Chers amis, chers camarades,
Chère Martine à qui nous devons tant,
Cher Harlem à qui revient la tâche désormais de conduire le Parti,
Cher Pierre Cohen,
Je suis heureux de vous retrouver à Toulouse !
Je suis heureux que nous nous retrouvions dans cette belle ville, où s’incarnent depuis longtemps les valeurs de la gauche. Toulouse où la France et l’Europe, l’unité et la diversité, la passion, la tolérance et la culture se célèbrent d’un même cœur. Toulouse, où la recherche de l’excellence ne contredit jamais le souci de l’égalité. Toulouse, où les plus hautes ambitions d’avenir sont poursuivies sans que jamais soient négligées les plus humbles préoccupations du présent.
Je suis fier aujourd’hui de m’exprimer sur cette terre historique de la gauche, où tant de destins politiques se sont forgés. Je pense à Jean Jaurès, qui n’était jamais aussi intense que dans l’adversité. Je pense à Lionel Jospin, qui a toujours considéré que la vérité était le vrai déterminant du courage politique. Et je salue Pierre Cohen qui a su rendre Toulouse à son identité profonde après 40 années de domination de la droite municipale.
Mais si je suis particulièrement ému de revenir à Toulouse aujourd’hui, c’est parce que j’y étais le 3 mai dernier, comme beaucoup d’entre vous pour assister au dernier discours de campagne de François Hollande. Comme tant de nos camarades avant lui il était venu chercher ce surcroît de force et d’espérance pour la dernière ligne droite d’une course exaltante. Et 3 jours après, porté par l’énergie généreuse que procure ce rassemblement populaire, il fêtait sa victoire à Paris. Après 17 années de luttes et d’espoirs déçus, c’est enfin l’un des nôtres qui occupe à nouveau la fonction de Chef de l’Etat.
Le 6 mai j’ai quitté Nantes et retrouvé la Bastille en fête. Ce soir-là j’ai retrouvé, sur cette place où il était devenu difficile de se mouvoir, des centaines de militants et d’élus qui avaient tant sacrifié de leur temps, de leur vie pour parvenir à ce résultat. Ce soir là, j’ai pensé à vous toutes et à vous tous qui, connus ou anonymes, avez contribué à ce moment merveilleux. De la scène, j’ai regardé longuement ces dizaines de milliers de visages heureux, cette vague humaine qui ondulait sous nos yeux. Impressionnante. Puissante. Apaisée.
Aujourd’hui ce n’est plus la conquête mais l’exercice du pouvoir qui nous réunit. Mais notre état d’esprit reste le même. Comme pendant la campagne nous disons simplement aux Français la vérité. Comme pendant la campagne nous affrontons les difficultés, sans les fuir en prenant des chemins de traverse. Comme pendant la campagne enfin nous choisissons d’être audacieux en actes plutôt que radicaux en paroles !
L’heure est trop grave en effet pour se payer de mots. La France va mal. Les Français souffrent et doutent. Ils écoutent de moins en moins une parole politique qu’ils ont vu se détériorer au fil des années.
La vérité sur l’état de la France la voilà. Notre situation n’a cessé de se dégrader depuis 10 ans, et cette dégradation s’est accélérée sous le quinquennat précédent. Nous avons franchi le cap des 3 millions de chômeurs, nous avons hérité d’une dette abyssale, notre balance commerciale accuse un déficit de 70 milliards d’euros, 750 000 emplois industriels ont été perdus en dix ans et le taux d’autofinancement de nos entreprises est deux fois moindre qu’en Allemagne.
Les Français sont conscients de la gravité de la situation. Ils savent que le chantier est immense mais ils veulent que les efforts soient justes et qu’on ne porte pas atteinte au pacte social qui nous unit. Je peux vous affirmer ici à Toulouse que nous n’abandonnerons jamais nos idéaux, que c’est forts de nos valeurs, celles de la gauche et de la République, que nous affrontons et affronterons dans les mois à venir la situation et que nous réussirons le redressement du pays.
La vérité sur la difficulté des mesures que nous avons prises et que nous allons prendre, je vais vous la dire sans faux semblant. Là est mon devoir, là est mon engagement. C’est le mandat que m’a donné le Président de la République. Et c’est sur cette base qu’avec le soutien de Martine Aubry et du parti, j’ai conduit la campagne des élections législatives, ce qui a permis de constituer une large majorité à l’Assemblée nationale qui nous permet de gouverner dans la durée.
Les premières mesures que nous avons prises ont donné le sens de toute notre action : la justice.
Nous avons rendu le droit à la retraite à 60 ans aux travailleurs qui ont commencé jeunes leur vie professionnelle, nous avons donné à 5 millions d’enfants des conditions dignes pour la rentrée scolaire. Nous avons rétabli l’impôt sur la fortune et supprimé le bouclier fiscal. Voilà mes chers camarades quels ont été les premiers pas de la gauche.
La riposte n’a pas tardé à venir.
Nous n’étions là que depuis 100 jours et déjà nous croulions sous les bilans dressés de notre action. Comme si en 100 jours, il était possible de changer la France. Comme si en 100 jours nous pouvions interrompre la montée du chômage, rétablir la croissance, mettre fin aux inégalités, régler la crise de l’euro, arrêter la guerre en Syrie…
100 jours pour que s’entame ce refrain qui a toujours été celui de la droite, chaque fois que nous avons démocratiquement conquis le pouvoir : celui de la gauche illégitime, celui de la gauche qui n’est vouée qu’aux parenthèses de l’Histoire, celui de la gauche qui n’est là que par accident ou par effraction.
Comment cette droite peut-elle faire preuve d’une telle indécence, d’une telle arrogance ? Cette droite qui nous a laissé une dette abyssale, un chômage de masse, une fiscalité de classe, une industrie exsangue, une fonction publique démotivée, un déficit du commerce extérieur record, des services publics négligés, elle qui n’a même pas attendu plus de trois mois pour nous faire la leçon.
Et ce sont les mêmes qui reconnaissent qu’ils ont retardé volontairement le plan social de PSA : l’aveu accablant est venu jeudi soir de mon prédécesseur devant des millions de téléspectateurs. Combien d’autres plans sociaux retardés pour un plan avoué. Quel cynisme, quel mépris du peuple et du monde du travail. C’et la vieille droite bourgeoise dont le pays ne veut plus.
Mais revenons à l’essentiel. L’essentiel c’est ce que nous faisons pour le pays.
L’effort que nous demandons aux Français est considérable mais son poids sera toujours équitablement réparti. Le budget pour 2013 est un budget de combat contre la crise. L’effort fiscal demandé est important mais il est juste. Nous économisons 10 milliards, ce qui est inédit mais nous finançons nos priorités : l’emploi, l’éducation, le logement, la santé, la sécurité et la justice. Et ce budget est indispensable pour préserver notre souveraineté ! Si nous laissons encore filer la dette alors ce seront les agences de notation et les marchés financiers qui dicteront notre politique. Cela, jamais la France ne pourra l’accepter. Je ne le veux pas pour mon pays. La France veut et doit rester maître de son destin !
Je l’ai dit dès ma déclaration de politique générale : une condition fondamentale de la réussite des réformes dans la durée c’est le dialogue social.
Je revendique ma méthode.
Celle de la mobilisation de toutes les forces du pays, de la fédération de toutes les énergies, de l’adhésion des Français à des solutions durables qui permettent d’ancrer le changement dans la durée.
Je revendique le choix de la négociation, au risque d’être parfois critiqué sur le rythme des réformes.
J’assume qu’il ait fallu plusieurs mois pour parvenir à un accord historique sur les dépassements d’honoraires !
J’assume le fait d’avoir pris le temps de la négociation pour le contrat de génération et je me félicite qu’elle vienne de se conclure. J’assume ce choix qui conduira à une meilleure mise en oeuvre de ce projet essentiel dans notre guerre contre le chômage.
J’assume le fait que la grande conférence sociale n’ait pas été une grand-messe médiatique d’un jour.
J’assume et je revendique !
Cette méthode n’est pas seulement la mienne. Elle est la nôtre. C’est celle que nous avons en partage. C’est celle de tous les élus et militants socialistes qui partout dans le pays mènent le changement depuis tant d’années !
Je viens de cette France, la vôtre, cette France des territoires, cette France qui entreprend, cette France qui réalise, cette France qui parle peu mais qui travaille. Cette France qui ne se vante pas, mais qui a su s’imaginer un avenir.
Le sens de l’effort auquel j’appelle le pays, c’est l’édification d’un nouveau modèle français adapté aux enjeux de notre siècle et qui assure l’avenir de notre jeunesse. Un nouveau modèle Français qui conforte – dans la durée – le respect de nos valeurs, un nouveau modèle qui garantit nos principes et qui continue d’élever la France au rang d’exemple en Europe et dans le monde. Un nouveau modèle français qui, dans notre action gouvernementale, allie la solidarité à la performance, pour nous complémentaires et indissociables tandis que la droite les oppose constamment.
Ma conviction c’est que la France a un avenir, à condition que nous soyons lucides sur l’état du pays et que nous prenions des décisions courageuses, maintenant !
Depuis 30 ans, la droite qui prétend défendre les intérêts du pays s’attaque à son modèle social et à son école républicaine. Elle est inspirée par l’idéologie des années 80 dont nous subissons encore les graves conséquences. En France comme en Angleterre et aux Etats-Unis la droite libérale a laissé filer la dette. C’est cette dette qui lui a ensuite servi d’argument pour démanteler les services publics, diminuer le poids de la puissance publique, rogner les prérogatives de l’Etat pour toujours leur substituer les forces du marché et de la finance.
Mais je ne porte pas devant vous la nostalgie d’un ordre ancien. Depuis la fin des trente glorieuses, le modèle français a marqué le pas, même si il a permis de résister – mieux qu’ailleurs – aux crises successives. C’est pourquoi je parle d’un nouveau modèle qui permette de pérenniser ce que nous avons réussi et d’améliorer ce qui ne fonctionne plus.
Le nouveau modèle français, c’est la capacité pour notre pays à redevenir un lieu de production. Le génie français, c’est l’audace, l’innovation, la créativité. C’est aussi la capacité à faire ensemble.
La gauche n’est pas l’ennemie des entreprises ou des entrepreneurs. Elle soutient ceux qui créent de l’activité, des emplois, de la richesse. Mais elle s’oppose à l’esprit de rente qui préfère au risque, le confort. Elle s’oppose à la spéculation qui détruit sans produire.
Ce nouveau modèle français, nous avons commencé à lui donner un socle : c’est le redressement de nos comptes publics, c’est le rétablissement de la justice fiscale et c’est la priorité à l’emploi. Nous allons le construire pas à pas, avec détermination, et en recherchant toujours le rassemblement. Les réformes structurelles que nous allons engager ne peuvent se faire à la hache, sans dialogue, sans recherche du consensus. L’heure est trop grave pour que nous ne cherchions pas en permanence la solidarité dans l’effort.
Je confirme « encore une fois » que le dossier de la compétitivité, c’est-à-dire de la performance de nos entreprises est ouvert et que ce dossier ne sera pas refermé. Notre ambition, c’est de donner de l’air aux entreprises qui n’ont plus de marges, qui n’investissent plus, et qui, si nous ne faisons rien, licencieront demain. C’est aussi de les inciter à avoir des stratégies gagnantes.
Le nouveau modèle français, c’est mettre la finance au service des entreprises et des particuliers : c’est pourquoi nous avons créé la banque publique d’investissement. C’est pourquoi nous ferons la réforme bancaire afin que l’argent aille à l’investissement, à l’emploi et pas à la spéculation.
Ce nouveau modèle, c’est un nouveau système fiscal qui impose le capital au même niveau que le travail, qui plafonne les niches fiscales et qui demande à chacun en fonction de ses capacités contributives. C’est aussi la fiscalité écologique. Et n’oublions jamais que c’est grâce à l’impôt que nous finançons les services publics et les infrastructures qui font l’attractivité de la France.
Le nouveau modèle français, c’est une nouvelle organisation territoriale plus lisible, plus efficace et plus économe.
C’est aussi la réforme de l’Etat et une organisation territoriale adaptée. C’est un service public rénové, plus exigeant sur la qualité de ses prestations, plus performant pour ne pas peser indûment sur le contribuable et qui fait confiance au sens de la responsabilité de ses agents.
Le nouveau modèle français, c’est la préparation de la transition énergétique : la conférence environnementale en a été la belle préfiguration. C’est un enjeu écologique qui se double d’un enjeu économique considérable.
Le nouveau modèle français, c’est la conciliation de la sécurité professionnelle pour les salariés et l’adaptabilité pour les entreprises.
Le nouveau modèle français, c’est le vrai dialogue social.
Le dialogue, ce n’est pas la consultation permanente ni la « commissionnite », c’est la capacité de chacun, syndicats et patronat, à faire des compromis, à prendre ses responsabilités, à sortir des jeux de rôle.
Le nouveau modèle français, c’est l’accès aux soins pour tous. C’est la fin des prescriptions de médicaments inutiles. C’est la rationalisation de l’offre de soins sur le territoire. C’est la lutte contre les déserts médicaux et la construction de parcours de soins.
Le nouveau modèle français, c’est une protection sociale de qualité, une école publique refondée, une police et une justice efficaces.
Le nouveau modèle français, c’est un pays qui intègre par l’emploi ses jeunes et ses seniors avec le contrat de génération.
Le nouveau modèle Français c’est un pays qui ne paye plus à crédit sur le dos des générations futures.
Le nouveau modèle français, c’est plus d’égalité dans une société qui a évolué. C’est le mariage pour tous et le droit à l’adoption. C’est l’égalité entre les femmes et les hommes. C’est la lutte contre toutes les formes de discrimination, le refus de la montée du communautarisme, c’est la laïcité, c’est l’intégration de tous dans la République. C’est l’accès à la culture pour tous et la défense de l’exception culturelle.
Le nouveau modèle Français ce sont des institutions rééquilibrées, des contre-pouvoirs qui limitent les excès du pouvoir, le non cumul des mandats pour assurer la parité, la diversité et le renouvellement des générations.
Le nouveau modèle français c’est une France qui pèse et s’engage en Europe et dans le monde.
Depuis le 6 mai, avec l’élection de François Hollande, la réorientation de l’Europe a commencé et nous la poursuivrons. Dans ce monde qui change, multipolaire, le combat est essentiel.
Voilà ce qui est au bout de nos efforts.
J’ai confiance parce que je crois à la capacité du peuple français. La France est une grande nation et lorsqu’elle est affrontée à des difficultés elle sait les surmonter.
Ma mission, avec la confiance du Président de la République, c’est de remettre la France sur les rails pour qu’elle retrouve son rang, son influence et une prospérité équitablement partagée.
Soyez fiers de ce que nous entreprenons.
Il y aura des résistances et des conservatismes, comme à chaque fois que la gauche engage le changement.
Alors nous devons tenir bon. Rassurer par notre sérénité et notre détermination. Maintenir le cap.
Je compte sur chacune et chacun d’entre vous pour transmettre la flamme de cette ambition.
Je compte sur chacune et chacun d’entre vous pour construire le nouveau modèle Français !
Le parti socialiste est un grand parti.
C’est de toute sa force dont nous avons besoin maintenant pour convaincre et réussir.
Ce parti, chère Martine, doit te dire merci pour le travail accompli durant ces trois dernières années : la préparation du projet, la rénovation du parti, l’organisation des primaires citoyennes, le rassemblement de la gauche, et les victoires aux élections intermédiaires. Je veux aussi te dire ma gratitude personnelle pour ton soutien, ta loyauté et ton amitié.
Cher Harlem, par leur vote les militants t’ont confié une belle responsabilité. C’est à toi qu’il appartient désormais de conduire ce parti. Tu sauras associer tous les talents et toutes les générations. Tu sauras soutenir l’action du gouvernement mais aussi renforcer le lien avec les citoyens.
Cher Harlem, tu as toute ma confiance et tout mon soutien.
La France est un grand pays. Les Français sont un grand peuple. Je mesure la difficulté de ce qui nous attend, mais je connais aussi tous nos atouts. Le redressement est un combat.
Je revendique l’honneur d’avoir à le conduire avec vous et avec tous les Français
Ce combat pour le nouveau modèle Français, je le mène chaque jour. J’y mets toute ma force, tout mon cœur, toute mon énergie. Je le fais pour le peuple de France, je le fais pour la France.
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