Je suis intervenu à l’occasion de l’audition des deux représentants du Mouvement sportif français, Denis Masseglia, président du CNOSF et Marie-Amélie Le Fur, présidente du CPSF.
Après huit mois de silence du Président de la République sur la place du sport dans la crise sanitaire et le soutien à apporter par les pouvoirs publics, espérons que les acteurs du secteur soient enfin entendus ce jour !
Le détail de mon intervention :
« Aujourd’hui, l’activité sportive, c’est bien plus que simplement la question de l’épanouissement ou la question de la santé physique ou la santé psychique que nous avons abordé dans nos précédentes auditions.
Aujourd’hui le coup d’arrêt qui est sans précédent pour le Sport amateur, pour la Vie associative, dans notre pays, c’est une perte très importante, substantielle, de relations humaines et de vie sociale. Et on n’a pas fini d’en mesurer les conséquences dans la durée.
Alors, oui le risque, je le répète, c’est de sous-estimer ce qui est en train de se passer dans le pays ! Malheureusement, les moyens financiers qui sont mis en face de cette crise que traverse notamment le Sport amateur, sont nettement insuffisants.
On a beaucoup entendu Tony Parker ces derniers jours, se faire le porte-parole du Sport français, à la limite au lieu de s’adresser à Jean-Michel Blanquer ministre des sports ou à Roxana Maracineanu, la Ministre déléguée, il ferait de s’adresser très directement à Bercy !
Parce que le problème, il est là. Il est qu’on n’est pas pris au sérieux dans nos discours. Et quand on a interrogé Jean-Michel Blanquer, il y a quelques jours sur la question du Sport à l’école, parce que là pour le coup dans le Décret gouvernemental dans les publics prioritaires qui peuvent continuer à pratiquer dans les équipements sportifs, il y a bien le scolaire, il y a bien le périscolaire, il y a les personnes en situation de handicap, il y a les malades chroniques à travers les activités physiques adaptées.
Les écoles, collèges, lycées restent ouverts : ce qui manque, c’est quelque part un grand plan d’accompagnement y compris à l’école et dans le périscolaire, pour faire faire plus de sport aux plus jeunes et aux enfants, dans la mesure où les clubs sportifs ne peuvent plus aujourd’hui assumer cette tâche dans la période actuelle.
Et donc, je pense qu’il ne faut vraiment pas relativiser ce qui est en train de se passer dans le pays. Moi, quand j’ai entendu les discours avant l’été au sommet de l’Etat « Mais les clubs amateurs font des économies » je me suis dit « là vous êtes très très loin de la réalité de ce qui se passe dans le pays » !
Et y compris pour les Fédérations, si on fait juste une petite multiplication, hein Denis, 3 millions de licenciés en moins, j’espère que ça sera le moins possible, on n’a pas encore les chiffres définitifs, vous multipliez par la part fédérale de votre cotisation de licenciés à 40€, on est à 150 millions d’euros déjà de pertes uniquement pour les Fédérations !
Et les Fédérations, elles ne sont pas toutes riches comme le football, le rugby, le tennis, et même le basket, Jean-Pierre Siutat nous disait cette semaine qu’il avait mis 2 millions d’euros dont 1 million aux clubs à disposition dans son Fonds de solidarité : 300.000 seulement avaient été consommés !
Parce qu’il n’y a pas aujourd’hui connaissance de ces dispositifs. Il a raison Denis de dire que les dispositifs d’aide ne sont pas connus. Et le Fonds d’urgence doit être à la hauteur il ne peut pas être à 15 millions puis à 30 puis à 50 millions d’euros. Pour l’ensemble de notre pays, il faut qu’il soit à des montants de 150, 200 millions d’euros et ça, ça nécessite véritablement des décisions.
Pareil pour le mécénat sportif. Et je finis sur le Pass Sport, oui il nous faut un Chèque Sport, c’est-à-dire une mesure d’accompagnement de la reprise de l’activité physique quand elle sera possible. Bien évidemment, il y a encore de l’incertitude, on ne sait pas si on n’aura pas une 3e vague en janvier-février, peut-être une 4e vague au printemps. Il faut attendre que le vaccin puisse être diffusé massivement.
Beaucoup d’incertitudes et de points d’interrogation, mais quand ce moment viendra et qu’on aura la certitude qu’on peut relancer, pas comme en septembre mais qu’on peut relancer durablement les activités physiques et sportives dans les clubs, il faut une mesure d’accompagnement de soutien de la dépense sportive aux familles.
Et ça, c’est le Chèque Sport mais ça ne peut pas attendre la rentrée 2021, donc il faut qu’on soit ensemble le CPSF, le CNOSF, les élus mobilisés sur les questions sportives à l’Assemblée Nationale pour dire « C’est dès le début de l’année 2021 qu’il faut qu’on ait cette mesure qui soit mise en place » !
Voilà ce que je voulais simplement indiquer pour compléter les propos de Denis et Marie-Amélie ce matin et dire ceci ; comme on ne l’a pas fait au moment du déconfinement où on aurait pu mettre le paquet sur l’activité physique adaptée, les éducateurs au service des clubs pour repartir et dire « Bah voilà, même si c’est l’activité de plein air, physique et individuelle au départ, puis après pour les sports co, les sports de contact quand on a eu les protocoles » : mettre le paquet aujourd’hui sur la reprise des activités physiques pour les plus jeunes et pour les enfants, ça passe aussi par l’école, puis ensuite par les clubs, j’espère en janvier-février. »
Réponse de Denis Masseglia
« Je voulais juste dire qu’il y a un truc qui m’a choqué, de manière générale, parmi les commerces ouverts, il y a tous les magasins de bricolage et pourquoi pas et tant mieux, moi je bricole donc ça m’arrange.
Mais par contre, il n’y a pas les magasins de sport, donc on a jugé que le bricolage était indispensable à l’équilibre des gens, mais pas le fait de pouvoir s’équiper en sport, si on avait d’en faire !
Alors on a pensé que les gens étaient déjà équipés, comme si une paire de tennis ça ne s’usait pas et comme si les gens qui n’étaient pas équipés, n’avaient pas besoin de s’équiper. Ce que je veux dire, c’est assez illustratif du fait que, ou bien que le Sport n’est pas défendu, ou bien il est vraiment considéré comme une quantité négligeable.
Et c’est juste révélateur. Je ne prends pas la défense de Décathlon ou de Sport 2000 ou autre. Je veux juste préciser que c’est passé à côté, alors comme les fleuristes, comme les cordonniers ou autre, mais quand même.
Voilà, c’est juste une indication sur quand on exprime un certain manque de considération, ça commence par là et alors je ne dis pas, pour ceux qui sont bénévoles, alors là le bénévolat, lui il échappe au radar total de Bercy !
Quelque part, c’est « vous ne comptez pas ! » donc ce dont le Mouvement sportif a besoin, c’est juste un peu de considération. Et si, cette considération passe par une aide financière, bien, c’est toujours ça ! Quelque part, qui sera perçu comme étant la considération en question.
Ça, si on lui dit [au Mouvement sportif] « Vous n’avez besoin de rien et thésaurisez » comme l’a dit Régis, alors qu’il a besoin simplement qu’on reconnaisse l’action qui est la sienne, par rapport à tout ce qu’il peut apporter aux populations, à la jeunesse et parfois la jeunesse grâce aux populations adultes qui payent les cotisations qui vont servir aux activités réservées à la jeunesse, ça fait beaucoup ! On est train de mettre en péril tout un secteur d’activité.
Je pense qu’il y a des solutions, alors j’espère en tout cas que la solution du Pass-Sport de reprise sera unanimement soutenu, parce que c’est vraiment la priorité des priorités pour nous. Voilà ! Vous m’avez demandé de faire une conclusion, pour moi en tout c’est la mienne ! Voilà et après ce n’est pas moi qui ait la prétention de faire la conclusion de la séance. »
Réponse de Marie-Amélie Le Fur
« Non, je pense que le principal a été dit. Effectivement, cette crise, elle nous amène tous à nous réinterroger, à avoir les opportunités différemment, il faut vraiment utiliser cette crise pour permettre à nos clubs de se renouveler, de se réinventer, mais surtout d’avoir la capacité d’aller chercher ces pratiquants supplémentaires que l’on souhaite et de transformer vraiment ces pratiquants en licenciés, parce que n’oublions pas que le Sport c’est l’intérêt social et ce lien social, on le trouve vraiment à travers du club et de la pratique sportive adaptée. Il y a des protocoles sécurisés qui sont mis en place par les bénévoles dont on a longuement parlé.
Régis Juanico
« Il y a une grosse alerte sur le Sport adapté quand même, Marie-Amélie ! Ce que tu as dit sur les moins 70% de pertes de licences, ça doit quand même nous interpeller ! »
Marie-Amélie Le Fur
« Bah, la problématique, c’est vraiment ce qui se passe actuellement dans les ESMS (Etablissements Sociaux et Médico-Sociaux) mais pour en avoir déjà longuement émis les difficultés, voilà, il faut vraiment qu’on ait une évolution. Notamment une évolution de la Loi-Cadre de 2002 pour faire en sorte que le Sport soit aussi inscrit aux projets d’établissements, au même titre que la Culture, au même titre que d’autres activités.
Ce n’est pas le cas actuellement et on voit bien malheureusement que la crise sanitaire est un moment qui amène les directeurs à se poser la question et finalement à couper ce lien à l’extérieur qu’offrait le Sport, traditionnellement à ces établissements et notamment à leurs adhérents. »
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