À l’occasion de la coupe du monde de football organisée en France cet été, la revue politique du Trombinoscope a consacré un numéro spécial au sport féminin.
En 10 ans, la pratique du sport au féminin s’est considérablement accrue. Désormais, les chiffres sont quasi équivalents à ceux des hommes : pour les 15-74 ans, la part des femmes déclarant pratiquer au moins une activité sportive à l’année est passée de 79 % en 2000 à 90 % en 2010, contre 88 % en 2000 à 93 % en 2010 pour les hommes.
Le nombre de licences féminines a lui aussi connu une hausse substantielle : de 5 millions en 2007, il est passé à 6 millions aujourd’hui. Parmi les plus fortes progressions entre 2007 et 2015, on retrouve la Fédération française de Rugby (+103%), la Fédération française de Football (+74,8%) et la Fédération française de Handball (+33,6%).
Et alors même que le nombre de « recrues » dans les rangs des fédérations progresse notablement, l’intérêt du public pour le sport féminin croît également.
Du côté de la diffusion du sport à la télévision par exemple, le temps d’antenne consacré au sport féminin est passé de 7 % en 2012 à entre 16 et 20 % en 2016, selon une étude menée par le Centre de Droit et d’Economie du Sport (CDES).
Les revenus générés par les divisions féminines sportives suivent la même progression des revenus, avec des budgets moyens en hausse de 18 % pour le basketball entre 2008 et 2015, 22,2 % pour le volley-ball, 54,4 % pour le handball… le potentiel économique reste encore grand.
Cette nouvelle dynamique est donc palpable, et signifie beaucoup tant pour les acteurs de l’économie du sport que pour les politiques, élus locaux ou membres du Gouvernement, qui peuvent impulser un mouvement déjà enclenché pour favoriser l’égalité femme-homme.
Le texte de ma tribune :
Pour l’égalité des primes entre les hommes et les femmes dans le sport !
Ce n’est une surprise pour personne, les sportives gagnent beaucoup moins d’argent que les sportifs. Comme le souligne justement Béatrice Barbusse, sociologue du sport, auteur du « Sexisme dans le sport », les inégalités de revenus sont très importantes et s’expliquent surtout par une logique économique basique entre offre et demande.
Le sport masculin, pour des raisons historiques, est plus médiatisé, plus suivi que le sport féminin. En bref, il rapporte plus d’argent. Ainsi, les clubs ont plus de moyens, les sponsors sont plus nombreux, les droits de retransmission plus élevés … Néanmoins, cette logique économique éloigne le sport de ses valeurs universelles. Un sport véritablement méritocratique n’a que faire du montant des droits de retransmission pour juger de la performance et du mérite des athlètes.
Toutes les inégalités de revenus ne sont pas injustifiées. Comme dit précédemment elles répondent pour beaucoup à une logique économique. Néanmoins, il existe un domaine où il serait sain de gommer une inégalité de traitement : le montant des primes de victoire.
La FIFA est particulièrement mauvaise élève sur ce sujet. En effet, en 2018, les Bleus victorieux ont reçu dix millions d’euros de primes. L’équipe gagnante cette année chez les filles, empochera quant à elle, seulement 1 million d’euros. Presque dix fois moins.
C’est même moins que les équipes masculines éliminées dès le premier tour du mondial en 2018. Elles avaient chacune empochées près de 8 millions de dollars. On doit malgré tout saluer une amélioration de la situation : lors du mondial 2015 au Canada, les américaines victorieuses, n’avaient touché que 1,7 millions d’euros de la part de la FIFA.
L’égalité des primes est pourtant réalisable. Ce n’est pas qu’une question économique, c’est une question politique. Si au tennis, l’US Open a été précurseur en instaurant l’égalité dès 1973, tous les tournois du Grand Chelem ont depuis suivi. Ces dernières années, un nombre croissant de fédérations et de tournois choisissent l’égalité des primes.
En athlétisme comme en natation la parité règne pour les prize money des grandes compétitions. Dernièrement, la Ligue mondiale de Surf a décidé, pour 2019, d’introduire l’égalité des primes entre les hommes et les femmes. En 2017, le marathon de Bruxelles avait fait scandale en distribuant 1000€ au vainqueur homme contre seulement 300€ au vainqueur femme. Le tir a été rectifié pour l’édition suivante.
Même son de cloche du côté du cyclisme, où l’UCI a fortement œuvré l’an passé dans le sens de l’égalité des primes. La fédération internationale de ski a aussi franchi le pas si bien que depuis 2016, le skieur ayant remporté le plus de gains sur le circuit mondial est une … skieuse, la championne Mikaela Shiffrin. Du côté du ministère des Sports, on verse les mêmes primes aux médaillés olympiques français quel que soit leur sexe.
On remarque globalement que les sports en avance sur cette question sont ceux où les grandes compétitions (étapes de coupe du monde, tournois majeurs …) se déroulent en même temps pour les hommes et les femmes comme au ski, au tennis ou encore en athlétisme. Les sports collectifs, où les calendriers de tournoi sont souvent décalés sont, à l’instar du football, moins bons élèves. C’est donc surtout à eux de se discipliner.
Si l’argument de la rentabilité est souvent avancé pour justifier cette inégalité de traitement, il importe de rappeler que le sport ne doit pas constamment se plier à des considérations économiques. Les valeurs du sport ne doivent pas être sacrifiées sur l’autel du business !
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