Le secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Laurent Nunez, a pu affirmer au 20h de France 2 à propos des masques : « ils sont livrés très régulièrement. Non je ne reconnais pas qu’il en manque… »
Plus tôt, à l’occasion de son point presse quotidien, le Directeur Général de la Santé, Jérôme Salomon faisait un appel au don de masques…
Tous les témoignages qui nous remontent font état d’un manque criant de masques pour les professionnels de la santé, à l’hôpital, les aides à domicile, les forces de l’ordre et de sécurité (policiers, sapeurs-pompiers…), les ripeurs, agents de nettoyage, mais aussi pour la protection élémentaire des salariés qui continuent à travailler et sont en contact quotidien avec nos concitoyens…
Dans un courrier adressé au ministre de la Santé Olivier Véran, les Ehpad, maisons de retraite et services à domicile attirent l’attention sur la situation des personnes âgées face au coronavirus. Ces établissements disent redouter la mort de 100 000 résidents. En cause, un manque critique de masques pour les membres du personnel qui s’en occupent.
Les professionnels alertent sur le fait que la majorité des contaminations sur cette population âgée fragile est consécutive à la transmission virale de soignants asymptomatiques et ne portant pas de masque.
Or, ces structures accueillent plus d’un million de résidents et bénéficiaires dont l’âge moyen est de 85 ans. “Cumulant en moyenne près de 8 maladies chroniques, ceux-ci constituent une cible à très haut niveau d’exposition au risque d’infection au coronavirus Sars-CoV-2”, signalent-ils.
Les auteurs du courrier demandent ainsi au ministre la livraison très rapide “de masques pour l’ensemble de leurs personnels soignants, ce qui représente environ 500 000 masques par jour en France”. “La création d’un secteur dédié aux malades du Covid-19, actuellement préconisée par vos directives dans le cadre de la stratégie de gestion des masques chirurgicaux, nous paraît totalement inadaptée à la situation réelle des Ehpad”, poursuivent-ils.
Comment en est-on arrivé là alors que le Ministère de la Santé vient de débloquer en urgence cette semaine 860 millions d’euros pour reconstituer les rocks stratégiques de masques ?
Les personnels de santé nous alertent depuis plusieurs jours sur le manque de masques chirurgicaux (que doivent théoriquement porter les malades) et surtout sur la pénurie de masques “FFP2” (pour “Filtering Facepiece 2”, ou “pièce faciale filtrante de niveau 2”).
D’après le gouvernement, l’Etat dispose en effet aujourd’hui d’un stock de seulement 100 millions de masques chirurgicaux et d’aucun stock de masques FFP2.
• En mai 2009, lors de l’épidémie de grippe A (H1N1), les stocks de masques FFP2 relevant du ministère de la Santé étaient évalués à près de 600 millions d’unités. Pour les masques chirurgicaux, on comptait un milliard d’unités en stock.
• En 2011 et en 2013, deux rapports, le premier du Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) et le second du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) contribuent à changer la doctrine de gestion des stocks stratégiques de masques.
• Depuis 2011, les stocks détenus par l’Etat diminuent. L’Etat n’assure plus le stock de masques FFP2, mais uniquement de masques chirurgicaux. Le stockage des FFP2 est transféré aux employeurs. En cas de pandémie, l’Etat compte désormais sur les capacités de production de masques des pays asiatiques.
• L’EPRUS (Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires) créé en 2007 pour gérer le stock de masques est dissout en 2016 et intégré au sein d’un nouvel établissement public : Santé Publique France. La gestion des stocks stratégiques est alors attribuée à l’Unité Etablissement pharmaceutique.
Depuis 2016, la décision d’acquisition ou de renouvellement des stocks stratégiques appartient exclusivement au ministre chargé de la Santé telle qu’énoncé dans l’article L. 1413-4 du code de la santé publique.
Depuis le mois de janvier, nous savions que l’épidémie allait frapper notre pays.
• Lors de son point presse, le 27 janvier, Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé avait noté qu’en Chine les meilleures armes contre l’épidémie étaient le port de masques : pour les malades, mais aussi, « les professionnels du transport » et « les professionnels du soin ».
• Pourtant, lors d’un point presse, le 4 mars, la porte-parole du gouvernement répétait que le port du masque était inutile et qu’il n’y avait aucune pénurie. L’absence de stock était pourtant bien connue par les autorités du pays, le ministre de la santé rappelait d’ailleurs l’évolution de la doctrine lors des questions d’actualité du 3 mars.
Dès le 7 février, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’alarmait du risque de pénurie mondiale de masques, les usines chinoises tournant au ralenti.
• Si l’état des stocks était insuffisant, le gouvernement – qui est aux responsabilités depuis 3 ans – aurait dû passer des commandes massives il y a plusieurs semaines, dès le mois de janvier, et mobiliser l’appareil productif français.
• Or, c’est seulement le 3 mars dernier que le Premier ministre a réquisitionné par décret l’ensemble des stocks et productions de masques sur le territoire national et que les commandes de masques ont été passés par le gouvernement. Pourquoi avoir autant attendu ?
• La France a désormais besoin de 50 millions de masques FFP2 chaque semaine, contre quatre à cinq en temps normal. Dans ce contexte, un stock de 600 millions de masques n’aurait représenté qu’une avance d’une dizaine de jours.
• On peut même se demander si la réponse actuelle est à la hauteur de la crise. La réquisition de la production (6 millions par semaine, en augmentation constante) semble insuffisante : il conviendrait de réquisitionner des usines pour accroître drastiquement la production.
En conclusion, la réduction des stocks date de 2011, la pénurie actuelle de masques n’est donc pas de la seule responsabilité du gouvernement actuel. Mais une question se pose : depuis janvier dernier, pourquoi les commandes n’ont-elles pas été faites. Pourquoi seulement le 3 mars ? Il faudra y revenir le moment venu.
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Je n’ose imaginer que ma mère de 94 ans confinée chez elle puisse mourir non pas de sa belle mort (elle est en pleine santé) mais par contamination de la part des aides soignantes qui lui rendent visite tout les jours et qui ne disposeraient pas de masques de protection de part la négligence et non anticipation de nos instances de santé. Ne savait ils pas depuis l’hécatombe en chine que dans un monde ouvert inexorablement cela nous atteindrait.
C’est bien de reconnaître que ce n’est donc pas de la seule responsabilité du gouvernement actuel. Et que si effectivement les stocks ont commencé à diminuer en 2011 ? après 2011 il y a 2012 et 2016 pouvez vous me rappeler qui était au pouvoir et qui a donc supprimé L’EPRUS, qui a partir de 2012 à logiquement du limiter le nombre de masque ? Mais ce n’est pas ça qui me fait réagir ici c’est la copie de ce courrier qui serait envoyé par “les Ehpad, maisons de retraite et services à domicile”. Quel est le rapport du MIDAZOLAM avec le Covid-19 ? Je pensais que son utilisation avait un lien avec la sédation en phase terminal (pour être politiquement correcte) ? Merci de bien vouloir développer ce point .
Il faut voir directement avec les journalistes de France Info qui ont publié le courrier !
https://mobile.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-les-ehpad-redoutent-la-mort-de-100-000-residents-et-reclament-en-urgence-des-masques-au-ministre-de-la-sante_3877145.html#xtref=https://www.lepoint.fr/sante/coronavirus-le-cri-d-alarme-des-ehpad-100-000-deces-redoutes-21-03-2020-2368121_40.php
C’est bien le problème … Le député qui cite France Infos qui cite France Télévisions donc on va poser la question et on va me dire voyez avec France Télévisions.. Un courrier sans source dont l’origine serait “Les professionnels qui alertent” On est pas loin l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours (même en plein dedans). Un courrier sans référence à une quelconque organisation syndicale, pas de papier à en-tête de signature… Et après on s’étonne de la défiance envers les journalistes et les politiques !
Ce que vous appelez un problème, cela s’appelle la protection des sources pour les journalistes. J’ai totale confiance dans la rédaction de France Info et France Télévisions qui sont sérieux, contrairement à d’autres, ils vérifient leurs informations. Et le chiffre mentionné peut paraître alarmiste mais il correspond tout à fait aux cris d’alarme qui nous remontent des directions et personnels des EPHAD dans nos territoires. Encore une fois, si vous avez un doute saisissez le médiateur de Radiofrance.