Semaine du 23 au 29 mai

Mercredi 15 juillet après-midi, l’Assemblée a entendu une déclaration du Gouvernement sur l’accord européen relatif à la Grèce puis, à l’issue d’un débat, a approuvé cette déclaration. 412 députés ont voté pour, 69 députés ont voté contre et 49 députés se sont abstenus. Alexis Tsipras, a signé cet accord et demande à sa majorité de le voter. C’est pour ne pas affaiblir le Premier ministre grec et son gouvernement que je me suis résolu à voter pour cet accord, auquel lui-même a déclaré ne pas croire.
L’accord intervenu le lundi 13 juillet a permis d’éviter le pire : la mise au ban de la Grèce, contre sa volonté, de la zone Euro et du projet européen. Le Grexit n’a pas eu lieu, contrairement à ce que souhaitaient les plus durs de nos « partenaires » européens et l’opposition autour de Nicolas Sarkozy. La France a permis de l’empêcher.
Mais ce maintien de la Grèce dans la zone euro s’est fait au prix d’un accord insoutenable et donc probablement inapplicable. Peut-être est-ce même l’objectif de ceux qui veulent imputer un futur Grexit à la responsabilité exclusive du gouvernement grec pour mieux se dédouaner des conséquences de l’absurdité des politiques d’austérité qu’ils imposent depuis plusieurs années.
La « feuille de route » imposée à Alexis Tsipras, en dépit de ses propositions et de sa démarche de réhabilitation de l’Etat, contient un ultimatum commandé par l’Eurogroupe aux Grecs, et peut difficilement être qualifié d’ « accord ». Le premier ministre grec lui-même d’ailleurs le qualifie de mauvais.
Exiger de la Grèce un tel prix pour rester dans l’Euro change radicalement le contenu du projet européen : mise sous tutelle d’un parlement souverain par des instances non élues, maintien de la peine d’endettement perpétuel sans qu’une perspective de restructuration de la dette ne soit sérieusement envisagée … La responsabilité de l’Allemagne dans ce tournant de la construction européenne est immense. Ces derniers jours ont également révélé combien la France manquait d’appuis dans les discussions en cours.
Ces derniers jours, c’est un camp qui a voulu en vaincre un autre sur le terrain essentiel de la démocratie et du respect dû à chaque peuple. La brutalité des créanciers restera longtemps dans les mémoires…
Cet accord a pourtant un mérite. Il évite le pire : la sortie désordonnée de la Grèce de la zone euro et le risque immédiat d’un chaos social et politique. Il permet au gouvernement Tsipras de maîtriser pour partie le destin de son pays.
Pour ne pas entraver le courage des grecs et de son gouvernement, j’ai choisi de ne pas rejeter ce qu’il a lui-même accepté, même contraint. La gauche européenne a plus que jamais besoin d’être solidaire, robuste et cohérente si elle veut peser sur le destin de l’Europe. Désavouer Siriza affaiblirait la gauche en Europe.
Si les positions au sein de l’Union européenne n’ont pas rendu possible aujourd’hui une autre issue pour la Grèce, il faut œuvrer à ce que d’autres chemins puissent se dessiner demain pour qu’à l’avenir, les positions défendues ces derniers jours par la France trouvent d’autres appuis.
C’est le sens de mon vote sur l’ « accord » : signifier que les conditions imposées par l’Eurogroupe n’entraînent pas la fin de la tentative démocratique portée par Alexis Tsipras, mais bien le commencement d’un autre rapport de force européen ; constituer un utile relais à toutes celles et ceux qui, dans de nombreux pays, au-delà de l’Espagne et de la Grèce, aspirent à une autre perspective.
La bataille la plus urgente est celle de l’effacement partiel de la dette grecque et de la restructuration des dettes publiques en Europe. Quel que ce soit le degré d’implication réel de la Grèce dans la mise en œuvre de cet accord, chacun sait que cette question de la restructuration de sa dette publique se reposera à court terme.
Plus largement, à travers l’accord sur la Grèce, c’est clairement la question de la réorientation européenne qui est aujourd’hui posée. Si les peuples n’ont pas d’autres perpectives que des politiques punitives, nous devons nous reposer la question du sens et des objectifs de l’engagement européen. Une remise à plat est indispensable. C’’est elle qu’il faut exiger désormais.
Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.
Laisser un commentaire