Dans son activisme débridé habituel, destiné à éviter que l’agitation médiatique ne cède la place à un réel bilan de son action, le Président de la République a proposé la semaine dernière à Périgueux d’imposer aux enseignants une nouvelle façon d’enseigner la Shoah. De nombreux pédagogues, pédo-psychiatres ou anciens déportés dont Simone Veil se sont rapidement émus des conséquences d’une telle décision sur l’équilibre des élèves, tout en doutant de l’utilité de cette démarche pédagogique compassionnelle.
Ces derniers craignent à juste titre le traumatisme qui pourrait affecter ces élèves auxquels il est demandé de confier la mémoire d’une jeune victime du nazisme. Comme l’historienne Annette Wieviorka, auteur du livre Auschwitz expliquée à ma fille, j’estime que “jumeler un enfant vivant avec un enfant mort, donner à un vivant la charge d’un fantôme” n’est un cadeau ni pour ces élèves de CM2 ni pour la mémoire de cet épisode dramatique de la seconde guerre mondiale.
Le Génocide Nazi fait déjà l’objet de leçons, de lectures, de films, de visites de musées, de rencontres avec des survivants au cours de la scolarité et sur lesquelles les équipes pédagogiques travaillent dans la durée. Il n’est pas nécessaire ni souhaitable d’ajouter à ces outils de compréhension une charge émotionnelle qui peut s’avérer insupportable pour ces jeunes. L’initiative du Président de la République est un nouveau “coup mémoriel” comme l’avait été l’épisode de la lecture imposée de la lettre d’adieu du jeune résistant communiste Guy Môquet.
Alors Monsieur le Président, il est temps de vous rappeler qu’il y a des enseignants qui en ont marre des décisions qui tombent d’en haut, qu’il y a des inspecteurs de l’Education Nationale, qu’il y a un Conseil National des Programmes. Faites leur confiance et respectez les !
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