Je suis intervenu jeudi 18 février 2021 sur France Bleu Saint-Etienne Loire pour évoquer la proposition de loi pour la création d’un fonds d’indemnisation des victimes du Covid-19 et sur le sort de la jeunesse.
Le détail de mon intervention :
« Tifany Antkowiak : Vous êtes à l’Assemblée Nationale pour présenter aujourd’hui une Proposition de Loi pour créer un Fonds d’indemnisation des victimes de la Covid 19. Vous devez être satisfait du coup de la résolution adoptée hier pour une meilleure prise en charge, justement des Covid, non ?
RJ : Alors, une proposition de résolution c’est très insuffisant, parce qu’en fait l’Assemblée émet un avis et en fait invite le Gouvernement à agir. Il n’y a pas d’effet contraignant.
TA : C’est juste une alerte, quoi ?
RJ : Oui ! alors, bien évidemment on est pour une meilleure prise en charge des soins des malades et puis pour approfondir les connaissances de la Recherche, mais vous aurez noté que le Ministre n’a strictement rien annoncé, hier après l’adoption de cette résolution !
Il a simplement dit que le Gouvernement était prêt à ce que ce dispositif en terme de prise en charge du Covid long évolue en fonction des connaissances scientifiques.
Donc, nous on veut passer aux actes ! C’est ça, le sens de cette Proposition de Loi qui ouvre la réparation à l’ensemble des victimes graves de cette maladie, que ce soit d’origine professionnelle ou non.
TA : Oui, vous ne faites pas de distinction dans votre Proposition de Loi, c’est à la fois les soignants, à la fois une personne qui aurait été contaminée, je ne sais pas, en allant faire ses courses, enfin peu importe, quoi.
RJ : Oui, nous n’opposons pas en fait, contrairement aux Députés de la Majorité, qui ont refusé cette Proposition de Loi en Commission, l’indemnisation des formes les plus graves de la maladie et l’amélioration du suivi médical.
Donc, nous on s’adresse à toutes les victimes les plus graves : ça veut dire aussi, eh bien, les ayant-droits décédées. Vous savez qu’il y a eu plus de 83.000 décès en France, presque 1000 dans le Département de la Loire et parmi ceux-là 40.000 sont décédés en EHPAD.
Et puis, nous voulons aussi répondre aux urgences, d’un certain nombre de situations de malades, alors, vous l’avez très bien décrit tout à l’heure, notamment ce témoignage d’un ouvrier du BTP de Haute-Loire.
Des malades qui ont été hospitalisés, qui ont été en réanimation, qui ont été intubés. Donc là, on a des séquelles temporaires ou définitives qui sont graves sur le plan respiratoire, cardiaque, des fibroses, des troubles musculo-squelettiques, mais aussi des atteintes au système nerveux.
Et puis aussi, des complications psychologiques pour ces malades les plus graves. Guillaume Thiery, qui est le chef des réanimations du CHU de Saint-Étienne est en train de mener une étude sur cette question.
TA : Régis Juanico, quand on vous entend, on dit que ça peut concerner énormément de monde, finalement et est-ce qu’on a les moyens de financer ce Fonds d’indemnisation ?
RJ : Oui, vous avez raison, ça peut concerner plusieurs centaines de milliers de victimes : on parle de 10 à 20%, pour l’instant, des malades puisqu’en plus de ceux qui ont été hospitalisés, il y a ceux qui ont eu des formes légères et qui aujourd’hui, on a beaucoup de témoignages, sont souvent des femmes jeunes qui sont plutôt en bonne santé et dont la vie a été chamboulée aujourd’hui, qui ne peuvent pas revenir dans un quotidien normal.
C’est ce qu’on appelle le Covid long et ça c’est des symptômes persistants dont le point commun c’est un essoufflement rapide, une fatigue chronique mais aussi des symptômes très handicapants comme la perte de goût ou d’odorat et des séquelles psychiatriques.
Les conséquences psychiatriques de la Covid 19 sont devant nous, comme l’a dit Marion Leboyer qui est un professeur psychiatre de renommée.
TA : Régis Juanico, vous décrivez très bien les situations où il y a certainement des personnes qui se reconnaîtront et qui vont se dire « Mais c’est super », mais effectivement, il y a la question de l’argent, aujourd’hui. Elle est essentielle, on est dans une période de crise : comment vous proposez de financer cette aide, alors ?
RJ : Mais, écoutez, je suis comme le Président de la République : « Quoi qu’il en coûte » ! On a dépensé, pour le moment, c’est provisoire, 500 milliards d’euros pour soutenir les secteurs des activités économiques dans notre pays, à cause de la pandémie et c’est bien normal d’ailleurs !
Et heureusement que l’Etat était au rendez-vous ! On peut bien consacrer quelques milliards d’euros d’indemnisations à l’ensemble des victimes graves de la Covid 19. C’est plusieurs centaines de milliers de personnes qui peuvent être concernées.
Je veux quand même ajouter qu’on a le soutien de l’ensemble des organisations syndicales salariées pour la création d’un Fonds d’indemnisation et le soutien de toutes les associations de victimes, coronavictimes, après-J20 et sur le principe de l’Académie Nationale de Médecine !
Donc, voilà, notre Proposition de Loi, elle s’adresse à toutes ces victimes graves et elle permet d’avoir un dispositif à la hauteur des enjeux, contrairement au mécanisme de. reconnaissance des maladies professionnelles qui aujourd’hui est insuffisant !
On ne traite pas les indépendants, on ne traite pas les victimes environnementales, qui ont contracté la maladie chez elles et pas sur leur lieu de travail.
TA : Puisqu’on parle de soutien et d’argent, aussi, Régis Juanico. Il y a une autre Proposition de Loi, aujourd’hui de certains de vos collègues socialistes pour créer un Revenu minimum jeunesse pour les 18-25 ans, à cause de cette crise d’ampleur. Ils ne sont pas assez soutenus, selon vous, les jeunes, Régis Juanico ?
RJ : Non et ça ne date pas d’aujourd’hui, ça fait 40 ans qu’ils sont les victimes des ajustements du marché du Travail, en termes de précarité, de flexibilité. On leur impose un parcours du combattant : 5 à 10 ans de petits boulots, de stages, de précarité avant d’avoir un emploi stable !
C’est inacceptable ! Le problème, c’est que la pandémie depuis un an et pas simplement pour les étudiants, mais pour l’ensemble des jeunes, a aggravé cette situation.
Et aujourd’hui, oui, il y a urgence là aussi à qu’on puisse donner un Minimum jeunesse à toute cette génération-là, qui est dans la difficulté financière !
Mais ils sont aussi, dans la difficulté en terme d’autonomie : par rapport au logement, par rapport à la santé et qui n’ont pas de perspectives.
Donc, oui c’est un Revenu de base qu’on accorderait à tous les 18-25 ans et puis aussi l’idée d’une Dotation universelle de 5000 euros à 18 ans, qui permettrait là, d’aller sur des questions de mobilité, le permis de conduire…
TA : Rapidement, Régis Juanico, par rapport à cette « Génération Covid », comme on commence à l’appeler, vous craignez un conflit de générations entre ces 18-25 ans et peut-être les personnes âgées qui ont été traitées différemment ? C’est en tout cas, ce qui ressort des enquêtes actuellement.
RJ : Bien, si on veut l’éviter, bien évidemment, déjà qu’on leur impose depuis des décennies, un parcours du combattant pour entrer dans la vie adulte, si en plus on ne fait par rapport à ce qui se passe depuis un an, c’est-à-dire la montée de la pauvreté, de la précarité et les difficultés financières : oui, il faut y répondre immédiatement !
Donc, je ne comprends pas que le Gouvernement soit arc-bouté sur des positions de principes, sur des dogmes et notamment sur ce refus d’ouvrir notamment le Minimum jeunesse à l’ensemble de ces jeunes.
Retrouvez également mon intervention dans le Journal Télévisé de France 3 Loire, du 17 février 2021 :
Le détail :
Régis Juanico : ” Il y a des victimes les plus graves, celles qui notamment ont été infectées dans la première vague ont eu des séquelles graves, qui vont les handicaper, qui vont les empêcher de pouvoir retourner normalement au travail. Puis il y a les formes au long court et pour celles-là, la seule maladie professionnelle ne permet pas de bien les prendre en charge.
(…)
A l’échelle des sommes qui ont été consacrées au soutien au secteur économique, cela ne paraît pas scandaleux. Et ça permet une juste et intégrale réparation des préjudices subis qui ne sont pas que des préjudices physiques. Ce sont aussi des préjudices économiques, sociaux et moraux.”
Article dans Le Monde du 18 février 2021 :
Article France Bleu Saint-Etienne Loire :
Retrouvez le détail de l’article ici.
Article de La Provence : “Pour un fonds d’indemnisation des victimes du Covid qui “n’oublierait personne”“
Retrouvez le détail de l’article ici.
Article LCP du 17 février 2021 ” Reconnaissance du “Covid long” : la proposition de résolution votée à l’unanimité”
Retrouvez le détail de l’article ici.
La majorité LREM dépose ce mercredi à l’Assemblée nationale une proposition de résolution pour la reconnaissance du Covid long… Lire la suite
Retrouvez le détail de l’article ici.
Article sur TL7 :
Retrouvez le détail de l’article ici.
Article sur Capital :
Mon intervention sur Activ radio, le 18 février 2021 :
Mon intervention sur Radio scoop, diffusée le 18 février 2021 :
Ce mercredi 17 et jeudi 18 février 2021, la reconnaissance de la forme longue de la maladie Covid va faire débat à l’Assemblée nationale… Lire la suite
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