Mardi 29 janvier dernier, j’ai été invité à prendre part au débat consacré à la thématique du “sport-santé” organisé par le Club Parlementaire Sport Economie Cité. Avec comme fil rouge “L’obésité comme enjeu de politique publique”, ce débat était animé par Sophie AUCONIE, Députée européenne et Présidente de l’Intergroupe Sport et Jean-Jacques LOZACH, Sénateur de la Creuse et Président du groupe d’étude Sport.
Vous pouvez retrouver ici le compte-rendu intégral des échanges.
Vous pouvez retrouver ci-dessous le verbatim de mon intervention :
Mesdames, Messieurs, bonsoir. Je tiens à remercier M. LOZACH de me permettre d’introduire, aussi rapidement que possible, ce débat.
Je suis heureux, aux côtés de Pascal DEGUILHEM, député de Dordogne et spécialiste des questions sportives à la Commission des affaires culture, de vous accueillir ce soir.
Lorsque je travaillais à la Commission des affaires culturelles, en tant que rapporteur pour avis, en 2009, j’ai écrit un rapport thématique qui s’intitule « Promouvoir les activités sportives et physiques tout au long de la vie, un enjeu de santé publique ». Les rapports parlementaires sont souvent ignorés. Ce rapport précurseur, inspiré par de nombreuses études, éclaire bien ce que sont les enjeux liés au développement des activités physiques et sportives vis-à-vis de la santé publique.
Pour commencer, deux constats s’imposent. D’une part, la sédentarisation est croissante dans nos sociétés. Nous restons assis, en moyenne, six heures par jour. Jean-François TOUSSAINT a commis un rapport remarquable à ce sujet, en 2008, intitulé « Retrouver sa liberté de mouvement ». Il y explique que le temps consacré aux activités physiques a été divisé par dix de 1800 à nos jours. Aujourd’hui, nous pratiquons en moyenne moins d’une heure d’activité physique par jour, contre plus de huit il y a deux siècles. D’après l’OMS, seulement un quart des Français de plus de quinze ans ont une activité physique suffisante.
La dépense énergétique insuffisante est combinée à une alimentation trop riche et à l’émergence d’une culture des écrans. Une enquête du ministère de la Culture sur les comportements des Français pendant leurs temps de loisir indique que les adultes passent en moyenne 31 heures par semaine devant un écran. Pour les jeunes de 15 à 24 ans, le temps dédié aux écrans est de 37 heures, soit 5 heures et 20 minutes par jour.
Ces facteurs entraînent une accélération de la sédentarité et, en conséquence, une augmentation des cas de surcharge pondérale. Les chiffres montrent qu’en France, 50% des adultes se trouvent dans cette situation. Un adulte sur six est obèse. Un enfant sur cinq est obèse. En quinze ans, la prévalence de l’obésité a augmenté de 76%. Une légère stabilisation a été observée ces dernières années. Sur cette question, le marqueur social est très fort. Les gens disposant de faibles revenus sont les plus touchés par l’obésité, les régions les plus pauvres sont particulièrement concernées.
Nous faisons face à un problème de santé publique majeur. Les études mondiales indiquent que l’obésité est à l’origine de 10% des décès, soit plus de cinq millions d’individus par an. En France, elle représente entre 10 et 15% des décès. Cette mortalité est plus importante que celle liée au tabac.
Ce problème représente un coût très important pour la Sécurité sociale. Les chiffres de l’IMAPS nous éclairent sur les économies que l’activité sportive pourrait générer pour la Sécurité sociale. Une personne inactive coûte chaque année à la Sécurité sociale 250 euros de plus qu’une personne pratiquant une activité physique régulière.
Le second constat, reconnu récemment par l’Académie de médecine, est que l’activité sportive est bénéfique à la santé physique, mais aussi psychique, et ce à tous les âges de la vie. Nous avons évoqué le diabète, l’hypertension, les cancers du sein ou du côlon. J’aimerais ajouter à cette liste les troubles musculo-squelettiques et les affections mentales.
J’ai longuement travaillé sur les Risques Psycho Sociaux à l’Assemblée nationale, ainsi que sur le stress au travail. Les activités physiques et sportives permettent de diminuer ce stress et l’absentéisme, ce qui en fait, in fine, un facteur de compétitivité. Elles améliorent la digestion, la qualité du sommeil, les fonctions motrices, la force et l’équilibre. Pour les personnes âgées, cela diminue le risque de chute ainsi que les possibilités de maladies chroniques liées au vieillissement.
J’ajoute que les activités physiques jouent un rôle de complément thérapeutique. Par exemple, l’association CAMI (Cancer Arts Martiaux Information) utilise les activités physiques en ce sens et peut témoigner des résultats obtenus.
Je terminerai par quelques préconisations. La première, concernant les pouvoirs publics, est la nécessité d’impulser le développement dans les communes de plans de déplacement actifs. Il s’agit de tout ce qui concerne la mobilité à force humaine, à savoir la mise en place de voies pédestres ou de voies cyclables sécurisées et de tout ce qui permet de refaçonner les quartiers afin d’y intégrer une mobilité douce. Il est également essentiel d’intégrer des équipements sportifs de proximité et des parcs urbains permettant de favoriser la pratique d’activités physiques de proximité.
Ma seconde préconisation concerne le développement des réseaux régionaux Sport Santé Bien-être, impulsés par Jean-Luc GRILLON, médecin conseil à la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion sociale de Champagne-Ardenne. Ces réseaux servent à coordonner les différents acteurs médicaux et sportifs. Le CNDS (Centre National pour le Développement du Sport) doit également, dans sa politique de développement des équipements sportifs, privilégier la dimension santé et bien-être du sport. Un fonds a été créé par le ministère de la Santé et celui des Sports, à l’initiative de la Ministre Valérie Fourneyron, afin d’accompagner les projets les plus innovants à ce sujet.
Une dernière préconisation concerne le développement des activités physiques et sportives tout au long de la vie, adaptée à tous les publics et à tous les âges. Il est important de favoriser, dès le plus jeune âge, l’éveil sportif. Les bonnes habitudes, inculquées dès le plus jeune âge durent, à mon avis, pour le reste de la vie. Entre 3 et 20 ans, les jeunes pratiquent en moyenne entre cinq et six disciplines sportives différentes. Toutes les initiatives qui visent à faire entrer le sport avec par exemple comme à Saint-Etienne les écoles municipales des sports permettent de donner de bonnes habitudes aux plus jeunes.
Je ne souhaite pas évoquer trop longuement la question du sport à l’école, mais la réforme des rythmes éducatifs est fondamentale. Les clubs sportifs devront s’investir dans la fin de journée des élèves, afin d’accompagner les activités périscolaires. L’université est également importante. Un rapport à ce sujet, réalisé il y a quelques années, est resté lettre morte. Il montrait que 70% des étudiants souhaitent pratiquer une activité physique ou sportive et que seuls 20% le font.
Je souhaite évoquer le développement de ces mêmes activités dans le monde de l’entreprise. Plusieurs pistes existent pour mobiliser des financements, dans les Comités d’entreprise. Certaines entreprises s’engagent déjà dans des démarches afin de disposer d’équipements sportifs sur les lieux de travail ou font appel à des intervenants extérieurs afin d’accompagner les salariés dans leur activité physique régulière.
Il faut également penser à développer une offre physique adaptée pour les seniors, comme le propose l’initiative ROSAS, à Saint-Étienne. Il est important de développer tout ce qui est de l’ordre de la pratique de loisir dans les clubs, le sport plaisir, sans enjeux de compétition, comme la gymnastique volontaire, l’athlétisme, la natation et tout ce qui permet de mobiliser les fédérations sur des offres non compétitives.
Le sport santé bien-être est un gisement d’emplois extrêmement important. Il faut aujourd’hui imaginer de nouvelles filières de formations. Beaucoup de métiers sont à créer pour accompagner ces nouvelles pratiques. À Saint-Étienne, l’IRMIS (Institut Régional de Médecine du Sport et d’Ingénierie dela Santé) permet de coordonner, sur un même lieu, les médecins du sport, les chercheurs, la formation, les étudiants de STAPS, le CHU et certains acteurs des filières industrielles liées au sport.
Il existe un lien fort entre le sport-santé bien-être et la création d’emplois sur les territoires.
Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.
La priorité dans le domaine de la santé corollaire de l’activité physique consiste à améliorer les conditions de l’enseignement en EPS à l’école de la République de la maternelle à l’université. L’organisation hebdomadaire de l’ EPS doit être repensée. L’expérience vécue en sixième uniquement dans tous les collèges de FRANCE depuis 1996, avec l’organisation de l’EPS en deux fois deux heures par semaine, est une véritable réussite. Il est manifeste que pour améliorer la santé de tous les enfants de France il faut adopter cette organisation hebdomadaire en EPS. Il en va de l’avenir de la santé de tous mais aussi de la santé économique du pays à plus long terme. Pour cela il faut de la volonté politique et une vision différente du court terme.