J’étais l’invité, les 3 et 4 décembre dernier, au micro de Jean-Baptiste Cocagne de RCF Radio Auvergne-Rhône-Alpes et de Philippe Louat pour RCF Saint-Etienne, pour parler du sport en temps de crise sanitaire.
Le détail de mes entretiens :
Le 3 décembre 2020
Journaliste : Si je vous dis 2000 associations et 200.000 licenciés, c’est le nombre d’associations et de clubs dans la Loire, tous sports confondus. Le sport amateur reprend petit à petit après le deuxième confinement. Tout n’est pas en route. Tout ce qui est, en particulier, possible à plusieurs est encore en sommeil. On écoute Régis Juanico, au micro de Philippe Louat.
Philippe Louat : Bonjour Régis Juanico. Vous êtes député de la Loire, vous êtes aussi co-président du groupe de travail sur les Jeux Olympiques de Paris 2024 à l’Assemblée Nationale.
Le sport amateur reprend, il a un peu repris samedi et il reprendra un peu mieux le 15 décembre, puis le 20 janvier. Evidement, c’est un mieux, mais est-ce que ce n’est pas trop tard ?
Régis Juanico : Alors la grande difficulté du sport amateur aujourd’hui, c’est la coupure de quasiment 8 mois, à part le mois de septembre qui était une sorte de reprise des activités pour les clubs sportifs.
Heureusement pour le deuxième confinement, les élèves ont pu rester en classe et donc faire un petit peu d’EPS, contrairement au premier confinement, mais on voit les effets de la sédentarité chez les plus jeunes, chez les enfants.
Plusieurs kilos pris pour certains, de la masse graisseuse, de la perte de capacité physique… Puis chez les étudiants, une situation très alarmante. Des troubles alimentaires, de problèmes de santé mentale et psychologique.
On a besoin d’avoir puissamment de l’activité physique et sportive, y compris de l’activité adaptée pour les malades, ceux qui ont des séquelles du Covid : c’est très important d’avoir des soins de suite et de réadaptation.
Ça se fait beaucoup d’ailleurs à Saint-Etienne dans le cadre des soins de suite au CHU de Saint-Etienne. Et puis, il faut qu’on ait un programme ambitieux de reprise des activités physiques et sportives.
Ça va être compliqué parce qu’on recommence par les mineurs, ça fait un début d’activité pour les associations sportives. La reprise va être progressive, elle risque d’être chaotique jusqu’au premier trimestre 2021.
D’abord parce que tous les équipements sportifs ne sont pas complétement réouverts. Notamment à Saint-Etienne. Moi j’aurais souhaité pour les publics adultes qu’on puisse avoir une reprise avant le 20 janvier. Vous savez que de toute façon, les équipes de sports collectifs ont besoin d’avoir quinze jours de préparation, il faut réhabituer le corps.
Je trouve que repousser à fin janvier la reprise du sport adulte c’est un peu tard, et j’aurais préféré que ce soit avant, notamment les salles de sport. Globalement la place du sport dans les annonces gouvernementales n’a pas été à la hauteur de ce qu’on aurait souhaité.
Philippe Louat : Parce qu’au-delà du sport, c’est aussi un lien social. Quand on se retrouve le dimanche pour un match de foot entres parents et enfants. Et pour tout le monde, ça permet le maillage social au-delà du sport proprement dit.
Régis Juanico : Exactement, c’est créateur de liens humains. C’est la vie associative, c’est la vie communale, autour des terrains, dans les gymnases. Il y a aujourd’hui des risques très importants. C’est une perte de vie sociale.
Et puis on a aujourd’hui de fortes inquiétudes sur le retour des bénévoles. Pour certains ce sont des bénévoles séniors, des personnes plus âgées. Est-ce qu’au bout de 8 mois, alors qu’elles ont perdu des habitudes, elles vont revenir naturellement ? On l’espère.
C’est pourquoi il est nécessaire d’avoir des politiques publiques d’accompagnement et un grand plan d’accompagnement. Moi j’ai plaidé pour qu’on ait un grand plan d’activités physiques et sportives à l’école. Par exemple faire 30 minutes pour tous les élèves chaque jour dans les prochaines semaines, pour modifier un peu les programmes.
Phillipe Louat : Et le Ministre a retenu votre proposition. Jean-Michel Blanquer a dit « une demi-heure par jour ».
Régis Juanico : Oui, ce sont des discours, c’est théorique, mais pour l’instant on ne l’applique pas dans les établissements scolaires. Il y a un gros problème de santé publique pour nos enfants.
Philippe Louat : Se détendre, s’aérer, s’oxygéner, ça fait du bien à la tête Régis Juanico ?
Régis Juanico : La possibilité de faire une activité physique individuelle de plein air avec les règles de distanciation évidemment, ça a été une soupape. Avec les périodes de confinement, on constate des effets sur le plan physique, sur le plan psychique, extrêmement inquiétants : des troubles de l’anxiété, d’angoisse, dus notamment à l’isolement et au fait de ne pas prendre l’air.
Philippe Louat : Donc le sport est essentiel ?
Régis Juanico : Le sport est essentiel, il l’est pendant ces moments difficiles que nous passons. Il l’est, j’insiste beaucoup là-dessus, en prévention de la Covid-19, puisque les facteurs de comorbidité peuvent être combattus avec de l’activité physique régulière, modérée ou intensive, que ce soit le diabète, les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension, le surpoids, l’obésité…
On a beaucoup parlé de ces questions-là, les derniers chiffres de l’ANSES sont très inquiétants pour les enfants et les adolescents. Et puis c’est aussi un moyen de guérir et de remettre sur pied des malades de la Covid-19 qui ont eu des séquelles notamment,sur le plan pulmonaire, neurologique. Il faut les remettre sur pieds avec de l’activité physique adaptée et modérée.
Le 4 décembre 2020 :
Jean-Baptiste Cocagne : « Merci d’être avec nous. Avec vous, on va parler ce soir des conséquences du coronavirus et des confinements, cette année, sur le monde du sport professionnel comme amateur.
Alors depuis le week-end dernier tout d’abord, les mineurs, les moins de 18 ans, ont pu reprendre le sport en plein air et puis en salle, ça devrait être possible a priori si les conditions sanitaires le permettent, à partir du 15 décembre, au moment du déconfinement. Régis Juanico, c’est important que les jeunes, que cette classe d’âge, reprenne le sport ? »
Régis Juanico : « Oui, mais j’aurais souhaité que la reprise du sport se fasse aussi pour les majeurs, aussi pour le public adulte.
C’est vrai aujourd’hui qu’on voit les effets de la Covid-19 sur la jeunesse dans les travaux de notre Commission d’enquête à l’Assemblée Nationale, conduits par Marie-George Buffet.
Nous voyons effectivement des effets physiques, des effets psychiques extrêmement importants des deux confinements de cette période de crise sanitaire où notamment les effets de la sédentarité sont catastrophiques pour la jeunesse, pour les adolescents en particulier !
Il y avait déjà des études de l’ANSES qui montraient, notamment en 2017, qu’il y avait plus de la moitié d’une classe d’âge qui passait plus de temps devant les écrans qu’à faire une activité physique, avec un danger grave pour la santé de ces générations-là.
Mais on sait que la crise sanitaire a amplifié ces effets de la sédentarité sur la santé et qu’aujourd’hui, il y a une prise de poids de plusieurs kilos en particulier chez les jeunes.
C’est aussi vrai dans l’ensemble de la population, mais chez les plus jeunes, une augmentation de la masse graisseuse, c’est moins d’activité physique, plus de temps devant les écrans et puis peut-être des troubles liés à une plus mauvaise alimentation, un sommeil perturbé.
Et ces effets combinés-là sont très mauvais pour la santé de nos enfants, de nos adolescents. »
JC : « …On parle d’une année 2020, est-ce que à cet âge finalement si on revient entre guillemets à la normale dans les semaines à venir, ce ne sera pas que du passé récent finalement ? Quand on est jeune, le poids on peut le perdre facilement ? »
RJ : « Alors, c’est une tendance structurelle, lourde, qui est observée dans toutes les études scientifiques.
Vous savez qu’en 40 ans, les collégiens aujourd’hui ont perdu à peu près 25% de leur capacité physique, c’est-à-dire qu’il y a 40 ans, dans les années 70, on courait un 600 mètres en 3 minutes en moyenne et aujourd’hui (l’étude date de 2013) les collégiens le courent en 4 minutes.
Il y a aujourd’hui une classe d’âge qui est plus en surpoids, en obésité et donc il faut absolument mobiliser des politiques publiques pour lutter contre ce phénomene de sédentarité.
Lors du premier confinement, les élèves n’étaient pas à l’école donc vous savez qu’il y avait cette possibilité de dérogation au confinement qui consistait à faire une heure d’activité physique possiblement dans la journée, dans un rayon d’un kilomètre.
Je pense que ça a joué quand même comme une soupape, une bouffée d’oxygène mais bien évidemment moi j’aurais souhaité que pour le 2ème confinement, on tire les enseignements du 1er et qu’on permette dès le début, la possibilité d’avoir 3h de liberté et un rayon de 20 km de façon à avoir une possibilité plus large.
C’est vrai qu’on aurait aimé que la place du sport soit mieux reconnue à l’occasion du 2ème confinement.
Et puis que surtout dans le confinement, on puisse à la fois permettre aux mineurs de reprendre le chemin des associations sportives, des clubs mais aussi aux adultes, puisqu’il faut bien encadrer les jeunes, donc il y a bien des adultes sur les terrains de sport de plein air, depuis le 1er décembre et puis dans les sports collectifs et aussi dans les gymnases à partir du 15 décembre.
Voilà, je trouve que la reprise du sport amateur pour le public adulte, fin janvier, se fait trop tard ! »
JC : « Je reste sur la question de la jeunesse, concernant la pratique en club sportif : est-ce qu’on est en train de rater une classe d’âge ?
Là encore, je modère mes propos, c’est-à-dire que ce n’est qu’une année, une année noire pour ces clubs, mais est-ce que vous êtes inquiet sur le fait que certains n’ont pas pris le réflexe de s’inscrire en club tout simplement ? »
RJ : « Bien, de toute façon la perte de licences, elle est générale, elle est de 25%-30% en moyenne, mais pour certaines disciplines sportives et certains secteurs notamment les associations sportives scolaires comme l’UNSS, la baisse est de l’ordre de 30 ou 40%.
Donc, oui, ça touche beaucoup plus encore le public des jeunes, c’est pourquoi il faut des dispositifs spécifiques comme nous l’avions proposé avec Jean-Jacques Lozach, l’an dernier.
Cette idée d’avoir un Pass Sport, pour inciter notamment les familles à inscrire leurs enfants dans les clubs sportifs, donc une aide financière, un soutien à la dépense sportive quelque part. »
JC : « Alors, justement ce Pass Sport que vous appeliez de vos vœux l’an dernier, Emmanuel Macron a annoncé sa création, l’an prochain en 2021 pour les jeunes licenciés.
Donc, c’est une aide financière comme vous le disiez, qui prend en charge une partie du coût de l’inscription dans un club sportif pour un jeune de moins de 16 ans.
On n’a pas encore l’enveloppe globale, on partirait autour d’une cinquantaine d’euros, ça va quand même dans le bon sens, même si vous, l’an dernier, vous proposiez 500 euros donc 10 fois plus pour les 14 ans jusqu’à 20 ans, même ? »
RJ : « Nous avions, nous, imaginé un dispositif qui soit un petit peu l’équivalent du Pass Culture, qui a été expérimenté vous le savez, mais pour les plus de 18 ans dans un certain nombre de Départements et nous, nous souhaitions l’instauration d’un Pass Sport, qui permette à la fois d’aider à la prise de licence, de cotisation dans un club, mais aussi une aide à l’achat d’équipements sportifs et à l’accès d’un certain nombre d’équipements sportifs aussi.
Pourquoi de 14 à 20 ans ? Parce que c’était là qu’on a observé dans toutes nos études scientifiques, ces dernières années, les âges de décrochage sportif : la fin du collège, l’entrée en lycée, notamment pour les jeunes filles.
Le passage entre le lycée et les études supérieures, on sait que ces catégories-là d’âge sont le plus touchées par le décrochage sportif.
Le dispositif imaginé pour le moment par le Gouvernement ne s’adresserait qu’aux moins de 16 ans et il serait sous conditions de ressources, ce que nous n’avions pas imaginé avec Jean-Jacques Lozach, pour que nous ayons un dispositif large qui s’adresse à tout le monde.
Et donc, effectivement la cible, ce serait 2 millions de jeunes touchés qui bénéficieraient d’un Coupon Sport, terme plus approprié que Pass Sport ! C’est 2 millions fois 50 euros, ça fait à peu près 100 millions d’euros pour l’année 2021.
Pour être efficace, ce dispositif de Pass Sport, doit être un dispositif d’accompagnement à la reprise d’activité, notamment des clubs.
Et on espère bien évidemment que cette reprise d’activité, après 8 mois très chaotiques d’interruption quasi-totale des activités dans les clubs sportifs amateurs en particulier, qu’elle puisse se faire au 1er trimestre 2021, le plus vite possible et dès janvier.
Et donc, si on veut être efficace sur l’objectif de ce Pass Sport, d’accompagner les familles et les enfants, il faut que ce dispositif soit mis en place dès le 1er trimestre 2021. Or, pour le moment, pour le Gouvernement, au mieux ce sera envisagé pour juin-septembre 2021, c’est-à-dire beaucoup trop tard, en fait, par rapport à cette reprise d’activité ! »
JC : […] « Peut-être un mot sur la conjoncture économique de ces clubs sportifs, on l’a évoquée rapidement, mais pour soutenir ces clubs il y a un Fonds d’urgence de 15 millions d’euros qui a été annoncé par Emmanuel Macron, qui sera reconduit l’an prochain, avec 5000 Services civiques qui seront réservés aussi aux clubs sportifs. Quel est votre constat sur ce monde amateur qui vit par ses associations, par ses bénévoles ? »
RJ : « Oui, on a eu l’occasion d’évaluer en temps réel à l’Assemblée Nationale, entre mars et juin, ce qu’était l’impact de la crise sanitaire sur les clubs sportifs amateurs et on s’est appuyé notamment sur les travaux d’une start-up stéphanoise qui s’appelle “La Centrale du Sport” et qui a évalué entre mars et juin la perte moyenne pour les clubs amateurs.
Vous savez que le budget moyen d’un club amateur, c’est 50.000 euros, la perte moyenne financière s’établissait avant l’été à 10.000 euros, avec tous les événements qui avaient été annulés dans cette période-là : les événements de convivialité type vide-greniers ou tombolas ou les événements sportifs et tout ce qui concerne les ressources financières liées à la buvette lors de l’organisation de matchs.
Avec la 2ème coupure du mois d’octobre-novembre, on sait que là les pertes sont beaucoup plus importantes et donc effectivement, avant l’été, on a dit, on a alerté le Gouvernement, pour dire que le Fonds d’urgence qui avait été décidé de 15 millions d’euros pour 2020, était nettement insuffisant.
Or, c’est exactement le même Fonds d’urgence et le même montant qui est reconduit pour 2021, alors qu’on sait que la situation sera encore plus critique pour un certain nombre de « petits clubs », des clubs de taille moyenne !
D’autant plus qu’il y a une grosse incertitude sur le volet sponsors, c’est-à-dire les partenaires des clubs sportifs amateurs et ça représente 10 à 15% des ressources financières des clubs et pour 50%, cette enveloppe, ce sont des artisans, des commerçants locaux, des bars, des restaurants et ce sont aujourd’hui des catégories extrêmement affectées par la crise sanitaire. Donc on a beaucoup d’incertitudes pour la reconduction de ces partenariats financiers.
Donc un Fonds d’urgence avec 15 millions, ce n’est pas suffisant ! »
JC : « On parle souvent des entreprises, mais ces associations sont aussi des vecteurs de citoyenneté, des vecteurs d’engagement bénévole, c’est bien au-delà, si j’ose dire, d’un simple travail. »
RJ : « Oui bien-sûr ! C’est d’abord du lien social, de la citoyenneté, de la cohésion au niveau de nos territoires, c’est l’animation aussi de la vie de nos communes et de nos quartiers : c’est tout cela un club sportif. »
JC : « Et ça, c’est en danger cette année ? »
RJ : « Oui. Ce qu’on a perdu depuis 8 mois, c’est vraiment du lien humain et du lien social. Et c’est valable pour l’ensemble de la vie associative, à part quelques associations de solidarité, qui elles n’ont pas eu le choix que de continuer à aider, notamment les personnes les plus fragiles et les plus vulnérables, mais l’ensemble de la vie associative est à l’arrêt.
C’est sans précédent dans notre pays, dans notre Histoire, depuis quasiment 8 mois ! Et le risque effectivement, c’est à la fois, au-delà de la perte des liens humains, le fait de perdre des licenciés tout simplement, c’est aussi qu’un certain nombre de bénévoles, alors dans le monde sportif ils son plus de 3 millions, notamment les éducateurs sportifs, ceux-là, au bout de 8 mois passent à autre chose ou peut-être ne reprennent pas complètement le chemin de leur club.
Il y a cette difficulté-là, ça peut être aussi pour des bénévoles seniors la crainte aussi que les conditions sanitaires ne soient pas au rendez-vous dans quelques semaines et pour les prochains mois.
Donc, il y a beaucoup de points d’interrogation et en face, je pense que la situation a été très clairement sous-estimée.
On n’a pas encore mis les moyens financiers et humains à la hauteur de ce qu’était la crise dans le secteur sportif et dans le secteur associatif. Je rappelle qu’aujourd’hui, toutes les mesures prises pour le sport professionnel et le sport amateur confondus, c’est 400 millions d’euros sur un Plan de relance de 100 milliards ! »
JC : « Voilà pour le sport amateur. J’aimerais qu’on parle du sport professionnel. Emmanuel Macron, après sa réunion avec tous les acteurs du sport à la mi-novembre, a réitéré l’affirmation de la fermeture des stades, des enceintes sportives au public jusqu’à au moins janvier, sans plus de précisions.
Il a annoncé toutefois un Fonds de compensation de 100 millions pour le sport professionnel. Là encore, quel est votre constat ? On a parlé du tissu associatif, là on est sur des entreprises véritablement et quel est le risque selon vous ? »
RJ : « Le risque est très important aussi pour le sport professionnel. Alors, je mets de côté le football professionnel qui a ses propres problématiques actuelles, notamment sur les droits télé avec le contrat Médiapro.
Il y a une épée de Damoclès qui pèse sur l’ensemble des clubs de football professionnel de Ligue 1 et Ligue 2 qui sont sous la menace d’une cessation de paiement d’ici fin mars, début avril. Les droits TV représentant autour de 50/60% des ressources financières de ces clubs.
Donc, il va falloir aider aussi le football professionnel d’une façon ou d’une autre, à imaginer une nouveau modèle économique, mais je dirais que la menace est surtout sur les sports collectifs.
Le rugby qui dépend beaucoup moins des droits télé mais qui dépend plus de la billetterie et des partenariats.
Là effectivement, il y a un gros manque à gagner pour chaque match qui est organisé sans public et puis il y a les sports collectifs de salle, comme le handball et le basket, le volley-ball où là aussi, on sait que pour certains clubs de handball par exemple qui évoluent en 1ère division nationale de notre Région, comme Chambéry, c’est 250 000 € de pertes par match joué sans public et sans partenaires.
Donc ce n’est pas viable ! Et cela ne peut pas durer longtemps. Il faut là aussi et c’est une demande que l’on fait au Gouvernement, des décisions rapides pour que le public puisse de nouveau retrouver les stades !
C’est en plein air, il peut y avoir le port du masque qui peut être vérifié, il peut y avoir les flux de circulation qui soient organisés et on peut imaginer des règles qui permettent quand même d’aller au-delà de simplement un chiffre comme 1000 ou 5000 pour les jauges, mais plutôt un chiffre qui soit en proportion de la capacité d’accueil d’un stade. Ça c’est vital et j’espère que ce sera le plus rapidement possible au mois de décembre, il ne faut pas attendre fin janvier ! »
JC : « Un dernier sujet à aborder avec vous Régis Juanico. Vous êtes Co-Président du Groupe de Travail à l’Assemblée Nationale sur les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, à Paris et un peu aussi dans toute la France, je crois que Saint-Etienne est concerné notamment. »
RJ : « Oui. »
JC : « Est-ce que le coronavirus pèse sur cette préparation ? Est-ce que d’ores-et-déjà ça pose de vraies difficultés 4 ans, enfin 3,5 ans, avant l’échéance ? »
RJ : « Comme vous le savez, les Jeux de Tokyo ont été repoussés d’un an, donc là on a une conséquence directe de la crise sanitaire de cette année, ils auront lieu à l’été 2021.
Alors on ne sait pas encore complètement sous quel format, est-ce qu’il y aura du public comme habituellement, si toutes les épreuves se tiendront mais ces Jeux Olympiques et Paralympiques devraient se tenir à Tokyo.
Vous savez aussi que ça a un surcoût de 1,6 milliard.
La crise sanitaire doit nous obliger à revoir le concept de Paris 2024 : aller vers plus de sobriété, encore plus de sobriété financière, écologique en particulier, environnementale et prendre en compte aussi ce facteur de santé publique.
C’est ce que fait l’équipe du Comité d’Organisation en ce moment, il y a déjà eu une économie de 400 millions d’euros (10% du budget).
Mais les JO, c’est surtout un héritage sportif et territorial qu’il faut construire d’ici 2024, que ce soit pour les jeunes ou les moins jeunes, qu’on fasse pratiquer aujourd’hui davantage d’activité physique. J’évoquais tout à l’heure les étudiants qui sont en grande difficulté en ce moment, notamment sur le plan de la santé.
Donc, il faut des programmes spécifiques, c’est valable aussi pour les salariés, c’est valable aussi pour les personnes plus âgées qui sont notamment dans les établissements médico-sociaux, pour les personnes les plus éloignées de la pratique sportive… C’est sur cette ambition-là sur laquelle il faut travailler.
Mais en tout cas, ce seront des Jeux, notamment en termes de sites de compétition, de transport, de gestion des déchets, qui auront une forte dimension environnementale. C’est ce qui va peut-être changer véritablement en 2024, par rapport aux autres Jeux. »
Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.
Laisser un commentaire