Interview dans “LePost.fr”

Dévoiler ses notes de frais est un sport encore assez rare parmi les députés français.

A ce jour, ils sont 5 à être sortis du bois, dont une passée inaperçue:
– René Dosière (Aisne), sur Le Post puis sur son blog
– Arnaud Montebourg (Saône-et-Loire), sur Le Post
– Jean-Jacques Urvoas (Finistère), sur son blog
– George Pau-Langevin (Paris), sur son blog… passée assez inaperçue
– Régis Juanico (Loire), sur son blog

Tous sont marqués PS.

Et maintenant? Comment on continue? La démarche fait débat: ils ont des dépenses de riches, et en pleine crise, s’enflamment des internautes. D’autres dénoncent des coups de pub populistes…
Sur Le Post, le député Régis Juanico ne lâche rien: mieux vaut jouer franc jeu que nourrir les fantasmes… Les députés critiques pourraient être surpris si à la rentrée la transparence faisait des émules.

Quand vous avez dévoilé vos dépenses, quelles ont été les réactions?
“Sur mon blog, des internautes m’ont félicité de ma transparence. Un commentaire est critique. Mais je m’y attendais. Il n’y a que des coups à prendre dans ces affaires… C’est normal. On est aussi là pour encaisser les critiques.”

Que répondez-vous à ceux qui s’indignent du détail de vos 6000 euros de frais mensuels?
“Ne rien dire alimente encore plus la critique. Il faut faire de la pédagogie. La démocratie a un coût. Il faut le rendre transparent.”

Que vous a-t-on reproché dans vos dépenses?
“Un exemple: le loyer de mon local, de 1160 euros pour 150 m2, correspond aux besoins: 4 bureaux – j’ai 4 collaborateurs – plus une grande salle de réunion. Nous devons recevoir des administrés, donc le lieu doit aussi être central. C’est une mini-PME.”

Quel autre chiffre a choqué?
“J’ai donné dans mon mandat la priorité aux compte-rendus. Tous les 2-3 mois j’en envoie à des associations, abonnés et sympathisants, avec un résumé de mes interventions. Cela explique les 500 euros de photocopie mensuels que certains ont pointé. Idem pour la fête de circonscription annuelle, où je remets aux 300 présents un document, avant de leur montrer un film, toujours sur mon action de mandat.”

Et si on vous dit que vous jouez les chevaliers blancs et êtes démago?
“Je ne suis pas dans cette démarche. Je ne jette la pierre à personne. Après le scandale des notes de frais britanniques – même si le système est différent, les dépenses n’étant pas plafonnées et parfois clairement abusives – il faut éviter que grandisse la suspicion.”

Dévoiler ses frais ou pas, est-ce une question de droite ou gauche?
“Je n’en sais rien. Je constate que ceux qui ont détaillé leurs dépenses sont des collègues PS. Je n’en tire pas de conclusion… On va voir comment ça rebondit à la rentrée.”

Les frais, vous en parlez en ce moment entre députés?
“Les premières informations sont parues en été, elles sont pas encore été discutées par les groupes parlementaires mais des journalistes de la presse quotidienne régionale s’en sont emparés. Ici, Le Progrès a contacté nombre de parlementaires locaux pour qu’ils dévoilent leurs dépenses à leur tour. Cela peut faire tache d’huile. Le travail est en train de se faire.”