Il est 6h43, le mardi 3 mai 2011 quand je reçois l’appel tant redouté depuis des semaines. Geneviève Roy, la femme de Patrick m’annonce sa mort quelques heures auparavant par ces mots : « Tu vas être destinataire d’une veste rouge ».
Je m’y attendais, quelques jours auparavant, le 1er mai Geneviève me disait que Patrick « n’allait pas très bien », il était de nouveau hospitalisé depuis trois semaines, après trois mois de « mieux ».
Mercredi 8 décembre 2010, nous nous étions rendus, à sa demande, avec Jean Mallot, notre collègue député de l’Allier et Geneviève, à l’hôpital Georges Pompidou où il était soigné. Patrick pouvait à peine parler et marcher. Ce jour-là, il nous avait dit que les médecins ne lui laissaient plus que quelques jours à vivre.
Dans sa chambre tapissé de photos de l’Assemblée, de groupes de Metal et de souvenirs de vacances avec son fils, Kevin, il nous avait fait cette déclaration à Jean et moi : « j’ai trois vestes rouges, si je dois mourir, je veux que mon fils en reçoivent une, et vous aurez les deux autres ». Patrick était comme cela : il pensait d’abord aux autres, avant de se préoccuper de lui.
Et puis, le « miracle » est intervenu. En quelques semaines, grâce à un nouveau traitement tenté par ses médecins, Patrick a repris des forces, au point de retourner deux fois à Denain devant ses administrés, de faire plusieurs apparitions médiatiques pour témoigner de sa maladie et aussi ce qu’il s’était promis à lui-même : revenir dans l’hémicycle parmi nous à la mi-mars…
Jusqu’au bout, sa femme aura été à ses côtés, faisant preuve d’un courage admirable, tout comme son fils Kevin, dont il était très proche. Patrick, nous le répétait, il ne craignait pas la mort qu’il savait inéluctable, mais il redoutait plus que tout de laisser seuls ses proches qu’il aimait tant.
Patrick Roy était mon voisin « turbulent », juste devant moi dans l’hémicycle. Il est né de cette proximité avec tous nos collègues qui l’entouraient au sommet des travées du groupe socialiste, une grande complicité et une amitié sincère.
Patrick n’était pas que la fameuse « veste » rouge », l’amateur passionné de Rock Metal, de basket ou la « grande gueule de l’Assemblée », cette voix grave et puissante d’ancien instituteur qui s’exprimait bruyamment pendant les questions d’actualité. Il était surtout l’un des députés les plus actifs et les plus assidus dans le travail parlementaire à l’Assemblée Nationale, présent en commission, comme en séance de nuit. Nouveau député, élu en 2007, j’ai beaucoup appris à ses côtés.
« Ch’tis », fier de son Nord natal, Patrick Roy était la simplicité, la gentillesse et la générosité incarnée. Ses administrés de Denain et de sa 19e circonscription du Nord le savaient bien : il avait la main sur le coeur. Maire, d’une commune parmi les plus pauvres de France, il défendait les gens modestes et les milieux populaires avec conviction et passion.
« Face à la mort redoutée, il y a la vie espérée,…, la vie est belle !» avait-il déclaré, lors de son intervention à l’Assemblée le 15 mars dernier. Son retour parmi nous avait été un grand moment d’émotion mais aussi d’unité nationale, il avait su trouver les mots pour parler de sa maladie et du rôle primordial des proches dans les épreuves de la vie.
La place de Patrick Roy est depuis ce jour de mai, vide, l’hémicycle est orphelin de son silence. Le groupe socialiste a perdu le 3 mai 2011 un formidable combattant de la justice sociale et de la solidarité.
Souvenons-nous de son intervention poignante en mars 2011 à l’Assemblée Nationale :
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