapeurs-pompiers, qui prévoit dans son article 31 la création d’un numéro unique d’appel d’urgence, le 112 et dont l’examen est prévu du 26 au 28 mai en séance publique à l’Assemblée nationale.
Nous avons adopté à l’unanimité ce jeudi 27 mai 2021 la proposition de loi visant à consolider notre modèle de sécurité civile et valoriser le volontariat des sapeurs?pompiers, texte co-signé par l’ensemble des députés socialistes et apparentés.
Soutenir les sapeurs pompiers et notre modèle de sécurité civile a toujours fait partie de nos priorités.
Le texte proposé contient des avancées importantes comme :
– la diminution de 20 à 15 ans de la durée d’engagement qui permet aux sapeurs-Pompiers de bénéficier de la prestation de fidélisation et de reconnaissance (PFR).
En 2016, nous avions déjà permis que les sapeurs-pompiers volontaires n’aient plus à contribuer au financement de cette prestation par une cotisation.
– le renforcement de la protection sociale des sapeurs-pompiers volontaires qui leur permettra de bénéficier d’une indemnisation sans reste à charge et le remboursement des frais engagés pour des soins non pris en charge par l’assurance maladie.
Dans le texte, deux dispositions ont particulièrement fait débat :
– La reconnaissance de la capacité des sapeurs-pompier à effectuer des “soins d’urgence” et plus seulement des “secours d’urgence” ;
– L’instauration du 112 comme numéro unique pour les appels d’urgence en lieu et place des multiples numéros existants.
Nous comprenons les inquiétudes exprimées et nous avons tracé un chemin qui doit permettre à chacun (sapeurs pompiers, SAMU, ambulanciers) de s’y retrouver :
Nous souhaitons qu’une négociation s’ouvre afin de déterminer la liste des soins d’urgence qui peuvent être réalisés par les sapeurs-pompiers et qui sera précisée dans le décret prévu par la proposition de loi.
Les débats ont également permis des précisions sur les modalités de formation des sapeurs-pompiers aux soins d’urgence. Ces formations seront notamment assurées par les SAMU.
Nous défendons la mise en place de plateforme de régulation des appels d’urgence réunissant au niveau départemental les sapeurs-pompiers et le SAMU et avons réaffirmé notre attachement à une régulation médicale dès le premier décroché de même que nous avons appelé de nos vœux la réforme des urgences pré-hospitalières qui doit permettre de mieux traiter les ambulanciers qui ne peuvent être tenus pour responsables des carences.
Cette coordination entre les différents acteurs est nécessaire afin de bien orienter les patients et ne pas engorger les urgences. Elle préfigure la mise en œuvre d’un numéro unique qui fera l’objet d’une expérimentation.
Enfin, la caserne de pompiers, si modeste soit-elle, est bien souvent le dernier service de proximité dans nos territoires ruraux ; celui qui subsiste quand tout le reste, l’école, le bureau de poste, la brigade de gendarmerie, a fermé.
Ainsi, notre collègue Hervé Saulignac, député de l’Ardèche, a fait adopter un amendement proposant d’apposer la devise de la République sur le fronton des casernes rénovées ou nouvellement construites, afin de rappeler que la protection des biens et des personnes, demeure une mission majeure de notre Etat républicain, pour tous et partout sur le territoire national.
Le texte de la tribune parue dans le Monde le 12 mai dernier :
Il est temps de transformer en profondeur le système de secours, estime dans une tribune au « Monde » un collectif de représentants de services des urgences et de responsables politiques,…
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La crise sanitaire que nous traversons depuis plus d’un an confirme les nombreuses questions que pose notre système de soin, depuis ses moyens jusqu’à son organisation, en particulier en termes de gestion de l’urgence. La pression à laquelle font face les soignants, mais aussi les acteurs du secours, conduit à interroger notre mode de fonctionnement.
Cette situation ne va pas aller en s’améliorant. L’embolie qui touche et touchera les hôpitaux impacte aussi l’ensemble de la chaine de secours. Il y aura 30% d’octogénaires en plus et quinze millions de français atteints de maladies chroniques en 2030. Le problème dépasse amplement la crise Covid ; il est structurel, tangible et quotidien.
Cette congestion s’exprime particulièrement en première ligne, dans les services d’urgences et les centres 15, asphyxiés à chaque crise sanitaire. Il convient de tirer rapidement toutes les conséquences de la situation qui a vu le 15, désigné par le Gouvernement comme numéro de recours face au coronavirus, être malheureusement débordé par le flux d’appels et devenir injoignable au moment où il était investi d’une fonction nouvelle.
Au-delà de la crise, ce système de prise en charge des urgences est souvent dépassé, et devenu obsolète. Le bon traitement des situations de détresse immédiate, et notamment l’arrêt cardiaque, suppose que l’ensemble de ces appels soient décrochés à une durée inférieure à 30 secondes selon les recommandations scientifiques actuelles.
La persistance à maintenir un point d’entrée unique pour toutes les situations médicales sans distinction ne permet pas cette performance, nous en formons le constat chaque jour. L’objectif d’un décroché dans les 30 secondes ne serait réalisable qu’au prix d’une augmentation considérable de la ressource humaine des centres 15.
Les failles de notre système de secours découlent du choix d’orienter toutes les alertes de santé vers les urgences hospitalières. Alors que seuls 5% des appels au centre 15 concernent des situations d’urgence réelle, les urgences hospitalières sont devenues des dispensaires, les professionnels de santé de ville ont été désinvestis de leur rôle de premier recours, et les acteurs du secours, au premier rang desquels les sapeurs-pompiers volontaires, sont soumis à une pression opérationnelle pour des motifs non urgents.
C’est forts de notre connaissance des territoires et de leurs acteurs que nous appelons à une réforme de l’action publique visant à distinguer clairement l’urgent du non-urgent.
Ce que nous voulons affirmer aujourd’hui, c’est la nécessité criante de remettre à plat la manière dont est organisé notre système de secours. La multiplicité des numéros d’urgence, la coordination trop faible entre sapeurs-pompiers, SAMU et ambulanciers privés sont autant de spécificités françaises qui ont rendu notre système inefficient.
La mise en place d’un numéro unique d’appel d’urgence, le 112, est nécessaire et salutaire.
Cette mesure de simplification permettrait de garantir une réponse rapide, proche et efficace à toutes les situations d’urgence, d’améliorer la coordination des services et d’optimiser l’usage des moyens. Il serait complété d’un numéro d’accès aux soins non urgents, le 116 117 par exemple qui est un numéro européen déjà utilisé par trois régions françaises, faisant ainsi passer les options de treize numéros d’urgence aujourd’hui disponibles en France à deux.
Cette mesure étudiée en France depuis 2004 a fait l’objet d’un engagement du président de la République dès 2017. La proposition de loi du député Fabien Matras, étudiée à l’Assemblée nationale dans les semaines qui viennent et signée par 500 députés de tous bords porte cette réforme.
Elle permet justement de sortir des cloisonnements, ministériels ou administratifs, et des logiques corporatistes pour proposer à nos concitoyens une organisation efficace du secours d’urgence.
Nous demandons au président de la République de porter la réforme du numéro unique, le 112, pour transformer en profondeur le secours d’urgence aux personnes et garantir à nos concitoyens le meilleur traitement des situations de détresse.
La liste des signataires de la tribune :
l15b3162_proposition-loi-1Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.
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