Mercredi 13 juin dernier, à l’occasion de l’audition de Sibyle Veil, Présidente Directrice Générale de Radio France, en Commission des affaires culturelles et de l’éducation, je suis intervenu pour demander des précisions sur le rapprochement envisagé entre les antennes de France Bleu et France 3.
Tout en saluant cette initiative, qui dans l’esprit peut être de nature à renforcer le service public de l’audiovisuel de proximité, dans une logique de modernisation et de recherche de complémentarité, j’ai évoqué le fait que ce rapprochement ne saurait se limiter à de simples diffusions télévisuelles d’émissions de radio filmées.
Par ailleurs, j’ai souhaité alerter sur la question de moyens alloués à un tel projet, craignant que cette volonté de modernisation ne se résume en définitive qu’à une logique de rationalisation de moyens et à un regroupement des rédactions, des journalistes et des locaux, citant l’exemple stéphanois des rédactions de France Bleu et de France 3.
Dans ses réponses, la nouvelles PDG de Radio France a indiqué que des réflexions étaient en cours afin de déterminer quels contenus le réseau France Bleu pourrait apporter à France 3 pour nourrir l’accroissement du nombres d’heures de diffusion en télévision régionale, avec un objectif de passer de 2 heures à 6 heures par jour. A cet égard, des expérimentations vont être prochainement lancées en PACA et Île de France.
Se voulant rassurante sur la question immobilière, évoquant aucun « déménagement » de France Bleu à marche forcée, Sybile Veil a par ailleurs soutenu l’idée de développer la conception de contenus par les équipes de Radio France en vue d’une diffusion multi-supports, à 360°. Ainsi, les contenus qui sont captés par les journalistes de France Bleu dans une logique d’hyper proximité, pourraient à l’avenir de plus en plus nourrir divers supports et médias, en étant la matrice de programmes qui seraient ensuite diffusés sur différentes antennes.
Régis JUANICO
Député de la Loire
Le détail de mon intervention :
Merci Monsieur le Président, ma question est un peu plus précise sur le rapprochement entre les locales de France Bleu et celles de France 3. Vous avez évoqué, Madame la Présidente, dans vos réponses, la complémentarité et le fait que cela soit un nouveau service public de l’audiovisuel de proximité. Un média de la première heure, qui nécessite donc une très grande réactivité.
Aujourd’hui les programmes locaux quotidiens de France Bleu, c’est 10 heures en moyenne quotidiennes, France 3 c’est 2 heures en moyennes quotidiennes. Il y a un objectif volontariste d’augmenter ce nombre d’heures pour France 3 (x3) mais est-ce que cela va se traduire concrètement pour France 3 par la diffusion d’émissions de radio filmées ? Nous voyons que cela peut être expérimenté, ce qui va être fait en PACA ou en Ile-de-France à la rentrée. Sachant que ce ne sont quand même pas les programmes qui suscitent aujourd’hui le plus d’intérêt, à l’écran, de filmer la radio.
Ma deuxième question est très pragmatique : c’est la question des moyens. Est-ce qu’on va vers une rationalisation et un regroupement des rédactions, des journalistes, des locaux. Si je prends l’exemple de Saint-Etienne, les locaux de France 3 et de France Bleu sont à 100 mètres de distance l’un de l’autre et j’imagine que cela peut tenter quelqu’un qui regarde ça d’en haut de dire : on regroupe les locaux, on regroupe la rédactions, les journalistes et on fait des économies de moyens.
Enfin, félicitations pour le partenariat avec la Fédération française de handball, c’est un excellent choix et le président de l’amicale parlementaire de handball vous remercie.
La réponse de Sybile Veil :
Je vais essayer d’apporter une réponse globale sur le rapprochement France Bleu, France 3. Nous avons un enjeu de complémentarité. Une chaîne de télévision doit pouvoir rencontrer un public. Ce public doit être sur un bassin suffisamment large pour rencontrer une audience car ce sont des modèles de production qui ont un coût qui est beaucoup plus important que celui d’une radio. D’où l’importance de penser notre offre en termes de complémentarité. C’est pour cela que nous avons des radios d’hyper-proximité, des chaînes de télévision de proximité et qui elles doivent se faire dans un bassin qui est plus large, qui soit plus à dimension régionale, pour pouvoir toucher un nombre suffisant de téléspectateurs et que ça justifie les moyens que l’on consacre à cette offre.
Radio France dans les programmes qu’elle construit, qu’elle diffuse, ce sont des programmes qui sont pensés pour l’hyper-proximité et pour un média qui est un média d’interactions. Il est donc évident que filmer la radio ça ne fera pas d’audience sur une chaîne de télévision. Donc il faut voir quels sont les contenus de la radio qui peuvent nourrir des chaînes de télévision régionale et se mettre en images pour faire des programmes qui rencontrent vraiment un usage des téléspectateurs. C’est tout le défi que nous avons devant nous. Nous avons des contenus très divers, des contenus d’information et il faut que l’on voit quels sont les contenus que le réseau de France Bleu peut apporter à France 3 pour nourrir l’accroissement du nombres d’heures de diffusion en télévision régionale. Puisque l’objectif qui a été fixé la semaine dernière c’est de passer de 2 heures à 6 heures par jour. France Bleu a des contenus multiples d’information, des programmes politiques, culturels, de vie quotidienne qui peuvent nourrir une offre de télévisons. Mais bien évidemment, il faut la ré-éditorialiser et la repenser pour qu’elle recouvre une audience sinon nous n’aurons pas de téléspectateurs pour pouvoir les toucher au travers de cette nouvelle offre de service public. C’est tout l’intérêt de commencer de manière très pragmatique par des expérimentations. C’est ce que nous allons faire et tous les contenus que France Bleu pourra apporter pour nourrir les chaînes de France 3, nous allons essayer de voir que l’on peut faire, ce que l’on peut imaginer et quelle est la meilleure manière de participer à cette offre nouvelle à l’échelle du service public audiovisuel.
Si ajoute une problématique qui est la problématique immobilière, avec deux réseaux. Un réseau France 3 dont la propriété appartient à France Télévisions. Et un réseau France Bleu où nous sommes dans un schéma locatif. France Bleu ce sont 44 stations locales qui déménagent une à deux fois par an. Si on devait déménager toutes les stations de France Bleu ou de France 3 dans des locaux communs, ça aurait un coût qui est absolument prohibitif en termes d’investissement et de fonctionnement. Donc il faut que l’on pense de manière pragmatique et nous avons commencer à regarder à France Télévisions comment réfléchir à une démarche pragmatique dans les agglomérations où il a une implantation de France 3 et de France Bleu. On peut ensuite, à la faveur d’un déménagement, rapprocher nos réseaux, mais ça doit se faire en respectant le rythme de déménagements qui sont faits au goutte à goutte en fonction des nécessités de déménagements.
On déménage les rédactions quand on a des enjeux de sécurité, d’environnement et qui nous conduisent à déménager pour améliorer les conditions de travail de nos collaborateurs. Donc il faut que l’on croise nos démarches, c’est ce que nous avons commencé à faire pour voir comment, progressivement traiter cette question immobilière.
Je vais répondre aux questions que vous avez posées, notamment celle qui concernait les rédactions locales.
C’est une des grandes forces des deux réseaux France Bleu et France 3 d’avoir des journalistes présents sur le territoire et qui peuvent permettre de donner à voir ce qui se fait sur le territoire, relayer l’information locale, et ce relais permet de nourrir non seulement nos offres de proximité, donc France Bleu en ce qui concerne Radio France, mais également les autres antennes des groupes puisqu’il y a une coordination qui se fait entre les rédactions au sein de chaque ensemble. Et s’agissant de Radio France qui remonte comme information dans le cadre des stations locales de France Bleu, et remonté à l’agence de vérification de France Info, qui ensuite rediffuse l’information auprès des différentes antennes. Il y a donc un enjeu d’organisation très fort, et de rediffusion de l’information locale qui se fait au sein de tout le groupe Radio France, et qui s’appuie sur le maillage très important sur le territoire des journalistes de France Bleu. France 3 dispose également de forces importantes de journalistes, puisque les principales tranches opérées aujourd’hui par la télévision sont des tranches d’information, et c’est un atout considérable pour le service public, et on va évidemment travailler cette complémentarité de l’information et des contenus.
On essaie aujourd’hui d’être dans une forte agilité avec des modèles de production qui sont des modèles de production de l’ère numérique. Qui sont donc pensé pour ce qui concerne le média radio avec des supports agiles sur des formats qui sont pensés avant tout pour le numérique, en ce qui concerne France Bleu, donc avec des smartphones ce qui permet d’être présent partout, et de toujours être là pour capter l’information de proximité, ce qui permet d’assurer la plus grande diffusion de ce qui se passe sur le territoire. C’est une force, ça nous permet de capter des contenus dont les images aujourd’hui sont déjà réutilisées sur les antennes, à commencer par l’antenne de certains concurrents privés. Et quand on avait imaginé en 2015 de mettre en place une chaîne d’information en continu de service public c’est aussi parce que beaucoup d’images qui étaient captées par le réseau de France Bleu se retrouvaient sur des antennes d’information en continu privée. Donc on a un vrai réservoir, une vraie capacité d’alimenter en contenu, et quand on pense à complémentarité de nos réseaux, il ne faut pas simplement penser la double diffusion radio-télévision, d’ailleurs on voit qu’à l’étranger certains pays ont suivi cette route mais ils sont assez isolés. La BBC par exemple ne le fait pas. Il y a une autre manière de penser la complémentarité et c’est ce que fait la BBC, c’est en essayant de penser les contenus avec une diffusion à 360. J’ai un contenu, je regarde comment il peut passer à la numérique, être mis sur le numérique et faire l’objet d’un contenu qui puisse être mis en image sur des chaines télévisées. C’est aussi notre manière de penser la complémentarité et penser le fait que les contenus qui sont captés par nos équipes de France Bleu, qui sont des équipes d’hyper-proximité peuvent nourrir nos médias en étant la matrice d’un programme qui ensuite peut être diffusé sur différentes antennes. Donc c’est ça l’évolution vers laquelle il faut que l’on tende et que l’on organise, nos équipes, nos moyens de production, qui nous permettent d’être dans une logique économique soutenable, et qui nourrissent une offre renforcée qui soit également mise en image. Donc on a tout pour être imaginatifs, créatifs, audacieux, et c’est ce qu’on va faire et il y a de multiples manières d’opérer cette mutation de nos différentes offres.
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