En tant que député Génération.s de la Loire, j’étais présent aux journées d’été des écologistes à la Cité fertile de Pantin (Seine-Saint-Denis) le week-end du 20 au 23 août et j’intervenais lors d’un atelier “Sport pour toutes et tous et crise sanitaire”.
Le débat était animé par Pascal BILDSTEIN, directeur communication, marketing et événementiel de la Fédération Française de badminton, avec la participation de trois autres intervenants :
La crise sanitaire du COVID 19 et la période de confinement ont mis en évidence la nécessité d’avoir une activité physique et sportive, facteur de bien être, de santé physique, morale et d’émancipation.
Le “monde d’après” doit être celui de la métamorphose écologique et sociale de la pratique sportive pour le plus grand nombre. La reconnaissance de l’activité physique et sportive doit se situer comme un vrai enjeu de société et de santé publique.
Cependant « la sortie de crise » dans le sport est compromise par la persistance de fragilités financières et organisationnelles. Les acteurs sportifs dans leur diversité sont touchés par la crise. Ubérisation (autoentrepreneurs) et agressivité commerciale (secteur commercial) déstabilisent les clubs.
Quels sont les axes prioritaires d’une reconstruction, et avec quels acteurs? Quelle est la place du service public ? Comment prioriser l’intérêt général, éducatif, sociétal et environnemental ? Quel peut être la place du sport santé ?
Le détail de mon intervention :
(Pascal Bildstein : PB ; Régis Juanico : RJ ; Anne-Marie Heugas : AH ; Emmanuelle Bonnet Oulaldj : EB ; Didier Chavrier : DC)
PB : « Alors, sans attendre, Anne-Marie, je te laisse commencer sur un petit diagnostic sur l’état du Sport pour tous actuellement, qu’en est-il d’après toi et comment se porte t-il ce Sport ?
AH : « Tout d’abord, je voudrais commencer en tant que co-secrétaire de la commission Sport, par remercier donc tous nos invités d’avoir accepté de participer à cet atelier. Je voudrais aussi remercier Frédéric Steinberg, co-secrétaire, qu’on ne voit mais pas quand même, qui a beaucoup contribué à l’organisation de cet atelier. Eh bien, Pascal tu as déjà pas mal décrit la situation du Sport, mais bon c’est vrai que le Sport pour toutes et tous, il ne va pas très bien. Je dirais que ce n’est pas nouveau et qu’en fait la Crise sanitaire n’a fait qu’accentuer et exacerber les difficultés que le Sport rencontrait déjà. Ça a été dit, la situation s’est dégradée ces dernières années, puisqu’effectivement, on constate qu’il y a vraiment un désengagement de l’Etat pour financer le Sport en général et le Sport pour tous en particulier. Ce désengagement est d’ailleurs en totale contradiction et on est un peu dans la schizophrénie, puisqu’il y a quand même 3 ans : annonce des Jeux Olympiques à Paris et on se disait « Bon bah voilà, enfin, quoi qu’on dise, on va peut-être avoir des moyens pour effectivement, soutenir le Sport ! ». Eh bien non ! Il s’en est suivi, comme cela a été dit, une baisse du Budget Sport, il représente 0,2% du Budget total de l’Etat. Quand on regarde la Culture, c’est 1%. C’est [750 millions à peu près, pour le Budget Sport] « under control » parlementaire et la Culture, c’est 10 milliards. Donc, vous voyez qu’on ne joue même pas tout à fait dans la même cour et c’est vrai que tout ça, est assez contradictoire et pose souci. Donc, il y a eu une baisse du financement, une baisse des Emplois d’Avenir, il y a aussi le reclassement ou le déclassement plutôt des Conseillers Techniques Sportifs, donc 1600 emplois nationaux qui à terme, devraient disparaître et puis la baisses des dotations de l’Etat pour les Collectivités territoriales. Alors là, je dirais c’est un peu le pompon, parce qu’aujourd’hui, il faut quand même savoir que ce sont les Collectivités territoriales dont les Municipalités, qui font vivre le Sport au quotidien ! Puisque c’est elles qui le financent pour 80% à 85% des investissements, donc c’est la création d’équipements, c’est la rénovation, c’est la maintenance, mais également le fonctionnement donc c’est la subvention aux associations sportives, le soutien à des dispositifs Sport-Santé par exemple, l’événementiel. Donc, vous voyez que : annonces et puis derrière il n’y a rien qui suit et on se retrouve en difficulté ! Et puis, bah la COVID passe par là et c’est vrai qu’on se retrouve encore plus en difficulté, les Collectivités territoriales et moi donc, j’ai été élue de 2008 à 2020 à Montreuil, donc j’ai dû gérer là, la crise sanitaire et donc le confinement. Eh bien, les Collectivités sont une fois de plus les premières au front et on a des dépenses liées à la gestion de la Covid et on a des associations sportives qui se sont arrêtées… Enfin, voilà, tout cela est à l’arrêt, donc ça fait des recettes en moins. On a estimé que cela fait 500 millions d’euros de dépenses, à Est Ensemble [agglo dont fait partie Montreuil dans le 93], il y a eu une baisse des recettes de 600.000€ due à la fermeture des piscines. En gros, l’argent public se fait rare et c’est vrai que pour soutenir le Sport pour tous, c’est extrêmement compliqué. »
PB : « Merci. Alors, Monsieur Juanico, vous êtes au fait des investissements de l’Etat. Qu’est-ce que vous en pensez, alors de ce qu’Anne-Marie dit ? »
RJ : « Un mot, peut-être sur la crise sanitaire et un autre sur la relance du Sport amateur après la crise sanitaire. Le Sport, il a joué un rôle très important pendant le confinement et il a joué un rôle de soupape, de bouffée d’oxygène pour beaucoup de Français. Puisque, comme vous le savez, 40% de Français, 4 Français sur 10 ont pratiqué une activité physique et sportive pendant le confinement et parmi ceux-ci, il y a eu 20%, 1/5 qui ont découvert une nouvelle activité physique et sportive. Ça , c’est très important ! Alors, ça peut être la course à pied, ça peut être la marche nordique, ça peut être le vélo qui a connu aussi, depuis un boom considérable, ça peut être le jardinage, activité écologique en particulier puisque c’était une des activités autorisées, c’était une des dérogations aussi, possibles. Et donc, on voit que cela a été le fait de bouger, le fait de se déplacer activement, un facteur puissant et indispensable, effectivement d’équilibre, d’épanouissement, mais aussi de lutte contre le stress, de lutte contre l’anxiété. Et d’ailleurs, c’est l’activité physique et sportive, Jean-François Toussaint l’explique très bien, c’est une façon de fabriquer de l’immunité. C’est un bienfait pour la santé publique : aujourd’hui on guérit la Covid quand on a été malade, avec de l’activité physique adaptée, notamment à l’Hôtel –Dieu [de Paris] comme on l’a vu en ce moment dans les articles. Donc, à part quelques Maires inconséquents qui ont des pris des arrêtés aberrants pour restreindre l’activité physique en plein air, en particulier entre 9h et 21h, c’était le cas à Saint-Etienne ! C’était un des seuls en France, fort heureusement. Le Sport a joué un rôle considérable ! Le problème, c’est quoi ? C’est qu’il n’y a pas eu de suite, c’est-à-dire que cela a été une occasion manquée, c’est que les gens qui sont mis à faire du sport ou qui se sont remis à faire une activité, on n’a pas su les capter et les Pouvoirs publics auraient dû dire, juste après le confinement : « On met des moyens financiers et humains pour mettre des éducateurs sportifs à disposition des clubs. » Tous les clubs, bien évidemment n’ont pas repris, la reprise est chaotique, on va y revenir, faut d’équipements sportifs. Mais on met des moyens pour accueillir ce nouveau public avec une offre plus ludique, moins compétitive, une offre plus loisirs, dans les clubs, avec une activité sportive encadrée et notamment les activités physiques adaptées, qui sont des activités aujourd’hui, qui permettent de lutter contre les maladies chroniques. Il y a 16 millions de Français concernés et donc c’est vraiment une occasion manquée, d’autant plus que les mutuelles étaient prêtes à mettre des moyens financiers conséquents sur la table ! Elles ont fait des économies pendant la Covid, c’est comme cela puisqu’il y avait moins d’hospitalisations, moins de remboursements de soins. C’est en train de se rattraper, mais ils étaient prêts à mettre des centaines de millions d’euros sur la table pour accompagner ce mouvement du Sport sur ordonnance, vers une activité physique adaptée. Darmanin a dit non ! Il a dit « moi je suis Ministre des comptes publics, je veux récupérer cet argent, je ne veux pas le mettre pour le Sport et l’activité physique adaptée ». Un mot sur la relance, simplement sur le Sport, puisque cela c’est la grande oubliée des Pouvoirs publics pour cette rentrée. On dit qu’il y a eu un Plan de relance pour le Sport, mais ça concerne essentiellement les associations employeuses, or 90% aujourd’hui des associations sportives n’ont pas d’emplois et donc n’ont pas pu avoir les aides de droit commun, le Fonds de solidarité gouvernemental, le chômage partiel pour leurs employés…etc. Celles-là, il y a eu des études très précises qui ont été faites, notamment par la Centrale du Sport qui est une start-up stéphanoise, qui a démontré que pendant la crise sanitaire, pendant le confinement, ce sont 10 événements en moyenne qui ont été annulés dans les clubs amateurs. Ça représente 7000 euros de pertes financières : les rendez-vous conviviaux de fin d’année c’est-à-dire le concours de pétanque, le vide-grenier…ça peut être aussi les stages de fin d’année et puis aussi toutes les recettes de buvette [3000 euros en moyenne] et de convivialité, donc ça représente 10.000 euros [7000+3000] par club ! Plus le fait que les mécènes aujourd’hui, 50% de mécènes locaux : les artisans et les commerçants qui sont en très grande difficulté économique et il y a une sous-estimation, je l’ai dit plusieurs fois à l’Assemblée Nationale, de la part du Gouvernement, des conséquences sur le Sport amateur : il n’y a pas de Plan de relance spécifique, c’est le seul secteur d’activité, aujourd’hui, primordial n’est-ce pas ! Là, on parle de 350.000 clubs sportifs, de 3,5 millions de bénévoles et de 16 millions de licenciés et des centaines de milliers d’éducateurs sportifs. C’est le seul secteur d’activité qui n’a pas un Plan de relance financier à la hauteur ! On y reviendra tout à l’heure. »
PB : « Donc une occasion pour l’instant, complètement loupée ! On n’a pas la Fédération Française du Jardinage, mais on a deux Fédérations malgré tout ! Pour la FSGT [Fédérations Sportive et Gymnique du Travail], Emmanuelle, quel est votre diagnostic, qu’est-ce vous pensez de tout ça ? »
EB : « Eh bien d’abord, je voulais confirmer ce que vient de dire Régis Juanico, la FSGT a d’ailleurs écrit à la Ministre, pour noter que seules les associations employeuses avaient bénéficié d’un Plan de relance et si 4 Français sur 10 ont pu pratiquer des activités physiques et sportives pendant le confinement, ça veut aussi dire qu’il y a 6 sur 10 qui n’en ont pas bénéficié et pour moi c’est un enjeu important du diagnostic actuel, c’est la question des inégalités et ce sont les premiers de cordée pour le coup, les milieux populaires, les plus précaires qui n’ont pas accès aux activités physiques et sportives, qui sont pourtant une source d’émancipation, d’échappatoire à la crise qu’on a vécu. Et si je devais résumer le diagnostic qui précède donc cette crise de la Covid, je me réfère souvent à un résumé de la pensée de Friedrich Hayek, un précurseur de la pensée de l’économie néolibérale, avec Milton Friedman et qui disait « Il faut limiter la démocratie pour illimiter le marché » et si cette phrase peut concerner plein de secteurs, je pense que c’est exactement ce qui a été appliqué pour le Sport ces dernières années. Limiter la démocratie, ça passe par deux vecteurs : affaiblir l’Etat ou les Collectivités territoriales, l’acteur public et affaiblir la société civile, donc le Mouvement sportif et les associations. Et la stratégie qui est mise en œuvre depuis plusieurs années et qui s’est vraiment renforcée depuis 2,3 ans, c’est de libéraliser la concurrence : c’est d’ailleurs ce que nous a dit en réunion publique, l’Elysée « Il faut libéraliser la concurrence », la Ministre des Sports dit qu’il faut mettre les Fédérations en concurrence et donc finalement, cela a pour conséquence de nier la capacité des acteurs associatifs à être des acteurs citoyens et finalement en les poussant à devenir des entrepreneurs et à se conforter dans un modèle d’entreprise, donc à oublier ce qui est leur objet social initial. Je pense, cela fera partie de la deuxième partie de cet échange qu’il y a un enjeu vraiment, à penser le Sport, les activités physiques comme un espace d’émancipation, pour ce faire il y a besoin de reconnaître les acteurs associatifs, de reconnaître les acteurs publics en les dotant de moyens en les dotant de moyens bien supérieurs. »
PB : « Bon, beaucoup de thèmes, effectivement. Pour reprendre et rebondir, la Fédération Française de Kayak c’est aussi des clubs, c’est aussi évidemment un secteur privé, on en parlera peut-être tout à l’heure. Comment a été vécue cette crise dans les clubs, dans les structures pour le kayak et où en on est aujourd’hui ? »
DC : « Alors, plusieurs aspects qui apporteront des nuances, surtout en 2e partie par rapport aux propos qui vienne d’être portés. Il faut savoir que la « Fédération Française de Canoë-Kayak et de sports de pagaie » qui est son intitulé exact est une fédération certes olympique, cela a été rappelé en introduction, mais l’olympisme, cela ne concerne que 20% de notre activité, puisque nos activités sont plutôt sur des activités solidaires, environnementales, sur toutes ces questions sociétales qui animent 80% de l’activité de la Fédération. Donc, là je souhaitais potentiellement sortir de certains stéréotypes ou des certains clichés. Après sur cette question qui a été posée, car je quand même y répondre, de l’état du Sport en France, surtout dans cette période de Covid : je scinderai la réponse en deux, il y a déjà l’état du Sport en France qui était largement altéré, diminué avant la Covid. La Covid n’a été qu’un révélateur des tensions qui étaient déjà présentes, elle a accentué en fait cette vision, une vision qui a débuté depuis déjà un certain nombre d’années avec qui a altéré le fonctionnement du Sport : la fusion des Régions a eu quand même dans l’organisation du Sport en France, la logique d’organisation des manifestations, cela a révélé une certaine complexité donc ça c’était un premier aspect. 2e aspect, bien évidemment, l’accouchement difficile de l’ANS [Agence Nationale du Sport] qui a aussi imputé largement l’organisation du Sport français et bien logiquement, comme cela a été dit dans les différentes interventions : des finances publiques qui sont réglées à un niveau d’étiage qui permettent difficilement en cas de crise, comme c’est le cas qui a été vécu ici, de relancer véritablement la machine. Le Sport français, je rejoins les propos qui ont été portés, c’est le laissé pour compte d’un certain nombre de politiques publiques. Alors, avec la Covid, que s’est-il passé ? Tout simplement, eh bien l’arrêt des manifestations sportives donc l’arrêt de potentiels subsides en termes de financement pour nos structures, c’est aussi une diminution du nombre de licenciés de fait, donc là aussi une source de revenus financiers pour les clubs et les Fédérations qui est moindre. Il y a également un certain nombre d’aspects à rajouter à ceux-là, cela a accentué les discriminations, les fractures territoriales, les fractures sociales, alors bien évidemment, développer plus amplement la question. Mais, par contre, il y a des aspects positifs qui permettent de nuancer le propos comme je l’ai indiqué en introduction. Ça a permis de replacer une position forte du Ministère, c’est-à-dire qu’à un moment donné, il a fallu mettre en place des protocoles de sécurité, ces protocoles de sécurité ont été pilotés de manière conjointe avec le Ministère des Sports. Affaiblir le Ministère des Sports, on voit bien ici, toute la limite de l’exercice, en situation de crise, où on a besoin d’un Ministère qui soit fort sur ces questions-là. Il y a également eu et le paradoxe de la situation, il y a eu dans la population une envie de liberté, de retour à la nature, de retour aux grands espaces, d’où une augmentation de la pratique sportive durant le post-confinement et cette pratique sportive, cette augmentation s’est retrouvée dans les sports de pagaie. C’est-à-dire que suite aux confinement, il y a eu une explosion de la demande des sports de pagaie, donc ça s’est retrouvé au sein de nos clubs, mais aussi au sein de nos structures commerciales avec qui nous travaillons conjointement. Là, cela permettra d’aborder dans un second temps, les synergies développées justement avec le secteur commercial. »
PB : « Bon bah écoutez, oui, à la fois un constat et des difficultés sur le Sport français, mais pas mal de pistes d’espoir dans plusieurs domaines, des sports de pagaie qui vont exploser, évidemment la course à pied, mais au-delà de cela, pour en faire une relance/relancer le sport aujourd’hui, quelles sont d’après vous les priorités ? De quelles pistes peut-on et doit-on partir aujourd’hui pour relancer ce Sport, rebondir et évidemment avoir plus de pratiques et transformer cette occasion qui peut-être, peut manquer aujourd’hui mais peut-être qu’on peut la rattraper, Anne-Marie ? »
AH : « Oui, alors c’est quand même un vaste sujet, donc on a un temps très court pour y répondre Bon, je ferai 3 propositions : je pense que le Sport, cela a été dit, c’est un des rares lieux où il y avait véritablement une mixité sociale et cela il faut la préserver, pour le Sport amateur, le Sport pour toutes et tous, c’est un objectif important. Je suis écologiste, donc ce que je recherche c’est maximiser l’impact social et minimiser l’impact environnemental et aujourd’hui qu’est-ce qu’on observe : eh bien effectivement, le nerf de la guerre, ce sont les équipements. Au jour d’aujourd’hui, accompagner la pratique post-confinement, ça demande des équipements. On a tout de même un dispositif qui nous est tombés dessus au mois de juin qui est le dispositif 2S2C, qui est quand même assez « formidable » : c’est Santé Sport Citoyenneté Culture, qui comme cela est une belle et grande idée, mais les Collectivités territoriales ne sont pas consultées et puis quid des équipements, comment est-ce qu’on fait ? On n’a pas d’équipements, ils sont vétustes, ils sont énergivores donc je pense qu’il faut avoir une réflexion sur les équipements. Equipements classiques, mais également réinventer les équipements afin qu’ils soient écoresponsables, mais aussi repenser des équipements pour qu’ils soient d’usage mixte : qu’on puisse y faire du handball, mais aussi de la gym, du yoga, dans le but de démocratiser ces activités. Ce qu’a permis la Covid d’ailleurs, dans les quartiers populaires, tout d’un coup le yoga était accessible. Il convient de mettre en place une réflexion sur un aménagement du territoire, dans lequel le Sport prend sa part et là il y aura véritablement une solution pour la solidarité et une prospective pour le social et une solidarité territoriale, aussi bien en réflexion au sujet d’équipements de proximité que d’équipements de plus grande ampleur. Cela c’est la première piste. La deuxième piste, je dis qu’il est temps de penser à un nouveau modèle économique ! Le Sport est éminemment social et solidaire, je pense qu’il faut proposer un modèle innovant et collaboratif, où chaque acteur est respecté et prend sa part, pour nous les écolos c’est une question qui nous est assez chère, donc proposons un modèle d’économie sociale et solidaire, de SIC [Société d’Intérêt Collectif] avec un modèle coopératif. On l’a vu par le biais de la Covid, les structures sportives sont beaucoup trop dépendantes des Collectivités et l’argent public se fait rare, ce nouveau modèle permettrait moins de dépendance en compagnie de beaucoup plus d’acteurs autour de la table et des publics différents. Ce qui ferait que ces associations sportives puissent envisager, mais pourquoi pas des Fédérations, différentes structures intéressées par des projets sportifs, de se rassembler. Cela permettrait une pérennité aussi pour la associations sportives car c’est également cela, en plus avec la reprise de la Covid, on est dans un flou artistique. Cela aurait l’avantage d’avoir l’assurance de financements. Les bénévoles, 3 millions de bénévoles, mais les pauvres, ils croulent sous les responsabilités, enfin c’est compliqué ! En outre, on constate un contexte anxiogène, je pense qu’aujourd’hui il faut véritablement proposer ce modèle d’économie sociale et solidaire de SIC, il y a eu des exemples, pas si loin au Tremblay, il existe un club d’équitation, qui a adapté ce modèle, non pas pour l’équitation classique, mais dans le cadre d’un projet sportif afin de rendre accessible la pratique du cheval auprès des mômes des quartiers, il y a quand même le club de Bastia qui a adopté ce modèle ! Donc on est tout de même, sur un modèle pro et tous les acteurs publics, autour de la table ont tenu une responsabilité et « se tiennent par la barbichette » ! Voilà, il existe vraiment une solidarité et je pense qu’il faut y aller, c’est peut-être le côté positif de cette crise sanitaire : foncer et se dire que c’est possible ! Bernard Amsallem a sorti un rapport dans le cadre du Conseil Economique Social et Environnemental et j’estime, quel à, il faut se saisir de l’opportunité. Bon, c’est un peu long à développer, mais allez sur le site d’EELV et vous aurez toutes les infos. Enfin, voilà, c’est vraiment mon cheval de bataille et tant qu’élue, je vais tout faire pour aller dans ce sens-là et aider les associations et les structures qui le veulent, il ne s’agit pas d’imposer, encore une fois. 3e axe et je termine, parce que je n’ai plus de temps : quels sont les publics qui vont encore une fois trinquer ? C’est les plus précaires et c’est les femmes. Je le vois à Montreuil, on a 5000 foyers monoparentaux, j’ai réussi avec un dispositif avec des parcs gratuits tous les dimanches, à amener une pratique féminine parce que c’était gratuit mais quid de la suite ? Donc, je pense qu’il faut être attentif à cela. On a expérimenté, sur la fin de mandat, le Budget « sensible au genre » dans la Direction des Sports/Jeunesse et Education Populaire et cela va se généraliser à l’ensemble du Budget de la Ville et j’estime qu’il faut cette généralisation pour qu’il y ait véritablement des politiques publiques qui respectent une équité d’orientation des financements. Afin que les femmes puissent être soutenues dans des pratiques aussi comme le Sport-Santé. J’ai mis en place [ce qu’avait fait voter le Député Régis Juanico à l’Assemblée], le Sport sur ordonnance. Ce Sport sur ordonnance, aujourd’hui c’est du volontarisme politique ! On n’a aucun soutien, cela me coûte à Montreuil 100.000 euros pour 60 personnes ! Mais il y a des femmes qui sont suivies, c’est encore trop peu et ça c’est sans soutien. De cette manière, en fléchant, en identifiant des politiques publiques et après les solutions à apporter, l’on pourra après véritablement avoir un Sport pour toutes et tous et remettre de l’équité dans l’orientation des politiques. Donc, voilà, je pourrais faire plein de propositions, je pense que pendant les Municipales, il y a eu plein de programmes où les écolos ont proposé plein de choses. Oui j’avais oublié quand même et je finis : sur les équipements, il faut aussi imposer 1% culture, 1% sport et imposer dans les bâtis que ce soit en lien avec les économies d’énergies mais aussi des salles étiquetées Sport. Cela commence à se faire, dans les quartiers alors surtout universitaires où l’on trouve une salle de gym, c’est du volontarisme que d’y aller dans les quartiers populaires ! On évidemment sur les parlementaires pour nous soutenir dans ces actions ! »
PB : « Bon, on voit que tu as énormément d’idées et encore merci de les avoir résumées rapidement. Régis Juanico, donc Anne-Marie a ouvert quelques pistes, on a lu vos récentes tribunes notamment sur le Ministère [le fait que le Député Régis Juanico déplore la fin du Ministère des Sports de plein exercice], quelles sont les priorités pour vous au niveau de l’Etat et que pourrait-on faire pour éviter ce que vous disiez « l’occasion manquée de relancer le Sport pour tous » après cette crise ? »
RJ : « Alors, là aussi, il y a deux choses. Il y a l’urgence d’une relance du Sport au quotidien et puis il y a un peu plus une vision de moyen terme, voire de long terme, qui est qu’il faut que dans ce pays, il y ait une Loi Sport et Société, si on veut construire un héritage social et territorial dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. On ne peut pas dire « On veut 3 millions de pratiquants supplémentaires » dans le pays et n’en jamais s’en donner les moyens ! Alors l’urgence, c’est la relance du Sport au quotidien. Moi, ce que j’ai appelé le « black-out sportif », il est sans précédent et il ne touche pas que le Sport professionnel, bon on parle beaucoup d’annulations de matches de football mais ça touche évidemment le domaine du Sport amateur ! Et je veux souligner une chose, une coupure de 6 mois dans le monde associatif, c’est sans précédent, ça n’est jamais arrivé, donc c’est la rentrée de toutes les incertitudes ! Avec un grand flou sur les conditions de reprises, on a eu des reprises chaotiques, qui se sont fait très lentement, parce que les équipements sportifs n’étaient pas rouverts et là d’ici septembre, on ne sait pas comment les choses vont se passer dans les Collectivités. Est-ce que les licenciés seront à nouveau au rendez-vous ? On a plutôt des signes encourageants sur la reprises des licences dans les clubs sportifs, pour les plus jeunes, mais je suis très prudent. Les bénévoles, notamment les bénévoles senior, seront-ils à nouveau au rendez-vous, après 6 mois, de la Vie associative ? C’est une grande question et donc il fallait que le Gouvernement annonce un certain nombre de mesures d’urgences : un Fonds de solidarité financier au niveau national, mais qui ne soit pas simplement de 15 millions de redéploiement avec l’Agence Nationale du Sport, c’est ridicule comme somme ! On a besoin, au-delà de plans de relance des Fédérations les plus riches : le football, le rugby, le tennis, mais ça n’est pas le cas du canoë-kayak qui n’a pas les mêmes moyens financiers, on a besoin de cette péréquation, cette redistribution, on avait proposé, nous d’augmenter les ressources et moyens financiers du Sport de l’Etat, aujourd’hui que 750 millions d’euros ! 0,23% du Budget de la Nation, de l’augmenter de 100 millions supplémentaires de façon pérenne, chaque année jusqu’en 2024 [donc le doubler en 6 ans], de façon effectivement à développer la pratique pour tous, les équipements sportifs notamment de proximité, on sait que c’est très important pour des équipements de qualité. Des clubs structurés, mais aussi surtout des bénévoles sportifs qualifiés. Ça c’est très important, pour moi c’est la clé. On a beaucoup parlé de la diminution des Emplois aidés diminués de 80% en 3 ans, aujourd’hui, vous voyez que le Gouvernement, même s’ils les renomment, il va en recréer un certain nombre. On aurait pu s’éviter d’avoir à supprimer des Emplois aider pour les reconstituer, mais c’était très important pour notamment les associations sportives moyennes : qui ont un volant de bénévoles, mais aussi 1 ou 2 emplois administratifs qui permettent de soulager la charge de travail des bénévoles, ça c’était fondamental. Donc voilà, équipements sportifs et emplois sportifs qualifiés. On a proposé ce Fonds national de solidarité, qui va au-delà, simplement d’un appel aux dons. J’aime beaucoup la Fondation du Sport français et Thierry Braillard, mais on ne peut pas en appeler aujourd’hui aux dons pour financer de façon pérenne des politiques publiques du Sport et notamment des politiques publiques de l’Etat.
On a proposé le soutien au mécénat sportif, ça nous a été refusé. Là, je pense qu’il va y avoir beaucoup de dégâts au niveau du Sport amateur dans nos territoires, parce qu’aujourd’hui c’est 20% de subventions, 40% les usagers et participants qui financent, après c’est les mécènes locaux [40% en moyenne]. Et puis on avait proposé notamment avec Jean-Jacques Lozach et avec d’autres, un Chèque Sport, je vois que cette idée a été reprise par des Députés de la majorité depuis ! Bon bref c’est comme ça. Un Chèque-Sport pour qu’on ait une relance de la dépense sportive à la rentrée et qu’on puisse aider les familles à réinscrire les enfants et à prendre une licence dans un club encadré. Parce que tout à l’heure, quand j’ai évoqué les Français qui faisaient du Sport ou de l’activité physique pendant le confinement, vous savez que cela s’est beaucoup fait à la maison ! Avec l’achat d’articles sur internet : beaucoup de rameurs, beaucoup de vélos d’appartement …etc et des applications et moi je pense que pour continuer une pratique sportive, il n’y a rien de mieux que d’aller dans des clubs, être encadré. Donc là, il faut que les clubs sportifs puissent aussi s’adapter et offrir peut-être je le disais tout à l’heure, une offre plus loisirs, plus ludique et moins compétitive. Et puis, pour moi l’horizon très important c’est la lutte contre la sédentarité, la pandémie du XXI° siècle, vous savez que les Français ont pris pour 30% d’entre eux 3 kilos ou un petit plus et certains, 20% ,5 kilos de plus ! Il y en a qui ont perdu des kilos, ils ont plus couru mais pas tous. Il y en a qui sont beaucoup restés à la maison. Donc bien évidemment, cela favorise les temps où on est assis, les temps où on est devant les écrans, ce qui se multiplie comme vous le savez. Une alimentation trop riche, tout cela combiné avec une baisse d’activité physique, cela fait de la sédentarité. 10% des décès aujourd’hui, un coût financer extraordinaire et vous le savez la Fédération Française de Cardiologie nous alerte sur le fait qu’aujourd’hui, nos collégiens, nos enfants depuis 40 ans, ils couraient un 600 m en 3 minutes, aujourd’hui il leur faut 1 minute de plus en moyenne. Donc ils ont perdu 25% de leur capacité physique et respiratoire. Et donc, pour moi c’est le sujet d’alerte premier, il faut mettre les moyens sur les questions de sédentarité et ça, ça passe par des politiques notamment des Collectivités territoriales et j’espère que là, avec l’ensemble des Municipalités écologistes et de gauche aujourd’hui, qui sont aux manettes, nous allons pouvoir mener des politiques d’envergure, notamment de tout ce qui concerne les mobilités actives. C’est-à-dire les pistes cyclables et sécurisées, pédestres et cycles, pour aller du domicile au travail, pour aller du domicile à l’école. Il y a le Sport à l’école, c’est très important, j’avais fait un rapport sur ce sujet-là, il y a quelques années. Nous avons besoin aujourd’hui de faire du savoir-nager mais aussi du savoir-rouler, puisque nous l’avons mis dans la Loi d’Orientation des Mobilités à l’entrée en 6e, un savoir fondamental. Et puis, que nous puissions faire des temps d’activité périscolaires, ceux qui ont été d’ailleurs supprimés il y a quelques années et qui étaient très favorables aux activités physiques et sportives, un environnement qui puisse que les jeunes prennent des bons réflexes, des bonnes habitudes de faire des activités physiques et sportives régulièrement. Ce serait une habitude qu’ils pourraient garder tout au long de leur vie, en particulier à l’Université, là où on est aujourd’hui en difficulté dans notre pays, mais aussi au-delà dans l’entreprise, dans l’administration, au travail, que ce soit pour le Sport-Santé-Bien-Etre et donc qu’on ait cette politique qui puisse être réalisée. Autre chose, aménager les cours de récréation, alors les végétaliser bien évidemment, ça, ce sont nos politiques écologistes mais aussi les aménager de façon à favoriser les jeux mixtes pendant les récréations et donc favoriser aussi les mobilités et le faire-bouger de nos enfants. Voilà, c’est quelques pistes pour une Loi Sport et Société, qu’on attend depuis maintenant 2 ans, qui ne vient pas. Là aussi, on est très en alerte, puisque bien évidemment plus on perd du temps, moins ces politiques publiques-là auront le temps de se déployer d’ici 2024 et de produire des effets. »
PB : « Bon, beaucoup de pistes également. Alors, la rentrée de toutes les incertitudes pour la FSGT, comment ça se passe et se profile ? »
EB : « Eh bien, je confirme que quasiment tous les jours, on reçoit des annulations de courses cyclistes qui sont organisées beaucoup, au cours du mois d’août, du mois de septembre, puisque les Mairies prennent cette décision du fait des responsabilités qui en incombent. Donc oui, on est très inquiet sur la reprise et moi, je pense vraiment qu’il faille faire du Sport et des activités physiques, un enjeu politique ! Et donc, c’est très bien d’organiser ce type de table ronde dans des journées d’été, parce qu’il y a un enjeu d’émancipation, il y a un enjeu de droit au Sport pour tous qui aujourd’hui, n’est absolument pas pris en compte. Le Sport, c’est toujours un enjeu au service d’un politique, donc là, on a exemple parfait avec le dispositif 2S2C, mais le Sport n’est jamais pris en tant que tel comme un facteur culturel, un facteur politique qui va faire s’émanciper, c’est-à-dire de devenir un citoyen, de se former à la vie…etc. Et c’est d’autant plus un enjeu important que le Réchauffement climatique va altérer les possibilités pour tout le monde de faire du Sport, quand il fera 40°, quand les villes seront polluées, quand il y aura plus d’eau dans les cours pour pagayer, donc il y a un réel enjeu là-dessus. Par ailleurs, moi ce qui me révolte profondément, c’est la question des moyens puisqu’on dit toujours qu’il n’y a pas de moyens pour le Sport, que le Sport ne peut pas être une priorité face à l’Education, face à l’Hôpital…etc, sauf qu’il ne peut pas y avoir de Sport pour tous dans une société qui n’est pas pour tous, donc il faut que les droits fondamentaux soient pris en compte, mais il y a de l’argent. D’ailleurs Régis Juanico avait porté un amendement sur les taxes affectées au Sport qui ont été détournées de leur objectif premier pour rembourser la dette de l’Etat, donc il y a des moyens qui devraient aller au Sport et qui sont utilisés pour d’autres secteurs. Ainsi de l’argent il y en a, de l’argent public il y en a, il y a des richesses dans le Sport : des choix politiques ce sont aussi faire des choix de répartition des richesses et de ce point de vue il y a moyen de financer une politique du Sport. De manière un peu plus globale, comme on est aux Journées écologistes, moi j’aime bien comparer l’enjeu de Sport à celui de permaculture. Puisque finalement, on a développé pour l’industrie agro-alimentaire, des monocultures un peu de partout et je pense qu’il y a ça aussi dans le Sport, parce qu’on a au fil du temps, détruit le tissu culturel, le tissu omnisport : la FSGT c’est une Fédération omnisport mais je parle du multisport : les sports les uns à côté des autres, mais bien de l’enjeu culturel du Sport, on l’a détruit parce qu’on a visé l’élitisme, on a visé l’argent et donc on a construit aussi une forme d’industrie du Sport au détriment de l’être humain. Et à mon avis, il y a un peu un enjeu de permaculture dans la question des politiques publiques du Sport, pour remettre l’humain au cœur de l’activité, pour redonner à un enfant la capacité de savoir nager, de savoir rouler et pas seulement de viser une performance dans un axe bien précis. Il y a par exemple, la question de la liberté dans les sports collectifs, comment aujourd’hui on change le jeu, comment le jeu a été phagocyté dans les sports collectifs, car il y a un objectif bien précis mais on oublie la question du mouvement, on oublie la question des processus et donc je pense qu’il y a un enjeu important d’orientation de politique sur ces questions-là et c’est une question de rendre le Sport populaire, c’est-à-dire de la rendre accessible à tous et de faire que le Sport, il soit à un moment donné, l’émanation de ce que les bénévoles produisent dans leur club, sur le terrain et ça c’est un enjeu véritablement d’avenir. Le Développement Durable du Sport ne passera que par une appropriation durable du Sport : des contenus vers toutes et tous et de l’espace public, ça a été dit pour les équipements. Il y a un enjeu d’appropriation pour les espaces naturels donc samedi prochain [29 août 2020] à Pantin, on organise « Nage ton canal », c’est de l’espace public et de l’espace naturel pour toutes et tous donc, il y a un enjeu très important de ce point de vue-là. »
PB : « Merci. Oui donc, effectivement la réappropriation des espaces. Pour l’instant, il y a encore de l’eau, heureusement, mais alors est-ce qu’il y aura à la rentrée, plus ou moins de licenciés ? Comment vont les clubs et pour la Fédération Française de Kayak, quelle serait un plan idéal de relance de l’activité ?
DC : « Déjà le monde d’après de la crise sanitaire, ça a mis en lumière deux choix de société. Le choix de société premier qui nous est proposé par les privatisations successives, les mesures d’étiage budgétaire et le repli sur soi, à l’individualisme ou au contraire rebâtir une société avec un lien social accentué et c’est axe-là que la Fédération Française de Canoë-Kayak et de sports de pagaie menait depuis déjà un certain nombre d’années, qui a été bien-sûr renforcé. Alors sur quels choix ? Bah déjà, tout simplement, pour répondre à la question, une campagne a été menée par la Fédération Française de Canoë-Kayak et de sports de pagaie sur « Pagayer en France » qui a porté ses fruits, qui a permis, cette campagne, à un certain nombre de territoires, de Collectivités, de Municipalités de redécouvrir en fait leur possibilité de navigation et d’accompagner un certain nombre de personnes sur les territoires, les cours d’eau et ça a eu un franc succès, qui commence déjà à porter ses fruits, puisqu’on insiste à une augmentation du nombre de licenciés. Donc, c’est peut-être atypique et lié au besoin de nature suite à la période de confinement que j’évoquais. Il y a aussi quelque chose, une logique qui est toute différente, qui nous est proposée c’est opposer le secteur fédéral et le secteur privé/commercial, où il y a une logique d’affrontement qui est souvent mise en avant par les politiques publiques, justement dans une logique de privatisation. On a fait un choix totalement différent, de travailler en synergie de manière à ce que chacun, chaque structure puisse s’y retrouver et en particulier, on n’a jamais eu autant de structures agrées à la FFCK, pourquoi ? Parce que le virage du tout privé a montré ses limites, notamment en période de crise sanitaire. Ces structures commerciales étaient contentes d’avoir des Fédérations qui étaient en dialogue avec le Ministère, pour mettre en place des protocoles de sécurité et sanitaire qui ne les empêchent pas d’exercer leur activité professionnelle. En contrepartie, la FFCK en particulier les « pagaie-couleurs » dans lesquelles vous pouvez retrouver tout l’axe lié à l’environnement, sur la faune et sa connaissance, le patrimoine nautique, des facteurs physiques, qui sont des éléments essentiels de tout écho citoyen à travers la pratique du kayak/du canoë/des sports de pagaie de manière plus générale et c’est bien là, la logique et je rejoins le propos qui a été porté, c’est-à-dire que nos activités sportives ne sont que des moyens pour former des citoyens et des citoyennes. On n’est pas dans une logique, bien évidemment, de renversement des fins et des moyens. Autre aspect également, c’est que cette période de crise sanitaire, je le rappelle encore une fois, a montré l’intérêt d’avoir un Ministère fort et public qui soit là, si tout était laissé à la logique privée, je pense que bon nombre d’activités aurait cessé : elles ont été malmenées mais là elles auraient complètement périclité. En définitive, cette crise sanitaire nous a permis de mettre en avant, le renforcement de la question de sociale, de lutte contre les discriminations et l’accès à la pratique sportive sur les différents territoires et de favoriser tout simplement les valeurs de la République qui sont soutenues par l’ensemble des Fédérations, j’aime à le penser mais au moins la FFCK. Donc, de cette logique sportive est née, la logique de solidarité, environnementale en faisant redécouvrir les territoires qui sont à proximité et toute la richesse de notre territoire français. »
Ensuite pour finir questions du public
Réponse de Régis Juanico : « Je pense que c’est important de se fixer des objectifs ambitieux sur le Sport d’après et le Sport de demain. Moi j’espère, qu’on ne sera pas dans le Sport d’avant et qu’on ne recommencera pas comme on le fait dans la finance ou le domaine économique, comme si rien ne s’était passé pendant cette crise sanitaire. Donc, c’est vrai moi je souhaite qu’on aille vers un Sport plus solidaire, dans ses dimensions pas simplement financières, on a évoqué tout à l’heure, toute la question des sports nature aujourd’hui, la question de la tempérance, la question des calendriers, la question de compétitions, la question des ligues fermées avec une grande question, aujourd’hui sur l’équité sportive, on n’en a pas eu le temps de développer aujourd’hui et puis d’aller vers peut-être un Sport plus tempérant. En circuits courts ! Aujourd’hui, avec les grandes Régions, il y a des matches qui situent même à certaines divisions qui font qu’on fait des kilomètres et des kilomètres chaque week-end : est-ce que c’est vraiment utile ?! Je pense que tout le monde est en train de se réinterroger sur ce système-là. Alors pour les Grands Evénements Sportifs Internationaux, oui il faut que dans les cahiers des charges, il y ait des prescriptions très claires sur l’éco-responsabilité, sur la question de l’écologie. Le changement climatique va beaucoup nous y aider. Le CIO a commencé bien évidemment avec l’Agenda 20-20 et les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 qui ont intégré cette dimension-là, mais il faut aussi l’élargir à la question des Droits humains et sociaux. On a été un certain nombre à dénoncer la Coupe du Monde de football au Qatar, à dénoncer le Rallye Dakar, on parlait d’ASO tout à l’heure, au nom du respect des Droits humains. Et donc, il faut que les Grands Evénements Sportifs Internationaux respectent aujourd’hui les grands droits écologiques, environnementaux mais aussi humains et sociaux, quand on parle des stades avec des ouvriers qui payent de leur vie [les très mauvaises conditions de travail] dans un certain nombre de pays. On va vers cela et effectivement, vous avez raison, il faut qu’on impose une grande redistribution entre aujourd’hui les grands organisateurs d’événements comme ASO et le Sport amateur. Normalement, eux ils doivent organiser des courses cyclistes amateurs en plus du Tour de France mais si le Tour de France n’avait pas lieu, ce serait toutes les disciplines professionnelles qui tomberaient d’un coup donc là, on va être attentif à ce qui va se passer sur ce Tour de France, il faut qu’il y ait moins d’objets promotionnels, moins de plastique, moins de voitures et je pense qu’ils en prennent le chemin. On les a beaucoup sensibilisés, ces dernières années ,moi je pense qu’ils seront obligés, avec la pression de l’opinion et des citoyens, de changer.
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