Retrouvez ma tribune parue sur le site du Journal du Dimanche ce jour : « Face à la hausse des noyades, le savoir-nager à l’école doit devenir une priorité des pouvoirs publics ».
Je propose en particulier qu’un plan « piscines et plans d’eau » ainsi que la maîtrise du Savoir-Nager par les élèves deviennent un objectif du plan Héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
———
Face à l’inquiétante hausse des noyades cet été, le savoir-nager à l’école doit vraiment devenir une priorité nationale des pouvoirs publics.
40 noyades par jour dont 8 entrainent la mort ! Selon les chiffres provisoires de Santé Publique France établis au 8 août, le nombre de noyades a doublé cet été par rapport à 2015 : 1758 noyades contre 858 sur la même période. Les accidents sont passés de 137 à 255 pour les enfants de moins de six ans. Les noyades suivies de décès sont passées dans le même temps de 329 à 373.
Cette forte hausse s’explique par des facteurs conjoncturels comme la chaleur et les conditions climatiques favorables à la baignade ou la croissance du parc des piscines privées (2.5 millions en France) dans lesquelles ont lieu 80% des noyades mortelles des enfants de moins de six ans. Mais pas seulement.
Les dispositifs publics de surveillance font défaut. Le nombre de maîtres nageurs sauveteurs n’a jamais été aussi faible. Cette pénurie de moyens humains nécessite un plan ambitieux de revalorisation de leur formation aujourd’hui très coûteuse (6000€) et de l’attractivité de ce métier auprès, notamment, des étudiants formés aux métiers du sport en STAPS.
Dans le même temps, le gouvernement veut supprimer en totalité les CRS des plages du littoral au grand dam des élus locaux, pour des raisons d’économies budgétaires (1 CRS mis à disposition = 10 000€)… Ces derniers ne sont plus que 300 contre 700 en 2002 et remplissent des missions essentielles de service public : sauvetage, sécurité, lutte contre les incivilités sur les plages. Ils ne doivent pas disparaitre.
D’autre part, notre pays a un sérieux problème d’apprentissage du savoir-nager. Un Français sur six ne sait pas nager et la proportion est encore plus forte chez les 55-75 ans, pour lesquels il faut envisager des actions spécifiques. Selon une enquête de l’Education Nationale sur 300 collèges : 48% des élèves ne savent pas nager à l’entrée en 6e. Ne pas savoir nager est un handicap social grave.
Les noyades sont la première cause de mortalité par accident de la vie courante pour les moins de quinze ans devant les suffocations, le feu et les chutes. Le drame de Chalon-sur-Saône le 8 juillet dernier où 3 enfants de 9, 10 et 13 ans qui ne savaient pas nager ont péri noyé dans le lac du Pré-Saint-Jean nous le rappellent cruellement.
Pourtant, le savoir-nager, comme cela est rappelé chaque année dans les circulaires du Ministère de l’Education Nationale est censé faire partie des savoirs fondamentaux du socle commun au même titre que lire, écrire, compter, cliquer -et je rajouterai sauver et savoir se sauver !- : son acquisition doit être validé par une attestation scolaire du savoir-nager (ASSN) entre le CP et la classe du 6e depuis un décret de juillet 2015.
Ce constat, nous l’avons fait en septembre 2016 avec mon collègue député de Dordogne Pascal Deguilhem et les inspecteurs généraux Valérie Debuchy et Frédéric Jugnet dans notre rapport sur le sport et l’école remis aux Ministres Patrick Kanner, Najat Vallaud-Bekacem et Thierry Braillard.
Voici les propositions que nous faisions et qui sont toujours d’actualité :
1- Fixer l’objectif de l’attribution de l’attestation scolaire du savoir nager pour 100% des élèves du cycle 3 (CM1-CM2-6e) et en faire une priorité d’action dans les académies pour les directeurs des services de l’Education Nationale. S’il est préférable de démarrer plus précocement l’initiation à la nage dans le cadre de la scolarité dès les cycles 1 et 2, soit l’âge le plus propice aux apprentissages moteurs, les apprentissages doivent être concentrés sur le cycle 3.
2- Pour lutter contre de fortes disparités d’accès, nous devons mettre en oeuvre sur les territoires déficitaires en bassins nautiques couverts et dans le cadre des intercommunalités un plan spécifique de construction de piscines, ce qui suppose des moyens financiers spécifiques, dans le cadre de l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
3-Outre ce plan de résorption des zones blanches, il est nécessaire d’avoir recours aux autres plans d’eau (lacs…) pour organiser des cycles d’apprentissage en milieu naturel en fin d’année, le week-end ou lors des vacances.
4- Donner réellement des moyens financiers au plan « J’apprends à nager » en complément des apprentissages dans le cadre du temps scolaire, en lien avec les clubs de natation dans les territoires. Aujourd’hui le Centre National de Développement du Sport n’y consacre que 1.5 millions d’euros par an et ne touche que 7000 jeunes de 6 à 12 ans… C’est clairement insuffisant.
Il faut faire du savoir-nager une priorité des pouvoirs publics et pour cela déployer de nouveaux moyens financiers et des équipements nautiques. Espérons que, à la suite de la mission (une de plus !) confiée par le Premier Ministre à Roxane Maracineanu, les bonnes décisions seront prises le plus rapidement possible. De nombreuses vies sont en jeu.
Faire face à la pénurie de maîtres-nageurs sur les plages et faire de l’apprentissage de la natation une priorité, c’est ce que propose le député de la Loire Régis Juanico dans une tribune publiée le 2 septembre par le Journal du dimanche. Dans son texte, le parlementaire fait d’abord le constat de “l’inquiétante hausse des noyades cet été”, qui ont doublé cette année par rapport à 2015. Pour Régis Juanico, cette forte hausse s’explique par des conditions climatiques favorables à la baignade ou la croissance du parc des piscines privées, mais aussi par des “dispositifs publics de surveillance [qui] font défaut” et un “nombre de maîtres nageurs sauveteurs [qui] n’a jamais été aussi faible”. Lire la suite…
Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.
Le 6 Mai 2006 je suis monté à EVRY, avec ton approbation, pour demander lors d’un colloque sur le sport au parti socialiste ” qu’au dessein de savoir lire, écrire et compter à l’école primaire, soit ajouter le savoir nager”. Douze années sont passées et on en est toujours à déplorer les morts d’enfants mais aussi d’adultes par noyade pendant les vacances. Tout cela dort dans les archives du PS.
Que dire?
Je me risque à rappeler que j’avais aussi demandé que l’enseignement de l’EPS soit organisé en deux fois deux heures par semaine avec un temps de repos minimum de 24 heures entre les deux séances, de la sixième ( ce qui existe déjà grâce à Mr BAYROU ) à la terminale.
On peut toujours espérer qu’un jour les idées trouvent les circonstances et les hommes pour se réaliser.
jlou