J’ai signé la proposition de loi de Laurent Garcia, député de Meurthe-et-Moselle, pour interdire l’élevage d’animaux dans le seul but de produire et de vendre leur fourrure.
Déjà, en juillet 2018, suite à la diffusion de l’enquête de l’association L214 sur un élevage français de visons, j’interpellais le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Stéphane Travert pour en demander l’interdiction.
En France, il est interdit de fabriquer et vendre de la fourrure provenant de chats, de chiens et d’espèces menacées comme le phoque. Pourtant, d’autres animaux ne sont pas protégés par une telle loi et restent élevés uniquement pour prélever leur fourrure.
C’est ainsi dans le seul objectif d’obtenir de la fourrure qu’entre 2014 et 2015, au moins 140 000 visons auraient été élevés puis tués en France. Le vison est le seul animal élevé exclusivement pour sa fourrure dans notre pays. On compte 9 élevages de visons en France et seule une réglementation relative aux régimes de déclaration des élevages de carnassiers à fourrure existe concernant ce secteur spécifique (nomenclature ICPE, rubrique n° 21134).
Les visons sont des animaux sauvages, semi aquatiques, ayant besoin d’évoluer près d’un cours d’eau. Ainsi, leurs besoins physiologiques les plus élémentaires ne sont pas respectés dans les élevages français, tous intensifs. Confinés à plusieurs dans de petites cages grillagées, les cas de souffrances sont avérés, confirmés par des études scientifiques, constatés et documentés à l’aide d’images tournées en caméra discrète par des ONG.
Ce sont principalement des cas de comportements stéréotypiques et de cannibalisme qui ont été observés.
Ce type d’images régulièrement dévoilées depuis 30 ans montrent que l’industrie de la fourrure n’est pas capable de se réguler et d’assurer le bien-être des animaux. En Europe, les recommandations du Conseil de l’Europe préconisent un espace très réduit de 0,2550 m2 /45cm de hauteur par vison.
Ces élevages contreviennent à l’article L214-1 du code rural et de la pêche maritime qui dispose que l’animal est « un être sensible [qui] doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce ».
Aujourd’hui, on trouve sur le marché toutes sortes d’articles en fourrure véritable : des manteaux, des vestes mais aussi des jouets ou des porte-clés, fabriqués à partir de ce textile nécessitant la mise à mort d’animaux. Or, de nombreuses alternatives existent et nous savons à quel point la fausse fourrure et les autres textiles disponibles et de qualité sont déjà utilisés par beaucoup de marques, dont certaines maisons de luxe.
Du côté de l’opinion publique, le constat est sans appel : 91 % des Français s’opposent au commerce de la fourrure (sondage IFOP 2019) et 84 % pensent que la France doit interdire l’élevage des animaux à cette fin (sondage Yougov 2018).
Le bien-être animal est une valeur importante de la politique européenne et de nombreuses conventions et autres normes en attestent. Pour la fourrure, des normes interdisent l’importation et le commerce de la fourrure de phoque, de chat et de chien, ainsi que celle d’animaux sauvages capturés à l’aide de pièges à mâchoires. Cependant, il n’existe à l’échelle de l’Union aucune mesure visant à protéger de manière globale les animaux à fourrure en son sein, laissant plutôt à chaque État membre l’opportunité de légiférer sur le statut des élevages d’animaux à fourrure.
Au Royaume-Uni, en Bosnie-Herzégovine, en Suède, en Croatie, en Macédoine, en République tchèque, en Slovénie, et en Autriche, tous les élevages pour la fourrure sont interdits par la loi. Les Pays-Bas et le Danemark ont voté l’interdiction pour 2024, la Flandre pour 2023 et la Norvège pour 2025.
Enfin, d’un point de vue écologique, les élevages de visons sont autant d’unités polluantes. Chaque élevage est en effet une source de dégradation pour l’environnement au niveau local. Les rejets de nitrates causés par les déjections dans l’environnement endommagent les nappes phréatiques. Les virus et bactéries développés par les animaux en confinement permanent peuvent facilement atteindre la nature environnante. Les fourrures, afin d’être commercialement exploitables, sont traitées par une série de composés chimiques que l’on retrouve dans le produit fini. Au niveau mondial, ce type d’élevage intensif, comme toute production animale, contribue au réchauffement climatique et au gaspillage des ressources naturelles. 1 kg de fourrure de vison, soit 11 animaux, représente 1 000 litres d’eau et 563 kg d’aliments, soit une utilisation particulièrement peu judicieuse de nos ressources naturelles.
L’élevage de visons en France ne représente que très peu d’emplois car il n’y a que 9 exploitations, nécessitant peu de main d’œuvre. En effet, même si aucun chiffre officiel n’est disponible concernant le nombre d’éleveurs de visons en France, nous savons qu’au niveau européen les 6 000 élevages représentent 60 000 emplois. Un calcul simple sur cette base nous apporte le chiffre crédible d’à peine une centaine d’emplois estimés en France.
Pour ces raisons, cette proposition de loi se veut ambitieuse, donnant à la France une position pionnière en matière d’écologie et de respect de la condition animale.
La proposition de loi by on Scribd
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Merci, c’est un bon début vers un comportement des humains respectueux des animaux. Il reste beaucoup de chemin à faire, et bien d’autres types et motifs d’élevages devraient être interdits ( voire : tous)…
BRAVO . Comment peut-on encore accepter ces souffrances ? Comment peut-on encore tolérer ces animaux élevés en batterie, juste pour le bonheur de porter quelques fourrures sur le dos ou sur les pieds ??????? Activité cruelle, polluante, Bravo pour votre prise de position. Vous avez le courage de vos convictions et c’est tellement bien et tellement rare !