J’étais l’invité d’Anne-Laure Bousiges ce jeudi 31 mars dans la matinale de France Bleu Saint-Etienne Loire pour revenir sur deux sujets au cœur de l’actualité : l’abandon de la réforme constitutionnelle sur l’état d’urgence et la déchéance de nationalité, ainsi que la loi travail, en cette journée de mobilisation.
Le retrait du projet de loi de réforme constitutionnelle, par le Président de la République, est pour moi une décision sage. J’ai toujours pensé qu’en matière de lutte contre le terrorisme, deux grands principes devaient guider les décisions des responsables politiques : l’efficacité et l’unité. De fait sur la déchéance de nationalité, il n’y a pas pu avoir de consensus républicain. Or il fallait un très large rassemblement, une quasi unanimité, ce qui n’a pas été le cas. De même, cette mesure n’avait rien d’efficace dans la lutte contre le terrorisme. Donc, le Président de la République en a tiré les justes conséquences.
J’étais de ceux qui avaient alerté le Président du risque d’impasse sur cette question. J’avais proposé une alternative, sous la forme d’une peine d’indignité nationale, qui ne touchait pas aux problématiques de nationalité. Heureusement, en matière de lutte contre le terrorisme, nous avons pu mettre en place bien d’autres mesures, d’une toute autre portée en termes d’efficacité. Le plus important, ce sont les moyens qu’on met pour faire reculer Daech, ou encore les 10 000 postes qu’on crée dans la police, la gendarmerie et à la justice.
Il fallait renoncer à cette mesure qui nous divisait et ne pas faire durer ce débat plus longtemps. Aujourd’hui les terroristes veulent nous faire reculer sur nos valeurs républicaines. Il est hors de question que nous fassions leur jeu.
Je suis également revenu sur ce que devait être pour moi une loi “travail”. Ce que certains appellent les “rigidités” du droit du travail, sont en réalité des protections. Il est tout à fait normal qu’il n’y ait pas un équilibre entre salariés et employeurs dans le code du travail, ce qui compense le déséquilibre qui existe par nature dans le contrat de travail.
Le Président de la République est déjà revenu sur un certain nombre de mesures qui affaiblissaient les protections des salariés. A l’Assemblée nationale, nous allons continuer ce travail en déposant des amendements dans la discussion parlementaire qui va s’ouvrir. Et nous allons travailler à revoir tout ce qui va dans le sens d’un affaiblissement des protections des salariés, pour que cela devienne un texte qui soit favorable aux salariés.
Il faut notamment y inscrire de nouveaux droits pour répondre aux nouvelles réalités : comme le droit à la déconnexion pour répondre au phénomène du numérique qui a envahi le monde du travail. Je me bats en ce moment pour que soit mieux reconnu le syndrome d’épuisement professionnel, le burn out.
Ce qu’on attend aujourd’hui d’une loi sur le travail c’est qu’elle soit efficace pour l’emploi. Il faudra être attentif à ne pas adopter de mesures qui pourraient fragiliser le CDI ou les salariés dans leur poste de travail. Nous écouterons donc ceux qui se mobilisent, notamment ce jeudi 31 mars, pour veiller à construire une loi efficace sur le front du chômage et qui n’affaiblisse pas les protections des salariés.
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